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a cheteurs libres que des acheteurs au nom d u n e
compagnie. Au fonds, les avanies ne font qu’un
e n c h e r i f ï è m e n t de la marchandife ;f î le g o u v e r n e u r
de Moka fe fait payer un droit arbitraire, ce droit
peut toujours être regardé comme une partie du prix
du café ; fi ce droit e f t exorbitant, le café, n ’ è f t plus
achetable, & le gouverneur lui - même perd fon
droit. C eft uniquement cette crainte d’écarter les
acheteurs q u i contient ces hommes avides. O r , cette
crainte eft la même pour eux, foit que le commerce
foit libre ou qu’il fe fafte par la voie de la compagnie
i elle p e u t même être moins grande dans l’état
aCtuel ; car la compagnie foa t t e n d r a plutôt & plus
long-temps les vexations de cette efpèce que d e s
particuliers. Elle tient plus aux diverfes branches de
commerce qu’elle fait j elle veut s’aflortir, & payera
la denrée plus chèrement, . dut-elle y perdre. Au
lieu que le commerce libre, lorfqu’il éprouve des
difficultés & des augmentations de frais trop grandes
lur un objet, le tourne plus facilement vers un autre.
Ajoutons que félon ces mémoires, les v a i f l é a u x
de la compagnie ne font pas exempts d’avanies &
de droits arbitraires. Le commerce particulier fera
donc à cet égard dans la même pollure que celui
de la compagnie•
Enfin, ceux qui difent que les gouverneurs de Moka
& de Betel-Fagui ,_Qnt_ tou jours vexé les vaiffeaux
des particuliers , nous donnent gain de caufe fans y
penférî Car cela pofé , le commerce particulier s’y
fait donc en concurrence avec la compagnie , & s’y
fait par confequent avec profit malgré les avanies.
Nous prétendons qu’il continuera de fe faire, qu’il
prendra meme plus 3 étendue ; il nous fernbie que
nos efpéranees font mieux fondées que les craintes
qu’on y oppofe.
Commerce de Surate.
On n a rien à perdre a l’égard de ce commerce ,
qui autrefois etoit très - intérefïant, mais .qui eft
infiniment tombé par la fuite -des troubles qui fe font,
élevés dans le pays. La compagnie n’y envoie plus
de vaiffeaux depuis très - long - temps ; elle y tient
cependant un ou deux employés pour y protéger le
commerce particulier, Scelle leur fait, pafler de.
temps en temps , quelques effets & marchandifés,
objet peu confidexable. Toute? les. nations Européennes
font également admifes dans cette ville ;
mais les Anglois en font auojurd’hui lés maîtres , &
fe font empares de prefque tout le commerce. Cette
Ville offre un grand débouché de draps 8c autres
marchandifés d Europe : on en tire les plus beaux,
cottons de llnde , qui s’envoient dans le Benc-ale.
Les particuliers continueront à faire ce commerce ,
Sc avec beaucoup plus d’avamage qu’une compagnie,
pzxee que l’intérêt étant plus immédiat , y
apportera plus d’induftrie ; quoi qu’il en foit, d’après
l ’état aftuel, on ne peut que gagner fur cet objet#
Ajoutons que le dépérifTemënt du commerce d e
Surate, entre les m a i n s . d e la c o m p a g n i e , confirme
ici tous nos principes. Que peuvent, en effet ^répoiv*
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dre a cet exemple les défenfeurs du privilège excluftf?
Voilà un commerce très-intéreflànt, celui de toute
l’Inde , quioffroit le plus de débouchés à nos manufactures
, 8c fur-tout à nos draps, que la c om p a g n ie
a laiffé s’anéantir entre fes mains ; que pouvoit-il
arriver de pis , s’il eut été libre ?
Commerce des p o iv r e s à la cô te de M a la b a r .
Les poivres font prefque la feule production que 1 on .charge a la côte de Malabar, pour le commerce
d’Europe. On en tire ordinairement de Mahé , environ
1500 milliers pefànt, qui, vendus en France
1 liv. 10. f. la livre, font un retour
de . . . . . . . . . . . . 1,250,060 1.
Ce comptoir pourroic en fournir jufqu’à deux
millions pelant.
Cette denrée eft d’un très-grand encombrement,
eu égard à fa valeur ; c’eft par cette raifon qu’il
n’en vient qu’une partie en facs ; le refte fe répand
fiir les balles des autres marchandifés plus pré-
cieufes, qu’il pré fervent d’avaries, 8c dont il fixe
Tan-image.
