
dont on a parlé ci-deiïus, & en partie coitipofée
d’opérations qui ne font propres & ne conviennent
qu’à la banque, royale de France.
Comme cette matière étoit en quelque forte toute
nouvelle pour les négocians François, particulièrement
pour ceux qui ne - font pas le commerce
étranger, l'auteur de l’inftruCtion eft entré dans un
grand détail, mais fi néceflaire & fi inftruCtif, qu’on
a cru difficile de l’abréger , fans en retrancher quelque
chofe d’utile. Ainfi on la donne ici en fon
entier, a la réferve du modèle des comptes courans
& viremens de parties , qui fè trouve à la fin, qu’il
n’eût pas été aifé de faire entrer dans les colonnes ,
dont l’édition de ce dictionnaire eft compofée ;
outre qu’il eft aflTez femblable aux comptes en
parties doubles , dont on parle à l’article des comptes,
&c defquels il n’y a guères de marchands, négocians
& banquiers’ un peu habiles qui n’ayent connoif-
fance.
Xnjlruction fu r la manilre dont fo n t ouverts. les
comptes courans en banque , & comment f e
fo n t les viremens de parties.
Il ne doit y avoir qu’un feul livre pour les
comptes en banque ; mais autant de parties qu’il éft
néceflaire. Chaque partie ne doit contenir qu’environ
deux cens feuilles , lefquelles feront numérotées,
fçavoir, la première partie depuis le n®. i jufqu au
n°. zo o ; la fécondé partie depuis le n°. 201 jufqu’au
n°. 400, & ainfi de fuite.
Chaque teneur de livres ne doit avoir qu’environ
deux cens comptes, c’eft aux directeurs a les leur
diftribuer ; ayant égard que lés comptes qui deman-.
dent beaucoup d’écritures, foiént tellement partagés
entre les teneurs de livres, que l’un n’ait pas plus
de travail que l’autre, & cela autant que faire fe
pourra.
Chaque teneur de livres doit avoir fon contrôleur,
c èft-à-dire , que le contrôleur doit avoir la contrepartie
du même livre que celui du teneur de livres ,
&f les mêmes folios 5 en forte que lorfque le teneur
de livres couchera une fommé fur un compte, le
contrôleur couchera la même fomme dans le même
ordre , afin qu’ils foient touj'ours d’accord l’un avec
l’autre : aufli tous les foirs ils doivent , avant que
de quitter, pointer les parties qu’ils ont écrites, afin
de prévenir toutes les erreurs.
Tous les foirs les contrôleurs doivent porter leurs
livres en un lieu féparé. des autres livres, qui leur
fera affigné à cet èffet , afin de les garantir des'
^.çcidens, qui peuvent être. caufés par le feu ou
autrement. :
.Pour les billets ou bulletins , il fera prépofé un !
commis , qui tous les huit jours les retirera des i
teneurs de livres, pour les mettre, fuivant l’ordre !
de leurs dates, en Baffes , & enfuite les dépofer
en lieu de fureté, afin qu’ils foient garantis du feu,
& qu’on y puiffe avoir recours en cas de befoin. J
Le bureau de h. banque fera ouvert tous les jours, •
excepté les fêtes & dimanches, depuis huit heures '
du matin pifqu’à onze heures, & l’après-midi depuis
trois heures jufqu’à fix.
Ceux qui voudront avoir compte, en banque , y
porteront leurs billets de banque : le tréforier, ou
celui qui fèra prépofé pour cela, leur donnera fon
récépiffé, lequel ils remettront aux directeurs, qui
doivent leur faire ouvrir un compte, & leur donner
crédit du montant de la fomme portée par le'récé-
pifle , & cela en leur préfence.
Par exemple : Pierre veut avoir un crédit en
banque de Z 120600 , Jacques de L 80000, &
Paul de Z 5 0000 : ayant remis chacun la valeur en
billets de banque au tréforier de la banque, il leur
donnera par contre fon récépiffé , qu’ils remettront
aux directeurs , qui en leur préfence leur fera
ouvrir un compte, donner crédit de cette fomme ,
& fera débiter la caiffe.
f Fol. 1. Compte de la coiffe générale. v 3 Fol. 1. Compte de Pierre,
J * 1 Fol. 3. Compte de Jacques.
C Fol. 4. Compte de Paul,
Pierre & les autres doivent prendre une note du
folio ou leurs comptes font couchés , afin de mettre
le même folio fur leurs billets, lorfqu’ils voudront
payer ou faire écrire quelque partie en banque,
A l’égard des paiemens ou viremens des parties ,
que les particuliers veulent faire les uns aux autres ,
l’opération fuivra comme il fuit.
Par exemple : Pierre doit payer à Jacques une
fomme de trois mille livres, pour valeur reçue en
marchandifes ; le jour qu’il doit faire ce paiement,
il doit porter ou envoyer au teneur de livres, par
celui qui eft chargé de fon pouvoir, un billet en
la forme fuivante..
Fol. 2. pour L 3000.
Meffieurs les directeurs de la banque royale payeront
à Jacques trois mille livres, pour valeur
reçue en marchandifes. A Paris ce 20 ju ille t 1720,
Pierre.
Le folio 2 indiquera au teneur de livres le compte
de Pierre, il le débitera de L 3 000 ; & par le
regiftre de l’alphabet, il trouvera le folio du compte
de Jacques, qu’il créditera de L 3000.
v f Fol. 2. Compte de Pierre,
r ° y e{ Fôl. 3. Compte de Jacques.
Le lendemain Jacques doit aller à la banque, ou
envoyer celui qui fera porteur de fon pouvoir, pour
demander fi la partie de Pierré lui a été écrite , & la
demande fe fait ainfi : par Jacques f o l . 3 de Pierre,
trois mille livres ; fi le teneur de livres' trouve la
partie écrite, il répond: par Pierre, trois mille
livres.
