
B A L A S S O R. E to ffe faite d’écorce d’arbre,
que les Anglois rapportent des Indes orientales.
Les pièces ont huit aunes de long fur trois quarts
de large.
BALAST, ou QUINTELAGE. ( Terme de
commerce de mer. ) Il lignifie la même chofe que
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BALASTRI. On nomme ainfi à Smyrne, les
plus beaux draps d'or qui fe fabriquent à V enife ,
& que les vaille aux Vénitiens portent dans les échelles
dù Levant. Iis paient à la douane de Smyrne, les
droits d’entrée j à r a i f n de cinq piaftrés la pièce.
BALAUSTES. Ce font les fleurs du grenadier
fa u v a g e . Il y en a de deux fortes; de fines, &
de communes.
Les communes ont peu de vertu, & doivent
être rejettées de la médecine, où les fines peuvent
être de quelqu’ufage , étant eftimées aftringentes.
Elles viennent les unes & les autres du Levant, &
font proprement la même drogue ; ravàsXzsbalauf'-
tes fin e s font garnies de leurs fleurs, & les com=-
munes n’ont que leur pecou, c’eft-à-dire, cette
efpèce de gaîne ou bouton en forme d’écorce alîèz
épaifîè, qui enferme les fleurs avant qu’elles foient
éclofes, & qui les foutient quand elles de font.
Il faut choifir les baulaufies , fines, nouvelles,
larges ; h.utes en couleur, c’eft-à-dire, d’un beau
rouge velouté. & s’ilfe peut, fans pecou ni menu.
Les balaufies communes paien t en France les
d ro its d’entrée f u r le p ie d de deu x livres ou quarante
f o l s le cent p e fa n t ; & les fin e s cin q livres,
avec les fo l s p o u r liv re .
BAL A Y. ( Inffrument de -ménage , qui fert à
amafîer & à ' ter les ordures , & à tenir les maifons
propres & nettes). Les balays, particulièrement ceux
de p o il, fe font par les brofliers, vergetiers. La
fabrique & 1; commerce des autres , dont il fe fait
une grande cmfommation à Paris, font encore permis
à tous ceux qui veulent s’en mêler. L’efprit
réglementaire qui s’eft abaifle jufqu’à tant de petits
objets , n’ayant pas encore daigné prendre celui-ci
en confidérat on.
Ce font le ; chandeliers y les regratiers & les fruitiers,
qui font le plus grand débit de balays de
bouleau y foin de ceux qui fe font à la ville, foit de
ceux qui y viennent en quantité de la campagne.
BALAZÉES . ou SAUVAGUZÉES de Surate. ( Toiles blanches de coton , qui fe fabriquent dans
cette ville du grand mogol & aux environs.) Elles
o n t treize aunes & demie de long fur deux tiers
de large.
BALEINE. Ceft- le plus gros des poiflons.
Les plus grandes baleines font celles qui fe
pêchent dans la mer du nord, vers le .Spitfberg. On
y en prend de zoo pieds de long , &.de groffeur
proportionnée à la longueur. Les médiocres font
,de i p ou ïé*o pieds ; & un voyageur affure, que
l’on tira plus de 350 livres pefant de barbes ou fanons
d’une feule baleine, qui fut prife en fa préfence.
Celles de la mer de l’Amérique font auffi fort
grandes, & il y en a de 90 ou de 100 pieds, entre
la tête & la queue. Les moindres font celles qui
attériffent fur les côtes de Guyenne, &.fur celles
dte la Méditerranée,
Il y a deux efpèces de baleine ; l’une qui retient
fon nom, & l’autre que l’on appelle cachalot. Leur
différence confifte en ce que le cachalot a des
dents, & que la baleine au lieu de dents, a feulement
des fanons, ou barbes dans la gueule, qui font
larges d’un empan, & longues de 15 pieds, plus ou
moins , fuivant la grandeur de l’animal , & qui
fîniflent en une efpece de frange , affez femblable
aux foies de pourceau.
La pêche de la baleine eft d’un grand profit, & il
y va tous les ans quantité de vaiffeaux de différentes
nations.
Ces énormes poiflons fe harponnent par les plus
robuftes & les. plus adroits des pêcheurs , que l’on
appelle pour cela harponneurs , du nom du harpon
dont ils fe fervent , qui eft une efpèce de dard
ou javelot long de cinq ou fix pieds, donc la pointe
fort acérée & tranchante , eft triangulaire en forme
du fer d’une flèche.
