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Quand les foies ont une fois pafle par les bouillons
& par la teinture, on les appelle Joies cuites,
pour les différencier de celles qui n’ont point encore
eu d’apprêt, & que l’on nomme Joies crues.
B o u il lo n . Se dit aufli d’une façon que les bou-
racaniers donnent à leurs bouracans, & qui leur
tient lieu du foulon. Cette façon, qui fe donne
au fortir du métier, confifte à faire bouillir l’étoffe
deux ounrois fois dans de l’eau claire ; ce qui s’appelle
les faire paffer par le bouillon. Voyef Bou-
KACAN.
B o u il l o n , Sel de bouillon. C’eft le fel blanc de
Normandie. On l’appelle ainfi, pàrce qu’il fe fait
en faifiint bouillir de l’eau marine dans des efpèces
de chaudières de plomb.
On appelle droit de quart-bouillon, le droit qui
fe paie au roi fur cette forte de fel. Il eft du quatrième
du prix >qu’il eft .vendu.
B o u il lo n . Ce terme eft aufli d’ufàge dans la
pêche du hareng, pour lignifier une grande abondance
de ce poiffon. On dit en ce fens que le
hareng pafle par bouillon dans l’endroit de la Manche
ou eft fîcué Boulogne.
B o u il lo n . C’eft auffi de la canetille platte & lui-
fante, que les pafïementiers font entrer dans la fabrique
des crefpines & des broderies, pour en relever
l’éclat.
B o u il lo n . C’eft encore lè nom d’une efpèce
d’étamine.
BOUJON. ( Terme de manufacture de laine, )
en ufage dans les draperies & fergetteries.de Rouen ,
de Beauvais & de quelques autres lieux. Tl lignifie-
la même chofe que jurande. On s’en fert pour diftin-
guer les jurés des drapiers-drapans, d’avec ceux des
drapiers-teinturiers. L’article p du réglement de 1670,
pour la forgetterie de Beauvais, porte : que les vîntes
des laines le feront par le plus ancien garde de
la draperie , deux drapiers du boujon , deux maîtres
tfgards fergers.
On appelle a Rouen , la maifon du Boujon , le
lieu deftiné pour faire la vifite & marque des draps
& autres étoffes de laine. Et par les anciens ftatuts
de - la draperie- de cette ville, de 1468 , qui ne con-
fiftent qu’en cinq articles, il n’eft permis à aucun
maître d’avoir des apprentifs, s’il n’a fervi le roi dans
l’office du bcujon, ou s’il n’y eft entré.
BOUJONNEURS. Efpèce de maîtres & gardes,
ou jurés du corps de la draperie & fergetterie. de
Beauvais, à qui il appartient de faire les vifités par
les maifons & ouvroirs des drapiers & fergers , aux
bateaux & moulins., & chez les ouvriers & foulons.
Les boujonneurs font au nombre de dix ; cinq
du corps des drapiers & fergers , trois tiflèrans , &
deux laneurs. Chaque année les. cinq plus anciens
fortent de charge, Sç cinq autres font élus en leur
place.
C’eft aufli par les boujonneurs 8c efgards en
charge , que fe fait la marque-des étoffes, en y appoi
n t le plomb ordonné par le réglement de 1667.
BQ UIS , ou BUIS. Arbre çrop connu pour qu’il
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foit néceflaire d’en faire la defcription. L’on fe cott-*
tentera feulement de parler de fon bois, par rapport
à fa nature, à fon ufage, & au négoce qu’on en
fait.
Le bois de bouis eft jaunâtre, dur , folide , égal,
très- pefant, & prend aifément le poli.
Lorfque ce bois eft en morceau de grofïèur &
longueur raifonnables , il eft de bonne vente ; s’employant
â faire des ouvrages de fculpture, & des
inftrumens de mufique à vent ; tels que font les*
hautbois, flûtes, flageollets-, mufettes, &c.
Le bouis de moindre qualité fert à faire de menus
ouvrages ; comme peignes , boules de ma il,
toupies, cuillières , fourchettes , manches de couteau,
cafte-noix, étuis à curedents, boetes, tabatières,
poulies, &c.
