
284 B O U
Varrêt du 3 ju ille t 1692. , avec les fo ls pour
liv r e .
B oucass iN d e S m y r n e . Ce font des toiles de
coton, apprêtées & empefées avec de la colle de
farine ; on les fait à Tiria & dans quelques autres
villages des environs.
Ces boucafjins qui font affez fins, fe peignent
en indiennes pour être plus de ' débit ; ~ & c’eft ce
que font ordinairement les Provençaux. .
BOUCASSINÉE. Une toile boucafjinée , eft
celle qui a été apprêtée & mife en boucaffîn.
BOUCAUT._Moyen tonneau , ou vaifleau de
bois , qui fert à renfermer diverfes fortes de marchan-
difes, particulièrement du girofle , de la mufeade,
de la morue , &c.
On. fe fert aufli, des boucaut s pour le vin &
autres liqueurs.
Quelquefois boucaut fe prend pour la chofe
même qui eft contenue, & ainfi on dit un boucaut
de girofle , un boucaut de vin, pour dire un boucaut
rempli de ces fortes de liqueurs ou de mar-
çhandiles.
BOUCHER. Marchand qui prépare , qui habille,
qui coupe , & qui vend la viande a la boucherie. i
La communauté des marchands bouchers eft une
des plus anciennes , & des plus confidérables de
celles qui font établies en corps de jurande à Paris.
Voyer caisse d e P o is sy .
BOUCHERIE. Lieu où s’expofe & fe vend la
viande que tuent & débitent les marchands bouchers.
Il y a a Paris plufieurs boucheries publiques ,
entr’autres la boucherie de Tapport de Paris, communément
de la porte de Paris ; celle de Beauvais,
celle du Cimetière faim - Je an , celle de la rue
Montmartre, &c. Il y a outre ces boucheries renfermées
dans des enceintes communes, des quartiers
& des rues , qui ne font prefque occupés que
d’étaux de bouchers ; tels font la rue des Boucheries
au fàüxbourg faint Germain, le bout de la rue
laint Martin, vers faint Nicolas-des-Champs, & la
montagne fainte Geneviève, auffi-àrien qu'une partie
de la place Maubert.
On appelle viande de boucherie , la groffe
viande, qui comprend le boeuf, le veau 8c le
mouton*
Les^boutiques des marchands bouchers fe nomment
des étaux. Elles ont fur le devant de grandes
tables pour débiter & couper leurs chairs ; & au-
delà des tables , un étalage de figure cylindrique,
aufli long que les tables mêmes, fur lequel ils
arrangent la viande dépecée, pour l’expofer aux
yeux du chaland. Ils en pendent aufli une partie
a des crochets attachés à des nerfs de boeuf, qu'ils
paffent à des chevilles difpofées au haut de la boutique.
Les marchands bouchers, du aom de ces étaux ,
s'appelaient autrefois étalUrs-boiïchtrs : mais le
titre d’étaliers a paflfé a leurs garçons & compagnons,
& il n'y a plus qu'eux "qui le portent.
On ne peut s’empêcher de parler ici de cette
B O U
efpèce de fubftitution établie parmi les quatre plus
anciennes familles des marchands bouchers de Paris,
depuis plus de trois fiècles. Ces familles font celles
des Sainétyon , des Deladehors , des Thiberts & des
Dauvergne, qui prefque toutes ont quitté ce corn--
mer ce depuis plus de cent cinquante ans , & font
depuis entrées dans des charges confidérables de
judicature & de finances , ou bien exercent avec
réputation les profefïîons très - honorables de la
médecine, du droit & du plus riche commerce.
Les étaux fujets à cette fubftitution., font ceux des
deux anciennes boucheries de Paris, qui font, l'une
cèlle de l'apport de Paris , qu’on appelle la grande
boucherie , & l’autre la boucherie du cimetière
faint Jean. Comme les revenus ✓ en font inégaux ,
le loyer de quelques-uns n’allant guère qu’à douze
cens livres ' par an , & celui de quelques autres
au-delà de deux mille livres ; afin que chacun puifïe-
y avoir p a rt, ils fe poffedent comme par indivis ;
les intérefTés à ces fubftitutions fe fuccédant néanmoins
les uns aux autres, quand il arrive ouverture
par la m o rt, & paflant à un plus riche étal ù
fnefure qu'il y en a de vacant.
