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An. i 152.. leo-itimemcnt. Lacaufe fut portée au tribunal eccle-
ùaftique : mais fans attendre la fentence, on appella
feulement pour retarder. Le fiancé méprifa cet appel
& ne laiifa pas de fe marier. Voyez donc, continue
S. Bernard, d’où vient que vous puniffez prelque
toujours le mépris des appellations, & que vous en
diffimulez l’abus. Vous faites bien de renvoyer p u
iîeurs caufes fur les l ieu x , à ceux qui peuvent en
avoir une ponnoiffance plus prompte & plus facile,
& les décider plus furement : mais prenez bien garde
à qui vous les confiez.
f Bernard parlant enfuite du defintereilement neceffaire
à tout homme qui eil au deifus des autres,
rend ce témoignage au pape EugenerNous avons vu
deux prélats venir d’Allemagne avec des chevaux
chargez d’argent , qu’ils ont remporté de même.
Chofe inoüie, que Rome ait renvoyé de l’argent :
auffi ne croyai-je pas que vous l’ayez fait par le con-
feil des Romains. Ces prélats étoient tous deux riches
& tous deux coupables : c’étoit l’archevequede
Mayence 5c celui de Cologne, il parle enfuite d un
autre venu de delà les mers & des extremitez du
monde, pour acheter une fécondé fois up eveche,
que l’on croit être Guillaume archevêque d’Yorc;
il parle auffi d’un évêque pauvre , à qui le pape.Eugène
donnafecretement de quoi faire les prefens, pour
fauver la bienféance & l’honneur de ce prélat,
ux. Paifant aux exemptions, c’e f t , dit-il, une plainte
Exemptions, générale des églifes , qu’elles font tronquées Ôtde- .
c’ 4’ membrées. On fouftrait les abbez aux évêques, les
évêques aux archevêques, les archevêques aux primats.
Vous montrez par là que vous avez la plenituae
L i v r e S q i x a n t e - N e u v i e ’me : 711
tude de la,puiiTance,mais pcut-êtreaux dépens de la
juftice. Il ne faut pas feulement regarder ce qui eft
permis, mais ce qui eft bien féant, ce qui eft expédient.
N eft-il pas indecent de prendre votre-volonté
pour lo i , & de négliger la raifon, pour n’exercer que
votre puiflance, parce que vous n’avez point de fu-
perieur à qui on puiife appeller ? il y a autant de baf-
ieiTe que de hauteur a ne fuivreque fa fantai fie : c’eft
vivre en bete. N ’eft-il pas indigne de vous de n’être
pas content du total, fi vous ne vous attribuez encore
je ne fai comment quelques petites portions ? Et
ne^m alléguez point le fruit de ces exemptions. Les
eveques en deviennent plusinfolens, les moines plus
relâchez, & mêmes plus pauvres. Ils pechent avec
plus de licence, n ayant perionne pour les corriger; &c
on les pille plus librement, parce qu’ils n’ont perfon-
ne pour les défendre. A qui auront-ils recours; aux
eveques irritez du tort qu’on leur fait ? Ils regardent
en riant les maux que font, ouque fouffrent cesmal-
heureux moines. Vous ferez coupable de tous ces
maux , du fcandale qui en refulte, des inimitiez, des
difcordes ctcrnclles entre les é^liies.
Je doute meme que vous ayez le pouvoir de con-
ientir a ce qui produit tant de maux. Croyez - vous
qu il vous foit permis de confondre l’ordre, & d’arracher
les bornes pofées par vos peres ? vous vous
trompez, fi vous croyez que votre puiftance eft la
leule établie de Dieu : comme elle eft la première :
i y en a de moyennes; il y en a d’inferieures. Vous
faites un monftre, fi détachant un doigt de la main
vous le joignez àla tête,au deffus de la main, à côté
du bras : en un mot, fi dans le corps de Tefus-Chrift
Tome Xlf^, r Y y y y
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