
6o A L Q
îu%i’4 cent livres péfant. De leur laine ils'font
«les étoffes, des cordes, des facs ; de leurs os, des
in.ftrumcns pour les tifîerans ; & mettant même
leur fiente à profit, ils s’en fervent à faire leur feu ,
foie dans leur chambre, ' foit à la cuifine.
La laine de Yalpagne paflè aifëment pour celle
des vigognes y 8c il eft rare que la laine de ces
derniers, qui vient du Pérou en Efpagne , n’en foit
pas fourrée. Voyez vigogne.
ALPARGATES. ( Mot Efpagnol , qui fignifie
des foüliers de corde• )
ALPHABET , TABLE , INDEX ou REPERTOIRE
DU GRAND LIVRE. Ce font les divers
noms que les marchands , négocians , banquiers &
teneurs de livres , donnent a une efpèce de regiftre ,
compofé de vingt-quatre feuillets cottes & marqués
chacun en gros cara&ères d’une des lettres de Valphabet
, fuivant leur ordre naturel, en commençant
par A & finifïànt par Z . -
Cet alphabet , où font écrits les noms & fur-
noms de ceux avec lefquels on eft en compte ouvert,
8c les folios du grand livre où ces comptes font
débités & crédites , fert à trouver facilement &
fans peine les endroits du grand livre dont on a
befoin.
A lphabet , fe dit auffi, mais moins ordinairement,
des fimples tables qui fe mettent au commencement
des autres livres, dont les négocians fe
fervent dans les affaires de leur commerce, foit pour
les parties fimples , foit pour les parties doubles.
On parlera plus amplement de ces divers alpha-
b et s aux articles de ce Dictionnaire, où l’on traite
des livres des marchands. Voyez livres.
A lphabet , fignifie encore les poinçons ou fe rre
mens dont fe fervent les graveurs fur métal, pour
marquer , graver, ou imprimer les différentes lettres
& cara&ères qui conviennent a leurs ouvrages
foit pour les légendes ou autres inferiptions.
Les relieurs de livres , doreurs fur tranche, ont
pareillement de petits fers qu’ils nomment alphabets^
avec lefquels ils mettent en or-, au dos des livres,
leurs titres, & le numéro- de leurs volumes.
. ALPHÆNIX. C’eft le fucre d*orge blanc, ou
fucre tors, auquel on donne un nom extraordinaire
pour le faire valoir.
Ce fucre qu’on eftime bon pour le rhume , fe fait
avec du fucre ordinaire cuit.à cafter, que l’on jette
fur un marbre graifle d’un peu d’huile d’amandes
douces, & que l’on contourne de dîverfes figures
avec un crochet de cuivre. On peut le falfifîer
avec l’amidon. Voyt{ sucre.
ALPISTE, ou ALPICE. ( Sorte de graine ) qui
fèrt de nourriture aux oifeaux, fur-tout dans le temps
de leur ponte, quand on veut les échauffer. La
graine S alpifte eft de figure ovale , d’un jaune pâle
tirant fur ilabelle , brillante 8c comme luftrée. Elle
fait partie du négoce des grainiers. A L Q U X E R , (q u ’on nomme auffi C a n t a r . ) M e -
A L U
fure dont on fe fert en Portugal pour mefurer les
huiles. Ualquier contient fix cavadasj il faut deux
alquiers pour faire l’almude.
L ’alquier eft auffi la mefure dés grains à Lisbonne.
Cette mefure eft très petite , enforte qu’il
ne faut pas moins de deux cent quarante alquiers ,
pour faire dix-neuf feptiers de Paris. Soixante alquiers
font le muid de Lifbonne, cent deux â cent
trois alquiers, le tonneau de Nantes, de la Ro-.
chelle 8c. d’Auray ; & cent quatorze à cent quinze ,
le tonneau de Bordeaux & de Vannes. M. Ricard ,
dans fon Traité du négoce d’Amfterdam , dit qu’il
ne faut que 54 alquiers pour le muid de Lifbonne.
La mefure de Porto, en Portugal, s’appelle aufti
alquier, mais elle eft de vingt pour cent plus
grande que celle de Lifbonne ; enforte que le tonneau
ne rend que quatre-vingt-fept alquiers de
Porto : ce qui s’entend à proportion des autres me-
fures dont on a ci-deffus donné l’évaluation. r
Les grains qui fe tranfportent de Pillé de Saint-
Michel a celle de Madère , donnent 4 alquiers de
bénéfice fur 60 alquiers, les 60 de Saint-Michel
en rendent 64 à Madère, ce qui eft un bénéfice
de z f p o u r cent. Voyez la table d e s m e su r e s .