Ce fut à l’occafion de ces étaux fubftitués, qu’intervint,
en 1 y 85», l’arrêt du parlement, & encore'
depuis celui du zz décembre 1^99 , qui ont depuis
fervi de réglement entre les quatre familles propriétaires
de ces étaux, & les marchands bouchers qui
les occupent & les louent d’elles. On peut voir ce
qui en a été dit ci-devant à l’occafion des ftatuts des
bouchers.
Les propriétaires de'ces étaux ayant payé au jror,
en juillet 1637, une fbmnié de 90000 livres pour
être confirmés dans leur poffeffion , obtinrent ,
fous ce prétexte, fans que les officiers du châtelet
ni les maîtres bouchers euffent été entendus , des
lettres - patentes, dans lefquelles ils firent inférer
qu’il leur feroit permis de louer leurs étaux à tel
qu’ils jugeroient à propos, fans pouvoir être aftreints
à l’obfervation des réglemens de police, faits ou à
faire fur la réduction des loyers 5 en quoi ils furent
encore maintenus par arrêt contradictoire de la
cour de parlement, du 13 mai 171&, qui leur
donne la liberté de difpofer de leurfdits étaux librement
, & au profit de tels des bouchers qu'ils avife-
roient bon être. Mais fa majefté étant informée que
fi ledits propriétaires avoient la faculté de louer
leurs étaux à. ceux- des maîtres bouchers qui leur
en donneroient le plus , non-feulement cela caufe-
roit de grands troubles parmi ledits bouchers, qui
par jaloufie ou par animofîté , les enchériroient les
uns fur les autres 5 mais encore que le public en
fouffriroit par l'augmentation du prix de la viande ,
qui feroit une fuite néceffaire de cette liberté laiffée
aux propriétaires ; fadite majefté ordonna par une
déclaration donnée à Paris le 13 mars 1719, enre-
giftrée au parlement le 30 janvier 17ZO : que fans
s'arrêter à la claufe portée dans les lettres-patentes
du mois de juillet 163.7, ni à tout ce qui s’en
éçoit eufuiyi, qu'elle a voit révoquée & réyoquoit,
B O U
les Ordonnances 8c réglemens de police , fuffent 1
exécutés félon leurs forme & teneur , fauf aux propriétaires
defdits étaux à fe retirer pardevant elle
pour leur indemnité1 s’il y écheoit.
BOUCHON. Sorte de laine d’Angleterre, ainfi
nommée^ de Ce qu'elle eft tournée & pliée en des
efpèces - de paquets eu bouchons, affez femblables
à ceux qui fervent à bouchonner les chevaux.
L’article 10 des-réglemens de la fayetterie d’Amiens,
ordonne que les laines-mères , que les houp-
piers auront apprêtées , feront pliées en bouchon à
l’ordinaire ; & les pelures, en forme de bouchons
de laine d’Angleterre.
B ouchon de c a b a r e t , bouchon de t a v e r n e .
C’eft-un figne que l’on met à une maifonouà une
çave , pour indiquer aux paflans , que l’on y vend
du vin en détail. Il eft fait ordinairement de lierre,
dç houx, de cyprès, ou de quelqu’autre arbre, qui
conferve fa verdure ; quelquefois Amplement d’un
chou.
L’ordonnance du roi , pour les aides, de 1680 ,
& celle de la ville de Paris de i6yz , obligent les
cabaretiers , taverniers, hôteliers, & autres vendans
vin en détail, de mettre des enfeignes & bouchons,
aux caves & lieux où fe fait le débit de leurs vins.
Il eft dû un droit de bouchon au voyer & aux
officiers de police de la ville de Paris ,,' par tous
ceux qui font ternis d’en mettre.
• B ouchon. Ce qui bouche quelque chofe. Il fe
dit ordinairement de ce qui bouche les bouteilles &
autres femblables vafes de verre ,. où l’on conferye
des liqueurs , particulièrement les vins.
Les bouchons font de deux fortes ; les uns de
filaffe, & les autres de liège ; l’on emploie à ceux-
ci le meilleur liège ; la plus mauvaife filafîè eft
bonne pour les autres.
