
AN1NGA. ( R a c in e qui croît dans les ifles Antilles,
qui eftaflez femblable à h t/ q u i ne. )
Ç’eft de la décoction de cette racine dont l'on fe
fert préfençement dans les fucreries, pour affiner
les lucres : ce qui eft plus lîir & moins dangereux,
que l’affinage qu’on y faifoic autrefois avec le lii-,
blimé & l’arfenic , avant qu’on eut découvert que
la racine de Ya/iinga eût cette propriété. Voyeç
SUCRE , & AFFINAGE.
ANIS , ou ANIL. ( B o is grisâtre qui vient des
Indes , en grofles bûches, & que l’on nomme a n is ,
à çaufe de ion odeur allez approchante de celle de
la plante qui porte ce nom , & qui eft fi commune
en France dans les jardins. )
Le bois A’a n is s’emploie aux ouvrages de marqueterie
& de tour ; & les droguiftes en vendent
auffi la femence, qu’ils déguifent fous différens noms ;
J’appellant quelquefois a n is de la Chine, de Sibérie,
des ifles Philippines, & des Indes ; & la nommant
le plus fouvent, pour lui donner plus de réputation,
fem m e e de B a d ia n , ou femen c e de Z in g i .
Cette graine , qui eft enfermée dans une petite
gouflè fort dure & fort épaille, eft tout-à-fait lem-
plable à celle de la coloquinte , à la réferve feulement
qu’elle eft d’une couleur tannée & luilante ,
& qu’elle a une allez bonne odeur.
Les Chinois s’en fervent pour préparer leur thé ;
& les Hollandois, à leur imitation , en mettent aufti
dans eette boilfon, ainfi que dans leurs forbecs ;
prétendant par-là les rendre plus agréables. Jufqu’iei
le goût n’en eft pas palfé en France.
A nis. Eft auffi une fo r te de fem e n c e , ou
g ra in e longue tte , ajfe{ femb la b le à Vache, dont
l'o d e u r & le g o û t f o n t aromatiques. Cette femence
provient d’une plante à ombelle du même
nom ,sirop connue, pour qu’il foit néceiïaire d’en
faire la dèfcription.
U anis fait une partie du négoce des marchands
du corps de l’épicerie. Ils en tirent beaucoup d’Alicante
& de Malte, par voie de Marfeille. Tours
& Chinon leur en fournilfent auffi une alTez grande
quantité,
Les bonnes qualités de Yanis font d’être nouveau,
gros, bien net, d’une bonne odeur, d’un
goût piquant & aromatique , fans amertume ; a
.quoi celui de Chinon eft allez lujet.
U a n is eft d’une nature chaude, propre à chalfer
les vents du corps. On en fait entrer fouyent dans,
les médecines, où il eft regardé comme l’un des
correctifs du féné. Les confifeurs en employant
beaucoup a faire des dragées , qu’ils vendent fous
divers noms.
On tire de Yani} , par Ja diftilatiotv, une forte
d’huile blanche, que l’on appelle auffi effence , ou
quinte-ejfen.ee A 'a n is , dont la plus eftimée vient
de Hollande. Cette huile, à laquelle les médecins
& les apothicaires attribuent de grandes vertus, eft
d’une odeur .très-forte .& très-pénétrante, ce qui
fait qu’ils ne l’employent qu’avec modération. Les
parfumeurs en font .emrer dans la compofition
de leurs pâtes & potnades, pour leur donner de
l’odeur ils en mettent dans certains mélanges d’a-
rornats, qu’ils nomment pots-pourris.
L’huile Ai anis doit être çhoifie blanche , claire ,
& tranfparente, d’une odeur forte , auffi facile à
fe liquifier au moindre chaud, qu’aifée à fe congeler
au plus petit froid.
En diftilant Y anis pour en tirer l’huile, il fe forme
une eau claire, que l’on nomme eau Al anis, dont les
cftets font à-peu-près femblables à ceux de l’huile.
U anis fournit encore une autre forte d’huile
toute verte, qu’il rend par expreffion, à laquelle
on attribue les mêmes vertus qu’à la blanche,
quoique fon effet ne foit pas fi vif, ni fi prompt.
Le cent péfant d'anis verd, ou en graine, paye
en France une livre de droits d'entrée, & les Jols
pour livre.
ANKER. ( Mefure des liquides , dont on f e
f r t à Amferdam ). Uanker eft la quatrième partie
de l’aem, & contient deux ftekans. Chaque
ftekan fait feize mingles ou mingelles ; chaque min-
gie eft: de deux pintes de Paris ; enfortq que
Yanker contient foixante - quatre pintes de cette
dernière melure.
ANNABASSES. Efpece de couvertures, ou
de pagnes, qui f e fo n t à Rouen & en Hollande.
Les annabajjes ont ordinairement trois quarts
& demi de long fur trois quarts de la rg e , & font
rayées de bleu & de blanc par rayes égales, environ
d’un pouce de large,
Ç’eft une des meilleures marchandifes pour le
commerce de Guinée , & particulièrement de la
côte d’Angole.
