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'V 'f t f 'l .
H i s t o i r e E c 'c l e s i a s t i q u e .
■ traîner dans la bouë par les garçons de fa cuifine
tout le monde eût dit que c’était bien fait.-G’eft ainiï
qu’en parle l’auteur original de fa vie.
Un jour comme il difoit la melfe dans une chapelle
fouterraine, une groife araignée tomba dans-
fon calice après la confecration. Il avala tout,réfolu
à ce qui pourroit arriver ; & après la melfe, comme
il demeuroit devant l’autel, n’attendant que la mort,,
il fentit quelque demangeaifon dans le nez, 8c l’arai-
gnéb en fortit. Il demeura trois ans dans ce même
habit d’une pauvreté iînguliere , prêchant a tout le:
monde & travaillant! fa propre perfeâ:ion;& quand
il étoir maltraité par ceux à qui fes prédications
étoient incommodes-, il alloit chercher de la confo-
I'ation chez les moines de Sigebert, ou chez les chanoines
réguliers de Clofterrath , ou avec un faint
hcrmite nommé Lidulfe. Encetems-là,c’eft-à-dire,.
l fan m8i il fe tint un concile à Frillar , où préfida
Conon évêque de Paleftrine légat du pape Gelafe. Les
évêques & les abbez qui y étoient aifemblez y appel-
ltercnt Norbert ; & d’un commun accord ils l’accu-
férent devant le légatde ce qu’il prêchoit fans million,.
& déclamoit contr’eux fans aucune autorité , & de
ce qu’il portoic un habit extraordinaire & peu convenable
à fa nailfance , quoiqu’il ne fût point religieux,
& gardât la propriété de fes biens. Norbert
répondit qu’il avoit reçû le pouvoir de prêcher quand
il avoit été ordonné prêtre ; & que faint Pierre nous
apprend que ce n’eft pas l’habit précieux qui nous
rend agréables à Dieu. Enfin ils le lailferent aller."
Le légat Conon tint aulïi vers le même tems un
eoncile à Cologne , où il publia l’excommunication
L i v r e s o i i x a n t ë- s i x i e ’m e . z j ?
contre l’empereur , comme à celui de Frillar.
Norbert voïant que tous étoient contre lu i , &
rejettoient la vérité qu’il prêchoit, ne cherchant
qu’à le calomnier , alla trouver l’archevêque de C o logne
fon prélat, & réfigna entre fes mains tout ce
qu’il avoit de bénéfices & de revenus eccleiïaihques,
qui étoient confiderables. Enfuite il vendit fes mai-
fons & fes autres biens, même fes meubles, &c en dif-
tribuale prix aux pauvres, ne gardant que dix marcs
d’argent, une mule & une chapelle pour dire la meiTe.;
& prit feulement deux laïques pour l’accompagner,
réfolu de voïager hors de fon pais. Mais étant arrivé
à Hui fur la Meufe, il fe défit encore du peu qu’il
avoit gardé , ne retenant que fa chapelle , & s’en alla
nuds pieds vêtu feulement d’une tunique de laine ,&
d’un manteau avec fes deux.compagnons. En cet équipage
il travcrfa toute la France , & arriva à laint
G ille s , où il trouva le pape Gelafe. Il lui déclara fa
léfolution , s’accufant particulièrement d’avoir reçu
enfemble le diaconat & la prêtrife , contre les canons,
& en demanda l ’abfolution. Le pape admirant
fa fageife & l ’efprit de Dieu qui étoit en lu i , ne
lui accorda pas feulement cette abfolution , il voulut
encore le retenir avec foi : mais Norbert le conjura
de ne lui point demander cette marque d’obéif.
fance j lui reprefentant que c’étoit dans les cours des
princes & des évêques qu’il s’étoit diffipé & débauché,
qu’ainfi il ne convenoit ni à fa jeunelfe ni à la
penitence qu’il s’étoit propofée, de demeurer à la fui-
te du pape ; mais que s’il lui ordonnoit d’être cha-
npine , moine ou hermite , ou de vivre en pelerin,
il lui obéirait volontiers en tout. Le pape voïant
A n . 1118.
Lxvin.
Saint Norbert
vient trouver le
pape.