
1*4 A U N
A v i v e r u n e c o u l e u r . ( Terme de teinturier. )
C’eft la rendre plus vive , plus éclatante-, plus
brillante , en la paffan: , lorfqu’elle eft teinte 8c
bien lavée , fur dé i’ea.u tiède mêlée de quelques
ingrédiens. ■ Le bled , par exemple • s avive fur 'de
Peau tiède un peu alunée. Voye{ t e i n t u r e fir t e i n t
u r i e r . ? •
AULMULCIERS. Les marchands bonnetiers de
la ville & fauxbourgs de Paris, prennent cette qualité
dans lèurs ftacuts. Voyex b o n n e t e r i e & b o n n e t
i e r .
AUNAGE ou AULNAGE. Mefurage desétof
fes , toiles , • rubans , 8cc. qui fe fait -avec dnè mefure
certaine - & réglée , qu’on appelle à Paris &
prefque dans toutes les villes de France , en Flandre
, Brabant, Allemagne, Hollande & en quelques
autres pays de l’Europe, une aune, laquelle-,
quoique du même nom , n’eft pas uniforme par tout.
V o y e i a u n e .
BON D’AUNAGE, EXCÉDANT D’AUNAG
E , BÉNÉFICE D’A UNAGE , font mots fyno-
nyrnes , qui lignifient quelque chofe que Von donne
ou qûe Von trouve au-delà de la mefure ou de
Vaunage ordinaire.
Par le* réglement des manufaéhires de lainage du
mois d’août 1669 , art. 4 4 , il eft porté, que pour
les d rap e rie sd o n t l’ufage eft de donner par le
façonnier au marchand acheteur , un excédant
Saunage pour la bonne mefure , Y excédant ne
pourra être feulement que d’une aune , & un quart
au plus fur vingt-une aunes 8c un quart vulgairement
appellé vingt & un quarts pour vingt , & des
■demi-pièces à proportion.
Sous la halle aux toiles de Paris , l’ufage eft
Sauner les toiles le pouce devant Y aune; et qui
«’apelie pouce 8c aune ou pouce évant ; ce qui produit
de bon aunage pour l’acheteur environ uhej
aune demi tiers fur cinquante aunes. Outre ce-
pouce , on donne encore une aune fur cinquante
aunes pour la bonne mefure j enforte qu’il y a de;
bénéfice fur chacune fois cinquante aunes, environ
deux aunes un demi-tiers.’
Quant on d it, mettre le plomb Saunage à une ■-
étoffe , c eft y appliquer fur la lifière , du côte du
chef , Un plomb fur lequel on marque en chiffres
le nombre d’aunes que la pièce contient, fuivant
qu’on l’a reconnu par Y aunage qui en a été fait.
Il y a des lieux en France , ou , quoique Y aune
foit égalé à celle de Paris, l’on trouve un bénéfice
confidérable , fur Y aunage ; ce qui provient de
l ’ufage où font les ouvriers & manufafturiers de ■
donner des excédants Saunage à ceux qui achètent i
d’eux : cela regarde particulièrement le commerce
des toiles,
A Rouen, Laval, Alençon, Mortagne , Mamers
& Wimoutiers, ils donnent 24 aunes pour vingt.
A Bollebecq , Crvillé, Berné & au-delà de Rouen,
vingt-fept pour vingt.
A Beaumont & à Breanne, vingt-huit pour vingt.
A Tifliers, vingt-deux pour vingt.
A U N
A Saint-Georges, trente pour vingt.
Et à Laigle, vingt-huit trois quarts pour vingt.
Cet iifage de donner ainfî des excédants Saunages,
a été introduit par les ouvriers & manufacturiers,
dans la yûe d’attirer le commerce dans- leurs villes ,
au préjudice dès autres où il y a moins Saunage•
Ce pendant il faut remarquer, que dans les lieux où
l’on donne de fi forts excédants Saunages, les marchandifes
font toujours plus chères, que dans ceux
où l’on n’en donné point : ainfi l’un revient à l’autre ;
car iirfe. pièce de; toile que l’on acheteroit vingt
fols Y aune en Un endroit où l’on ne donne point
5 excédait, s’acheteroit vingt-fept fols , en celui
où l’on donne vingt-fept pour vingt ; bien entendu
qu’elles fuflènt delà même qualité 8c largeur.
Il faut encore obforver, que dans les endroits où
l’on donnede forts excédant? S aunages, pour l’ordinaire
les marchandifes n’y font pas fi bonnes, ni
fi parfaites , qu’en ceux où l’on n’en donne que
peu ou point : c’eft à quoi il faut prendre garde
dans les achats'que l’on en peut faire, afin de n’être
pas trompé.
