
A n . 1114.
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Concile de Beau-
vais»
i«. x .c c n c .f . 797.
G a i l . vit* S* III
c. 17.
1 *>4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
étoit alors prieur. Quand il vitlafaintefimplicité du
prélat, il en rendit grâces à Dieu., 8c l ’auroit aufti-tôt
reçu dans fa communauté , s'il n’avoit craint que le
pape , l’archevêque de Reims & les autres évêques de
France ne l*eufient obligé à en fortir. Il lui donna
toutefois une cellule , où le faint évêque ravi de fe
trouver en liberté s'appliquent à tous les exercices
fpirituels avec la même ferveur que s’i l n’eût fait que
commencer de fe donner à Dieu.
Cependant Conon évêque de Paleftrine, cardinal
& légat du pape , tint un concile à Beauvais avec les
archevêques de Reims , de Bourges 8c de Sens , &
leurs fuffragans le iîxiéme de Décembre H14. En ce
concile on excommunia l ’empereur H enri, & on re-
nouvella pluiîeurs décrets des derniers papes couchant
la eonfervatron des biens ecclelîaftiques, & les
autres points de difeipline les plus ncceflaires alors..
On y fit de grandes plaintes contre Thomas feigneur
de M a rie , qui défoloit par fes pillages les diocefes
de Laon , de Reims 8c d’Amiens , fans épargner les.
églifes , les monafteres , ni les pauvres. Il tuoit de
fang froid fes prifonniers, ou les faifoit pendre par
les pouces, 8c mourir fous les coups., ou les laiifoit
périr en prifon. Le légat prononça contre lu i , bien
qu’abiènt, fentence d’excommunication, 8c le déclara
infâme, déchû de l’ordre de chevalerie & de toute
dignité.
Lifiard évêque de Soiflons alla confulter ce concile
touchant les hérétiques qu’il avoit découverts
dans fon diocefe. U n païfan nommé Clementius
avec fon frere Ebrard , pafioient pour être des premiers
de la fe&e, 8c l’enfeignoient fecrctemeat 8c
a v e c u n e extrêmediflimulation. Ils difoient que 1 in- 1114.
carnation du fils de la Vierge n’avoit été qu’un fantôme.
Ils tenoient pour nul le baptême des-enfans
avant l’âge de raifon , 8c appelloient leur baptême
la parole de Dieu , y emploïant un long circuit de
difeours. Ils avoient tellement en hprreur le myftere
de nos autels , qu’ils nommoient bouche d’enfer la
bouche des prêtres. Ilscondamnoient le mariage &
tout fruit de l’union de fexes : d’où vient qu’ils ne
mangeoient rien de ce qui eft produit par cette v o ie ,
comme la chair 8c le lait. Us tenoient leurs aflem-
blées dans des foûterains 8c d’autres lieux cachez ,
où on les accufoit de commettre des abominations
inouies. Guibert abbé de Nogent qui rapporte cette
hiftoire, ajoute : Si vous relifez les hérefies rapportées
par faint Auguftin, vous n’en trouverez point de plus
conforme que celle des Manichéens.
L ’évêque de Soiiïons aïant interrogé les deux fre-
res, ne put en tirerla confelfion de leurs erreurs ; &:
les deux témoins qui avoient dépofé contr’eux étoient
abfens ; fçavoir , une femme que Glementius avoit
féduite pendant un a n , & un diacre qui avoit oui de
fa bouche quelques hérefies. L ’évêque faute de
preuve les condamna au jugement de l’eau cxorcifée.
I l dit la mefle où il les communia , .en difant : Que
le corps 8c le fang de N . S. vous foit aujourd’hui
une épreuve : puis il fit l’exorcifme de l’eau , où Clementius
étant jetté n’alla point au fond. A in fi il fut
tenu pour convaincu , 8c mis en prifon avec fon frère
, qui avoit confefle fes erreurs , mais fans y renoncer.
On arrêta aufli deux autres hérétiques très- f
connus , qui étoient venus de Dormans à ce fpeéta-
Bbi j ;