
fe réferve , & à Tes héritiers & lucceffeurs, les deux
tiers defdites mines, en fourniiïànt deux tiers de
tous les frais qu’il faudra faire pour le travail &
tranfporc dudit or ; l’autre tiers reftant en propre à
la cpmpagnie, en contribuant pareillement de fbn
tiers aux frais.
170» La compagnie aura la jouiflance de tous
les privilèges de la ville & cité de Londres , auffi
pleinement qu’aucunes autres compagnies de marchands
établies par les lettres patentes de fa majefté
Britannique , ou de fes prédécëfîèurs , en ont joui,
ou en peuvent jouir.
18°. Enfin , fa majeflé ordonne , tant pour elle ,
que pour les héritiers & fucçeflèurs, a tous amiraux,
vice-amiraux, généraux, commandans, capitaines,
jufticiers de paix , contrôleurs , eolleéteurs, vifi-
teurs de douane , & à tous les autres officiers &
.miniftres, quels qu’ils foient, qu’ils ayent à aider &
affifter les avanturiers de la compagnie royale d’Afrique
, leurs fadeurs & commis, lorlqu’ils en fe-
ront-requis : ladite majefté entendant , que tout ce
qui eft contenu dans les pré fentes charte & lettres
patentes , ait fon plein effet ; & qu’on fupplée ou
interprête en faveur de ladite compagnie , tout ce
qui pourroit y avoir été omis , ou expliqué
moins clairement, que ne l’a entendu la majefté.
Cette charte de Charles II de 1663, fut encore
dans la fuite confirmée par de nouvelles lettres patentes
du même roi , du 27 feptembre 1673', qui
furent fuivies deux ans après d’une proclamation,
dans laquelle Charles, en ordonnant l’exécution de
1 article , par lequel il avoit accordé à la compa-
g/7/e , un privilège exclufif fur toutes les côtes de
1 Afrique, défendoit à tous lès liijets, qui n’en étoient
pas membres, d’y trafiquer.
| Enfin , les lettres-patentes , ni la proclamation,
n ayant pu encore empêcher les Interlopes de troubler
le commerce de la compagnie royale d’Afrique,
elle eut recours à la protection de Jacques II
qu elle avoit eu 1 honneur de voir deux fois au
nombre de fes avanturiers; de qui elle obtint, dans
la première annee de fon régné , une nouvelle &
plus févère proclamation, pour exclure du commerce
des côtes d’Afrique , tous les Anglois qui ne
1eroient pas membres de la compagnie , ou qui
»’en auroient pas obtenu la permilfion. Cette dernière
proclamation eft du premier avril 1 6 8 5 ,
Compagnie Angloise d u S u d . Bien des per-
fonnes fe font imaginé, peut-être ayec allez de fondement,
que cette compagnie-établie à Londres fur
la fin du dix-feptième fiècle, avoit été dans fon
.origine moins un véritable établifîèment de commerce
, qu’un moyen de politique, pour trouver un
fecours prompt & fuffifant dans les prelfans befoins
de l’Angleterre.
Les longues guerres entre la France & la Grande-
Bretagne , avoient tellement épuifé l’un & l’autre
état, qu’on eft perfuadé , que tandis qu’en France
on employoit les divers moyens d’avoir de l’argent,A
qu’on a coutume d’y pratiquer dans les urgentes
J neceffités; on setoit pareillement lèrvi en Angle**
teire , du pretexte, ou du fantôme d’une nouvelle
compagnie, pour trouver dans les fouferiptions de
tant de riches marchands, (qu’onne doutoicpoint qui
n y priffent des avions) du crédit , & des fonds en
argent comptant; feul moyen qu’on crut pratiqua-
j ne Pas. i‘c'outer la nation déjà lafiè., de tant
de lubfides, & facile à s’effrayer , fi on lui en deman-
doit de nouveaux.
Quoi qu il en foit de cette idée, il eft certain que
les Anglois n’ont point fongé férieufement pendant
toute la guerre pour la fucceffion .d’Efpagne, à
prendre un pofte dans l’Amérique, du côté du Sud ;
çe qui étoit le projet dont on avoit flatté un peuple
fi jaloux j de voir que les Efpagnoîs en font les
feuls maîtres, & que d ailleurs les _ fonds de cette
compagnie ayant été apparemment détournés pour
les depenfes de la guerre, comme on n’a pas lieu
d en douter , les actions en étoient baiffées fi con-*
fiderablement, qu’elle fut probablement tombée tout-»
a-fait, raas le fecours imprévu qu’elle reçut en 1713.
