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des melons ; il en fortoit encore des farines , du
bifcuit, du boeuf & du porc falé , des jambons ,
du lard, du fiomage , du beurre, du favon, du fuif,
de la bougie de l’arbre cirier, des chandelles de fuif,
de la cire ordinaire , de l ’huile de lin , de l'huile de
baleine , de la morue, des cuirs verds & des cuirs
tannés , des bois de conftruétian & divers autres
articles. La nouvelle York , donc NeiV-Yorck eft la
Capitale, & la nouvelle Jerfey faifoient un grand
commerce en bled & f?jrines_; en huile de baleine
& de veau marin ; en bois de conftruétion ; en peaux
de caftor, de loutres, d’ours & autres animaux. La
Virginie & le Maryland, fertiles en grains & légumes
, & fur-tout en tabac, expédioient tous les ans
plus de 500 navires'en Europe 8ç ailleurs, avec des
chargemens compofés en plus grande partie de
tabac. Les deux Carolines , dont Charles -* town
eft la capitale, la nouvelle Géorgie 8c la Floride,
provinces où le recueillent abondamment du ris
d’une qualité fupérieure & infiniment eftimé ; du lin,
du goudron, du tabac, du coton, de l’indigo, &c.
faifoient un grand commerce de tous ces articles.
Les habitans de la nouvelle Ecofle, ou Acadie ,
dont Halifax eft la capitale, ceux de la nouvelle
Bretagne , ou Labrador , & ceux de la baie de
Hudfon, faifoient pareillement un grand commerce
en pelleteries, en morue & autres poifîons fecs &
lalés , en huile de poifion, & notamment de baleine.
Enfin, le Canada, que les Anglois pofsédent depuis
la paix de 1761, eft un pays très-riche en peaux
de caftor, d’orignaux & autres animaux.
Les habitans de l’Amérique fepçentripnale ont
toujours eu la liberté d’expedier djre&ement leurs
produftipns dans les pays de l’Europe , où ils
comptoient les vendre plus ayautageufement ■ & ce
commerce étoit devenu tellement étendu, qu’il fai-
foit déjà un tort infini à celui de plufieurs peuples
du nord , accoutumés de temps immémorial à
fournir au midi de l’Europe plufieurs marchandifes
que les Américains étoient en état de fournir à
meilleur marché qu’aucune nation Européenne,
§. IV. Les Anglois on t, fur une partie des côtes
d’Afrique, des forts & des loges, pour la-proteétion
du commerce, & pour la traite des nègrès dont ils
ont bçfoin pour leurs colonies d’Amérique# Tout
négociant Anglois a la liberté d’y porter des marchandifes,
& d’en rapporter félon fon bon plaifir.
La côte depuis le Cap-Verd jufqu’à Sierra-Leona,
eft peu fréquentée parles Anglois ; ils ont prefqu’en-
tièrement renoncé au commerce qui s’y fait, & n’ont
çonfervé que le fbjt de S. James , le port de Jo a r,
appellé Kower, & quelques autres loges & comptoirs
au Sénégal, dans le département de la Gambra
ou Gambie ,■ d’où ils tirent des efçlaves , de l’ivoire,
de la gomme, de la cire & des cuirs. Prefqué feuls
maîtres du commerce de la rivière de Serrç-Leone
jufqu’à la rivière d’Ardres, ils tirent_auiïi de ces
cantons «du ris, de la civette , de l’ambre gris 8c du
morfil ou ivoire bruçe, qui eft une des meilleures
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de la côte d’Afrique. Ils ont un établiftèment au
Cap-Monte fur la côte de Maniguette ; un autre
au Cap-Corfe , fur la côte d’O r, & quelques forts,
loges & comptoirs répandus fur les .côtes d’Acara ,
de Lamp i, de Juda & d’Ardres : ils tirent des
efçlaves de tous ce.s endroits. Le commerce que
les Anglois font à la côte du royaume de Bénin,
fur le golfe de Guinée & à Congo, eft peu confi-
dérable ; en revanche ils tirent d’Angola dans le
Congo , de Loango, de Malimbo & de Cabindo ,
les meilleurs nègres qui foiënt en Afrique. Ces
pays fournifient en outre de l’ivoire , de petits pots
à boire , de l’huile de palmier & des plumes de lit.
