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epifi. 180.
tftft. ley .
108 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
yer ce qu’ils ont , loin d’obtenir ce qu’ils n’ont pas :
il ne me relie qu’un parti à prendre , qui eil de me
délivrer de ces peines inutiles, 8c m’enfuir dans la fo-
litude. Dans la même lettre il marque qu’il avoit
ordonné aux chanoines de Chartres une diilribution
de pain pour les rendre affidus à l’office , mais avec
peu de fuccès. Et voilà l’origine des diftributions
manuelles.
Il fe plaint encore des appellations au pape dans
une lettre à Lcger archevêque de Bourges. * où il dit :
Nous avons appris que dernièrement en la caufe
d’Arnoul de Vierzonqui fe traitoiten votre co u r, on
appella au faint lïege , & la fentence définitive fut
différée jufques à ce que le pape prît connoiffance
de l’affaire. Or vous fçavez, tant par votre experience
que par l’exemple des autres , quelle vexation
e’eft, quelle dépenfe, quelle incertitude pour l’évene-
ment. Il lui confeille de procurer un accommodement
entre les parties, pour rendre cette appellation
inutile. Dans une lettre à Hildebert évêque du Mans,
il marque la forme de l’appel ; qu’il doit être inter-
jetté par écri t, 8c que l’appellant doit prendre des lettres
du juge à quo adreiTées au juge ad quem , 8c que
celui qui appelle injuftement, fera condamné aux
dépens.
I l fe plaint ainfi des légats étrangers dans une autre
lettre à Pafcal II. Quand vous nous envoïez vos
cardinaux , comme ils ne font chez nous qu’en paf-
fant, loin de pouvoir remedier aux maux, ils ne
peuvent pas même les connoître : ce qui fait dire à
ceux qui aiment à blâmer les fuperieurs , que le faint
ffege ne cherche pas l’avantage de çeux qui lui font
fournis y
L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’m e . 205»
fournis, mais fon utilité ou celle de fes miniftres.
C eft pourquoi nous avons réfolu de vous écrire que
vous donniez la légation à quelque prélat de deçà les
Alpes , qui voie les maux de plus près,& puiffe vous
en avertir plus promptement-,à quoi nous neconnoifi.
fonsperfonneplus propre que l’archevêque de Lion:
car il y a plufieurs perfonnes qui ne peuvent aller à
Rome, foit à caufe des périls ou de la difficulté des
chemins, foitàcaufe de leur pauvreté ou de leur peu
de fante. Toutefois Yves montre combien il refpec-
toit 1 autorité des légats, en confeillant à Turgis évêque
d’Avranches d’obéir au légat,nonobftant la dé-
fenfe du roi, ou du moins d’envoïer au pape faire
fes exeufes. II dit ailleurs : Je connois la coutume de
Ieglife Romaine,qui ne veut pas aller ouvertement
contre fes décrets : mais quand les -choies font faites,
elle tolere par difpenfe plufieurs foibleffes en confi-
deration des perfonnes 8c des lieux.
Dans une lettre à la comteffe de Chartres , Yves
marque ainfi 1 etendue de la jurifdidtion ecclefiafti-
que. Tous les faux prédicateurs, les faux moines 8c
les faux clercs ; les fornicateurs, les adultérés, les ufu-
riers & les autres qui pechent contre le chriftianif-
me, excepté ceux qui méritent une peine capitale ,
doivent etre par nous corrigez , 8c nous avons droit
fur leurs perfonnes 8c leurs biens. C ’eft l’ancienne &
inviolable coutume , non feulement de l’égiife de
ChartréS , mais de toutes les églifes du roïaume de
France, & nous iommes prêts à^e prouver en jugement
canonique. Ailleurs il dit que les clercs ne peuvent
etre pourfuivis criminellement que dans l ’égli-
fe. Le pape avoit écrit à l ’archevêque de Sens 8c aux
Tome X I V , D d
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