Lars de la première édition de ce Didionnaire,
1 - Auteur n avoir pas de quoi juftifîer ce qui vient d’être.
| diî au fujet de l’écabliffement de cette compagnie.
! Comme l’on nous a depuis communiqué d’excellens
mémoires fur l ’établiflèment de v cette même compagnie,
nous avons cru qiron ne feroit pas fâché devoir
ici celui qui nous a paru le plus ex ad , & qui parle
avec le plus de fincérité des véritables motifs qui
portèrent le Parlement en 1710 à en autprifer là
propofîtion , & à donner pouvoir à la reine Anne
de lui accorder des lettres-patentes.
M É M O I R E
S ur la compagnie de la mer du Sud, drejfé en 17 1 1 .
Le parlement d’Angleterre tenu en 1710, ayant-
pris une connoiflànce exa&e de toutes les dettes de
la nation, & des abus qui s’écoient commis au ma-
niment des finances, travailla ayec une grande application
, non-feulement à découvrir les voleries qui
s’étoient faites, mais encore à y remédier.
Par cette recherche on trouva la marine que les
Anglois nomment navy, endettée de 5",130,535» liv.
$ f* $ d. fterlings ,- ce qui provenoit non-feulement
de ce qu’on avoit employé pour les troupes de terre,
une partie des fournies qui avoient été deftinées pour
la marine ; mais auffi de ce qu’ayant commencé a être
un peu en arrière, tous ceux qui travailloient pour
les fournitures de la flotte, pour fe dédommager de
la perte qu’ils étoient obligés de faire fur les billets
qu’on leur donnoit en paiement, qui fouvenc
avoit été jufqu’à quarante & à cinquante pour cent,
s’avantggeoient également fur le prix & fur la quantité
delHites fournitures ; en forte par exemple, que
bien qu’ils n’euflènt effectivement fourni que deux
mille barils de bierre, ils en étoient pourtant payés
pour cinq mille; ce qui, à proportion, fe pratiquoi^
auffi pour toutes les autres provifions.
L’on ajouta enfuite à cette dette de la marfoe <
579,1 16 liv. fterlings, qui étoient dues par deux
autres bureaux; fçavoir, l’ordonnance & le tranf
port , comme on parle en Angleterre.
Comme il y avoit encore des dettes de la guerre,
dernière (commencée en 1688 , & finie parle traité
de Rifv/ïck en 1697) à quoi le paiièment n’avoit
point pourvu, que l’on corînoiffoit fous le nom de
benturs, & auxquels néanmoins le même parlement
faifoit payer de temps-en-temps quelques années d’intérêts
; on les joignit aux deux premières fommes :
ces dernières montoient à 1,018,62$ liv. 17 fols fter-
lîngs.
Une qu atrièm e efoèce de dettes fut celle des fonds-
qui s’étoient trouvés déficiens, c’eft-à-dire , qui n’a-
voient pas rendu tout ce pourquoi ils avoient été
affignés , il y en avoit pour 1,318,9$ 1 liv. fterlings :
dans ceux-ci éto ien t auffi compris les fonds levés
l’année 1710, fur les générales impofitions, fur lef- q u els on n’avoit pas encore emprunté.
Toutes ' ces fommes montoient en Capital à
8,047,%64liv. fterlings, à quoi le parlement trouva
bon d’ajouter tous les intérêts courus & à courir;
jufqu’au z 5 novembre 1711, montant à ,92.4*011 liv.
fterlings, & 500,000 liv. que l’on levoit pour le
fervice de la même année , le tout fai fan t la fomme
de 9,471,2.75 liv. à quoi le parlement fe crut engagé
de pourvoir comme à des dettes de la nation ;
quoiqu’une partie , ainfi qu’il fut prouvé, fe trouvât
provenir des abus & des malvèrfations qu’avoient
commis ceux qui avoient été chargés de la levée
des deniers publics ou de leur diftribution : cette
lage aflèmblée aimant mieux laiflèr à de malhonnêtes
gens des gains illégitimes , que de tromper
quelques-uns de ceux qui avoient prêté fur la bonne-
foi du gouvernement, & dont les fonds avoient été.
employés aux befoins de l’état.