Les Anglois ne fréquentent pas feulement en
Afrique les pays où l’on fait la traite des nègres ;
ils étendent leur commerce fur quelques côtes ju£-
qu’au-delà du Cap de Bonne-Efpérance , en deçà du
Cap-Verd ; mais ce commerce ne procurant a cette
nation aucune marchandife dont elle puifte trafiquer
avec les peuples de l’Europe , nous le rangeons dans
la claftè des branches accefloires.du commerce principal,
dont les bornes de cet ouvrage ne nous permettent
pas de nous occuper.
§. V. Le commerce d’exportation de la Grande-
Bretagne peut être divifé en deux parties; fçayoir,
le commerce des productions du pays, tant naturelles
qu’artificielles, & le commerce des denrees 8c
I marchandifes de fes poffefïions en Amérique , en
Afîe & en Afrique. S.ous ces deux points de vue, le
commerce d’exportation eft prefqu’entierement concentré
dans la ville de L ondres , capitale du
royaume de la Grande-Bretagne, 1 une des plus
grandes, des plus riches & des plus florifîantes villes
de l’univers ; elle eft fîtuée à 51 ± degrés de latitude
feptentrionale au nord de la Tamife, fur une coline
dont le fond eft de gravier. Londres a tous les
avantages qu’on peut touhaiter pour une ville commerçante.
Les plus gros navires marchands y viennent
jufqu’au quai de la douane, proche du premier
pont. La Tamife eft fi remplie de navires de ce
côté-là , qu’on croit voir une grande foret ; il y
entre & il en fort tous les ans plufieurs milliers de
bâtimens de toutes les grandeurs. Londres eft remarquable
par un grand nombre de beaux édifiées
publics & particuliers. La douane, fitueç fur Le
bord de la Tamife, eft une des plus'belles &
plus vaftes qu’on puifte voir ; les magafîns qui y
font accolés font d’une grandeur & dupe étendue
extraordinaire. I l y afflue une fi grande quantité
de monde pour affaires , qu’on a peine à y aborder.
La bourfe royale eft le plus noble édifice en ce
genre qui foit dans l’univers ; elle a coûte cinquante
mille livres fterlings , & rend 4 mille livres de rente
par an. Les négocians & tous autres, faifanp commerce
, s’y aftèmblent tous, les jours de la femaine.
Près de la bourfe, à l’hôtel des épiciers, eft la
banque royale à’Angleterre. Son crédit eftimmçnfe;
fes Billets ont cours comme l’or & l’argent, 8c facilitent
extrêmement le commerce du pays. Les p irci-
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culîers ctépofent leur argent dans cette banque ® J |
ils veulent, &le retirent de même quand il leur plaît.
Les palemens s’y font ou par tranfport des comptes,
ou par billets payables au porteur ou en argent
effectif, qui ne différé en rien de 1 argent courant.
Cette banque fut établie fous Guillaume IIIR pour
fournir, par prêt ^argent, aux befoins de le tat en
trayant S v° d’intérêt ; mais an commencement le
principal ne devoir pas excéder i.zoo.oôo livres
fterlings. En 1699 W fut donne I e porteI
à l’hôtel des monnoies tout l’argent frappe au mai-
teau, ayant prodigieufement fait baiffer le crédit de
la banque, on jugea devoir le rétablir en a|OUtant
800,600 livi au premier capital; en même temps
le terme qui lui avoir été donné, fut prolonge par
afte de parlement jufqu à l’année 17 Le capital
ayant ainfi augmenté par de nouvelles foufcnpuons,
& ces fouferiptions devant être acquittées par des
taillis ou par des billets de -banque, la banque
recouvra promptement fon crédit ; ' enforte qu en
peu dé temps les billets de banque qui ne portoient
point d’intérêt pafsèrent pour argent comptant, 8c
ceux qui portoient intérêt furent eftimes- plus que
- l’argent. Le crédit de la. banque ainfi rétabli, les
affaires changèrent de face, & l’argent circula à des
conditions raifonnables. Depuis cette époque le crédit
de la banque a encore augmente , & le terme de fa
durée â été prorogé à diverfes reprifes. La banque
royale & Angleterre a les mêmes officiers que 1 échiquier.
( Il y a deux échiquiers établis à Londres ;
l’un nommé grand échiquier, eft proprement une
cour de jüftiee , ou chambre des comptes , ou 1 on
juge lés çaufes touchant le tréfor & les revenus du
ro i: l’autre appellé petit échiquier, eft le trefor
même, auquel' oâ donne aufti le nom de tréforerie.
G’eft de ce dernier qu’on entend parler communément
p a rle ftmple nom d’échiquier', fes billets ont
cours dans le commerce fur le pied des billets de
banque & des aérions des compagnies de commercé.
