
BANILLA. Les Efpagnols nomment ainfi cette
gouffe prècieufe , que les François nomment van
ille , qui vient de la nouvelle Efpagne , & qui
entre dans la composition du chocolat. Voyt\
]VANILLE.
BANNE. Grande to ile , ou couverture , qui
fert à couvrir quelque chofe , & à la garantir du
jfoleil, de la pluie & autres intempéries de l’air.
B a n n e . Les marchandes lingères appellent aufli
d e là forte , une groffe toile de cinq ou fix aunes
de long , & d’environ trois quarts de large , qu’elles
attachent fous l’auvent de leurs boutiques, & qui
leur fert comme de mont i*.
B a n n e . On appelle ch nbon en banne , celui qui
vient par charroi. En ce lens, la banne lignifie une
grande manne ; parce qu’en effet les charettes de
ces charbonniers font faites de menus branchages
d’arbres , entrelafles comme des mannes a emballer.
B a n n e , qu’ôn nomme aufli m a n n e & m â n n e t t e .
Grand panier d'osier fendu , plus long que large,
& de peu de profondeur , qui fert à emballer certaines
fortes de marchandifes.
B a n n e . Se dit aufli d'une grande to ile , dont l’on
couvre les bateaux de grains, de drogues d’épice-
xie, ou d’autres marchandifes , qui peuvent s’altérer
par le foleil, la pluye ou autre intempérie de
l ’air.
B a n n e . Eft encore la pièce de toile, que lesrou-
ïiers & autres voituriers par terre , mettent fur les
balles, balots , caiflès & paquets , qu’ils voiturent,
afin de les conferver.
B a n n e . C’eft encore le nom que les boulangers
donnent à la toile dont ils couvrent leur couche ,
c’eft-à-dire , la table fur laquelle ils font revenir
leur pain , avant de l’enfourner.
B a n n e , qu’on nomme quelquefois b a n n e a u . Eft
une tinette de bois , qu’on met des deux côtés d’un
cheval de b ail, ou autres bêtes de fomme , pour
tranfporter plufieurs fortes de marchandifes. Elle
contient environ un minot de Paris.
BANNEAU. C’eft quelquefois la même chofe
que la banne, dont on vient de parler ; quelquefois
c’eft une mefure des liquides ; & quelquefois
encore un vaiffeau propre à les tranfporter. On
s’en fert de cette dernière manière , pour porter la
vendange : & les vinaigriers , qui courent la campagne
, ont aufli des banneaux , dont deux font
la charge d’un cheval. Ceux-ci font couverts par-
defîiis , & ont au bas une canelle , pour tirer le
vinaigre.
BANNETTE. Efpèce de panier fait de menus
brins de bois de châtaignier , fendus en deux &
entrelafles les uns dans les autres , qui fert à mettre
des marchandifes, pour les pouvoir faire voitu-
xer & tranfporter.
Souvent on fe fert de deux bannettes pour les
marchandifes qui font un peu de conféquence,
dont on met une deflbus & l’autre deflus. Celle de
deflus fe nomme la coeffe, parce qu’elle embraffe
& couvre celle de deflbus»
On met aufli des marchandifes en Amples ban-
nettes, avec un morceau de toile coufue le long
du bord, qui en couvre le defliis.
Il y a des bannettes de toutes gnndeurs. On
d it, une double bannette, quand u y en a deux
l’une fur l’autre ; une fimple bonnette , quand il
n’ÿ en a qu’une. Une double bonnette de chapeaux
; une fimple bonnette ou une bonnette de
mercerie, &c.
Les marchands fe fervent plus volontiers de bannettes
pour emballer leurs marchandifes, que de
caiflès , parce qu’elles coûtent moins, & qu’elles
ne pefent pas tant.