Si Jacques veut payer ce jour quelque partie ,
il remet au même temps fes billets au teneur de
livres, en la forme mentionnée ci-haut, pour n’être
pas obligé ce jour de revenir, ou d’envoyer à la
banque.
Toutes les lettres de change de cinq cens livres &
au-deflus, tirées des pays étrangers , feront payées
en banque. Par exemple : une lettre de change de
deux mille livres , tirée d’Amfterdam fur-Paul a
vue , dont Pierre eft porteur, Pierre doit prefenter
fa lettre à Paul, qui la trouvant bonne & la voulant
payer, Pierre écrira au dos de ladite lettre : payez
fu r mon compte en banque le contenu de Vautre
part. A Paris ce
Le même jour Paul doit porter, ou envoyer par
celui qui a fon pouvoir, un billet à la banque, en
la forme fuivante :
Fol, 4 pour L 2000.
Meffieurs les directeurs de la banque royale
payeront à Pierre deux mille livres, pour valeur
reçue en une lettre tirée fu r moi d* Amfferdam,
A Paris ce 20 ju ille t 1720.
Paul.
Le lendemain Pierre doit aller à la banque pour
fçavoir fi Paul l’a payée ; au défaut de paiement il
fera fes diligences.
Si Pierre ne veut pas confier à Paul fa lettre de
change acquittée, il peut la remettre au teneur de
livres qui tient les comptes de P au l, pour la remettre
à Paul après qu’il l’aura payée*
On agira de même pour les billets , foit à volonté
ou à terme , portant promeffe de payer des
fommes, .
Il en fera ufé de même des lettres de change à
quelques jours de vue, d’une ou plufieurs ufances ,
dont l’acceptation fé fera à l’ordinaire 3 mais le jour
de l’échéance au matin, le porteur d’icelle doit
envoyer àl’accepteur les lettres de changes endoffées :
payç{ f lLr mon compte en banque ; & l’on opérera
comme il a été dit pour les lettres a vue.
Les villes des provinces où. il y a bureau de la
banque, feront les mêmes opérations.
Toutes les villes où il y a bureau de la banque,
doivent correfpondre les unes avec les autres, pour
les paiemens que les négocians, & ceux qui ont
compte en banque, voudront , faire. Par exemple :
de Paris, Pierre veut remettre à Claude de Lyon fix
mille livres : Jacques veut remettre à Jean de Lyon
quatre mille livres, de d’autres de même ; l’opération
fe fait ainfi.
Pierre portera un billet à la banque , qu’il remettra
au directeur, ou l’envoyera par celui qui a fon
pouvoir, en la forme fuivante :
Fol. 2 pour L 6000.
Meffieurs les directeurs de la banque royale
payeront à Claude à Lyon, s ix mille livres, pour
valeur en compte. A Paris ce 20 ju ille t 1720,
.Pierre.
Ainfi agira Jacques pour faire la remife de quatre
mille livres de Jacques à Lyon. .
Les teneurs de livres , après avoir débité Pierre
& Jacques des fommes mentionnées, & crédité le
bureau de la banque de la ville de Lyon , remet'
tront une note aux directeurs, pour qu’ils envoyent
une feuille à Lyon, afin qu’il foit donné crédit a
Claude de L 6000, & à Jean de L 4000. La
feuille fera conftruite dans la forme fuivante.
Fol. 5 pour L 10000.
Meffieurs les directeurs du bureau de la banque
royale à L y on , payeront aux fuivans':
A Claude, valeur de Pierre, L 600»
A Jean, valeur de Jacques» 400»
L iooo»
Pour la fomme de dix mille livres.
A Paris ce a 0 ju ille t 1720,
Vifé par un infpeCteur, ligné par un directeur.
Les directeurs auront loin d’envoyer par le premier
ordinaire à L y o n , la feuille mentionnée ; &
le- directeur du bureau de la banque de Lyon en
réponfe, accufera la réception de cette feuille e»
failant mention des fommes y contenues, & quil
en a donné crédit auxdites perfonnes.
r Fol. 2. Compte de Pierre.
Voyez S Fol.* 3. Compte de Jacques,
(. Fol. 5. Compte de Lyon.
À Lyon l’on agira de même pour les fommes que
ceux qui ont compte en banque, voudront remettre
à Paris. Par exemple: Claude de Lyon veut remettre
deux mille livres à Pierre a Paris, & Jean de^ Lyon
trois mille livres a Jacques de Paris; l’opératioa
fe fait comme il fuit.
Claude porte au bureau de la banquede Lyon
fon billet, pour que le directeur paye à Pierre i
Paris, deux mille livres.
Jean agit de même pour payer trois mille livres
à Jacques de Paris. Par le premier ordinaire, le-
directeur du bureau de la banque doit envoyer la
feuille aux directeurs de la banque de Paris , en la
, forme fuivante :
Fol. 5 pour Z 5000.
Meffieurs les directeurs de la banque royale à
Paris, payeront aux fuivans :
A Pierre, valeur de Claude, X 2000
A Jacques, valeur de Jean, L 3000
Z 500»
Pour la fomme de cinq mille livres,
A Lyon ce 20 ju ille t 1720.
Vifé par un infpeCteur, figné par le directeur.
Les directeurs doivent faire donner crédit des
fommes portées par la feuille de Lyon , à Pierre
& à Jacques, & débiter le bureau de banque de
1 Lyon { , de la fomme totale. Fol. 2. Compte de Pierre.
Fol. 3. Compte de Jacques.
Fol. 5. Compte de Lyon.
Les directeurs de la b. nqûe à Paris accuferor*
Ce ij