
7 i i H i s t o i r e E c c l ë s i a s t i q u e :
Nous avons de faux freres &c plufieurs lettres falfi-
fiées avec notre feau contrefait, font tombées entre
les mains de plufieurs perfonnes: 6c ce que je crains
de plus, c’eft qu'on dit qu’il eft venu jufques à vous.
C ’eft ce qui m'a obligé de quitter mon ancien feau,
& de me fervir du nouveau que vous voyez , qui
porte mon image 6c mon nom. N ’en recevez plus
d’autre comme de ma part. C ’eft que les féaux te-
noient encore alors lieu de fignature. Le faint abbc
ne nommoit point ici Niçolas, parce que fa trahifon
n’étoit pas encore publique.
Mais quand il fut forti de Clairvaux, n’ayant plus
rien à ménager, il en écrivit ainfi au pape : Nicolas
eft forti d’entre nous , parce qu’il n’étoit pas des nôtres;
8c en fortant il a laiffé des traces honteufes. Je
le connoiffois long tems auparavant : mais j ’attendois
ou que Dieu le convertit, ou qu’il fe découvrît lui-
même comme Judas; & c’eft ce qui eft arrivé. Outre
les livres, l’or 6c l’argent en quantité, on a trouvé
fur lui comme il fortoit, trois féaux, un à lu i , celui
du prieur 6c le mien, non pas l’ancien, mais le nouveau,
que j ’avois été obligé de prendre depuis peu,
pour éviter fes furprifes. Qui pourroit dire à combien
de perfonnes il a écrit ce qu’iba voulu fous mon
nom , à mon infçû ? Plût à Dieu , que votre cour
fût entièrement purgée de l’effet de fes menfonges ,
& que l’innocence de ceux qui font avec moi , pût
être juftifiée auprès de ceux qu’il a prévenus par fes
calomnies. Il a été convaincu 6c en partie par fa
propre confelfion, de vous avoir auiu quelquefois
écrit de fes fauffes lettres. Quant à fes infamies qui
vfbnt devenues publiques dans tout le païs, je neveux
en
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en foüiüer ni mes levres, ni vos oreilles. S’il va vous ^ N>1 l 5z -
trouver, car il fe vante d’avoir des amis en cour de
Rome, fouvenez-vous d’Arnaud de Breffe, car il
eft pire encore. Perfonne ne mérité mieux d’être
condamné à une prifon perpétuelle & un perpétuel
iîlcnce. Nicolas après avoir couru de differens
cotez, ie retira enfin a Mouftier-Ramei ion premier
monaftere , 6c vécut encore plus de vingt-cinq
ans. *
Vers le même tems S. Bernard ayant appris que liv. ‘
rabbé Suger étoit malade à l’extrémité, lui écrivit s^°rr.td' rabI’4
une lettre pleine d amitié & de pietc pour l’e’ncou-
rager à la mort 6c lui témoigner le defir qu’il avoit de
1 aller voir 6c recevoir fa benediétion. Suger au com-
fcnencement de fa maladie fe fit mener au chapitre ; **
Scaprès avoir dit à la communauté quelques paroles
d édification, il fe profterna à leurs pieds, leur demandant
avec larmes , le pardon de toutes les fautes
qu il avoit commifes contre eux: ce qu’ils lui accordèrent
fondant en larmes de leur côté. Il mourut le
trezieme de Janvier 1151. dans la ioixante 6c dixième
annee defon âge, 6c la vingt-neuvième de fon gouvernement.
A fes funérailles affifterent fix évêques ,
plufieurs abbez 6c le roi Louis le jeune , qui y pieu,-
ra amerement.
La meme année i i j x . le dix-huitiéme de Mars , rv.
qui étoit le mardi avant Pâques Fleuries , car ou p S S t t
nommoit des lors ainfi le dimanche des Rameaux, il *'■ 10,Û I'1,*
y eut un concile a Baugenci,où fe trouvèrent quatre
archevêques, Hugues de Sens, Hugues de Roüen :
Sanfon de Reims 6c Lanfroi de Bourdeaux , avec
grand nombre d’évêques 6c de feigneurs. L’archevê->
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