Quand les marchandifes font précieufes, on fait
emballer les bannettes dans de la paille , avec une
toile par-defîus , pour les mettre a couvert des
injures du temps. On les met aufli quelquefois dans
un double emballage , dont l’un , qui eft celui de
deflous , eft de toile cirée ; & celui de deflus, de
toile ordinaire : c’eft félon la qualité de la mar-
chandife. - >a
B a n n e t t e . Les boucaniers François de lifle de
S. Domingue dans l’Amérique , fe fervoient aufli
de ce terme dans le commerce des cuirs , pour lignifier
un certain nombre de peaux de taureaux,
de 'Bouvarts & de vaches, dont ils compofoient ce
qu’ils appellent, une charge de cuirs»-La bannette
contient, ou deux taureaux ou un taureau & deux
vaches , ou quatre vaches ou trois bouvarts , autrement
trois jeunes taureaux.
On appelle ces- cuirs bonnettes > à caufe de la
manière dont ils font pliés.
BANNETTON. ( Terme de pêcheurs de rivière,
) C’eft une efpèce de coffre, ou de réfervoir
de bois , que les pêcheurs conftruifent, pour y
conferver leur poiflon. Il eft perce de plufieurs trous,
pour donner paflage à l’eau, & fe ferme a clef par-
defliis.
BANNIÈRE , qu’on nomme aufli PAVILLON,
ou étendard d'un vaijfeau. C’eft une efpèce de
grand drapeau , qu’on arbore fur la poupe d un
navire , qui fert a le diftinguer & à marquer la
nation d’où il eft. Il y a aufli des bannières de
partance , des bannières de confeil & plufieurs
autres.
Le terme de bannière n’eft guères en ufage ,
que dans les mers du Levant : dans celles du Po-
nant on dit pavillon. Voyeç cet article ; on y expliquera
tout ce qui concerne le pavillon , par
rapport aux navires marchands.
BANQUE. Trafic , commerce d’argent , qu’on
fait remettre de place en place , d’une ville a une
autre , par des correfpondans & commiflionnaires ,
par le moyen de lettres de- change.
L’origine du mot de banque vient des Italiens ,
banc a , qui a été fait de banco ; parce qu’autre fols
dans toutes leurs villes de commerce, la banque
s’exerçoit publiquement dans des places ou bour-
fes, où ceux qui s’en mêloient, avoient dés fiéges ou
bancs p fur lefquels ils s’affeioient pour compter
îenr àrg èn t, & écrire leurs lettrés 8c billets dé
change.
Quelques auteurs ajoutent, que quand les négo-
cians venoient à manquer , on rompoit leur banc,
foit pour marque d’infamie , foit pour en remettre
un autre en la place ; & ils prétendent que de ce
banc rompu , font venus les mots de banqueroute &
de banqueroutier.
Il n’eft pas néceflàire en France , d’être marchand
pour faire la banque ; elle eft permife à
toutes fortes de perfonnes , même aux étrangers.
En Italie le commerce ne déroge point à no-
bleflè , particulièrement dans les républiques ; &
c’eft ce qui fait que la plupart des cadets de condition
entreprennent de le faire , pour foutenir
leur maifon. Aufli eft-il confiant que ce font des
nobles de ce pays , fingulièrement de Venife & de
Gènes , qui ont tenu pendant plufieurs fiécles les
principales banques de France, aufli-bicn que des
autres états de l’Europe.
Un négociant qui fait la banque 8c qui veut
avoir de Tordre, doit tenir deux livres principaux ;
l’un, appellé livre des traittes > pour écrire toutes
les lettres de change , qu’il tire fur fes correfpondans
; & l’autre ,, nommé livre des acceptations
, fur lequel il doit écrire par ordre de date
les lettres de change qu’il eft obligé d’acquitter,
en marquant le nom du tireur , la fomme , le
temps de l’échéance , & le nom de ceux qui les
lui ont préfentées.
B a n qu e . Se dit aufli du lieu public où les banquiers
s’afîemblent, pour exercer leur trafic ou
commerce. On nomme ce lieu différemment, félon
les pays : à Paris, c’eft la place du change ; â Lyon,
le change ; à Londres & à Rouen , la bourfe ; â
Marfeille, la loge , &c.
B anque. Se dit encore de certaines fociétés ,
villes ou communautés , qui fe chargent de l’argent
des particuliers , pouf le leur faire valoir à gros
intérêt ou pour le mettre en fureté. Il y a plu-
fieurs de ces efpèces de banques établies dans les
principales villes de commerce de l’Europe, comme
à Paris , à Amfterdam , à Roterdam , à Hambourg
, &c.
