
L article X II dû reglement du 20 novembre 1708,
p w les draps qui fe fabriquent dans les manufactures
des provinces de Languedoc , Provence &
Dauphiné, porte, que les tiflerans feront tenus de
tremper en pleine eau , la treme des draps mahons ,
de les battre foffifamment & également, & de les
bien remplir de trème, obfervant de ne pas laiflèr
courir les fils.
COURONNE, pièce de monnoie d’argent d’Angleterre
, que les Anglois nomment crown, & que
les François-prononcent croone.
Couronné. C’eft aufli une monnoie d’argent de
Dânemarck. Voyê^ la table des monnoies.
COUROU , monnoie de compte -dont on fe fert
dans les états du grand-mogol. Le çourou de roupies
fait cent mille lacks de roupies, & le lack cent mille
roupies. Un padan vaut cent mille courous, & le
nil cent mille padans. Voye{ la table des mon-
noies.
COURRO YE. Manière ou morceau de cuir long
& étroit, embelli de plufieurs ornemens d’or, d’argent
ou de foie, dont les anciens François le fervoient
pour faire des ceintures , avant que la mode des
habits courts eût fuccédé à celle des robes & habil-
lemens longs.
COURROYEUR, CORROYEUR & CON-
ROYEUR. Artifan qui courroye les cuirs , qui leur
donne la dernière préparation, pour les difpofer à
être mis en oeuvre, qui les te int, qui les amollit
& qui les graillé.
s H y avoit autrefois a Paris quatre communautés
d’anifans, qui travailloient aux cuirs , au 'fortir des
mains du tanneur , & qui leur donnoient la dernière
préparation 5 les courrôyeurs , qui faifoient les cuirs
blancs ; les baudroyeurs , qui travailloient aux cuirs
de couleur j les cordouaniers qui ne courroyoient que
les cordouans, qui font des efpèces de maroquins ;
& les fueurs , qui donnoient aux cuirs le fuin & la
graille. Ces quatre communautés avoient chacune
leurs jures 5 mais les jurés de toutes les quatre fe
reuniflbient pour faire enfemble les vifites chez les
maîtres des quatre métiers.
; V on n*a Pu découvrir dans quel temps s’eft faite
1 union de ces communautés ; mais il y a déjà plufieurs
fiécles qu’on ne connoît plus que la feule
communauté des courroyeurs - baudroyeurs , qui
donne ajix cuirs toutes les façons que les quatre autres
leur donnoient.
COURS. Eft un terme fort en ufage parmi les
negocians, & qui a plufieurs différentes lignifications
dans le négoce.
Cours. Se dit des longs voyages qui fe font fur
mer, pour le commerce: ainfi les voyages des Indes
font appcllés voyages de long cours.
Cours. Signifie aufli quelquefois la mefure &
Y é t e n d u e , d'une étoffe , d'une marchàndife.
On dit qu une tenture de tapiflerie a vingt aunes
ce cours , pour dire qu’elle a vingt aunes d étendue.
Cours , en termes de négoce de banque-, veut
dire ce qa il en coûte pour faire des remifes d’argent
d’une ville à une autre, ou, comme on d it, de place
en place. ; >
Ainfi, en parlant du change des places, on dit :
Le cours du change de telle place , eft fur un tel
pied.
Cours. S’emploie foüvent, en fait de monnoies
pour faire entendre que certaines elpèces font, ou
ne font pas reçues dans le public , ou qu’elles y font
reçues pour plus ou moins- de valeur.
Dans tous ces fens on dit : c’eft une monnoie décriée,
qui n’a plus ’de cours : ou, c’eft une monnoie
nouvelle qui n’a cours que depuis peu î ou
bien, toutes fortes de monnoies étrangères ont à
prefent cours en France : ou encore, les monnoies
de France ont cours dans les pays étrangers,-fur un
pied plus confidérabj^q^ie idans le royaume.
Cou RS. Signifie encore le crédit ou d if e r é d it,
que les billets d’un marchand, négociant ou banquier
ont dans le négoce ; de forte que lorfque l’on,
d it, que les billets d’un marchand, d’un négociant,
n ont plus de cours fur la place, c’eft-à-dire , que
perfonne ne veut s’en charger, que l’on les trouve
mauvais. Au contraire, lorfque l’on dit que les-
billets dun négociant ou d’un marchand,, ont
grand cours fur la place, cela veut dire que tout
Te monde s’en veut bien charger , que l’on les trouve
bons.