Le plus fin de la fciure, ou,rapure du bouis , fert
à mettre fur l’écriture nouvelle , pour la fécher .
promptement. Les papetiers & les peigniers en font
, un commerce confidérable.
| La Champagne & la Franche-Comté fournifïent
' beaucoup de bouis , que l’on eftime très-bon ; mais
le meilleur vient d’Efpagne & de Smyrne. Celui-ci
arrive à Rouen, où les Hollandois l’apportent par
le retour de leurs vaiflèaux du levant.
C’eft de cette efpèce de bouis, que font faits presque
tous les peignes qui fe fabriquent â Paris. Il
fe vend au cent pefant, & eft en grofles & menues
bûches de quatre pieds de long pour l’ordinaire. Ce
' font les peigniers qui le débitent eux-mêmes, & qui
en font ce qu’ils appellent des copeaux, qui fonç
des morceaux de bois carrés,, de différentes longueurs
& épaifleurs, fuivant les peignes qu’on en
veut faire.
Le bois de bouis, f o i t en bûche, f o i t en copeaux9.
paie en France de droits d'entrée ; 10 fo ls le cent
p efant, & autant pour la fo r t ie , avec les fo ls poux,
livre.
La grande quantité qu’il en arrive à Rouen , fait
qu’il s’y fabrique beaucoup de peignes, qui s’en-
voyent â Paris , dans les provinces du royaume, 8c
même dans les pays étrangers.
On tire du bouis , par le moyen de la cornue ,
un efprit, & une huile , qui fe peut reftifier de
> même que celle de Gayac. Les marchands droguiftès
de .Paris., & ceux de quelques bonnes villes du
royaume , font un allez bon négoce de cette huile,
qu on croît fouveraine à plufiéurs maux 3 mais qu’il
eft facile de fophiftiquer.
BOUL. On nomme ainfi à Smyrne un poinçon
ou cachet dont on fe fert pour marquer les toiles
que l’on donne à peindre en indiennes aux Arméniens
ou aux Grecs , pour empêcher qu’ils ne les
puiflent changer, ces ouvriers étant tous de grands
frippons. L’empreinte du boul fe fait avec du noir
de fiimée & de l’huile de lin , qui rend la marque
inéffaçable.
BOULANGER , quelques - uns écrivent BOU-
LENGER. Celui qui pétrit, fait & cuit le pain.
Il y a â Paris une communauté de boulangers,
quJ
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qui prennent la qualité de marchands talmelliers-
maîtres boulangers.
Cette communauté, qui eft une des plus anciennes
qui ayent été établies dans cette ville en corps de
jurande , a long-temps joui du privilège d’avoir
une juiïfdiétion, qui lui étoit propre , à laquelle
toutes les affaires concernant fa difcipline & l’exécution
de fés ftatuts étoient portées , prfvativement
â celle du châtelet & du lieutenant de police ■, qui
contioiflent de celles de toutes les autres communautés.
Un lieutenant-général , un procureur du ro i, un
greffier 8c divers officiers çompofoient cette jurif-
diétion, dont le grand pannetier de France étoit le
chef & le protecteur. C’étoit au nom de ce grand officier
de la couronne, que les ftatuts &les réglemens étoient
donnés ; qu’on étoit reçu à l’apprentifîage & à là
maîtrife , & entre les mains de qui fe prêtoit le-
ferment : auffi étoit-ce à-lui qu’appartenoieiit tous
les droits de réception ; ce qui rendoit la jurifdic-
tion de la panneterie auffi profitable qu’honorable à
ceux, qui étoient revêtus de cette charge, une des
plus anciennes de la monarchie. C ette jurifdiétion du grand .pannetier ayant été
fupprimée fous le régne de Louis X IV , par un édit
du mois d’août 1711 , la communauté des 'boulangers
de la ville & fauxbourgs de Paris eft rentrée
dans le droit commun des autres communautés ; &
comme elles, ainfi qu’on le dira dans la fuite , eft
foumifè à la jurifdiCtion du prévôt de Paris & de fon
lieutenant-général de police.
Par les anciens & nouveaux ftatuts des maîtres
b 01 dangers de la ville & fauxbourgs de Paris , il
n appartient qu’à eux de s’y établir, tenir boutique ,
& y -vendre du pain , tant mollet & blanc , que bis-
blanc & autres, à peine de confifcation & de 600 liv.
d amendé ; ce qui néanmoins ne préjudicie point à
là liberté accordée de tout temps aux boulangers
forains & de la campagne , comme ceux deGonefîe ,
Corbeil , Charenton, &c. d’apporter & de voiturer ,
foit par te rre, foit par eau , du pain pour la pro-
vifîon de la “Ville, les jours de marchés , & de les
expofer en vente dans les places publiques.
