
An. 1137.
Slip. U%> LXYII. ». 6.
Chr. C a f î.iv .
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XLIÏÏ.
Mort du roi
Louis le gros»
Suger. vita Lu cl.
p. 315>.
Order. lib. I 3.
P 9l.l*
504 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
malade ; Sc quoique le mal augmentât tous les jours,’
il ne laiila pas de continuer fa marche, Sc mourut
dans un village à l’entrée des Alpes, le quatrième
de Décembre 1137. Il avoit v-êcu près de cent ans:
■c’étoit la treizième année de ion regne , Sc la cinquième
de fon empire , depuis le quatrième de Juin.
Pierre diacre décrit ainfi les dévotions qu’il avoit
vû pratiquer à ce prince, pendant qu’il faifoit la
guerre en Italie. Au point du jour il entendoit une
meiTe pour les morts, puis une pour l'armée, Sc enfin
la meffe du jour : enfuite avec l’imperatrice il lavoir
les pieds à des veuves Sc à des orphelins, Scieur
diftribuoic abondamment à boire 8c à manger: puis
il écoutoit les plaintes des églifes, Sc enfih il s’ap-
pliquoit aux affaires de l’empire. Il étoit toujours
accompagné d’évêques Sc d’abbez pour recevoir leurs
confeils : il étoit le pere des pauvres 8c le proteéteur
de tous les miferables : il veilloit beaucoup , prioit
fouvent 8c avec beaucoup de larmes. Son corps fut
porté en Saxe 8c enterré à Luthere , monaftere qu’il
avoit rétabli.
En France le roi Louis le gros au retour d’une expédition
en Touraine , tomba malade d’un flux de
ventre pendant les plus grandes chaleurs de l’Ete.
Durant fa maladie il fe confeifoit fouvent 8c prioit
beaucoup ,' demandant à Dieu inftamment de pouvoir
fe faire porter à S. D en is , pour dépoier fa couronne
devant les corps des maryrs, Sc y prendre l’habit
monaftique de faint Benoît. Comme la maladie
augmentoit, craignant d’être furpris de là mort, il
affembla des évêques, des abbez Sc plusieurs prêtres,
pour faire devant eux fa confeffion 8c recevoir le v ia tique;
L i v r e S o i x a n t e -Hu i t i e ’ me. 505
tiques ; 8c pendant qu’on s’y préparoit il fe leva, s’habilla
Sc vint au devant du corps de notre Seigneur; ce
qui furprittout le monde. Là il confeffa devant tous
lesaffiftans, clercs 8c laïques, qu’il avoit commis bien
des pechez dans le gouvernement de fon royaume :
puis il en inveftit fon fils Louis , en lui donnant fon
anneau, 8c lui fit promettre de protéger l’églife Sc les
pauvres , de conferver à chacun fon droit ; ôc ne faire
arrêter perfonnedansfacour, qu’il n’y eût commis
quelque crime, il donna aux pauvres tous fes meubles
8c fes habits, jufques aux chemifes ; 8c fa chapelle
qui étoit très - riche, à l’Abbaye de faint
Denis.
Enfuite il fe mit à genoux devant le corps 8c le
fang de notre Seigneur qu’on lui avoit apporté en
proceifion après une meffe qui venoit d’être dite ; 8c
ainfi finit fa profeifionde foi : Moi Louis pecheur :
je confeffe qu’il y a un feul vrai D ieu , Pere 5c Fils Sc
S. Efprit: qu’ une perfonne de cette fainte Trinité,fça-
voir le Fils unique, eonfubftantiel 8c coéternel à Dieu
lePere, s’eft incarné de la très-facrée Vierge Marie :
a fouffert, eft m o rt, a été enfeveli, eft reflufeité le
troifiéme jour 8c monté aux cieux , eftaflïsà la droite
deDieu le Pere, Sc jugera les vivans 8c les morts au
grand 8c dernier jugement. Je crois que cette fainte
euchariftieeftlemêmecorpsqu’ilaprisde la V ie rg e ,
qu’il a donné à fes difciples pour s’unir à eux 8c
demeurer avec eux. Je crois fermement, qùecefacré
fang eft le même qui a coulé de fonj côcé à la croix ,
jedefire ardemment d’être fortifié à la mort par
ce faint viatique, 8c protégé contre les puiffancesde
l ’aü, Il fit enfuite la confeffion de fes pechez , 8c re-
Vome X i r . S i f