
A n. i 147.
XXVI.
Hcrctiques de
Cologne.
AnaleSb. to.
p. 452.. ap.Ber.
tot i . />. 1487.
¿46 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
teurs étrangers ou inconnus: mais feulement ceux
qui auroient la permiflion du pape, ou la permiilion
de Tévêque de Touloufe.
Vers le même terris Saint Bernard reçut une lettre
d’Evervin prévoit de Steinfeld en Veltfalie de l’ordre
de Prémontré: par laquelle il l’avertiffoit, que
l’on avoit découvert depuis peu près de Cologne certains
.heretiques, dont deux, favoir leur évêque &
fon compagnon, avoient été brûlez par le peuple
malgré le clergé , &c avoient fouffert le fupplice avec
une extrême fermeté. Vo ic i , dit-il , quelle eft leur
hereiîe. Ils difent que l'églife n’eit que chez eux ;
parce qu’ils font les feuls qui fuivent les traces de
j . C. & qui mènent la vie apoitolique , ne poffedant
rien en ce monde. Vous autres, difent-ils, vous êtes
tellement attachez aux biens temporels, que ceux
même qui paifent parmi vous pour les plus parfaits,
comme les moines & les chanoines réguliers en pof-
fedent en commun. Nous fommes les pauvres de J. C.
qui allons errans & fuyans de ville en ville, comme
des brebis au milieu des Loups, perfecutez avec les
apôtres & les martyrs : quoique nous vivions dans
le jeûne, l’abltinence , la priere, le travail , dont
nous nous occupons jour Se nui t , feulement pour
gagner le neceifaire. , - ,
Evervin continue : Ils ne mangent aucune forte
de laitage, ni rien qui foit produit par génération,
ils cachent leur doôfrine fur les facremens : toutefois
ils nous ont confeifé, qu’en prenant leur nourriture
ordinaire ils prétendent en faire le corps & le fang
de J. C. par l’oraifon dominicale: pour s’en nourrir,
eux qui font les membres & le corps de J. C. ils difent'
L i v r e S o i x a n t e - N e u v ie ’ ME. 647 w • ■»■■■■«y
que nos facremens nefont qu’un ombre Se une tradi- AN.1147.
tion humaine, ils nous ont avoué qu’outre le baptême
d’eau, ils prétendent baptiier par le feu SdeS. Efprir,
gi que ce Baptême fe doit faire par l’impofition des
mains. Par cette ceremonie on paffe chez eux du rang
d’auditeurs à celui de croyant, puis à celui d’élûs, par
l e u r baptême. Pour le nôtre, ils ne s’en mettent pas en
peine. Ils condamnent le mariage ; mais je n’ai pu en
apprendre d’eux la raifon: foit qu’ils n’ofent l’avoüer,
foit qu’ils l’ignorent.
Il y a d’autres hérétiques dans notre païs, qui ne
font aucunement d’accord avec les. premiers ; & c’eit
leur divifion qui nous les a fait découvrir les uns ôc
les autres. Ceux-ci prétendent qu’on ne fait point fur
l’autel le corps de J. C. parce qu’il n’y a point dans
l’églife des prêtresconfacrez. Car, difent-ils, les papes
s’embaralfant d’affaires feculieres, ont perdu leur
pouvoir ; &c n’ont pû le communiquer aux archevêques
Sc aux évêques, qui menant auffi une vie fe-
culiere , ne peuvent plus confacrer les autres. Ainfi
ils anéantifTent le facerdoce de l’églife ,. le réduifant
au feul miniftere de la parole; ils rejettent les facremens
, hors le baptême feul: encore ne l’admettent-
ils que pour les adultes. Ils condamnent le mariage ,
excepté celui qui eft contraété entre deux perfonnes
vierges. Ils n’ont aucune confiance en l’interceflîon
des Saints, &c difent que les jeûnes & les autres mortifications,
ne font neceffairés ni aux juftes ni aux pécheurs.
Ils traitent de fuperftitions toutes les obfer-
vances ecclefiaftiques, que J. C. & les apôtres n’ont
pas établies : ils ne conviennent point du purgatoire,
& anéantifTent ainfi les prières Sc les oblations pour
les morts.