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plus coupables, qui fe fontpreifez , contre la défcnfe
de l'Apotre , d’impofer les mains à ce téméraire ufur-
pateur ; ils font les auteurs du fchifme.
Au refte , ils demandent à prefent le jugement
qu’ils devoient attendre auparavant; 8c ils nous offrent
à contre-tems la juftice qu’ils ont refufée, quand
on leur offroit : afin que fi onia leurrefufe , vous pa-
roiifiez injuftes; 8c que fi on 1 accepte, la conteftation
apporte un délai pendant lequel il puifle arriver quelque
chofe. Vous défiez-vous de vôtre d ro it, 8c ne
craignez-vous point que le mal augmente , quelque
iifuë que la caufe puiffe avoir ? Quoi qu’il en foit du
paffé, difent-ils, nous demandons maintenant audience
, nous fommes prêts à fubir le jugement :
C ’eft une fuite. Ils n’ont plus autre chofe à dire pour
feduire les fimples 8c armer les mal intentionnez.
Dieu a déjà jugé , non par une fentence , mais par
l’évidence du fait. Ce jugement de Dieu a été reconnu
8c approuvé par les archevêques Gautier de Ra-
venne, Hildegaire de Tarragone,Norbert de Mag-
debourg, Conrad-de Salibourg. il a été reconnu 8c
fuivi parles évêquesEcbertde Munfter, Hildebrand
de Piftoye,Bernard de Pavie, Landulfe d’Afte , Hugues
de Grenoble, Bernard deParme. La fainteté 8c
l’autorité de ces prélats, refpeétable à leurs ennemis
même nous a facilement perfuadé de les fuivîe,nous
qui leur fommes fi inférieurs en mérité 8c en rang ,
duffions-nous nous égarer avec eux. Je ne parle point
detousles autresarchevêques 8c évêques deTofcane>
de Campagnie, de Lombardie , de Germanie, d’A quitaine,
des Gaules Sc des Efpagnes, Sc de toute l’é;
glife Orientale.
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i e ’ m e . 445
Tous de concert ont rejetté franchement Pierre
de Léon , 8c ont reçu Grégoire pour pape fous le nom
d’innocent : fans être ni .gagnez par argent, ni féduits
par artifice, ni attirez par affeêtion de la parenté, ni
forcez par la crainte de la puiflance feculiere : mais
obéïiTant à la volonté de Dieu, qu’ils 11’ont ni ignoré ni
diffimulée. Je ne nomme en cette lettre aucun de nos
prélats,parce quejenepourroisles y comprendre tous,
ni en nommer quelques-uns fans ioupçonde flaterie.
Mais je ne dois pas obmettre les faints, qui font morts
au monde, 8c ne cherchent qu’à plaire à Dieu. Les Ca-
maldules, 8c ceux de Vallombreufe , les Chartreux
ceux de Clugni 8c de Marmoutier, mes confrères de
Cifteaux , ceux de faint Eftiennede Caën , de Tiron
8c de Savigni : enfin toutes les Communautez régulières
, de clercs 8c de moines font attachées à Innocent
à la fuite de leurs évêques.
Que dirai-je des rois 8c des princes de la terre ? ne
reçoivent-ils pas tous Innocent unanimement avec
leurs fujets? y a-t’il enfin quelque homme diftingué
par fa vertu 8c fa réputation, en quelque rang que ce
f o i t , qui ne foit du m.êmeavis ? Et ceux-ci toutefois,
s’opiniâtrent encore à reclamer. Ils appellent encaufe
toute la terre , 8c veulent qu’elle entre en jugement
avec leur petit nombre. Qui pourroit, je vous prie
aifembler une fi. grande multitude de prélats 8c de
feigneurs, pour ne pas dire de peuple?, qui pourroit
perfuader à tant de milliers- de faints- perfonnages de
détruire ce qu’ils ont édifié. 8c ie rendre prévaricateurs?
quel lieu feroit alTez grand 8c a (fez fur pour une
telle affemblée ; car c’eft l’affaire de toute l’églife 8c
non d’un particulier..Vous voyez que vous chicanez-.
K k k ii j r