
3j i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
. à qui il donna la ville de Tarragone , pour la tenir
A n . i i z j . comme vaffal de l’églife , la peupler , la gouverner
ôc la défendre ainfi qu’il jugeroit à propos, réfervant
feulement les dixmcs& les biens ecclefiaftiques. Cette
donation fut faite en i i z 8 . dix ans après celle du
comte à l’évèque. Oldegàire de fon côté s’appliqua à
rebâtir l’églife métropolitaine de Tarragone & plufieurs
autres de la province : il fonda un hôpital ôc
une maifon de Templiers, & mourut enfin le fixiéme
de Mars 113 7. On rapporte plufieurs miracles faits par
fon interceffion : il eft honoré comme faint à Barcelone
; & les rois d’Arragon ont fait en divers tems des.
pourfuites à Rome pour fa canonifation.
xxxm. Suger abbé de S. Denis en France, affifta à ce
s llm abbé de concile la fécondé année de fon ordination. Il avoit
vitÀudov. p. été envoie en Italie vers le pape par le roi Loüis,
jio. )u. pour quelques affaires du roïaume, ôc étoit en chemin
pour revenir quand il apprit qu’Adam fon abbé
étoit mort ôc qu’il avoit été élu pour lui fucceder.
A fon retour l’eleétion fut confirmée par le r o i, qui
d’abord l’avoit déiapprouvée comme faite fans ià participation.
Suger qui n’étoit que diacre, fut ordonné
prêtre le famedi de la quatrième femaine de carême
c h r s j . fo i & reçut la benediétion abbatiale le lendemain
spicii. p . soj. dimanche de la main de l’archevêque de Bourges. Il
avoit quarante ans, & gouverna trente ans cette ab-
baïe.
x xxiv Le pape Callifte envoïa deux cardinaux légats en
rin de s Eiienne p rance, Grégoire du titre de faint A n g e , ôc Pierre de
de Grandmont. _ . t r ! ' / - • !
Léon . qui firent tenir pluiieurs ch. Mail-»»■ " a v r j conciles a Chartres.
ùi4. a Clermont, a Beauvais, a Vienne. Ils allèrent voir
S. Eftienne de Tiers dans fa folitude de Muret en Li-
L i v r e s o i x a n t e -s e p t i e ’m e . 333
mofin, où il vivoit depuis près de cinquante ans, ------------- -
& avoit alfemblé plufieurs difciples. Sa nourriture A n . 1114.
étoit du pain & de l’eau ; quelquefois un bouillon sup.ih. «uj
de farine très-infipide : trente ans après fa converfion vita n t .
il commença à ufer d’un peu de vin pour fe fortifier Bell. h.*.p.i*pl’eftomac;
mais il n’impofoit pas aux autres la même
aufterité, &c les conduifoit félon leurs forces. Il porta S-H,
très-long tems jour ôc nuit fur la chair une cotte de
mailles pour cilicc ; & l’habit qu’il portoit par defTus
étoit le même en hiver qu’en été. Il couchoit à terre
fur des planches dans une efpece de fepulcre,& dormoit
peu. Outre le grand office, celui de la Vierge
& celui des morts, il difoit encore celui de la Trinité
à neuf leçons 3 ôc fi pour entretenir ceux qui le venoient
voir il avoit manqué quelqu’un de ces offices,
il le difoit enfuite avant que de manger , jufqull
remettre quelquefois fon repas au lendemain. Car
il n’y avoit rien qui le pût détourner d’entretenir
ceux qui venoient à lui pour entendre la parole de
Dieu.
Les deux cardinaux l’étant venus vifiter , s’infor- »■ usinèrent
exadtement de fa maniéré de v iv r e , ôc lui
demandèrent s’il étoit chanoine , moine ou hermite.
Il répondit que non ; ôc comme ils le prefferent de
dire ce qu’il étoit donc,,puifque tous les religieux fe
rapportoient à ces trois efpeces, il répondit : Vous
voïez que nous ne portons l’habit ni de moines ni de
chanoines, & nous ne nous attribuons pas de fifaints
noms. Les chanoines par leur inftitution ont le pouvoir
de lier ôc de délier, à l’exemple des apôtres :
les vrais moines n’ont foin que d’eux-mêmes Ôc
ne s’occupent que de Dieu : ies hermites doivent
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