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A n, 113?- & d'une mere très-pieufe. Il fut élevé dans la ville
d'Armac , où ayant fait fes études, il fe mit fous la
À 8 conduite d’un iaint homme nommé Imarius, ôc mena
à fon exemple une vie très-auftere. Quelque tems
après Celfe archevêque d'Armac l’ordonna diacre ôc
t. j. cnfuite prêtre, malgré lu i , mais de l'avis de fon maître,
fans attendre l’âge preicrit par les canons , qui
s’qbfervoit encore alors ; fçavoir vingt-cinq ans pour
le diaconat, ôc trente ans pour la prêtrife. L'archevêque
l ’ayant fait fon vicaire, il commença à travailler
avec fruit à TinftrucKonde ce peuple encore barbare :
arracher les fuperftitions , établir le chant des heures
canoniales ôc les coutumes de l'églife Romaine , l’u-
fage de la confeifion , le facrement de confirmation,
la réglé dans les mariages.
Pour fe mieux inftruire lui-même, il alla trouver
Malc évêque de Lefmor en Moumonie, qui étant né
en Irlande, avoit vécu long-temsen Angleterre dans
le monafterede Vincheftre. il étoit fort âgé , ôc célébré
non-feulement par fa do&rine ôc fa vertu , mais
encore.par fes miracles. Malachie demeura quelques
années auprès de lui : puis ayant été rappellé en Ulto-
Ü i nie il rétablit le fameux monafterede Bencor ou Ban-
. liv, XXXT. K g » * *
K.z. cor3 où avoit vécu S. Colomban cinq cens ans auparavant
; ôc qui ayant été depuis ruiné par des pirates
étoit demeuré long-tems defert. Le fiege épifcopal
de Conner ou Conneret, dans la même province
r-s- d’Ultonie étant venu à vaquer, Malaehie fut élu
malgré lui pour le remplir; ôc obligé de l’accepter
par Tordre de fon maître Imarius ôc de Celfe fon
métropolitain : il avoit environ trente ans quand il
fut facré évêque, ôc ce fut par confequent vers l ’an
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s 12.5. mais quand il voulut commencer l’exercice de A n . ii 3,>
fes fondions, il trouva des barbares plus femblables
à des bêtes qu’à des hommes, ils n’étoient Chrétiens
que de nom , ne donnoient ni dîmes ni prémices à
l’églife, ne contradoient point de mariages légitimés,
ne fe confeftoient point ôc ne demandoi’enc
point depenitence. Aufli perfonne ne fongeoità leur
en donner c les miniftres de. l ’autel étoierit en petit
nombre,ôc vivoient parmi des laïques dans l’oifiveté t
on n’entendoit ni prêcher ni chanter dans les églifes.
Lefaint évêquene perdit point courage;, il exhorta en
public,.enparticulier:il vifitale diocefe,,il fouffritla
fatigue, les mépris ôc les mauvais traitemens,.il paffa.
desnuits en prieredevant Dieu, Enfin,, il vainquit la,
dureté de ce peuple, il y établit la difcipline , la fréquentation
des églifes, Tufage des facremens,les mariages
Légitimés,
Quelques années après, Celle archevêque d’A r- c-IQ-
mac étant tombé malade , ôc fe voyant près de fa
fin , ordonna que l’évêque Malachie fût ionfuccef-
feur, ne connoiifant perfonne qui en fut plus digne
ôcil l ’ordonna par l’autorité de S, Patrice, à laquelle
perfonne en Irlande n’ofoit refifter. Or il s’étoit établi
une mauvaife coutume que le fiege d’Armac
étoit héréditaire ; ôc qu’on n’y ibuffrok point d’archevêque
, que d’une certaine famille , qui en étoit:
en poifeffion depuis près de deux cens.ans. S’il ne fe
trouvoit point de clercs de cette race , on y mettoit
des laïques ; ôc il y en avoit eu déjà huit avant Celfe „
qui étoient mariez ôc fans ordres-, quoique lettrez,.
Delà venait ce relâchement de la. difcipline, cet:
oubli de la-, religion cette barbarie dans, toute L’lr;~