Le harponneur, du bout de la pinafle où il
commande à tout l’équipage , lance rudement le
harpon fur la tête de la baleine i & s’il eft affej
heureux pour le faire entrer à travers du cuir &
du lard jufques dans la chair , il laide, filer une
corde attachée au harpon, au bout de laquelle eft
une courge féche qui-, nageant fur l’eau, fert d’indice
pour découvrir où fe trouve la baleine , qui
aufli-tôt qu’elle fe lent blefîee, fe tapit & cale à
fond.
Si la baleine revient fur l’eau pour refpirer, le
harponneur prend occafion de la blefier de npuveau
& lorfqu’enfin , à force de perdre du fang, elle eft
aux abois , les autres pêcheurs rapprochent par les
côtés , & lui pouffent fous les bras ou nageoires
une longue lance férée dans la poitrine , a travers
les inteftins, pour l’achever 3 & quand le cadavre
flotte fur fon lard, ils le touent & le pouffent à
terre, où ils la dépècent-, & la bonifient, c’eft-à-
dire , ils en font fondre lé lard. ‘
La pêche de la baleine oçcupoit autrefois un
grand nombre de vaiffeaux & de matelots Bafques,
.& vers le milieu du dix-feptiéme fiécle , les habitans
de Saint-Jean-de-Lutz, de Bayonne & de Ciboure ,
y envoyoient jufqu’à cinquante & foixante navires.
Les Hollandois, qui à préfent en font la pl.-s
grande pêche, n’y en envoyoient pas alors davantage.
Mais en 1689 & 1690, les chofes étoient
déjà bien changées, les Bafques ayant à peine armé
pour cette pêche, dix-huit ou vingt vaiffeaux 3 &
les Hollandois y en ayant envoyé plus de trois cent
de toute grandeur : ce qui eft à-peu-près refté fur
le même pied.
Les Bayonnois, & les autres François ou Banques
, portent ordinairement leur pêche au Havre,
à Dieppe & à Rouen, & reviennent hiverner chez
eux, avec quelque petite quantité d’huile & de
fanons, pour, la confommation du pays. Ces mar-
chandifes s’y débitent à Tufan, Chalofe , & Mar-
fan ; il s’en tranfporte auffi en Béarn, & quelquefois
jufqu’à la Rochelle.
A l’égard du cachalot, il fe porte tout a Bayonne
& s’y purifie, après quoi on 1 envoyé a Rouen
pour Paris.
L’On tire trois fortes, de marchandifes de la baleine.
L’huile, les fanons & le fperme, ou nature
de baleine.
L ’huile eft le lard ou la graiffe de la baleine ,
que l’on fait fondre après 1 avoir dépecé. Le tems
que les pêcheurs font obligés de perdre à terre pour
faire cette fonte, a fait imaginer a un bourgeois de
Ciboure , nommé François Soupite , l’invention de
fondre & de cuire les graiffes à flot & en pleine
mer, en bâtiffant un fourneau fur le fécond pont-
du navire, & en fe fervant des grillons & du marc
de la première cuite pour faire la fécondé.
Il fe fait un commerce très-confidérable de cette
huile , fur-tout en temps de paix, à caufe du grand
ufage quelle a en France, tant pour brûler, que
pour une infinité d’ouvrages où l’on auroit peine à
.s’en paffer.
On l’employe principalement pour rafiner le
foufre , pour la préparation de certains cuirs , pour
ençrraiffer le b ra i, qui fert à enduire & fpalmer les
navires. Quelques ouvriers en draps préparent auffi
leurs laines avec cette, huile , bien que dans les
manufactures de draperies fines, l’on ne fe ferve
que de bonne huile d’olive. Les peintres en ufent
parftil1p.me.ru- pour certaines couleurs : les foulons
pour faire leurs favons ; même -les architectes &
fculpteurs, pour compofer une efpèce de laitance
. avec la cerufe ou la chaux , qui fait croûte & peut
réfifter aux injures de l’air. Enfin il fer oit trop long
de faire le détail de tous les artifans & ouvriers a
qui l’huile de baleine eft utile.
