
bateaux chargés comble , y ayant plufieurs claies
de hauteur, pour foutenir le charbon au-deffus des
bords.
Les charbons de Loire arrivent au port de la
Tournelle ou port Maubert ; mais les bateaux font
chargés a plat ,*fens comble , c'eft-à-dire , qu'il n'y
a qu une claie au-deffus du bord du bateau , pour
foutenir le charbon : on les charge ainfi, pour pouvoir
palier avec facilité dans les éclufes qui font le
long du canal de Briare.
Le charbon de l’École eft du charbon long &
gros, quelquefois rond, quelquefois de quartier;
ordinairement fans écorce : il eft fait de toutes fortes
de bois. On l'envoie de Normandie & de Picardie ;
il arrive au port de l’École, d'où il tire fon nom.
Les bateaùx dont on fe fert pour les voiturer en
«remontant la rivière de Seine, font chargés comble,
& beaucoup plus grands que ceux qui viennent aux
ports de la Grève & au port Maubert. Ce charbon
eft particulièrement en ufage parmi les orfèvres ;
il s'en confomme aufli beaucoup à la monnoie ,
même chez les fondeurs.
Le charbon de Chevreufe fe fait dans les forêts
lituées aux environs de la petite ville de Chevreu-
f e , d'où lui vient fon nom. Ce charbon eft amené
par terre dans dès charrettes garnies de claies ou
menus branchages , ou fur des bêtes de fomme, dans
de petits facs. Tout le charbon de Chevreufe fe
décharge, ou a la Grève , ou dans la rue des Egouts,
près là porte faint-Denis. Quand ce charbon eft fait
de bon bois , il eft prefque autant eftimé que le
charbon d'Yonne.
Il arrive aufli à Paris, par te rre, quantité de
charbon, qui fe fait dans la forêt de Crecy en
Brie & dans les bois de Toumon, d'Auxois & de
Ferrière.
trop mêlé de braifè, ou autrement défectueux ; & fans
avoir été vifité par les jurés.
La braife, qui eft le charbon écrafé, & réduit
en trop petits morceaux pour être de vente, doit
être vendue féparément & au prix fixé au bureau de
la ville.
Il n'eft permis d’ouvrir & de mettre en vente’ dans
chaque port, qu'un certain nombre de bateaux à la fois j fçavoir, cinq bateaux d'Yonne, & trois de
Marne & de Seine au port de la Grève ; quatre au
port de la Tournelle, & deux au port de l’Ecole.
Enfin, il eft ordonné que le charbon foit aufli
bon, & de même qualité au milieu & au fond du
bateau, qu’au-deffuS.
Tous ces articles de réglemens ne concernent que
la marchandife de charbon arrivant par la rivière..
; A l’égard de celle qui vient par terre , fi elle eft
en bannes ou charrettes, elle doit fe décharger à la
place pour ce défignée, pour y être débitée fur le
pavé ; & fi elle eft en facs fur des bêtes de fomme
elle peut être vendue par les rues & fur le champ
aux bourgeois & airdfans non regrattiers. Les facs
de ces petits charbonniers doivent être d'une mine
d’un minot ou demi-minot.
La plupart des réglemens qui font faits pour le
bois de chauffage qui arrive à Paris, font communs
au commerce & à la marchandife de charbon qu'on
y voiture, foit par eau., foit par terre. Il y en a
néanmoins quelques-uns qui ne font que pour cette
dernière marchandife.
Par cés réglemens, les provisions de charbon
deftinées pour Paris , doivent y être amenées incef-
famment, fans les arrêter en chemin, ou les vendre
ailleurs.
Étant arrivées aux ports de leur deftînation , dont
on a parlé ^ci-deffus ; le charbon doit être mis à
prix & au rabais de trois jours en trois jours de
vente 5 les mefureurs de charbon étant tenus pour
cela, aufli-tôt l'arrivée des bateaux, d’aller au bureau
de la ville pour la fixation du prix.
Il eft défendu d'aller audevant du charbon, de
le marchander §£ acheter en chemin, comme aufli
«le l'acheter fur les ports pour le revendre.
Les marchands font obligés de le vendre fur la rivière
& dans leurs barreaux, par eux-mêmes,-ou
par leurs femmes, enfans & domeftiques, & non
jpar commiflionnaires.