Il fe fait à Paris une très-grande confommation de
bouchons de liège , fur-tout depuis qu’on s’y eft
accoutumé à tirer prefque tous les vins en bouteilles,
de gros verre , où l'expérience a appris qu'ils fe con-
fervoient mieux que dans les futailles même. Ce
font les maîtres fayenciers qui en font le négoce, &
qui ordinairement s’en foumiflênt chez quelques
pauvres maîtres de leur communauté, qui fubfiftenc
allez commodément de ce feul trafic, la fabrique de
ces bouchons faifant leur unique occupation.
. BOUDELLE, ou BOUT - D’AILES. Plumes
tirees du bout de l’aile des oyes, dont l’on fe fert
pour écrire. Voye\ o y e . Voye^ âiijfi p l um e a -
^ c r ir e .
BOUDIN. Boyau de porc -, empli de fon fang
& de fa graille , alfaifonnés d’épices, d'oignons &
d’herbes fines. Ce boudin^ s’appelle boudin noir.
11 fe fait & fe vend par les chaircuitiers , qui de-là
font appellés dans leurs nouveaux ftatuts , maîtres
boudiniers.
On fait atiffi des boudins blancs , avec du blanc
•de chapon, du lait, & autres ingrédiens. Ceux qui
les fo n t, font du métier des .maîtres cuifiniers-
trakeurs* . • . •;
BOU 2&j
i Bo u d in , ou b o u d in é . C’eft aufli celte partie
élevée au milieu de ce que les verriers & vitriers
appellent un plat de verre , qui a fervi à le foute-
nir , quand on l’a mis au grand ouvreau du fourneau
à verre , pour l ’ouvrir.
BOUEE.i ([ Terme de marine, qui a du rapport
au commerce. ) C’eft un morceau de bois , ou de
liège; quelquefois un baril vuide & bien clos ,- qui
flotte fur l’eau , attaché à un petit cable , retenu au
fond de la me r, pour faire eonnoître & indiquer
aux pilotés & mariniers, les endroits où les ancres
font mouillés dans les ports , ou ceux qui ont été
lailfés dans les rades, pour ne les avoir pu retirer;
les pieux & les bris de vaifleaux qui font enfoncés
dans la mer, & autres choies femblables, qui peuvent
nuire à la navigation.
Toutes ces bouées fe diftiriguent par les matières
dont elles font faites. La bouée de maft eft faite d'un
bout de maft, ou à’fon défaut , d’une fimple pièce
de bois. La bouée de baril eft de douves , foncée &
reliée comme un baril ; & la bouée de liège eft
compofée de plufieurs morceaux de liège , attachés
enfembie avec de la corde.
Un vaifleau marchand, mouillé dans un havre,
doit avoir une bouée à fon ancre ,, faute de q u o i,
s’il en arrive quelque défordre ou perte, le maître
doit payer la moitié du dommage.
La bouée s'appelle aufli banneau , aloigne , ho»
rin f ou gaviteau. Ce dernier terme n’eft en ufage
que fur les côtes de Provence.
Quelquefois le mot de bouée fe prend pour
tonne ou -balife ; & alors la bouée fert pour marquer
les paflages difficiles & dangereux.
Lorfqu’il y a des droits à payer pour les bouées 9
ce font les maîtres des navires, qui font tenus de les
acquitter, d’autant qu'ils ne font point du nombre
des avaries.
BOUGE. Elpèce Kétamine fine, blanche &
claire , dont on Fait les chemifes de là plupart des
religieux, qui n’ufent point de chemifes de toile.
Le tarif de Lyon les appelle bouges pour ‘faire
chemifes à Chartreux.
Elles payent dans cette ville, 25 fols pour
Vancien droit, & 5 fols de la nouvelle réaprécia-
tio n , avec les fo ls pour livre.
B o u g e . Se dit aufli de l’enflure qui paroît dans
le milieu de la longueur des pipes, bariques, &
autres femblables vaifleaux, qui fervent à contenir
des liqueurs. On dit qu’une futaille eft bien bougeue,
lorfque cette enflure eft confidérable. Le bouge 9
quand on fait le jaugeage, donne de l’excédant de
jauge; & c’eft à quoi il faut prendre garde en jaugeant
les tonneaux.
Bo u g e . L’on nomme encore-de la forte , fur les
côtes de Guinée, & dans quelques lieux de l’Afrique
avancée dans les terres, cette elpèce de petit coquillage
blanc qui viènt des ifles Maldives ,
qu’on nomme aux Indes orientales, des coris, où
cauris, & qui y fervent de menue monnoie.
J BOUGIE. Mèche de coton ou dç lin , molle**