On fe fert aufti à3alquiers dans d’autres états du
roi de Portugal, particulièrement aux ifles Açores T
8c dans l’ifle de Saint-Michel ; dans ces deux endroits,,
fuivant le même M. Ricard, le muid eft de 60 alquiers
> & il en faut 140 pour le laft d’Amfterdam,
ALQUIFOUX. (Efpèce de plomb minéral) très-
pefant, facile à mettre en poudre ,- & difficile à
fondre. Quand on le cafte, il paroît en écailles-
luifantes , d’un blanc tirant fur le noir , aftèz approchant
de la couleur des aiguilles d’antimoine. Le$
potiers de terre s’en fervent pour vernir leurs-ouvrages
en verd. Ualquifoux vient d’Angleterre en fàumons de
différentes groflèurs & péfanteurs. Il faut le choifîr
en gros morceaux , bien péfant, en écailles brillantes
, comme gras, c’eft-à-dire, doux à- manier,
& approchant- de l’étain de glace.
V alquifoux paye en France les droits d?entrée*
fu r le pied de dix fo ls du cent péfant, comme le
plomb»
ALTIN. ( Monnoie de compte de Mofcovie. ) Il
vau t trois c o p e c s , à qu in ze deniers de F ra n c e l é
c o p e c • Voyez la ta b l e des m o n n o i e s ,,
ALTOM. On nomme ainfi dans phifieurs des
états du grand feigneur, particulièrement en Hongrie,
ce que les Européens appellent communément
un fiq uln. L’on ne donne cependant guère
ce nom qu’aux fequins frappés au coin du monarque
Turc. Voyez la table d e s m o n n o ie s .
ALUDE. ( Sorte de bafanè ) dont un des côtés eft
fort velu. Voyez basane.
ALUN. (Efplce de felfoJJile) ou minéral blanc,
qui fe trouve mêlé parmi une forte de terre, dont on
le tire , & on le fépare en la lavant avec de l’eau qui
prend toute la qualité du fel, & qu’on fait enfuit?
A L Ü
bouillir, pour la faire réduire & évaporer, de
même quonfait au falpetre, r- •
Il y a de trois principales fortes g H§ . ’
Valait de Rome, ou Je C iv im v tu hia i\alun à A n gleterre
y autrement appelle , alun de ro >
lia n t , ou alun de glace , & 1 alun de Liège ou
de Métiers* . , r
V t l v s DE R o m e eft en pierre de moyenne gtol-
feur rougeâtre au-delfous & au-dedans, clair
ttanfparént, d’un goût acide & défagreable.11 eit
rougeâtre, parce que la terre d’oü il eft tiré , eft
de cette couleur. Pour le bien.choifir, il faut qu *
foit peu rempli de menu, rougeâtre au-dedans
au-dehors; & fur-tout prendre gante qu U ne loit
contrefait j car il y en a qui rougiflent de Y alun
d’Angleterre & de Liège, avec du rouge brun. La
vraie marque à laquelle on recônnoit s il a été cont
r e f a i t c ’eft lorfqu’en le caftant il n’eft pas aufti
•rouge au-dedans qu’au-dehors.
L ’a l u n d ’A n g l e t e r r e eft en très-groftes maftes,
’ou morceaux clairs & tranfparens comme le criftal.
Il eft plus ou moins beau, félon q u il a été bien
ou mal purifié. Il s’en rencontre quelquefois de
couleur noirâtre, & un peu humide. Pour le bien
choifir, il faut qu’il foit blanc , clair & tranfparent,
fec, & peu rempli de menu & de pied.
L ’a l u n d e L i è g e & d e M ê z i e r s , eft de la même
qualité que celui d’Angleterre, à l’exception qu’il
eft plus gras. -
Ces trois fortes K aluns font employés à différens
ùfages , mais particulièrement pour les teintures.
Le meilleur & le plus eftimé , eft celui de Rome \
celui de Liège ou de Méziers eft le'moindre, parce
qu’il eft gras , & par conféquent moins propre aux
teinturiers , qui ne s’en fervent que lorfqu’ils n en
peuvent trouver d’autre. Il eft allez difficile de teindre
fans a lun, étant le principal ingrédient qui
difpofe les étoffes à recevoir la couleur.