Après cet examen des comptes & ce calcul des
dettes de la nation , il ne fut pius queftion que de
trouver les moyens d’acquitter une fi grofîè dette ,
& de prévenir pour l’avenir de fi grands abus.
A l’égard du dernier, le parlement prit des m e-'
fures juftes pour que tous les fubfides accordés pour
la marine, y fuffent employés fans aucuns divertifi
femens à . d’autres ufages , & que l’on payât exactement
toutes les provifions & les traites qui fe
fèroient pour la flotte.
Pour ce qui eft de. l’acquit des dettes , le parlement
engagea plufieurs fonds, les uns qui dévoient
être levés depuis 1716 , & les autres qui dévoient
ne commencer qu’en 1720 , mais durer toujours tant
pour le paiement des intérêts à fix pour cent, que
.jufqu’à l’entier rembourfement du capital, le parlement
s’engageant en attendant l’échéance dè ces
fonds , de pourvoir chaque année au paiement def-
dits intérêts, montant pour toutes lefdites dettes à $68,279 liv. io fols fterlings par an.
Les chofcs étant ainfi difpofées , le parlement,
pour faciliter l’enregiftrement de. tous ces fonds , &
le paiement de leurs intérêts, ordonna par le même
aête qui y avoir pourvu, qu’il-feroit établi une cornpàgnie
fons le nom de compagnie des mers du Sud,
dans laquelle feroient incorporés ceux qui auroient
des effets de la nature ci-deffus, autorifant la reine
& lui donnant pouvoir d’accorder à ladite compagnie
telle patente ou commiflîon qu’elle jugeroit à
propos , pour régler la manière dont ces fommes
feroient incorporées , & pour nommer des commifo
faires chargés de recevoir les fouferiptions; & en-
fuite un gouverneur & des directeurs pour conduire
Cette affaire, non-feulement pour tous ces effets,
mais auffi pour la direction du commerce qu’on
devoit entreprendre.
Les privilèges que le parlement accorda à la nouvelle
compagnie 9 furent très-confidérables5. les principaux
font :
i°. Que le capital que les particuliers . auroient
dans la compagnie, feroit réputé un bien perfonr-
nel qui' ne feroit faififlable fous aucun prétexte, &
qui feroit pour toujours exempt de toute forte de
taxe.
2°. Que les fonds qui devroient fervir.pour le
paiement des intérêts , feroient remis chaque fe-
maine au tréforier de la compagnie, & même qu’ils
entreroient à la tréforerie, pour être payés tous les
trois mois*
3°. Qu’à l’égard du commerce , la compagnie.
jouir oit d’un droit exclufif depuis la rivière d’Ara-
noca, jufqu’à la partie la plus méridionale de la
terre de F eu , & de-làdans toutes les mers que l’on
nomme du S ud, jufqu’à la partie la plus fepten- ,
trionale de l’Amérique, & dans-toutes les ifles , pays
& places defdites limites, qui font réputées appartenir
à la couronne d’Efpagne ; comme auffi dans -
tous les pays qui poudroient être découverts dans
lefdites bornes , pourvu que ce ne fiît pas à une
diftance de plus de 300 lieues du continent de l’Amérique
à l’Oueft, à l’exception auffi du Bréfîl, de
Surinam, & des autres pays appartenans aux alliés
de l’Angleterre.
4°. Que tous les vâiffeaux Anglois, autres que
ceux de la compagnie , qui iroient dans lefdites>
mers, feroient faifîs par force & fèroient connfqués
au profit d’icelle, avec toute leur charge ; & les
propriétaires ou intéreffés d^ns lefdits vaiffeaux ,
condamnés en outre au double , au profit de ladite
compagnie.
50. Que la compagnie feroit feule propriétaire
à toujours, de toutes les ifles, villes, forts , &
places qu’elle découvriroit, ou dont elle s’empa-
reroit dans lefdites limites, fans être obligée d’en
rendre aucun Compte à la reine, ni à fes fuccef-
feurs, quand même elle auroit été afiiftée dans le fdites
prifès & découvertes, des vaiflèaux de guerre
' de fa majefté, en rendant feulement à la reine une
redevance d’une once d’or par an, fi elle la deman-
doit à ladite compagnie.
6°. Que pareillement les vaiffeaux qui feroient
pris dans lefdites limites, appartiendroient à la compagnie
avec toute leur charge & effets, encore que
les navires de fa majefté enflent été prélens & .enflent -