Les jours qu’on appelle jours de marché, font
à Paris, le mercredi & le famedi. A l’égard des
places publiques , où l’expoficion & vente du pain
font permifes aux boulangers de dehors , elles n’a-
voient été jufqu’en l’année 1709, qu’au nombre de
fept ou huit, qui étoient les plus célèbres marchés.
de Paris , tels que font les halles , la place Mau-
b e rt, le marché-neuf, le cimetière Saint-Jean , &c.
mais dans cette année, marquée par une des plus
grandes chertés de bled & d’autres grains qui ait p eu t-être jamais affligé la France, les officiers de
police trouvèrent à propos d’en ajouter quantité d’autres 3 en forte qu’il y a préfentement à Paris
p-refque autant de places où s’expofe le pain de la
campagne , qu’il y a de lieux un peu vaftes dans tous,
les quartiers de cette grande ville.
BOULANGER. DE CAMP. On nomme ainfi
Commerce, Tome I ,
B O U 28 p*
des fergés drapées de demi-aune de large , qui Ce
fabriquent dans quelques endroits du Poitou, particulièrement
à Breuil & à Barez. On les nomme
boulanger, du nom de l’ouvrier - qui en a le premier
établi là fabrique; & de camp , parce qu’elles
font toutes de laines Espagnoles de Campo.
BOULET DE CANON. Balle- de fer dont .0»
charge le canon. Les boulets font du nombre des
marchandifes dont la fortie eft défendue en France
par l’ordonnance de 1687.
BOULI. Pot à préparer le thé.Tl y en a de cuivre
étamé, & d’autres de terre rouge.. Les boulis
de cuivre viennent du Japon; ceux de terre , de
Siam.
BOULINIS ou BOULIG.NIS. Monnoie de cuivre
qui fe fabrique à Boulogne en Italie. Elle y
tient lieu de fols-; & dans les achats & ventes on y
.marchande par b o u lin iicomme l’on fait en France
par fols.
Les boulinis valent quatre quadrins , c’eft-à-dire
la bayoque de Ronie, qui y a cours en concurrence
avec eux, à caufe que Boulogne eft terre papale.
Leur nom , comme on le juge allez, -vient de là
ville où ils font frappés. Voyeç la table des mon-
noies. •
BOUQUIN. Vieux livre fripé , peu connu, ou ■
peu eftinié.
BOUQUET. Aflemblage de fleurs naturelles,
arrangées & liées par leurs queues. On fait aufli
des bouquets de fleurs artificielles ; les uns de papiers
, d’autres de cocons de vers à foie, & d’autres
encore de plumes de divers oifeaux. Ces ouvrages
ingénieux fe font la plupart par des reli-
gieufes ; mais ce font les marchands merciers , particulièrement
ceux établis fous le quai de Gêvres
qui en font le commerce à Paris.
Bouquet d’émail. Ce font des fleurs artificielles
que les émailleurs font avec des émaux de diverfes
couleurs.
Bouquet de plume. On appelle ainfi des plumes
d’autruche de diverfes couleurs, arrangées à plusieurs
étages fur le bord d’un chapeau , pour y
fervir d’ornement ; ce qui les diftingue des plumets ,
qui ne font compofés que • d’une feule plume ,
couchée fur le bord du chapeau. Les bouquets de
plumes ne fervent plus guère qu’aux princes &
grands feigneurs dans des cérémonies extraordinaires,
ou aux comédiens fur le‘théâtre. Ceux-ci s’appellent
quelquefois'des capelines , fur-tout quand ce
font des aârrices qui s’en fervent.
On appelle aufli bouquets de plumés, ces aflem-
blages de plumes arrangées autour d’une aigrette ,
que i’.on met aux quatre coins d’un dais , ou fur
les lits , que l’on met dans les principaux appar-
temens des palais & des grandes maifons. Ce font
les plumafliers qui font & qui vendent les uns &
les autres ; cfoù ils ont pris dans leurs ftatuts la
qualité de plumaffîers-bouquetiers.
BOUQUETIÉR. Celui qui fait ou qui vend les 1
bouquets. Les bouquetiers à Paris ne compofenc
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