Cette huile a une propriété merveilleufe, & l’on
affure, que quoiqu’elle foit toute bouillante , on
y peut mettre la main fans fe brûler. Elle vient en
Futailles ou bariques, que l’on nomme quartaux ,
du poids de 520 à. 600 livres.
. De la fonte du lard de la baleine, & de la manière
d’en tirer l ’huile,
Lorfque les nations de l’Europe commencèrent à
s’appliquer à la pêche de la baleine, la pratique
générale fut d’abord de bonifier le poifion à terre,
c’eft-à-dire, de l’y dépecer & d’en faire fondre les
graiffes. ,
Nos Bafques qu’on peut peut-être regarder comme
les premiers qui ont appris aux autres peuples
l’utilité de ce commerce de l’huile de baleine , & la
manière défaire cette huile , ont auffi été les premiers
à s’éloigner de -la pratique qu’ils avoient
enfeignée aux autres , & inffruits par un de leurs
compatriotes, ils crurent plus commode, & d’une
opération plus facile & plus prompte de fondre
leurs graines à bord.
La nouvelle manière des pêcheurs François, ne
fut pas néanmoins fuivie 3 & foit que les rifques
du feu dont plufieurs de leurs bâtimens furent de
temps en temps confumés, euflent effrayés les autres;
foit qu’on trouvât que la grande quantité de bois
dont ils étoient obligés de charger leurs navires ,
y occtipoit affez inutilement une.place, qui eût
été mieux remplie par des q,uartaux à l’huile 3 foie
enfin qu’il fût difficile de s accoutumer à l ’odeur
prefqu infupportable des cretons brûlés , avec lesquels
dans cette nouvelle invention, il falloir achever
les dernières cuites des lards, on s’en tint long"
tems à l’ancienne pratique de fondre à terre.
Les Hollandois qui furent prefque les derniers ,
qui parurent dans les mers du Nord pour prendre
part à cette pêche, & qui cependant font préfen-
tement ceux de tous les pêcheurs, qui y ont le
plus grand nombre de navires, & qui fondent des
huiles de baleine en plus grande quantité j les Hollandois
, dis-je, crurent affez long-temps qu’il étoie
plus avantageux de retenir l’ancienne pratique; &
l’on voit encore au Schmerenbourg un des havres
de la mer Glaciale, les reftes des bâtimens où ils
avoient coutume de faire bouillir leurs huilés1, avec
quelques-unes des chaudières & autres uftedfiles në-
ceffaires pour cette fonte qu’ils y ont abandonnés
on affiire même qu’ils y avoient voulu faire lin
établiffèment permanent; mais que tous ceux qui
hafardèrent d’y paffer l’hiver,' périrent , quelques
précautions qu’ils euflent prifes contre le froid &
contre la faim, tant par des magafins remplis' de-
vivres & d’habits, que par des poêles dont chaque
maifon de celles qui y formoient une efpèce de-
village, en avoit un, comme il eft facile de- le
remarquer dans trois ou quatre de ces maifons qui
y font reftées de bout, & dans les ruines de plufieurs-
autres où l’on trouve des huîtres , des kartels ou
tonneaux, les uns vuides & défoncés, & les autres
reliés avec la liqueur qui étoit dedans , pour ainfi
diré pétrifiée par la force du froid & de la gelée y
& tous les inftrumens & ferremens propres à divers-
métiers , & particulièrement au métier de tonnelier.
Cette tentative n’ayant pas réufli, & les Hollandois
s’étant contenté pendant quelque temps de fondre à.
terre, & de mettre à la voile aufli-tôt la fonte faite,
l’expérience leur fit enfin reconnoître que-cette pratique
retardant leur retour, leur faifoit courir rifque
de refteç engagés dans les glacés, & que le plus fur
feroit de rapporter chez eux le produit de leur pêche
en graiffe non-fondue, pour enfuite la. bonifie et
dans des atteliers , comme faifoient déjà les- particuliers
qui alloient à cette pêche, n’y ayant que
les pêcheurs de leur compagnie £e la baleine >,
qui euflent le droit de bonifier fur les lieux; comme
on l’a remarqué à l’article des compagnies de Hol-:
lande.
Toutes les autres nations , à l’exception de quel-*
ques François , fe font conformées a cette pratique
Hollapdoife , & tous les pêcheurs de baleine ,
Anglois, Suédois, Danois , Hambourgeois,
après avoir dépecé leur poifion à bord , de la ma.-*