Si les befoins de la. navigation n’oblige oie ne pas
d’avoir un établiiTement a la côte de Malabar, on
feroit tenté d’abandonner celui de Mahé, qui a tou-.
jours plus coûté à la c om p a g n ie , qu’il ne lui a
procuré de bénéfices; mais les mouflons , qui fixent
la navigation des mers de l’Eft 8c de l’Oueft de la
prefqu’ifle de l’Inde , rendent ce comptoir nécefïaire
pour la relâche des vaiffeaux.
La côte de Coromandel ceffe d’être navigable
depuis la fin de feptembre j.ufqu’en janvier ; elle eft
même encore dangereufè jufqu’en avril, qui eft le
temps où commence ce qu’011 appelle à cette côte,
la g ra n d e m ouffon.
La côte de Malabar n’eft au contraire pratiquable,..
que depuis la fin de feptembre • jufqu’à la fin de
mars ; ainfi , la navigation, doit néçeffairement fe.
partager entre, ces deux côtes. 1
D’ailleurs ce comptoir eft nécefïaire au commerce
particulier, dont un'des principaux objets eft rechange
des .marchandifés du Bengale & de la côte
de Coromandel, avec celles de la cote de Malabar.-. '
Au refte, Ce commerce peut fe faire par les particuliers
, à-peu-près- comme celui de Moka., &
comme il fe faifoit. pendant l’adminiftration de M.
Dupleix.
* Vers le mois de feptembre, on expédioit un
vaiffeau particulier delà côte de Coromandel pour
Mahé. Le cpnfeil, qui ordinairement n’avoit point
de fonds à deftiner à ce commerce , en recevoir des.
paticuliers en, argent ou eu marchandifés , Sf. les
l prénoit à îa, grpffe de vingt .pour cent.,,(2e . vaifleau
ar ri voit :en octobre à la côte.,: de Malabar; il y étoic
adrefte au confeil. ,3e h^ahé, qui vendôk les mar-
chandifes pour le . qompte des particuliers ,. &, tant
avec ce produit .qu’avec f argent, qui lui étoit envoyé,,,
achetoit les poivres, & de préférence ceux de l’année-
précédente; quand ils ne luftifoiént pas, on prçnoit
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iüeüx qui venoient d’être récoltés; le vaiffeau repàr-
toit en mars ou au commencement d’avril, & arrivoit
en mai à la côte de Coromandel : alors on foldoit avec
les groffèurs, foit en argent qui arrivpit de France
dans ce temps , ou à défaut d’argent, en billets. du
confeil à l’intérêt de huit pour cent, ou même en
lettres de change fur France.
Cette opération pourra fe continuer dans la même
forme, excepté qu’au lieu que les particuliers donnent
leurs ronds à la grofle , ils'feront faire des
achats pour leur propre compte , 8c ces poivres de
retour à Pondichéry, ils les chargeront fur les vaif-'
féaux qu’ils deftiner ont pour Europe , ou ils les
vendront à ceux qui feront chargés de marchandifés
du Bengale ou de la côte de Coromandel. Peut-être
même ces particuliers trouveront-ils le moyen de tirer
des poivres de' Calîcut ou de Coleche,ou de quelqu’au-
tres parties de la côte de Malabar. On fe le perfua-
dera fans peine , fi l’on confidère que ce commerce
eft afïèz avantageux pour exciter l’induftrie ; car,
indépendamment des profits que procurent les poivres,
Comme retours en Europe, ils font un objét
intéreffant pour le'commerce des autres parties de
l’Inde, 8c pour celui dë Chine.
. On trouve dans les mémoires cités-, différentes
raifons contre la poflîbilité du commerce des poivrés
à la côté de Malabar , 8c à Mahé en particulier;
COM | Anglois êc les Portugais de Macao enlèveroïent, félon
l’auteur, tous les poivres de la c om p a g n ie , 8c font
à tous momens à la veille de les lui enlever.
L’auteur nous explique lui-même comment 8c
pourquoi le commerce particulier des Anglois &
des Portugais eft fi à craindre pour la c om p a g n ie ,
en nous apprenant que ces fraudeurs paient le poivre
plus chèrement, mais c’eft précifément parce que
le commerce particulier eft en état de payer le poivre
plus chèrement, qu’il fera poffible d’avoir du poivre
fans privilège exclufif. Si l’on prétendoit qu’il n’y
aura que les particuliers Anglois 8c Portugais qui
font en état d’y mettre un meilleur prix , nous
demanderions la raifon de cette différence que nous
ne pouvons pas imaginer.