) Elle eft principalement fous la direction
d’un gouverneur & fous-gouverneur q u i, avec les
autres officiers, forment enfemble une communauté.
Le parlement eft garant de la banque ; c’eft lui
qui affigne les fonds nécefîaires poux les emprunts
quelle fait pour l’état. Ceux qui veulent mettre
leur argent à la banque , en reçoivent des billets
dont les intérêts leur font payés jufqu’au jour du
iembourfement à raifôn de 5 p£ par an.
Les officiers de la banque font publier de temps
en temps les paiemens qu ils doivent faire, & pour
lors ceux qui ont befoin de leur argent, le viénrient
recevoir : il eft cependant permis aux particuliers
d y laitier leurs fonds , s?îls le jugent à propos , &
les intérêts leur en'font- continués fur le même pied
a 5 p£ par an. Comme il n’y a pas toujôufs des
fonds à la banque pour faire des paiemens,' ceux
qui ont befoin de leur argent, dans le temps que
la caifte de la banque eft fermée , négocient leurs
billets à plus ou moins de perte, fuivant le crédit
que ces papiers ont dans le public \ ce qui fe règle
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ordinairement fur l’idée qu’on a du boü ou mauvais
fuccès des affaires de l’état. £ette banque, qui eft
compoféô du, capital dont nous avons parlé ci-deftus,
lequel fut fourni par plufieurs particuliers , fait
valoir fes fonds non-feulement en prêtant de l’argent
à l’é tat, comme nous l’avons obfervé plus h au t,
mais auffi en efeomptant les lettres de change qu’011
I lui pr-éfeme, & -le profit qu’elle en tire fe partage,
entre les intéreifés ou aétiormaires : ceux-ci peuvent
céder ou vendre leurs aétions à qui leur plaît"; ce
trafic fe fait à peu près de la même"maiiière que
celui de la vente & achat des allions des compagnies
de commerce, & afouvent le même fort, les aétions
augmentant ou baillant , fuivant le crédit qu’elles
confervent, ou le diferédit où elles tombent,
Prefque tout le commerce d’Angleterre fut d’abord
entre les mains d’un grand nombre de compagnies
ou fociétés de commerce privilégiées , & chacune
l’exerçoit exclufivement dans le pays dont elle avoir
obtenu la conceftion par fa ehartre. Voici quels
étoient les noms des principales de ces fociétés,
dont une partie exifte encore : la compagnie A n -*
gloife des Indes- orientales , qui fut .établie en
15 la compagnie Angloife du fu d , "établie à
la fin du 17e fiècle ; la compagnie Angloife
d'Afrique, vers le milieu du 17* fiècle; la compagnie
Angloife du levant, fous le régne d’Elifa-
beth; la compagnie Angloife de Hambourg, la
plus ancienne de toutes, puifque fa première ehartre
date du 5 février 1406, fous le régne de Henri IV,
roi d’Angleterre ; la compagnie Angloife de Mof-
covie ou de RuJJîe, dont la ehartre date du z6
février 1555; la compagnie Angloife de la baie
de Hudfon, qui fut établie en 1681 ;- les compagnies
delà Virginie, de \& nouvelle Angleterre, de-la
nouvelle Yûrck, de la ? ensilvanie, de la nouvelle.
Ecojfe ow Acadie, de Majfachufet, de Connecticut
des Bermudes ou ijles a'Eté 8c de la Caroline,
lefquelles compagnies furent établies pour le défrichement
des terres dans chacun de ces. pays quand
on y fonda des colonies. Mais aujourd’hui que le
commerce eft parfaitement libre en Angleterre , fi
l’on en excepte celui des Indes orientales qui fe
trouve encore au pouvoir de la compagnie des
mêmes Indes ; chaque négociant de ce royaume
peut trafiquer là où il veut, & le commerce ne fe
trouve que mieux d’une liberté qui ne fçauro-it lui
êtïè préjudiciable;
Les marchandifes; du fol de la Grande-Bretagne,
dont, on fait commerce avec l’étranger., font l’etain
& le plomb , le Gharbon de terre, l ’alun & la couper
ofe ; celles que l’induftrie de fes habitans lui
procure, font des draps & autres étoffes de la inç,
des bas de laine , de la quincaille, du fer-blanç ,
de la fayènee, de la biçrre & quelques autres articles
; celles enfin què ce royaume tire de fes pofteftions
dans le vieux 8c le nouveau monde, font des marchandifes
& denrées des Indes orientales, de l’Amérique
& de l’Afrique : nous en donnerons quelques
comptes fimulés pour l’ufage de ceux qui ferons