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t u H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
leur dit : Je fçai que la dignité de ept ordre demande-
roit une vierge : mais comment une- fille élevée dans
le cloître , qui ne fçait que chanter des pfeaumes &
méditer les cbofes Spirituelles,pourra-t-elle foutenir
le poids des affaires temporelles dont elle n’a aucune
experience ? Tous furent de fon avis, &: convinrent
qu une perfonne qui auroit vécu dans le monde feroit
plus propre, au gouvernement. Il exécuta quelque
tems après cette refolution, & choifit pour première
abbeffe deFontevraud une veuve noble, fçavoir Pe-
tronille de Craon de Chemillé. Tout le monde approuva
ce choix hormis elle •> mais enfin elle fe fou-
mie ; &c cette eiedtion fut confirmée par Girard évê--
que d’Angoulême , légat du faint fiege.
Apres que Robert eut pacifié l’églife de Chartres,
il alla à Blois avec Bernard abbé de Tiron , vifiter &
eonfoler Guillaume comte de Nevers, que le comte
de Chartres y retenoit prifonnier. Robert ■& Bernard
fe féparerent enfuite, & ne fe virent plus depuis : &
Robert alla en Berry vifiter un monaffere de fon ordre
nommé Ourfan ; où étanc retombé malade , &
fe voïant près de fa fin,il reçutTextrême-on&ion &
le viatique, & continua de communier les trois jours
qu’il furvécut. Leger archevêque de Bourges l’étant
ven u v o ir ,il lepriadele faire enterrer à Fontevraud;
ce que le prélat eut bien de la peine à lui accorder ,
voulant le garder dans fon diocefe. Robert fit fa pro-
feflion de foi & fa confellion, premièrement au prêtre
, puis publiquement, s’accufant des moindres
fautes dont il fe fouvenoit depuis fon enfance , &
mourut faintement le vendredi vingt-cinquième de
.Février l’an mm;
L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’m e . 113
Bernard abbé de Tiron fuivit de près fon ami
Robert d’Arbriffelles. En trois ans de tems depuis la
fondation de ce monaffere, la communauté fut de
cinq cens moines, dont il garda trois cens auprès de
lu i , & envoïa les deux cens autres en divers lieu x ,
pour demeurer douze en chaque maifon. Ils vivoient
dans une telle pauvreté , que quelquefois ils man-
quoient de pain , & ne fe nourriffoient que d’herbes
& de légumes : plufieurs dans le plus fort de l’hiver
n’avoient ni pellices ni coulles ; mais la prefence de
Bernard les confoloit de tout ; car il les vifitoic de tems
en tems. Il ne fouffroit point fes difciples oififs.,
mais il les faifoit travailler des mains à. certaines
heures. Plufieurs fçavoient des métiers, & les exer-.
çoient en filence : on ne parloit dans ces monafteres
que par une neceffrté inévitable, en peu de mots.
Le faint abbé leur înfpiroit une telle humilité , qu’ils
ne tenoientaucun travail au deflous d’eux. Ilexerçoit
rhofpitalité avec tant d’affection, qu’il ne refufoit
perfonne : riches, pauvres, femmes, enfans, boiteux,
malades,lépreux, il recevoit tout, & s’ôtoitàlui & à
fes freres de quoi leur donner.
Sa réputation s’étendoit non feulement en France,
mais en Aquitaine , en Bourgogne , &c jufques en
Angleterre & en Ecoffe. Le roi d’Angleterre Henri
envoïaThibaut comte de Blois & Rotrou comte du
Perche, le prier inftamment de le venir trouver en
Normandie. Quand il le v i t , il leva les mains au ciel
pour rendre grâces à Dieu , embraffa le faint homme
, lui rendit un grand honneur, reçut fes inftruc-
tions & lu i fit de grands prefens ; outre lefquelsii envoïa
tous les ans à T iron tant qu’il v é cu t, cinquante
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