Cours. Se dit encore de la faveur que prennent
ou que perdent, foit par les édits & déclarations des
princes, foit le goût cru l’inconftance du public,
qui les recherche ou n’en veut plus recevoir, les
billets introduits dans le commerce.
Cours. Se dit aufïi parmi les marchands, de la
bonne ou mauvaife vente des marchandifes', des étoffes,
des denrées. On dit, en parlant des étoffes nouvelles,
que c’eft la mode^qui leur d'onne le cours : & au
contraire, des étoffes d’ancienne mode, qu’elles n’onc
plus de cours ; parce qu’elles ont perdu l’agrément
de la nouveauté.
Course. Se dit du temps qu’un vaifleau marchand
a mis à faire fon voyage, fur-tout fi c’eft un voyage
de long cours. L ’Amphitrite n’a pas été deux ans à
faire fa courfe.
Cou rse. S’entend encore des incurfions que l’on
fait par mer fur les vaifleaux dès ennemis de l’état.
Les marchands de Saint-Malo ont armé cette année
vingt vaifleaux , pour aller en courfe fur les Anglois
& Hollandois : la courfe a été heureufe ; les armateurs
s’y font enrichis.
On dit dans lé même fens : aller en c o u r fe , ou
faire la courfe.
Course. Vaifleau armé en courfe , c’eft un vaif-
feau armé'par des particuliers pour courir fur les
ennemis de l’état, pour interrompre leur commerce
& leur navigation. Ces vaifleaux doivent avoir des
commiflions du prince, fans quoi ils font réputés
forbans & corfaires ; 8c comme tels, ceux qui les
montent peuvent être traités fuivant la rigueur des
ioix,
11 y a en France divers réglemens concernant ces
fortes de vaifleaux.
COURT D’ARGENT. Celui à qui il manque
de l’argent , pour faire une acquifîtion, pour terminer
une affaire. Ce marchand s’eft trouvé c o u r t
d 'a rg en t pour achever fes emplettes.
Court. Prendre un marchand de c o u r t , c’eft lui
demander le paiement d’une lettre-de-change, d’une
obligation, d’une dette, lorfqu’il n’a point, ou peu
de fonds dans facaiflè.
COURTAGE. Profeflîon de celui qui s’entremet
de faire acheter, vendre, échanger & troquer
des marchandifes, ou de faire prêter de l’argent.
C o u r t a g e . Signifie aufïi le d r o it ou f a l a i r e , qui
• fe paie à celui qui exerce le co u rta g e .
C o u r t a g e . Droit qui fe lève à Bordeaux. La
ferme de ce droit & le bureau où il fe paie.
COURTAUD. DE BOUTIQUE. Terme in ju r
ie u x & de m é p r i s , dont on fe fert quand on veut
ravaler la profeflîon, quoiqu’ilonbrable, des appren- :
tifs & garçons des marchands , & fur-tout de ceux
qui travaillent en boutique chez les artifans.
Queiques-uns croyent trouver l’étymologie de ce
terme , dans les habits courts, dont autrefois il h’y
avoit à Paris que le petit peuple, & for-tout les
gens , de métier , qui fe ferviflent.
COURTEPOINTE. Couverture de l i t , qui traî-
noit autrefois jufqu’à terre , & qui présentement
ne tombe que jufques fur ce qu’on appelle les
fo u b a ffem en s.
' « Les couvertures, c o u r te p o in te s & loudiers de
» ploc ou poil, paient en France les droits d’entrée
» for le pied de 24 f. la douzaine, & ceux de fortie ,
» à.raifon de 22 f. le cent pelant.
» Les couvertures , c o u r te p o in te s , loudiers &
» tapis de Rouen, paient, comme mercerie, 3 liv.
» du cent pefant, le tout avec les fols pour livre. >>
COURTIER. Qu’on a nommé aufli COUR A- 1
TIER. Celui qui fe mêle de faire , vendre , acheter ,
échanger & troquer des marchandifes.
