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font une eftime toute particulière, les préférant â
ceux d'Allemagne.
BOESTIER. Efpèce de petite bo'ète , ordinairement
de chagrin ou de maroquin, -doublée de
velours , dans laquelle les marchands joyailliers
mettent leurs bagues/Sc leurs bijoux. Il fe dit auffi
d’une petite boete ovale, d’argent ou de fer blanc,
féparée en plufieurs petites cellules , dans laquelle
les maîtres chirurgiens mettent plufieurs fortes d’on-
guens les plus d ufage, pour les porter fur eux,
& les avoir à la main dans les ocçalions.
BOEUF. Taureau qu’on a châtré pour l’engraifîer,
ou pour le rendre plus docile à porter le joug pour
le labourage, ou pour le charroi.
Quoique 1t boeuf , fi utile à l’homme , foit allez
connu dans toutes les parties du monde, & fur-
tout en Europe , pour ne pas s’arrêter à en faire
la defcription 5 on a cru cependant à propos de ne
pas l’oublier dans un Dictionnaire de commerce, à
caufe de la quantité de diverfes marchandifes qu’on
en tire , & dont il fe fait un très-grand négoce.
Il y a en France des marchands fort'riches j qui
ne font d’autre commerce que de boeufs , foit pour
le tirage, foit.pour la boucherie. Les premiers les
achètent tout jeunes , & les vendent aux laboiireurs
& aux voituriers., Les autres les vont chercher dans
les provinces où ils font engraifféspour les faire
conduire enfuite dans les foires & marchés des villes
& bourgs du royaume* où ils les vendent aux bouchers
, qui les tuent, pour en débiter la chair â
la livre ou à la main , dans leurs étaux particuliers,
ou dans les boucheries publiques.
Avant que de palier aux diverfes marchandifes
qu’on tire du boeuf, on va donner ici quelques
avis, dont les marchands de boeufs peuvent avoir
befoin pour leur commerce.
Les boeufs ne vivent ordinairement que jnfqu’à
quatorze ans, A trois, il font propres a cirer , &
à-dix il faut les retirer du chariot ou de. la ciiarue ,
pour les mettre à l’engrais.
L ’âge des boeufs, aufli-bien que l’âge des chevaux,
fe connoît aux dents. A dix mois, ils jettent leurs
premières dents de devant ? & en pouffent d’autres
plus larges & moins blanches. A dix-huit mois ,
une autre partie de leurs dents de lait tombe encore,
& le relie dans les dix-huit mois qui fuivent ; en
forte qu’à trois ans toutes leurs dents font égales ,
& qu’ils ne marquent plus. Quelques-uns croyent
qu’on peut voir auffi l’âge du boeuf fur fes cornes,
& que chaque anneau qui fe forme à leur extrémité
, indique chacune de leurs années 3 mais bien
des marchands de boeufs très-habiles, eftiment cette
connoiffance moins fiîre que celle des dents , & ne
s’y fient guères.
Les boeufs deftinés au tirage , doivent être faciles
à manier , d’une taille médiocre & iraifonnablement
•chargés., de graille.
Quoiqu’il.y ait des. boeufs excellens de tout p o il,
:lcs marchands y doivent néanmoins faire attention.
, Le p.oil doux , luifânt & épais eft une bonne
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marque : le poil ras , mal uni & rude, en eft au
contraire une mauvaife. '
Le boeuf fous poil tout n o ir, eft lourd & nonchalant
3 m ais c’eft un ligne de vigueur s’il a-quel-
que blancheur aux pieds ou à la tête.
Le poil rouge eft le meilleur 3 cette couleur
dénotant du feu & de l’ardeur : on eftime le bai à
peu près de même 3 du blanc aux extrémités ne
gâte rien ni à l'une ni à l’autre couleur.
Les boeufs fous poil brun, fo.nt médiocres, leur
ardeur ne durant pas long- temps 3 le poil mouchecé
eft* encore moins bon 3 le blanc & le gris ne valent
rien 3 en récompenfe ce font les meilleurs pour
engraifîèr, à la réferve du poil g ris, qui ne réuflîc
pas même à l’engrais.