On nomme table du bordereau Saunage, une
certaine table, compofée de diverfes frayions de
Y aune , fuivant qu’elle eft différemment divifée,
comparées aux parties de la livre de vingt fols.
Voyez b o r d e r e a u ; vous y t r o u v e r e z cette table,
avec la manière de s'en fervir.
AUNE. ( Bâton S une certaine longueur, qui
fert à mefurer les étoffes, toiles , rubans, &c. )
Les aunes font plus oü moins longues , félon les
pays - & les lieux.
U aune de Paris contient trois pieds, fept pouces,
huit lignes , conformément à l’étalon qui eft dans
le bureau des marchands merciers. Elle fe divifè en
■deux maniérés.'
La première, en demi-aune, en tiers, en dixiéme
, & en douzième.
Et la fécondé, en demi-àune, en quart , en huit
6 en feize, qui eft la plus petite partie de Y aune ;
après quoi elfe ne fe divife plus.
La différence qu’il y a d’un douzième à urt feizié-
me, eft d’un quarante-huitième: celle d’unfixiéme
à un huitième , eft d’un vingt-quatrième celle d’un
tiers à un quart, eft d’un douzième celle de onze
douzièmes à fept huitièmes , eft d’un vingt-quatrième
: celle de cinq fixiémes à trois quarts, eft d’un
douzième : celle de deux tiers à une demie *r eft.
d’un fixiéme : & celle d’une demie à un tiers , - eft
d’un fixiéme. On pourroit bien porter ces différences
plus loin , mais cela feroit inutile $• il fuffit aux
marchands de fçavoir celles qui viennent d’être
rapportées.
IJ aune de Bordeaux , la Rochelle, Rouén. & de
prefque toutes les autres villes de France, eft égale
à* celle de Paris.
En Angleterre on fe fert d’une aune pour auner
les toiles -} qui èft femblable à celle de Paris. On
tient au fii que Y aune d’Ofnabrug eft de même Ion-
i gueus.
A U N
Par arrêt du confeii du t.4 juin 1687 > H a ^te
ordonné , que ceux qui vendent 8c .achètent j des
étoffes en la province du Languedoc , foit de lame ,
foie , fil & autres | feront obligés , dans la vente &
•le débit qu’ils feront de leurs marchandifes, foit
en gros ou en détail, de fe fervir dé 1 aune de
Paris, au.lieu de cannes , dont l’ufagç. eft défendu
en ladite province, à peine d’amende. V oy eç l article
des réglemens. -'"u ' ' .
Par autre arrêt du conféil du 27 octobre dé la
même année , pareilles défenfes' ont été faites pour
la province de Dauphiné. V o y eçcom m e dcjju5.
U a u n e de Troyes en Champagne contient deux
pieds fix pouces une ligné , coiiféqucmment trente
aunes de Troyes font vingr-unCâlines de Paris.
U aune d’Arc en B^rrois & de'.quelques-unes des
villes de Picardie & de Bourgogne , eft. conforme a
celle de Troyes.
U aune de Bretagne contient quatre pieds deux
pouces onze lignes ; ce qui fait fept fixiémes, d aune
de Paris ScYaune de^aris fait fix feptiémes S a u n e
de Bretagne ; de manière que fix aunes de Bretagne
font fept aunes de Paris & fept aunes de Paris.font
fix aunes de Bretagne. 1
U aune de S. G e n o u x en B e rry , eft p lu s lo n g u e
q u e c e lle de P a ris d’e n v iro n h u it lignes.j ce q u i va
à u n e aune & demie de plus fu r c ent aunes.
U aune de Lyon eft de quelque chofe plus courte
que celle de Paris j mais cette différence eft très-
peu confidérable , ne pouvant aller tout au plus
qu’à une aune de moins fur cent aunes»
JJ aune de Mufquinier eft d’un pouce plus longue
que celle de Flandres, enforte que vingt-cinq aunes
de Mufquiniër font quinze aimes de Paris, au'lieu
que vingt - cinq aunes de Flandres ne font • que
quatorze aunes fept douzièmes de Paris , ce qui eft
cinq douzièmes de moins. Voyeq M u s q u i n i e r .
JJ aune de Flandres contient deux pieds un pouce
cinq lignes & demie ligne , qui font fept douzièmes
Salifie de P aris & Y aune dé Paris fait une aune
cinq feptiémes de Flandres ; de façon que douze
aunes de Flandres font fept aunes de Paris.