L ’a l u n d u L e v a n t n’eft guères différent de ces
trois fortes S aluns, & fert aux mêmes ufages ; mais
il eft moins commun en France , à caufe de la facilité
qu’il y a d’avoir des. autres. L’on peut acheter à
Smyrne fix mille quintaux S alun tous les ans. Il y
en a de gros & de menu. Le gros eft le bon ; & l’on
en donne ordinairement trois quintaux de menu
pour deux de gros. Le lieu où eft la mine d’où fe tire
Y alun , eft éloigné de fix ou fept journées de
Smyrne ; & comme cette mine eft affermée, & qu’il
faut néceffairement paffer par les mains du fermier,
il en augmente & diminue le prix à fon gré , & fuivant
qu’il voit que les Européens y mettent la prefîe.
On tire auffi de Y alun de Conftantinople, qui eft
plus gras & meilleur que celui de Smyrne. L un &
l’autré viennent-par facs.
Outre les quatre fortes S alun dont il vient d’être,
parle , les marchands épiciers & droguiftés en comptent
encore de cinq fortes, qui fo n t, Y alun brûlé
ou calciné i Y alun fuccarin , çaccarin , ou %uc-
çharin ; 1 alun de plume ou de Sicile s Y alun
A L U H f
fca k o lh , autrement, pierre fpéculaire , ou miroir
S âne ; & Y alun catin , ou de foude.
L ’alun brûlé eft Yaluh de glace mis dans un
pot fur'un grand feu, qui en fait la calcination ,
en le rendant plus léger, plus blanc , & facile à
mettre en poudre.
L ’alun suc'carin reftèmble tout-a fait à du fucre.
Il fe fait avec de Y alun de glace , de l’eau rofe &
des - blancs d’oeufs , que l’on fait cuire enfemble ,
jufqu’à ce qu’il foit devenu en confiftance de pâte ;
ce qui le met en état de recevoir la xforme qu’on
veut lui donner, qui eft ordinairement celle d’un pain
de fucre ; & c’eft de-là qu’il tire fon nbm fuccarin.
Lorfque cette pâte eft entièrement refroidie,
elle devient dure Comme de la pierre.
L ’alun de plume eft une efpèce-de pierre minérale
, filandréufe, & de différentes couleurs ; le plus
foùvent d’un blanc tirant fur le verd , approchant
du talk de Venife , à la réferve quelle n’eft ni fî
I verte, ni fi luifantc ; & qu’au lieu de fe mettre
par écailles , elle fe leve par filets blancs & doux ,
femblables à la barbe d’une plume ; auffi c’eft delà
qu’elle a,pris Ion nom S alun de plume. Quelques
uns prétendent que c’eft le lapis amiantus des
anciens.
11 ne faut pas confondre Y alun de plume avec la
pierre incombuftible , comme font la plupart des
droguiftés François, Italiens, Anglois & Hollandois,
qui lui fubftitueût ordinairement une efpèce de méchante
amianthe , que l’on apporte des environs
de Caryfto , dans Fille de Négrepont, Gu les amian-
thes de Smyrne ,' de Gènes & des' Fyrenées. •
La différence de tous Ces amianthes avec Y alun
de plume , confîfte en ce que ce dernier eft un
véritable f e l, qui ne différé de Y alun ordinaire
qu’en ce qu’il eft partagé en filets, & que l’autre eft
une matière pierrqufe, infipide , qui s’amolit dans
l’huile, & y acquiert affez de fouplefle pour pou-
voir être filée fur du fil-de coton ; c’eft de l’amianthe
que l’on fait des mouchoirs & des bourfes qui blan-
chiffent au feu.
L ’alun scazôlle eft une pierre blanche, tranfpa-
rente , à-peu-près femblable au criftal de roche
ou talk , qui fe trouve dans les carrières de Paiïy.
Par la calcination que l’on fait de cette pierre, elle
devient d’un très-beau blanc.
L ’alun catin eft la même chofê^ que le fel de
foude. Voye{ soude.
Ces cinq'dernières fortes S alun font propres à
diverfes chôfes ; mais leur emploi le plus ordinaire
eft pour la médecine.
Toutes ces fortes d’alun payent en France de
droits d’entrée > l ’un portant l’autre, trois livres
du cent p éfa n t, & de fo r t ie , feulement vingt
fo ls ; à la réferve néanmoins des aluns qui viennent
de Conftantinople, de Smyrne , & des autres
lieux du levant, terres & pays de la domination,
du grand- feigneur, du roi de Verfe, & d’I ta lie ,
fu r Ufquels il f i Uvt vingt pour cent de leur va