Engrais des boeufs. ~
On met ordinairement à l’engrais les boeufs qui
ont fervi au tirage, d’où on les tire communément
à l’âge de dix ans : on en engraiffe néanmoins quelquefois
de beaucoup plus jeunes , foit de ceux qui fe ruinent de bonne heure au harnois , fait, de c^ix
qui n’y ont jamais été propres. Les vieux ne
s’engraiffent jamais bien.
Tant que les boeufs font à l’engrais , on ne doit
aucunement les faire travailler , & l’on ne peut
en prendre un trop grand foin, foit pour les envoyer
aux pâturages pendant l’été, foit pour leur nourriture
pendant l’niver.
En quelque temps qu’on veuille. engraiffer les
boeufs, il faut, les premiers huit jours , leur donner
foir & matin , un fceau d’eau échauffée au foie i l ,
ou tiédie fur le feu , dans laquelle on aura jette
trois picotins de farine d’orge , fans avoir été blutée,
& qu’on aura laiffé repofer quelque temps : obfer-
vant de ne leur donner d’abord que l’eau blanche ,
& de leur réfervèr le refte pour le foir.
- En été, c’eft-à-dire, depuis le mois de mai jufqu’à
la fain t Martin, il faut les envoyer aux pâturages
après que la rofée eft tombée 3 les ramener à
l’étable pendant la grande chaleur, & enfuite les
remettre aux herbages jufqu.au \ foir , ne leur
épargnant pendant - la nuit, ni la litière* ni les
herbes nouvellement cueillies.
En hiver, ce. qui s’entend depuis la S. Martin ju fqu’au mois -de ma i, il faut les renfermer dans
l’étable, les y tenir chaudement, leur donner du
foin autant qu’ils en veulent, pendant le jour & la
nuit 3 & le fo ir, leur faire des pelotes de farine de fe ig le , d’orge ou d’avoine, pétrie avec de ‘l’eau
tiède & du fel. Dans le temps des rav es,.o n peut
leur en donner de fraîches , & dans la faifon des
vendanges, du marc de raifins, rnélé avec trois
picotins dé fon^ le tout, dans de l’eau. chaude.
Marchandifes propres au commerce que Von tire
du boeuf
La chair de boeuffo fale , pour la pouvoir tranf-
porter plus facilement , fans fe corrompre , dans
les pays où elle peut être vendue avec avantage.
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Les marchands des différents ports du royaume ,
particulièrement ceux de faint-Malo & de Nantes
en Bretagne, en font des cargaifons confidérables
pour la Martinique, & autres ifles Françoifes de
l ’Amérique : ils la tirent prefqtie toute d’Irlande ,
d’où elle leur eft envoyée par barils , ordinairement
du poids de deux cens livrés.
Les peaux de boeufs, qu’on appelle autrement
cuirs , fe vendent en p o il, c’eft-à-dire, ou verds ,
ou fades , ou fecs & fans poil 3 ce qui comprend
les cttirs tannés, ceux apprêtés à la façon de Hongrie
, & ceux paffés en huile H à la manière des
bufiés.
Outre les cuirs de b oe u fqui font du cru de France,
on en apporte de fecs en p o il, de prefque tous les
lieux où les François vont négocier, tant dans
l ’orient que dans l’occident, fur-tout des Indes , du
Pérou, de Barbarie, de-Madagaïcar/du Cap-Verd,
du Sénégal, de Mofcovie & d’Irlande.
Les marchands de Rouen entr’autres, font un
grand négoce de ceux de Barbarie & de S. Domin-
gue , • qui leur font apportés par les vaifîeaux Fran- j
çois qui reviennent des Indes occidentales.
Il fe fait aufli un grand négoce de peaux de boeufs
à Conftantinople , d’où les François , Anglois &
Hollandois en tirent , année commune , jufqu’à
cinquante mille : elles, font de trois fortes 3 les
unes, qui font les meilleures, s’appellent les premiers
couteaux ; ce font celles des abbatis qui fé
font depuis juin jufqu’à novembre. Les fécondés font
les patreménts, qu’on leve de deffiis les bêtes en
novembre & décembre. Les troifîémes fe nomment
ücrements , qui viennent de la mer noire, & qui
pour la bonté approchent des premiers couteaux.
Les os de boeufs s’employent par les tourneurs ,
tàbletiers, couteliers & patenoftriers , dans leurs
différens ouvrages. On les brûle aufli, pour faire
ce qu’on appelle du noir. d'o s, qui fêrt à la peinture
, & à faire l’encre pour imprimer en taille-
douce.