Henri III. fut le premier qui créa en titre d’office,
les fondrions des c o u r tie r s ^ jufques-là avoient
été entièrement libres; mais cette création n’eut lieu
que fous le régne fuivant, encore ne fut-elle exécutée
que pour les c o u rtie rs de change ; la même
liberté ayant fubfifté & fubfiftant encore pr-efque fur
l’ancien pied par toutes les villes de France, à la
referve d un petit nombre , où il y a des c o u rtie rs
en titre d offices , comme a Bordeaux , pour toutes
fortes de marchandifes ; & à Paris, pour quelques*
elpèces de marchandifes feulement.
L on compte a Paris au nombre des officiers de
ville , qui dépendent des prévôt des marchands &
échevins , trois fortes de c o u r tie r s.
i°. Les c o u r tie r s de chevaux pour les^yoitures de
l i marchandife par eau. Ceux - ci font établis pour
la navigation, & ont foin de vifiter les chevaux pour
le montage des coches & des bateaux , de bilier les
Commerce^ Tome b P art» II»
cordes, & d’obliger les voituriers à réparer ou dépe’
cer les bateaux qui ne font plus en état de îai e
voyage.
.. Ces courtiers font differens des courtier* de chevaux,
qui. s’entremettent de faire acheter, vendre
' ou troquer toutes fortes d’animaux de tirage & de
charge, qui ne font point à Paris en titre d’offices.
20. Des jurés courtiers de vin fur les ports, pour
vifiter & goûter les vins qui y arrivent. C’eft a eux
; de juger fi les vins ne font point chargés d’eau ou
d’autre mauvais remplage , & d’avertir les acheteurs
fi les futailles & tonneaux font de la jauge lignifiée
par la marque qui y eft appofée par le jauge :;r.
30. Des courtiers de lards & graiflès. Ces officiers
font prépofes à la décharge & vifite de cts
fortes de mirchan lifes dans les places où elles fe ve-- -
• dent, 8c font refpo fables à l’acheteur , de leur bonté,
& au vendeur, du prix de fa marchandife.
L’on appelle aufli courtier de f e l , de petits
officiers de gabelle , qui aflîftent aux greniers les
jours de diftributions, & ’qui fourniflènt les minots
aux meforeurs , & les toiles & bannes pour mettre,
fous lés minots*
L’on appelle au Grand-Caire, & en plufieurs
échelles du Levant, cenfals , les Arabes qui fe mêlent
du courtage t leur manière d’y traiter les affaires
des marchands & d’y foire leur négociation , eft
fi fingulière-, qu’elle a mérité un article particulier.
Les courtiers d’Amfterdam , nommés Makelaers,
font de deux fortes : les uns font des efpèces d’offi-..
ciers -, qu’on appelle courtiers-jurés , à caufe du
ferment qu’ils prêtent pardevant les magiftr^ts 8c
bourguemeftres : les autres font ceux q u i, fans com-
miflion & fans être avoués du magiftrat, fe mêlenc
du courtage. On donne à ceux-ci le nom de courtiers
ambulans.
Courtiers de traits de bateaux. Ce font
de pètits officiers établis for les ports de la ville de
Paris , qui fe mêlent de la vente & achat des traits
8c cordages des bateaux chargés de marchandifes
qui arrivent dans lefdits ports, & que les maîtres
defdits bateaux ne veulent pas renvoyer ou remporter
avec eux.
COURTIGE. Terme en ufege à Marfeille& dans
le Levant , pour fîgnifier ce qui manque fu r la ~
longueur que doivent avoir les étoffés. Comme il
y a prefque toujours du courtige aux pièces qu’on
envoyé de chrétienté dans les Echelles -, les marchands
du pays s’avantagent de quelque chofe fur
les réductions pour n’etre pas obligés de les mefe-
rer toutes., & pour fe dédommager en même temps
de ce coûrtige.
COURTON. C’eft la troifiéme des quatre fortes
de filafîe , que l’on tire du chanvre ; les autres font
le chanvre, la fîlafle & i’étoupe; le courton eft
ainfi nommé , de ce qu’il eft très-court.
COURT-PLIS. On nomme ainfi dans les régie-
mens pour les toiles à vçiles qui fe font en Breta-
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