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dedans, rayé de petites veines claires, blanches &
xouges , friable , & fans aucun goût j mais d’une
•odeur douce & fort aromatique3 bien différent du
benjoin- en larmes > qui fe vend communément à
Paris, q.ui eft en malle , clair & tranlparent, de
couleur rougeâtre, & mêlé de larmes: blanches,
femblables â des amandes ; ce qui lui a fait donner
le npm de benjoin amygJaloïde.
Ce dernier benjoin doit être choifi avec les
qualités les plus approchantes que l’on pourra du
premier , furtout qu’il foie fans ordures 3 ce qui
eft afïèz rare.
Le benjoin en forte eft le plus commun de tous,
8c eft três-fujet à être falfîfié par plufieurs gommes
fondues enfemble. Pour être de bonne qualité , il
doit être bien n e t, de bonne odeur , fort réfineux,
chargé de beaucoup de larmes blanches. Il faut
rejetter. abfolument celui qui fera trdp noir & de
nulle odeur.
Cette drogue a plufieurs noms. On l’appelle
ajfa-doux y ben de Judée, benjoin de beninas, &c.
On tire du benjoin des fleurs blanches propres
pour.les almatiques ; & une huile , qui eft une efpèce
de baume pour les playes.
Le benjoin de toutes fortes paye en France les
droits Centrée fu r le pied de s ix liy . le cent
pefant ; mais lorfqu'il a été entrepofé, & qu'il
vient du Levant , de Barbarie , de Perfe &
d'Italie , i l eft du nombre des marchandifes , fu r
lefquelles , conformément à l'arrêt du confeil du
15 août 168s > i l doit être levé vingt pour cent
de leur valeur , & même fans être interpofé,
quand A l entre par le port de Rouen , le tout avec
les fo is pour livre.
BENNE. P e tit vaijfeau , qui fert à charger les
bêtes de fomme , pour porter des grains, de la
chaux 8c autres choies. En quelques endroits, on dit
banne , en d’autres banneau ; & il y en a où il eft
une des mefures de continence. Voyeç la ta b l e des
m e s u r e s .
BERAMS. Grojfe toile , toute de fil de cotony
qui vient des Indes Orientales, particulièrement de
Surate. Il y a des berams blancs unis , 8c d’autres
ràyés de couleur. Les blancs font de neuf aunes â
la pièce, fur fept huit de large 3 & les rayés font
douze aunes & demie de long , fur trois quarts de
large.
BERCEAU. Petit li t d'enfant, à quatre pieds,
fait ordinairement d’ofîer blanc entrelafié, qui a. un
petit arceau du côté du chevet , pour porter le
rideau dont on le couvre. Il fait une partie du commerce
& des ouvrages dès vanniers.
Les berceaux d’ofier payent en France les
droits Rentrée fu r le pied de 10 f i a charretée,
& pour ceux de for tie , un f o l de la douzaine ,
avec les fo ls pour livre.
BERCHEROCT. Poids dont on fe fert à Ar-
changel, & dans tous les états du czar de Mofco-
yie , pour pefer les marchandifes de grande pefan-
BER
teur ou de grand volume, comme eft Iâpotafle, Sec.
Le bercheroct pefe 400 1. Mofcovites qui rendent
environ 318 1. poids de Paris. Voye{ la table deô
po id s .
BERGAME. Gtojfe tapijferie , qui fe fabrique
avec différentes fortes de matières filées , comme
bourre de- foie , laine , coton , chanvre , poil de
boeuf , de vache ou de chèvre. C’eft proprement
un. tiflù de toutes ces fortes de fils , dont celui de
la chaîne eft ordinairement de chanvre , qui fe.
manufacture fur le métier , à peu près comme la
toile. Quelques-uns prétendent que le nom de ber-
game lui a été donne , de ce que les habitans de
Bergame en Italie en ont été les premiers inventeurs.
Rouen 8c Elbceuf, villes de France , de la province
de Normandie , fournifïènt une quantité con-
fidérable de bergames de toutes les couleurs &>,
nuances 3 les unes en façon de point de Hongrie 3
j les autres à grandes barres chargées de fleurs &
d’oifeaux ou d’autres animaux 3 d’autres à grandes
& petites barres unies , fans aucune façon 5 &
d’autres, qu’on appelle chine 8c écaille , parce
qu’elles font remplies de façons qui imitent le
point de la Chine , & les écailles de poiffon. Il
s’en faifoit une forte particulière à Rouen , que
l’on nommoit tort i n , à caufe qu’il y entre de la
laine torfe. Il s’en fait aufli quelques-unes â Tou-
loufe.