Des rognures des peaux , des cartillages , des,
I pieds & des nerfs bien bouillis, & diffous dans l’eau,
lé fait la colle forte, foit celle qù’on fabrique en
France, foit celle d’Angleterre, ou de Flandre.
Le poil de leur queue , le plus long, après avoir
été bien cordé & bouilli, pour le frifer, fournit une
partie du crin que les tàpiffiers ,- & autres ouvriers
Ww employent 3 & du poil court on en fait de la bourre,
dont on remboure plufieurs meubles de peu de
conféquence, des feiles pour monter à cheval, des
bâts de mulets , &c. Il fe eônfomme auffi beaucoup
de poil de boeuf à Rouen & à Elbosuf en Normandie
, pour les manufadtures de tapifferie que l’on
nomme bergame,
La corne de boeuf, foit de la tête, foit dés pieds,
s’amollit par le feu, & fe prépaie pour quantité
d’ouvrages , comme peignes , tabatières , lanternes ,
écritoires de poches , étuis à cure-dents , &c.
Le nerf qui fe tir e de la partie génitale du boeuf,
étant fec & préparé en manière de filaffe, s’emploie
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par les feliiers. & faifeurs de battôifs de 'jeu de
paume, qui l’achetent des marchands quinquailliers.-
Les boyaux de boeuf bien dégtaiffés &c préparés,
s’appellent baudruche i ils fervent à faire des moules
pour battre l’or & l’argent > pofur le réduire eu
feuilles propres à la dorure.
On tire auffi de? graiffes du boeuf, un fuif affez
bon pour faire de la- chandelle, ou pour préparer
certains cuirs. Lé meilleur eft celui qu’on nous
apporte d’Irlande.
j Enfin, jufques dans lé coeur & dans la veffie des
boeufs , ou plutôt dans la véficule de leur fie l, on
trouve v quelque chofe d’utile au commerce. Le
coeur fournit un cartillage affez femblable à celui
qu’on tire du coeur de cerf : on l’appelle , os de
coeur de boeuf, & on le fubffitùe quelquefois à celui
du ce rf, quoique peut-être mal-à-propos.
Le fiel du même boe u f (en aux détacheurs & à
plufieurs autres artifàns, qui s’en fervent à divers
ufàges.
Pour la veffie -ou véficule du fiel , elle renferme
très-fbuvent une pierre de la groffeur & de la figure
d’un jaune d’oe u f , mollaffe & par écailles,
comme le bezoard , auffi en porte-t-elle quelquefois
le nom 5 mais plus ordinairement celui de pierre de
fie l. •
Les boeufs, gras ou maigres, venant en France ,
des pays étrangers , payent de droits d'entrée 5
liv. la pièce 5 & ceux de même qualité, venant
des provinces du royaume où les aides n'ont point
de cours , feulement vingt fo ls .
Les boeufs & langues falées , de toutes fortes9
payent quarante fo ls du cent pefant de droits
d'entrée.
Les droits de fortie pour toutes fortes de
boeufs gras , petits ou maigres , fo n t de 2 liv .
10 f i la pièce, le tout fournis aux nouveaux fo ls
pour livre•
On ne met point ici les droits d’entrée , ou de
fortie , que payent les cuirs & autres marchandifes
qui proviennent du boeuf ou taureau. On les peut
voir dans les divers articles qui ont été indiqués.
Commerce du boeuf fa lé à Amferdam.
Le boeuf falé fe vend à Amfterdam par barils ,
la déduction pour le prompt paiement eft d’un pour
cent.
B oe u f s a l é . d ’ I r l a n d e .
Par arrêt du Xp juin 1688 , il fut établi un droit
de 5 liv. par cent pefant, fur les boeufs falés venant"
d’Irlande : mais par un fécond ariêt du 7 décembre
de la même année , & un autre du zo mai 1704 ,
ladite marchandife entrant dans le royaume par les
ports du Havre, de Nantes , de S. Malo , de la
Rochelle?, dé Bordeaux & de Breff, & qui y eft
déclarée pour les ifles Françoifes de l’Amérique -, eft
déchargée dudit droit , en obfèrvant néanmoins les
précautions ordonnées par lefdits arrêts.
BOHÉE. On appelle thé-bohée ou tké-bou ,
comme on le prononce en France , une des meii--
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