Il y eft défendu çfe vendre du charbon mouillé,
Les regrattiers, fruitiers & chandeliers , aufli-bient
que les femmes des gagne-deniers, ou garçons de
•la pelle, à l'exception des plumets , peuvent faire le
regrat du charbon ; les trois premiers , de celui qu'ils,
achètent fur les ports ; & les dernières, des fonds de
bateaux que les marchands donnent pour falaires 9
ou vendent à leurs m aris.
« Le charbon de bois paie en France les droits.
» d'entrée à raifon de n lois de la banne , confor-
» mément au tarif de 1664 5 & pour ce ux de fortie,
» fçavoir , 2 6 fols de la banne ; autant en fac chargé
» plein un char ; 8c 18 fols de la charretée & les fols
» pour livre».
Le charbon de terre eft une marchandife dont il
fe fait en France un très-grand négoce. Les ferru -
riers , les maréchaux & autres ouvriers qui font obligés
de chauffer le fer pour le battre fur l’enclume
ne. s'en peuvent prefque paffer.
Les lieux du royaume d'où il s'en tire le plus r
font la Fofïe en Auvergne, les mines de Braffac près
Brioude , dans la même province y Saint-Étienne-en-
Forêt, le Nivernois, la Bourgogne , Concourfon en
Anjou , les environs de .Mezieres & de Charleville.
Il en vient aufli quantité des pays étrangers, comme
du Hainaut & du pays de Liège.
L'Angleterre en fournit très - considérablement,
qui vient pour l'ordinaire par le port de Rouen. Ce
dernier eft le plus eftiméquorque plufieurs prétendent
que celui de la F p fie-en -A u v erg n e ne lui cède
en rien, & que d’autres donnent la préférence a celui
du Hainaut, parce qu’il eft plus gras & dure plus
long-tems au feu.
Les bonnes qualités du charbon de terre font r
d'être peu rempli de fouffre, de bien chauffer le
fer & de durer lo n g -tem s à la fo rg e. Ce charbon
a une chofe particulière en fo i, qu’il ne peut parfaîfement
s'allumer, fans jetter de l'eau dé temps en te'nsps
•deffus.
A Paris, le charbon de terre fe mefure comble,
& fe vend à la voie; chaque voie contenant
trente demi-minets; le demi-minot fe divifant en
trois boiffeaux, & le boiffeau fe partageant encore
•en quatre quarts. Ce font les marchands de fer, qui
font du corps de la mercerie, qui en font le plus
grand commerce, foit en gros, foit en détail. A
Rouen , il fe vend en barils ; & le vendeur en donne
à l’acheteur cent quatre pour cent, chaque baril
contenant trois demi-minots ; en forte que les cent
barils de Rouen rendent à Paris dix\oies & demie,
moins trois demi-minots.
En Angleterre , où le commerce du charbon de
terre eft fi coüfidérable, qu’ou y afligne ordinairement
une partie des fubfiaës que la Nation a coutume
d’accorder pour les befoins de l’état: lamefare
à laquelle il fe vend , fe nomme chauderon ; chaque
çhauderon contient trente-fix boiffeaux.
Le charbon de. terre pour la provifion de Paris,
arrive & £e dittribue au port S. Paul, & au port de
l’École.
"On appelle jurés mefureurs de charbon , certains
officiers de la ville, établis fur les porcs &,places
de Paris, où fe vendent & débitent les charbons ,
tant de bois que de terre.
Outre les marchands de fer qui font à Paris le
négoce du charbon de terre, il y a encore deux
fortes de marchands qui s’en mêlent, dont les uns
s’appellent marchands bourgeois, & les autres marchands
forains. Ceux-ci font les marchands du
dehors, quiâufii-tôt leur marchandife vendue,s'en
retournent chez eux en préparer de nouvelles voitures:
les autres font réfîdens à la ville , & y font le détail
du chflrbon de terre, dont ils font charger dans les
provinces des bateaux , par leurs.commiflionnaires
qui les leur envoyeut à Paris.
La différence du commerce que font ces deux
fortes de marchands , confifte en ce que les marchands
bourgeois ont la permiflion d’avoir chez eux
des magafins, & d’y faire tranfporter leur charbon
pour l’y débiter ; 8c que les marchands forains font
tenus , aufli-tôt après leur arrivée au porc de S. Paul
ou de l’École, de le mettre en vente ïnceffamment,
fans pouvoir le mettre à terre ou en faire des entrepôts.