Les hauteurs les plus ordinaires des bergames font
une aune & demie, une aune trois quarts , deux
aunes & deux aunes & demie. Il s’en fairnéan-
moins quelques-unes de deux aunes trois quarts 3
mais cette dernière hauteur eft peu commune , ne
s’en frifent gu ères que pour les marchands qui les
demandent de cette manière. Il y en a de fines , de
moyennes, de groflès ou commîmes.
Autrefois il le faifoit quelques envois de bergames
dans les pays étrangers , particulièrement du
côté du nord 3 mais à préfent la confommation ne
s’eu fait quafi plus que dans le royaume , principalement
à Paris , y ayant peu d’anifans ou gens
de baffe condition de cette grande ville, qui ne fe
faffeun point d’honneur en s etabliflànt, d’avoir dans
fe chambre une tapifïerie de bergame.
On leur .donne encore le nom de tapijferie de la
rue S. Denis ou de la porte de Paris > parce qu’il
s’en vend plus dans ce quartier-là , que dans tous les
autres de Paris.
Ceux qui en font commerce, font les marchands
merciers , les tapiflîers & les fripiers 3 mais il n’y a.
guères que les premiers qui les tirent dire élément
1 des lieux oiLelles fe fabriquent.
Il vient de Tournay une forte de bergame a la
Romaine ou bergame de Flandres, qui le fabrique
par bandes & bordures, dont on fait des tapifleries
beaucoup plus eftimées qué celles de Rouen &
d’Elbceuf. La multiplication des toiles peintes &
des papiers à meubler , font tomber le commerce
des bergames,
B E S
BERGLBLEAU. C’eft ce qu’on nomme autrement
cendre verte ou verd de terre. Uoy^PiERRK
A rm é n ie n n e ., ■
BERIL. Pierre précieufe , femblable au criftal.
Elle vient des Indes. Il s’en trouve aufïi fur les
bords de l’Euphrate.
Il y a de plufieurs fortes de berils ; 8c l’on en
compte même j'ufqu’à dix efpèces. Les plus eftimées
font le hcr i l , le chryfoberil & le chryfoprasin.
Le beril tire un peu fur le verd de mer j' ce qui
le fait appeller en latin aqua-marina , en François
eque-marine. Pour lui donner du feu , il faut le
tailler en facette 5 le poliment ne lui donnant aucun
■éclat, de quelque autre manière qu’il foit taille.
Le chryfoberil eft plus pâle & un peu couleur
o’oT, :
Le chryfoprasin a le verd qui lui domine.
Quelques-uns croyent que le beril eft le diamant
des anciens. Ce qui eft certain , c’eft que des j’oyail-
liers modernes très-habiles s’y font quelquefois
trompés.
-Il s’en trouve quelquefois de fi groffes pièces ,
qu’elles peuvent f e r v i r à Former de très-beaux vafes.
On dit qu’il y en a quantité à Cambaye , à Marta-
ban, au Pégu & dans l’ifle de Ceilan.
Les propriétés du beril étoient grandes dans 1 opinion
des naturaliftes & des philofophes • de l’antiquité.
11 faifoit éviter les embûches des ennemis 3
excitoit le courage aux timides j guérifloit le mal
des yeux, & les maux d’èftomac. Préfentement il
ne fait rien de tout cela , parce qu’on n’eft plus
allez fimple de croire qu’il ait la vertu de le faire.
B E R L O N G ou BARLONG. Ce qui eft frit
ou tiré inégalement. On dit ( en termes de manufacture
de lainage j que les lizières d’une étoffe
font bien évrées > épinfées 8c berlonguées, quand
elles ne font point plus courtes que le corps de
l’étoffe, ou que les deux lifières font d’une égale
longueur.
Les réglemens de 1667 pour la fergeterie- de
Beauvais , condamnent à vingt fols d’amende pour
chaque pièce de revêches blanches, façon d’Angleterre
& de baguettes , dont les lizières n’auront
pas été bien berlonguées , avant d’être envoyées au
moulin.