Ce que l’auteur dit du danger continuel où eft la
c om p a g n ie de perdre cet établiflement, eft encore
une raifon très-forte de rendre la liberté. Alors, le
• roi de Cartenate fera moins tenté de fe lajffer gagner
par les Anglois , pour leur accorder un privilège
exclufif, qui le mettroit dans leur dépendance. Il fera,
au contraire, de fon intérêt, d’accueillir les çoncur-
rens, que la liberté donnera au comptoir Anglois
de Taiichery; mais en tout cas, fi il eft de l’intérêt
du roi de Cartenate 8c de fon royaume , doter à la
c om p a g n ie fon privilège , il faut croire que ce
privilège ne pourra pas fubfifter long-temps. Ce
mot décidé la queftion, Que nous importe de con-
ferver à la c om p a g n ie exclufivement, un commercé
qui exige plus de dépenfes qu’il n’apporte de bénéfices
mais ces raifons font très-foibles, 8c von y fait des
aveux "très-favorables au commerce particulier. On
dit , i°. que pour avoir des poivres à Mahé , « il eft
» abfolument nécefïaire d’y- envoyer des fonds à
» l’avance en novembre, avant le temps" de la ré-
» coite , ce que ne peut pas faire le commerce
» particulier ; & que lans cettë précaution, les frau-
» deurs, c’eft-à'dire, des vaiffeaux particuliers An-
» glois 8c les Portugais de Macao , qui le paient
» toujours plus cher, l’auroient de préférence."
î °. « Qu’il faut .de plus avoir des bateaux armés,
» 8c des détachemens de foldats qui empêchent le
V poivre de fortir en contrebande du pays de Carte-
-» nate, foit par mer, foit par terre , 8c payer fort
» chèrement le roi de Cartenate, pour la continua-
» tion du privilège de la compagnie.
3°. « Que les, Anglois de Taiichery, comptoir
» fitué à ''une lieue de Mahé, ne ceffent de faire au
» roi de Cartenate des propofitions àvantageufes, ,
» pour arracher à la compagnie, le privilègedont
» elle j ouït; 8c qu’il eft très à craindre que ce prince
» féduit à la fin par leurs offres, ne faififfe le plus
» léger prétexte pour manquer à fes engagemens ,
» ce qui malheureufement eft de l’intérêp du roi de
» Cartenate 8c de fon royaume ».
Il me.femble que ces trois allégations font autant
de raifons très-fortes contre le maintien du privilège
exclufif, 8c en faveur du commerce particulier.
Il faut bien qu’il ne foit pas néCeffaire, au commerce
particulier, de faire des fonds d’avance d’avoir
des bateaux armés, de payer fort chèrement, le roi »
de Cartènatë , pour avoir des poivres à Mahé ; puif-1
que fans faire tout cela > les commerçans particuliers ]
que nous fommes toujours à la veille de
perdre ? Par quel paralogifme prouvera-t-on qu’il
faut faire un commerce ruineux ? on ne craint pas
fans doute que nous manquions dé poivre 'en France.
Il doit même arriver qu’en l’achetant des autres nations,
nous le payerons moins cher de tout l’excédent
de dépenfes que nous fommes obligés de faire en
l’achetant nous-mêmes. Il n’y a à cet arrangement,
ni obftacle invincible , ni inconvénient.
Commerce de l a Chine.
On convient communément que le commerce de
Chine eft, de tous ceux qu’embraffe le privilège
exclufif de la c om p a g n ie , le plus facile 8c le plus
fufceptible d’être fait par des particuliers. Si l’on a
cm néceflaire de le réunir à la c om p a g n ie , ça été
uniquement pour compenfer , par les grands bénéT
fices qu’il apporte, les dépenfès qu’entraînoit l’ad-
miniftration des autres branches du privilège exclufif.
En effet, on n’a point à y entretenir des établiftè-
mens coûteux ; les commerçahs Européens ne font
point obligés de tirer les marchandifés de l’intérieur
| des. terres. La. ville de Canton eft un marché très*
confidérable , dans , lequel font, admifes toutes les
nations : elles y vivent 8c y contractent fous l’autorité
des loix du pays. Les contéftations'; auxquelles
leur rivalité peut donner lieu, ne s’y décident point
par la violence ; enfin, elles ne peuvent y combattre
que les efforts de 1’induftrie.
Les achats fe font au cvur§ du marché ; les yen*