Aufli ces derniers ont-ils la-préférence fur
les autres pour la vente dans les ports , n’étant pas
permis aux marchands bourgeois, d’entamer leurs
bateaux, & d’y expofer leur charbon en vente avant
que celui des forains ait été vendu ; ce qui pourtant
ne s’entend que lorfqu’il y a affez de marchandife
foraine pour la provifion de la ville.
Un réglement général pour les uns & les autres,
ordonne que quand le prix aura été mis au charbon
au commencement de la vente, il ne pourra être
augmenté ; & que fi dans le cours de la distribution ,
le marchand en fait rabais , il fera tenu de continuer
la vente au dernier & moindre prix.
« Le charbon de ternt venant de? pays étrangers,
» paye les droits d’entrée en France fur le pied de
30 fols le baril, fui vaut l’Arrêt du 3 juillet l6o^.y
» & celui qui vient du dedans du Royaume, 6 de-
» niers du baril, 12 fols du fac ou banne, charge
» un char ; & 5 fols la charretée».
«- A l’égard des droits de fortie, le cent de barils
» paye 8 livres, & celui qui- eft en houille, la char-
» retée de cinq poinçons deux tiers, 22 fols , le tou£-
» avec les fols pour livre ».
Par l’Arrêt du Confeil du 6 feptembre 1701,
concernant les marchandifes du cru d’Angleterre,
Écoffe 8c Irlande, les droits d’entrée pour le charbon
de terre venant de ces pays, font fixés à une livre
dix fols le baril, conformément à l’Arrêt du y
juillet 1 69 2 , pour-toutes ces fortes de charbons
venans des pays étrangers.
Le charbon de terre venant de la Flandre & dus
Hainault, 8c entrant par. les provinces de Champagne
& de Picardie, avoient été aufli compris dans
cette augmentation de droits établis par le même
arrêt du 3 juillet 169% y mais les maîtres des forges
de ces deux provinces ayant repréfenté le grand
préjudice qu’ils en recevoient, fa majefté, par un
damier arrêt du 19 juin, j 703 , ordonna, qu’à l’avenir
il ne feroitpayé pè'ur droit d’entrée aux bureaux
de Picardie & dé Champagne fur les charbons de
terre y venans de la Flandre & du Hainault, que dix
fols par baril du poids de trois cent livres, au lieu
de trente fols, portés par ledit arrêt'du 3 juillet
1692,.
Le Charbon de pierre, que quelques-uns confondent
mal-à-propos avec le charbon de terré, quoiqu’ils
n’ayent’rien de commun, que leur qualité
inflammable, eft une pierre minéralef feche & fulfu-
reufe , dont il fe trouve diverfes carrières dans plufieurs
provinces" de France , particulièrement dans
le Nivernois & le Bourbonnois, C’eft une efpèçe de
pierré-poncè noirâtre , mais plus compare , moins
fpongieufe, & beaucoup plus dure & plus péfante
que la. véritable pierre-ponce* Qu la débite ordinairement
en gros m o rc e au x à peu près comme
les tourbes de Hollande , mais d’une figure moins
régulière. Le feu de ce charbon eft vif & dure affez
long-tems ; mais la vapeur en eft maligne , & d’une
odeur infupportable à ceux qui n’y font point accoutumés.
On s’en fert prefque à tous les ufages où l’on
emploie le charbon de bois 8c celui de terre ; 8c le
commerce en eft confidérable dans les lieux où manquent
les deux autres fortes de charbons.
Le bois étant devenu très-rare & très-cher à Paris
en 17 t 4 ,on y amena quelques bateaux de çe char-
bon de pierre ; qui fe débitèrent d’abord affez bien
\ aux ports de l’École & de S. Paul, le peuple y
| ayant couru en foule ; & même plufieurs bonnes
j maifons en ayant voulu efîayer dans les poêles &
les cheminées des anti-chambres ; mais la malignité
de fes vapeurs , & fon odeur de fouffre en dégoûter-
rent bien-tôt ; & la vente des premiers bateaux n’ayant
j pas réufli , les nouveaux marchands de charbon de
1 pierre cefferent d’en faire venir pour la provifion