BERTAUDER. ( Terme de tondeurs de draps,
qui eft en ufage dans les manufactures de Berry. )
On dit ailleurs ébertauàer. Voye^ É b e r t a u d e r .
BERUSE. Sorte d’éto ffed o n t il fe fait quelque
commerce à Lyon.
Par le ta r if de la douane de cette ville , les
berufes payent cinq fo ls de la pièce pour l'ancien
droit y & un J o l Jix deniers pour la nouvelle
réapréciation , avec les fo ls pour livre.
BESESTAN. On n o m m e ainfi à Andrinople &
dans quelques autres des principales villes des états
du gratid-Seigneur, les lieux où les marchands- ont
leurs boutiques & étalent leurs marchandifes. Chaque
forte de marchand a le fien 3 ce qui s’entend
$ufli des ouvriers qui travaillent tous dans le même
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endroit. Ce font ordinairement de grandes galle-
ries voûtées , dont les portes fe ferment tous les
foirs. Quelquefois les concierges & gardiens de
ces befeftans répondent des marchandifes pour un
droit allez modique qu’on leur paye pour chaque
boutique.
Les befeftans d*Andrinople font très-beaux , fur-
tout Celui où fe vendent les étof fes& un autre où
font les boutiques des cordonniers.
Be so g n e f a it e . ( Terme de manufacture de
laine , qui eft en ufage dans les fabriques ..de
Poitou. ) Il fe dit des ferges , étamines , draps , tintâmes
, &c. encore en toile & telles qu’elles for-
tent du métier , avant que d’avoir reçu aucun
apprêt.
BESON. Mefure des liquides , dont on fe fert en.
quelques lieux d’Allemagne , particulièrement dans
la ville d’Aulbourg. Doufe befons font le jé 8c huit
maffes le befon. Voye\ la ta b l e d e s m e su r e s ,
BESORCH. Monnoie d’étain ou de métal d’al-
I liage, qui a cours à Ormus' y à peu près fur le
pied des liards de France. Dix beforchs valent un
pays quatre pays un fou dis , dix pays un chay ,
qui vaut 4 f de Hollande j vingt pays un mamoudi,
ou 8 f . 3 deux mamoudis un abbafli, ou 16 f. 3 vingt-
cinq pays un larin 3 cinq larins la réale ou riches
dale 3 & cent mamoudis un toman.
On compte à Ormus par tomans comme l’on
i fait en Hollande par livres de gros.
BEST AIL ou BÉTAIL. [Terme collectif \ qui
fîgnifie les bêtes à quatre pieds qui fervent au la-^
bourage & à la nourriture de l’homme. ) I l fe diftin-
gue en. gros & menu bé ta il.Legros bétail comprend
les taureaux , les boeufs , & même les veaux
& petites génifles. Petit bétail fe dit des beliers, brebis
, moutons, agneaux , boùcs, chèvres, cabrils 8c
autres femblables.
B ê t e d e som m e . Se dit , en termes de commerce
, de tous les animaux à quatre pieds, qui fervent
à porter & voiturer des fardeaux & marchandifes
fur leur dos. On les appelle aefli bêtes de
charge 8c bêtes de portage, pour les diftinguer de
celles que l’on déftine au tirage. Voyeç po r t a g e
& t ir a g e .
Les bêtes de fomme , dont on fe fert le plus
ordinairement, font les éléphans , les dromadaires,
les chameaux , les chevaux, les mulets , les bêtes
afînes , les vigognes, 8c les brebis du Mexique 8c
du Pérou. T l y a aufli quelques lieux des côtes
d’Afrique , où l’on fe fert des boeufs 3 8c il n’eft pas
même jufqu’aux dogues & gros chiens, que l’on
emploie à cet ufage , comme on le voit en Flandres
, & en quelques autres endroits. On peut voir
dans ce Diélionnaire les articles où l’on parle de
ces animaux par rapport au commerce.
B E S T IA U X . An im au x à q u a tre pieds , q u i fo n t
le p rin c ip a l emm eublem ent d’u n e ferme'.
On appelle marchands de beftiaux , ceux qui
en font commerce, qui les amènent & les veadeaf
dans les marchés- & dans les foires.
Hh i j .