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revinrent vers la faint Mathieu rapportant de grandes
aumônes. Aufli racontoit-on plaideurs miracles faits
en ce voïage ; en Berri, en Touraine , en Anjou , au
Mans & à Chartres. L'année fuivante 1113. ils paf-
ferent en Angleterre avec les reliques, & les miracles
continuèrent, comme on voit dans l’hiftoire que le
moine Hermán en écrivit peu detems après par ordre
de l’évêque.Barthelemi.On amafia ainfi des aumônes
iï abondantes, que l’églifc de N. Dame de Laon fut
rebâtie en deux ans 8c demi, 8c dédiée le iixiéme de
Septembre 1114.
En Normandie le monaftere de Savigny depuis
chef de congrégation , fut fondé vêts lç même tems
par faint Vital , dont il eft à propos de reprendre
l’hiftoire dès l’origine. Il naquit vers le milieu du
ilecle précèdent , au village de Tierceville à trois
lieues de Bayeux. Son pere fe nommôit Reinfroi, fa
mere Roharde : ils avoient du bien qu’ils faifoient
cultiver ,'8c en emploïoientla meilleure partie enchantez
, particulièrement à exercer l’hofpitalité. Des
que Vital fut en état d'étudier , ils lui donnèrent un
maître qui l’inftruifit dans la pieté 8c les lettres ; &
dès-lors il étoit fi grave , que fes compagnons l’appel-
loient le petit abbé. Après les humanitez il quitta fes(
parens pour chercher d’autres maîtres 8c fit un grand
progrès dans les fciences ; puis étant revenu chez lui
il fut ordonné prêtre , & devint chapelain de Robert
comte de Mortain , frere utérin du roi Guillaume le
conquérant. Le comte donna à Vital une prébende
de la collégiale qu’il venoit de fonder dans fa ville
en io S i.
Environ dix ans après V ital quitta fon bénéfice ^
A N. ul z .
Sup. liv . t r Yi
n. 34.
Lxv. n.y.
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vendit fon bien , le donna aux pauvres, 8c fe retira
dans les rochers de Mortain, où il reçut avec lui d’autres
hermites, mais il y demeura peu ; 8c en 1073. il
alla trouver Robert d’Arbrificlles dans la forêt de
Craon en Anjou. Ils y afiemblerent grand norpbre
d’hermites ; mais s’y trouvant trop reflerrez , ils paf-
ferent dans la forêt de Fougeres à l’entrée de la Bretagne.
Raoul qui en étoit feigneur les y fouffrit quelques
années; mais comme il aimoit paflionnément la vita nen. T„on\
chafle,il craignit que ces hermites ne dégradaflentfa c' 7'
fo r ê t , 8c aima mieux leur abandonner celle de Sa-
vigni vers Avranches ; 8c ce fut là qu’ils fe fixèrent.
Raoul de la Fuftaye fe joignit à eu x , 8c enfuite Bernard
d’Abbeville, auparavant abbé de faintCyprien su?Mv.
de Poitiers. Ces quatre faints perfonnages, V i ta l ,
R a o u l, Robert 8c Bernard ,■ s’appliquèrent avec un
grand zele à la converfion desames, tantôt tous en-
femble, tantôtféparément. Us parcoururent plufieurs
provinces, marchant pieds nuds, & vivant très-aufte-
rement, particulièrement V ita l, qui ne mangeoit
point de chair , buvoit rarement du vin , fe nourrif-
foit de pain d’avoine, de légumes, de m ie l, de fro mage:
couchoit fur la paille 8c dormoit peu. Ils fondèrent
tous quatre des monafteres ; R ob ert, celui de
Fontevraud ; Bernard, celui de Tiron -, V ita l, Savigni, 8c Raoul faint Sulpice près de Rennes : les trois premiers
monafteresfurent chefs de congrégations. Fontevraud
fut fondé en 1106. comme j’ai d it , Savigni
en iiiz. Tiron en 1114.
Vital s’étoit retiré dans la forêt de Savigni dès l ’an
u o j . fes hermites vivoient chacun félon le don qu’il
avoit reçu de Dieu; mais s’étant multipliez jufques
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Sup. liv* 1x 7 . 4$.
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