
A n . n o i .
X IV .
Lettre du pape
contre les invcfti-
cures
Fafc. ep. 96. tom.
x . conc. ex Ed mer.
foan. x. 7.
Am lr . ep. 10 . ad
foror. n. 15.
18 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Tou t le monde attendoit que le roi Henri donnât à
Anfelme quelque marque de reconnoiffancc, quand
il lui manda de venir a la cour pour s’expliquer lur
l'affaire des inveftitures. Car les députez étoient revenus
de R ome,& avoient apporté une lettre du pape
Pafcal au r o i , ou il difoit : Vous demandez que^ l’é glife
Romaine vous accorde le droit d’établir leseve-
ques &c les abbez par l’inveftiture , &c qu elle attribue
à la puiffance roïale ce que le Tout-puiffant témoigné
n’appartenir qu’a lui leul •, car le Seigneur dit :
Je fuis la porte , & par confequent fi les rois s’attribuent
d’être la porte de l’églife , ceux qui entrent
par eux ne font pas des pafteurs , mais des larrons.
Cette prétention cil fi indigne , que l’églife catholique
ne peut l’admettre en aucune maniéré. Saint
Ambroife auroit plutôt fouffert les dernieres extre—
mitez, que de permettre à l’empereur de difpofer de
l’églife Car il répondit : Ne vous faites pas ce tort
de croire que comme empereur vous aïez quelque
droit fur les chofes divines. Les palais appartiennent
à l’empereur , les églifes à l’évêque. Qu’avez-vous
de commun avec une adultéré ? car celle-la eft une
adultéré qui n’eft pas unie à J. C . par un mariage légitime.
Après ces paroles de faint Ambroife,le pape
Pafcal continue : Entendez-vous prince , l’époux de
l’églife eft l’évêque , & par confequent quelle honte
eft-ce que la mere Joit expofée à l’adultere par fes
propres enfans ? Si vous êtes enfant de 1 eglife, permettez
lui de contraéler un mariage légitimé , dont
Dieu foit l’auteur , & non pas l’homme. Car c’eft
Dieu qui choifit les évêques élus canoniquement. Il
rapporte enfuite une loi de Juftinien, pour montrer
L I V R E S O I X A N T E - C I N Q U I E ’ m E . z y
que l’évêque doit être élu du confentement de tout
le peuple, ÔC non par la feule volonté du prince ; puis
il ajoute : Ne croïez pas, feigneur , que nous voulions
rien diminuer de votre puiffance, ou nous attribuer
rien de nouveau dans la promotion des évêques.
Vous ne pouvez félon Dieu,exercer ce droit, & nous
ne pouvons vous l’accorder qu’au préjudice de votre
falut &c du nôtre.
Le pape avoit raifon de vouloir maintenir la liberté
des élections ; mais prefque tous les raifonnemens
de cette lettre portent à faux , roulant fur des équivoques.
Les princes en donnant l’inveftiture,fuppo-
foient toujours une élection canonique : nous en
avons vû cent exemples, particulièrement de l’empereur
faint Henri. Par cette cérémonie ilsnepréten-
doient pas donner à l’évêque la puiffance fpirituelle
qu’il né devoit recevoir qu a fon facre mais feulement
le mettre en poffcffion des fiefs & des autres
biens temporels relevant de leur couronne. Quant à
S. Ambroife,il eft évident par les circonftances du
f a i t , que l’adultere dont il parle eft l ’églife des A -
r ien s ,& qu’il ne s’agiffoit pas de donner des évêchez,
mais de livrera ces hérétiques les lieux deftinez aux
affemblées des fideles.
Le roi d’Angleterre aïant donc reçu cette lettre,
fit venir Anfelme à la cour, où étoit le duc de Normandie
fon frere,furieufement animé contre ce prélat
, comme lui aïant fait perdre le roïaume. Par le
confeil du duc & de fes amis , le roi voulut obliger
Anfelme à lui faire hommage , & à facrer , comme
avoient fait les archevêques fes prédeceffeurs,ceux à
qui il donneroit des évêchez &des abbaïes ; finon à
A n . i i o i .
Sup. liv . iv ni .
». m
Sup. liv . x vm .
». 41. 4-z.
X V .
S. Anfelme réiiftc
au roi.
Edmer 3. N ovor.