On ne parlera ici que de la banque d’Amfterdam^
de celle de Hambourg & de la banque royale de
France, comme les plus confidérables de toutes ;
& fur le modèle defquelles, au moins des deux
premières , la plupart des autres ont éié réglées. On
peut voir ci-defliis ce qui a été dit -du banco de
iV enife. Voye{ b a n c o .
B A N Q U E D ' A M S T E R D A M .
Cette banque fut établie en 1609 , à-peu-|>rès
fur le pied du banco de Venife. C’eft proprement
une oaifle perpétuelle pour les négocians ; & fon
fonds eft monté à des femmes fi prodigieufes, que
l ’on ne leftime pas moins de 3000 tonnes d’o r,
évaluées à 100000 florins la tonne.
Par fon écabliflèment, il eft ordonné que les
jpàîemêhs des lettres-de-change , & des marchandifes
en gros > ne pourront fe faire qu’en argent de
banque, à moins que la fomme ne foit au-deiïbus
de 300 florins; & on ne peut aufli fe faire écrire en
banque pour moins que cette femme, qu’en payant
f ix fois, foit pour recevoir, foit pour payer ; ( à
la réferve néanmoins des compagnies des Indes orientales
& occidentales, qui font exemptes de ce droit ;}
de ferte que tant les débiteurs que les créanciers ,
font obligés, les uns de porter leur argent à la
banque, & les autres, de le recevoir en banque.
Les paiemens fe font par un fimple tranfport,
ou aflignation des uns aux autres ; celui qui étoit
créancier fur les livres de la banque, devenant
débiteur, du moment qu’il a figné fa partie en faveur
d’un autre , lequel eft couché pour créancier en
fa place.
Quoique la banque d'AmJlerdam n’ait point de
caifle ouverte pour le comptant, ainfi que le banco
de Venife , on ne laifîè pas, -nonobftant le réglement
de la banque, de faire quelquefois des paiemens
en argent effectif; & il y a des caiflïers particuliers
hors de la banque , qui font ces paiemens ,
moyennant un huit pour cent, c’eft-à-dire, deux
fols & demi pour cent florins.
On tolère cette contravention, comme utile au
commerce ; d’autant que quelquefois on eft obligé
de faire des paiemens en monnoie réelle , pour
ce qui concerne le détail ; & que fouvent des
particuliers font bien-aifes d’avoirleur argent comptant,
pour le faire valoir ailleurs que dans la banque
publique, par des négociations, ou pour payer
des lettres-de-change, lorfqu’elles portent exprefle-
ment, qu’elles feront acquittées hors de la banque ;
ce qui veut dire , en argent comptant ou courant•
C’eft par cette banque que la ville d’Amjierdam
fe foutient avec tant d’éclat ; & que fans troubler
la liberté du négoce, elle fe rend la maîtreflè de
la plus grande partie de l’argent de fes habitans ;
perfonne ne fe trouve moins riche, pour n’avoir
fon bien qu’en banque i d’autant qu’avec des parties
de banque, l’on peut, quand on veut, avoir d«
l’argent comptant, & avec de l’argent comptant,
l’on peut aufli avoir des parties de banque.
Pour faire cette efpèce de commerce, ou d’échange
, Ton n’a qu’à s’adreflèr à certains négocians,
ou caiffiers particuliers, que l’on trouve ordinairement
fur la place du Dam, avec lefquels on négocie,
moyennant l’agio ; ce qui fe fait au plus haut prix ,
; lorfqu’on vend, & au plus bas prix, lorfque l’on
acheté.
La différence qu’il y a de l’achat à la vente,
eft ordinairement d’un feize à un huit pour centj
& l’agio roule depuis trois jufqu’à fix poux cent 9
quelquefois plus', d’autres fois moins, fuivant la
-variété du change, ou la rareté de l’efpèce.
Lorfque le paiement fe fait en ducatons., ou
en rixdaelders, & que ce n’eft point en menues
efpèces, Ton donne moins pour l’agio, parce que
les groffçs monnoies font reçues en banque.