
A N. 1108,
L X I .
Raoul le verd
■ archevêque de
Reims.
Sup. liv . t x in .
n• jq.
M x r lf i/ H. f .
n 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . "
haine , on refolut de le facrer au plutôt ; & le principal
auteur de ce confeil fut Yves de Chartres, à qui
fon âge & fa doétrine donnoient une grande autorité.
Pour cet effet on invita Daïmbert archevêque de
Sens de fe rendre à Orléans avec fes fuffragans | Galon
de Paris, ManafTés de Meaux , Jean d'Orleans,
Yves de Chartres,. Hugues de Nevers , Humbauld
d’Âuxerre ; &c le dimanche fécond jour d’Août l’ar-
chevêque façra Louis pendant là mefle ; & au lieu de
l ’ép.ée de chevalier, lui ceignit celle du r o i, puis il lui
mit la couronne fur la tê te , lui donna le fçeptre , la
verge & tous les ornemens roi aux. La ceremonie
étoit à peine achevée , & le roi n’avoit pas encore
changé d’habit , quand les députez de l’églife de
Reims arrivèrent avec des lettres portant oppofition
au Caere, & défenfe de la part du pape de paffer outre
: car ils difoient que le droit de couronner le
roi pour la première fois appartenait à l’églife de
R e im s , à laquelle cette prérogative avoit été accordée
par Cloyis premier roi de France, que faint Remi
baptifa.
L’archevêque de Reims étoit .alors Raoul le verd ,
auparavant prévôt de cette é g life , homme de mérité
& ami de S. Bruno. L’archevêque ManafTés II. étant
mortledix-neuviéme Septembre 1106. Raou lfutélû
par une partie du clergé du peuple , & l’autre partie
plus attachée au r o i , élut ,fuivant fes intentions,Ger-
vais archidiacre, fils de Hugues comte deRetel. Mais
le pape Pafcal qui tenoit alors le concile de Reims, y
cafla Téle&ion d# Gervais, & ordonna Raoul archevêque
de Re im s , fans attendre le confentcment du
roi ; & comme le parti de Geryais foutenu par d’au-
L i v r e SOIXAUTE-CINQUIE’ ME. 115»
torité du prince empêcha Raoul de prendre poiTeffion,
le pape perfifta à le foutenir, & mit la ville de Reims AN. 11© .
en interdit.
T e l étoit l’état des chofcs à la mort du roi Philippe
; ôc ce fut le parti de Raoul qui envoïa à Orléans
, pour s’oppofer au facre de Louis , efperant
l ’obliger à reconnoître cet archevêque , ou 1 empêcher
lui-même d’être couronné. Mais étant venus
trop tard, ils furent contraints de s’en retourner fans
rien faire. Louis avoit alors vingt-fept ans, & en régna
vingt-neuf. Il eft connu fous le nom de Louis le
g ros, & on le compte pour fixiéme du nom , en
commençant à Louis le débonnaire.
Pour juftifier fon facre, Yves de Chartres écrivit 'W-**
une lettre circulaire adreffée à l’églife Romaine, & a
toutes celles qui avoient connoiffance de la plainte
du clergé de Reims , où il foutient que 1 on ne peut
attaquer ce facre, ni par la raifon, ni par la coutume,
ni par la loi. Suivant la raifon, dit-il ,on a du facrer
celui à qui le roïaume appartenoit par droit héréditaire
, & qui avoit été élu depuis long-tems par le
commun confentement des évêques &c des feigneurs.
D ’ailleurs comme la province Belgique prétend faire
fon ro i, quoiqu’il doive regner fur les autres provinces
: par la même raifon la province -Celtique. & 1 A -
quitaine, qui ne doivent rien a la Belgique , peuvent
élire leur ro i, quoiqu’il doive auffi regner en Belgique.
Quant aux exemples, Yves rapporte premièrement
celui des enfans du vieux Clotaire , dont 1 un
réfidant à Paris, l’autre â Orléans , ne recevoient ni
benediélion ni couronne de l'archevêque de Reims.
Pour la fécondé race , il cite Louis fils de Louis le