JJ aune de Brabant & d’Allemagne , eft femblable
a celle de Flandres..
JJ aune d’Amfterdam ou de Hollande , eft femblable
à la:-brafle de Milan, dont on fie fert pour
mefurer, lés draps ■ de laine. Elle contient un pied
onze lignes , ce qui fait quatre feptiémes; S a une
de Paris ; 8c Yaune de Paris fait une aune t%ois
quarts d’Amfterdam ; de manière que fept aunes
d’Amfterdam. font quatre aunes de Paris. L’on prétend
que Y aune de Nuremberg eft égale à celle
'd’Amfterdam.
Pôür réduire lés aunes d’Amfterdam en aunes
de Paris , il faut fe fervir de la régie'de trois , &
dire : fi fept aunes d’Amfterdam font quatre aunes
de Paris , combien- tant Sa u n es d’Amfterdam ? Et
au j©qptraire , pont1 réduire les aunes '^àe Paris en
aunes d’Anifterdain , il faut dire : fi quatre .aiijies
(A u N , ij?
de Paris font fept aunes d’Amfterdam , combien
tant Saunes de Paris ? jffi .
Cette .manière de réduire les aunes d’Amfterdani
en aunes de Paris & celles de Paris en aunes d’Amfterdam
, peut fervir pour toutes les réductions que
l’on aura à faire des autres aunes de differente
villes 8c, p ays, par rapport à celle de Paris.
; Outre ces diverfes mefures des longueurs, tant
de France ,- que.,des. .pays étrangers, auxquelles cm
donné le nom Saune', il. y -en a quantité* d’autres
qui , fous un -autre nom ,. fervent au même uiage.
Les principales de ces. mefures font , la canne de
Provence, de Touloufe & de Naples j la varie cf'Ar-
ragôn - la verge d’Angleterre & de Seville j la barre
de Caftille & -de Yaienee, j le.;.ra$ de Piémont j, la
braffe de Lucques- -, de ' Venife , 1 Boulogne , Mo-
dène ,. Mantoue., Bergame , Florence 8c Milan ; le
-yard d’Angleterre j.la palme de Gènes ; le pic de
Qonftantinople, d e . Smyrne & du Caire j la gueza
des Indes 8c celle de Perfe , que les Européens
nomment néanmoins plus communément aune que
gue\e , comme 011 le remarque à. la fin de cet
article.
i > On peut v'oir cè qu’on dit de ces différentes
jmefures ,8c les rédùérions qu’on en fai*-. ’ Y aune
fde Paris, dans leurs propres articles ,- fuivant I ordre
alphabétique.
On appelle aune étalonnée , celle qui a été
marquée aux deux bouts par l’officier étalonneur,
ou autre ayant droit dé le faire ; cè qui fait con-
noître qu’elle eft ,jufte & qu’elle à été confrontée
avec celle qui fert d’étalon, ou de mefure matrice
ou originale , qui, eft .ordinairement gardée dans, le
greffe de la haute juftice des lieux., ou au bureau de
la ville , ou au bureau des marchands.
L’étalon de Y aune de Paris , qui eft dans le
bureau des merciers / eft de fer j 8c par l’infcrip-
tîon qui eft gravée deffùs , il paroît.qu’il a été fait
en 1554, fous le régne de Henri II.
Par l’ordonnance ae comnierce de’ 167 3 , art. 11
du titre premier , il eft enjoint à toits riégocians 8c
marchands, tant en gros qu’en détail,d’avoir chacun
à leur égard îdes aunes .Sèuées , & marquées
par les deux bouts j & il leur eft défendu de s’en
fervir d’autres , à peine de faux & dé cent cinquante
livres d’amende.- 5
La raifon pour laquelle. iCeft défèndu-de fe fer-
vil- d’autres aunes , que dç, celles: qui font ferrées
par les deux bouts., eft afin que par l’ufage les
aunes ne -puiffent pas fê racourcir.
Aune. Se dit ^ufli de la chofe mèfUrée» Une
aune de drap : une auqe de taffetas. ...
Quand on d it, cette étoffe , cette to ile vaut,tant
la petite aune ., cela doit s’entendre , Y aune de
Flandres & d’Amfterdàm , parce qu’elles font de
beaucoup plus petites que "Celle dé Paris , ainfi
qu’il eft ci-devant marqué. , ;■ .
Aune courante o.u -aune de. cours. C’eft 1une
mefure d’étcffe'où'de tapifterie , qui s’étend fur les
longueurs, fans confidéref la largeur, eu la hauteur |
V ij |