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a p p a ra u x , m unitions & au très chofe s néceffaires au
v a ille a u -, d o n t o n veu t faire Y armement,
A R M E M E N T .S e dit-auffi des v a i fe a u x marchands,
q u e l ’on é q u ip e p o u r des v o y ag e s de lo n g cours.
Ainfi on d i t , q u e Xarmement de l’A m p h ic rite , p o u r
a lle r à la C h in e , fe fit a P o r t-L o u is ; p o u r d ire ,
q u il y fu t é q u ip é , & q u l l y p r it fo n ch a rg em en t.
A R M É N IE N NT F!. O ri a p p e lle pierre A rm én ien n e,
u n e e lp è c e de lap is m êlé de v trd , mais q u i n ’a
a u c u n e veine d o rée . C e tte pierre , q u ’o n m et au
n om b re dès p ie rre s p réc ieu fe s , fe tro u v e dans le
T i r o l , dans la H o n g rie & dans la T ran fiiv an ie , où
a c au lè du v e rd q u ’elle a , o n lu i d onne auffi le
n om de verd d’a z u r. O n l’em p lo ie dans les ouvrages
d e p ie rre s de ra p p o r t ; & comm e o n lu i c ro it quelque
v e rtu p o u r lu g u é rifo n de q u e lq u e s maladies ,
e lle a auflî u n p e u d’ufage dans l a m édecine.
ARM ER u n v aiftèau. ( Cefl Véquiper des chofes
qui lu i f o n t néceffaires. ) U n vaiffeau a rmé moitié
e n g u e rre , m o itié e n marchandifes , e ft c e lu i qui
o u tre l’e q u ip u r e n é c e ffiire p o u r le c o n d u ire , a
e n c o re dés officiers, des fo ld a rs. des a rm e s , & des
m u n itio n s p ro p re s p o u r l’a tta q u e & p o u r la défenfe.
L a p lu p a r t des vai(féaux m archands F r a n ç o i s , qui
fo n t des voy ag e s de lo n g co u rs , fo n t ainfi armés ;
ce q u i fait q u e leu rs reto u rs n e fo n t jamais fi co n -
fidérables q u e ceu x des H o lla n d o is , q u i n e s’a rm en t
q u ’e n m a rch an d ife s. -
A R M E S . ( Ce q u i f e r t à a tta q u e r f o n e n n em i,
ou à s’en défendre, )
O n a p p e lle u n m a ître en fait d’armes , c e lu i q u i
tie n t falle p o u r e x e rc e r la jeu n e n o bielle , ou to u tes
au tre s p e rfo n n e s q u i v eu len t fe ren d re habiles à
b ie n m an ie r les armes. I l y a à Pa ris u n e commun
a u té de .ma îtres e n fa it èCarmes , q u ’o n n om m o it
au tre fo is m aître s d’e fc iim e .
A rm e s . L e s armes fo n t de to u te s les m arch an difes
de c o n tre b a n d e -, c elles d o n t la fo rtie h o rs du
ro y a um e fans pe rm iffio n o u p a lf e p o r t, eft le plus
fo rm e llem e n t d é fe n d u e , & le p lu s fév é remen t p u n ie
p a r les d iverfes o rd o n n an c e s des ro is de F ra n c e .
L e s p e in e s de c e tte co n tre b a n d e p o rté e s p a r l’o rdonnanc
e fu r le fait des c in q g ro tte s ferm es du mois
d e février 1 6 8 7 , fo n t la co nfifcation des armes;.
e n fem b le de to u s le s c hevaux , ' v o itu re s , cha re tte s
& éq u ip a g e s , q u i a u ro n t ferv i à les conduire_, même
d e s .'au tre s m archandife s q u i fe tro u v e ro n t fu r le f-
dits é q u ip a g e s , o u q u i f e ro n t fous l ’em b a llag e def-
d ite s armes ; & en o u tre l’amende de c in q c en t livres
c o n tr e le s m archands & vo itu rie rs , fans préju d ice
d e s p e in e s affliftives p o rté e s p a r le s o rd o n n a n c e s ,
fu iy an t la q u a lité de la co n tra v e n tio n , o u l’exig en c e
des cas.
S o u s le n om d’armes , les tarifs c om p r e n n e n t,
o u tre les armes défenfives & offenfives , to u te s les
m u n itio n s , inftrum ens & a u tre s affortimens de g u e rre
ç om p ris dans l’é ta t fuivant.
Çes prohibitions pnç<- elles jamais empêche les
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autres nations d’avoir des armes, quand elles ont
voulu faire la guerre aux François ? Non. Mais elles
ont empêché les François d’avoir leur argent, même
en temps de paix.
