
A n. i i oj .
'Domnizo.
Sup* liv. XX. H,
-47 •
LUT.
Le pape en
France.
A i 'Vrfferg,
104 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
naftique , il fut le premier abbé de S. Salvi à Florence
, puis le feptiéme général de la congrégation
de Vallombreufe.Le pape Urbain II. le fit prêtre cardinal
du titre de S. Chryfogone , 8c l’empîoïa en di-
verfes légations. Le pape Pafcal l’envoïa en cettequa-
lité de légat auprès de la comteife Mathilde pour l’aider
defesconfeils; &c comme il y étoir quelques Par-
mefans catholiques & pieux vinrent le prier de venir
chez eu x , 8c de ramener par fesinftruéfions les fchif-
matiques qui y reftoient depuis l’antipape Cadaloüs,
qui en avoit été évêque. Bernard alla donc à Parme
en 1104. y étant exhorté par Mathilde même , & le
jour de l’Affomption de la fainte Vierge célébrant la
meiTefolemnellement dans fon églife , il prêcha félon
la coutume après l’évangile. Mais comme il parloit
aiTez librement contre l’empereur H en r i, le peuple
attaché à ce prince fe jetta fur lui l’épée à la main :
on l’arracha de l’autel 8c on le tira hors de l’églife
pour le mettre en prifon , on pilla les vafes facrcz
quiétoientfur l’autel , 8c que Mathilde avoitdonnez.
La princeife aïant appris ce défordre vint à Parme
avec des troupes : les féditieux effraïez laiiferent Bernard
en liberté , rendirent les vafes facrez, & Mathilde
leur pardonna à l’inftante priere du cardinal.
Enfin cette année 1106. voïant les affaires changées
de face par le décès de l’empereur , ils demandèrent
d’eux-mêmes Bernard pour évêque.
Les Allemans tenoient pour affuré que le pape ce-
lebreroit à Maïence la fête de Noël avec le nouveau
toi & tous les feigneurs du roïaume. Le roi l’aïanr attendu
quelque tems à Aulbourg & en d’autres lieux
de la haute Allemagne, paffa la fête à Ratifbone
avec
L i v r e s g i x a n t e c i n q u i e ’me. i o j
avec les légats. Mais le pape par le confeil des fiens -------— =—
avoit changé de deffein, craignant la férocité des A n . 1106.
Allemans, qu’il avoit éprouvé à Verone dans une
fédition qui s’émut lorfqu’il y étoit logé. On lui di-
foit qu’ils n’étoient pas difpofez à recevoir le décret,
contre les inveftitures, & que l’efprit fier du. jeune
roi n’étoitpas encore affez docile ; c’eft-à-dire, que ce
prince voïant fa puiffance affermie par la mort de
fonpere, croïoit n’avoir plus befoin du pape. Par
toutes ces confiderations le pape dit en foupirant,
que la porte ne lui étoit pas encore ouverte en A lle magne,
&. prit fon chemin par la Bourgogne pour
paffer en France. Le fujet de ce voïage étoit pour
confulter le prince Louis défigné roi, & ï ’églife Galli- s„ger vit» Lui,
cane, fur quelques difficultez touchant l’inveftiture c’9’
ccclefiaftique , qui luiétoient faites par le roi Henri
prince inhumain, qui avoit cruellement perfecuté
fon pere ; & le tenant en prifon , l’avoit fo rc é , à ce
que l’on difoit, à lui ceder le roïaume & les iqrne-
mensimpériaux. Ce font les paroles de l ’abbe Suger
auteur du tems. On réfolut donc à Rome qua caufe
de la perfidie des Romains faciles à corrompre , il
etoit plus fur de délibérer en France fur ces queftions,
Ainfi le pape vint à Clugni accompagné d’évêques ,
de cardinaux & de nobles Romains, 8c y célébra la
fete de Noël l’an u o fi. De-là il paffa à la Charité ,
dont il dédia folemnellemenc l’églife avec une grande
affembleed archevêques, d’évêques, d’abbezôt de
moines. La fe trouvèrent les plus grands feigneurs
du roiautne, entr’autres le comte de Rochefort,
fenechal du roi de France , envoie de fa part pour
Tom. X IV . O