Etat des marchandifes fervant à la guerre,
dont la for tie eff défendue par toute l'étendue dû
royaume, terres & pays de l'obéijfance du roi ,
fuivant leur ordre alphabétique.
Affûts.
Bombes.
Bandouillieres.
‘Balles.
-Baudriers.
Canons.
Cercles à feu.
Cafques.
Cuiraffes.
Ceinturons.
Epées.
Fiifils.
Foureaux de piftolets.
, Grenades.
Hallebardes.
Javelines. .
Moufquets.
•Mortiers.
Mèches.
Pétards.
■Poifles.
Poudre à feu.
Piques.
Saucififes.
Salpêtre.
Selles de chevaux.
Les armes , arquebufes , p ifio le ts y harh o is
b rafa rt s , moufquets , canons d'armes & autres,
armes de f e r , p a y e n t en F ra n ce les droits d’entrée
dans le royaume , f u r le p ie d de quarante
f o l s du cent p é fa n t & les fo l s p o u r livre.
ABMOIS1N. [Etof fe de fo i e , ou forte de taffetas
de moyenne bonté , qui fe fait à Lyon ,.&• en
plufieurs endroits de l’Italie. ) Il y a,des demi armoi-
sens qui fe font à Avignon, qui font de moindre
prix & qualité que les autres. Un fabrique des a r-
moisin s à trois fils. On tire auffi des armoisins de
toutes les couleurs , des Indes Orientales , particulièrement
de Caflombazard. , par la voie de Bengale.
Voyeç l'a r tic le f u i v a n t .
On prétend que ce mot vient de l’Italien £r/7ze-
sino ; ou qu’il a été ainfi appellé , à caufe que l’on
mettoit des armoiries fur la toilette qui en faifoit
i’envelope. V o y e{ T a f f e t a s .
A r m o i s i n d e s I n d e s . C’eft u n ta ffe tà s fabriqué
aux Indes Orientales, mais plus foiblè & de moindre
qualité que les armoisins qui fe font en Europe.
Les couleurs , fur-tout le cramoifi & lé roucre, en
font ordinairement fauffes ; & ils ont peu de luftre
& point du tout de brillant.
Il y en a de deux efpèees ; les arains , qui font
des ta ffe ta s ou rayés , ou à carreaux ; & les dama-
vars, qui font des taffetas a fleurs. Leurs'longueurs
font depuis fept aunes jufqu’à vingt-quatre , & leurs
largeurs depuis fept feiziémes jufqu’a cinq fixiémes.
ARMONIAC ou AMMONIAC. ( Efpèce d e J e l
d o n t i l f e f a i t une grande co n fom m a tio n en
France, )
Il y a de deux fortes de fel armoniac ; Yarmo-
niaç naturel & Y armoniac artificiel, dont la figure •
ARM
eft bien différente , quoique les propriétés foient afïèz
fcmblables.
L:armoniac naturel fe fubdivife, pour^ ainfi dire,
en deux ; l’u n , qui eft le véritable & qu’ont connu
les anciens , n’eft autre chofe , à ce qu’ils difent,
que l’urine des chameaux criftalifée , & réduite en
malle blanche par l ’ardeur du. folteil, a qui les fables
ardens des deux Arabies, & tint d’autres lieux
arides & déferts de l’Afrique & de l’Afie, où ces
animaux vivent pendant les longs voyages qu’y .font
les caravanes.', ont fervi comme de matras & de
vaifteaux pour perfectionner ce fel.
On le nomme armoniac , ( c’eft encore l’opinion
des anciens) du temple de Jupiter Amon , fur
la route duquel on en trouvoit abondamment.
Ce fel eu blanc , alfez femblable pour le goût au
fel commun : on y remarque de petites éguilles
criftalifées , comme au falpêtre rafiné ; & quand II
eft véritable , il y paroît encore une partie du fable
où il a été fublimé par la chaleur du foleil. Cet
armoniac eft fi rare en France, qu’il ne s’en fait
aucun commerce ; & il n’y a que quelques curieux
qui en ayent dans leurs droguiers.
L’autre fel armoniac naturel n’eft guères plus
commun. C’eft une efpèce de terre ou d’ecume falée,
qu’on travaille comme le falpêtre. On le trouve
dans quelques endroits des Indes Orientales , fur-
tout dans de vieilles cavernes ,. & dans des fentes de
rochers , qui font entre Labor , Thanafferi,. &
Trerhint. ' . .
La rareté de ces deux armoniacs , & la néceffité
de fe fervir de cette drogue dans quantité d’opérations
ou d’ouvrages , où l’on ne peut s’en palier ,
ont obligé les chimiftes à le contrefaire ; & c’eft de
cet armoniac artificiel dont il fe fait une fi grande
confommation à Paris.
On le tire par le moyen des vailfeaux fublimatoi-
re s, de toutes fortes d’urines d’hommes & d’animaux,
où l’on a mêlé du fel commun & de la fuie de cheminée.
Quelques-uns prétendent qu’il fe tire auffi
de toute forte de fang. De quoi qu il foit compofé,
il vient ordinairement de Venife & de Hollande,
d’où il eft apporté en mafles de différentes couleurs,
faites en forme de couvercle de pot. Autrefois il
étoifen pain de fucre, & d’une qualité bien aurdelïus
de celui d’à préfe’nt.
Il faut choifir Y armoniac blanc, clair, tranlpa-
ren t, fec , fans craffe, & que cafte il y parodie comme
des éguilles.
Le f e l armoniac paye cent fols par cent péfant
de droits d'entrée , en conféquence du ta r i f de
1664, & par l'arrêt du confeil d’état, du 15 août
j <52?5 , vingt pour cent de fa valeur, pour celui
qui a été interpofé dans les pays étrangers avec
les fo ls pour livre.
L’ufage de ce fel eft fort confidétable en France,
foit pour la médecine , pour laquelle on en tire quantité
de préparations chimiques, foit pour beaucoup
d’ouvriers, qui auroient peine d’achever & de perfectionner
leurs ouvrages fans fon fecours ; tels font
ARM ijf
entr’autres les téinturiers , orfèvres , fondeurs ,
épingliers, maréchaux , &c. Ces derniers l’em-
ployent, réduit en poudre impalpable , pour manger
les tâyes qui viennent aux yeux des chevaux ; & a
l’égard des teinturiers, ils le mettent au nombre de
leurs drogues non colorantes , c’eft-à-dire, qui
d’elles-mêmes ne produifent aucune couleur, mais
qui prépare les étoffes , foies,, fils , laines, & c ., à
recevoir celle qu’on leur veut donner.
F armoniac eft fi rare , qu’il achevé la diiïblution
de l’o r , mêlé avec l’eau-forte , ou l’efprit de nitre ;
ce que ces deux grands diflolyants ne pourroienç
faire fans lui.
Ce fel purifié par le moyen du feu , de l’eau &;
du papier gris, fe réduit en fel très-blanc , dont on
fe fert pour provoquer les urines & les fueurs, &c.
On le réduit auffi en fleurs, à l’aide du fel commun
décrépité ou calciné, ou de la limaille d’acier. On
en tire pareillement divers efprîts, auffi-bien qu’une
huile. Enfin , 011 le fixe parle, fecours des coquilles
d’oeufs ou de la chaux vive & du feu.
L’on croit faire plaifîr au leCteur , d’ajouter à
cet article la manière de faire le fel armoniac en
Egypte , qui a paru depuis la mort de l’auteur,
dans le journal de Trévoux, du mois de novembre
: T 7 T 7 . ’
Ce fel, dit le père Sicard, jéfuite, dans la lettre
à M. le comte deTouloufe, de laquelle on a fait
l’extrait dans ce journal, fe fabrique dans des fours,
dont le deffiis eft fendu en long en plufieurs endroits.
On pofe fur ces ouvertures des bouteilles de verre ,
fuivant le travail, ou autant qu’i l . en peut tenir j
ordinairement cependant il y en a depuis vingt jufqu’J
trente.
Ces bouteilles, qui font rondes , d’environ un
pied & demi de diamètre , avec un col long d’urx
demi pied , s’empliftent de fuie , d’un peu de fel marin
& d’urine de beftiaux , après quoi on les bouche
exactement. Quand elles ont été ainfi difpofées 8c
remplies, on fait un maffif de terre graffe 8c de brique
, qui les environne & qui les couvre entièrement,
à la referve du col qui refte à l’air ; après quoi ont
met le feu au fo u r, qu’on y entretient pendant
trois jours & trois nuits confécutifs.
Le flegme des matières contenues dans ces bouteilles
s’exhalant par l’ardeur du feu , & les fels
acides & alkalis, dont elles font fort, chargées, fe
rencontrant & s’accrochant les uns aux autres proche
du co l, s’y épaiffiffent & forment une .mafte blanche
& ronde, qui eft le fel armoniac. L’opération finie,
on cafte les-bouteilles pour l’en tirer & achever de
le fécher.
L’expérience a fait connoître que toute forte de
fuie n’étoit pas propre à faire cette fublimatîon , &
qu’il falloit que celle dont on impreignoit 1 urine
des animaux, pour la condenfer en f e l, fut produite
par la fumée de ces efpèees de moctes a brûler, quort
nomme gellée en Arabe, & qui fe font avec la fiente
des beftiaux , à peu près de la maniéré qu on fait à.
Paris, .avec de vieux tan, celles dont les pauvres