A Loango de Boirie, où l’on compte par ma-
i coûte & par c e n t, une annabajfe fe compte trois
macoutes, c’eft-à-dire, trente, chaque macoute
valant dix.
A Malimbo & Cabindo, où l’on compte par
pièce , dix annabfljfes ne valent qu’une piece ; ce
qui néanmoins par l’évaluation, revient fur le pied
des trois macoutes que chaque annabajfe s’eftime
à Loango.
ANNEAU. ( Cercle de matière fo lid e , dont
on f e fe r t pour attacher quelque chofe ). 11 y en
a de fer , de cuivre , de corne ; de gros, de petits;,
de médiocres. Les anneaux de cuivre & de f e r ,
qui fervent aux rideaux des lits & des fenêtres, fe
vendent au poids ; ceux de corne au compte. Ils
font partie du négoce des marchands de fer , & des
quincailliers.
A n n e a u , que l’on nomme auffi m o u l e . C’eft
une forte de grand cercle de f e r , ayant deux pieds
un pouce de d i a m è t r e fur fix pieds trois pouces
de circonférence , qui Fert aux mouleurs de bois à
mouler ou mefurer les bois de compte & d’Andelle,
en y faifant entrer autant de morceaux ou bûches,
qu’il en peut contenir.
Le bois de compte .fe moule ou fe mefure par
trois anneaux , en y ajoutant douze morceaux du.
[ roême bois, qui eft à raifon 4e quatre morceau?
par anneau au-delà de ce qu’il peut contenir. Ces
morceaux fe nomment les témoins , & compolent
avec le contenu des trois anneaux ,.la voie entière
de bois de compte.
A l’égard du bois d’Andellej on le mefure par
quatre anneaux; & pour les témoins, Io n augmente
feize bûches du pareil bois, qui eft quatre
morceaux par anneau , ce qui rend la voie de bois
d’Andelle co mplette. /
ANNUALES. Efpèçe de myrabolans , quon
nomme autrement emblis. Voye{ myrabolans. :
ANNULLER. ( Cajfer un acte , le rendre de
nulle valeur ). En fait de commerce on annuité un
billet , une lettre-de-change , une vente , un marché
, une» obligation , Scc.
Annuller-. ( Terme de teneur de livrés ). .An-
miller, en fait de parties doubles, fignifie rendre
un article n u l, le mettre en état de n'etre compté
pour tien. _ v ] ,
Pour annuller un article , qui a été mal porte ,
foit fur le journal, foit fur le grand livre , il faut
mettre à la marge , à côté de l’article, un ou plu-
fieurs O ; ou bien, comme font quelques-uns, le
mot de vanas, terme corrompu du Latin, qui
fignifie vain ou nul.
ANONYME. ( Qui n'a point de nom ). En fait
de commerce , on appelle locietés anonymes, celles
qui ne fe font fous aucun nom , & dans lefquelles
chacun des affociés travaille de fon côté, & fous fon
^ 110m particulier; fe rendant compte enfuite les uns
aux 'autres des profits & des pertes qu ils ont faits
dans leui commerce. Ces efpèces de fociétes font
fecrettes , & ne font connues que des affociés.
A NTAL É , que les tarifs des entrées de France
de l’aunée 1664, nomment lapis entalis , mais
dont le véritable nom Latin eft antalium. C eft
un coquillage en forme de tuyau, long d un pouce
& demi, & de la groffeur d’un tuyau de plume ,
creux en dedans, canellé de petites lignes, plus
gros par un bout que par l’autre ; d un blanc tantôt
mat & tantôt verdâtre.
Il y a encore une efpéce Al antalé compofé de
plufietfrs petits tuyaux joints enfemble.
L’un & l’autre antalé fe mettent au nombre des
alkalis ; & les apothicaires les font entrer en cette
qualité dans plufieurs compofitions galéniques.
L'antalé, ou lapis entalis, paye en France cent
fols du cent péfant de droits d'entrée, & les fols
pour livre.
ANTICIPER UN PAYEMENT. ( C'ejlle pré-
maturér, le faire avant fon échéance ).
ANTIDATE ( Date falsifiée & antérieure
à la véritable date ). Dans les affaires de négoce,
les antidates font dangereufes.
que fa fïgnature, il étoit facile de les antidater}
ce qui pouvoit produire de très--grands abus, particulièrement
ANTIDATER. {Mettre une date antérieure’,
dater d’un jour qui précède celui qu’on devroit
naturellement mettre .)
Autrefois qu’on étoit dans le mauvais ufage de
laitier les ordres en blauc au dos des lettres-de-
change , c’eft-à-dire, qu’on ne mettoit Amplement ;
de la part de ceux qui faifoient des-
faillites. •
En effet, ceux qui tomboient dans ce malheur *
& qui avoient des lettres tirées à double ufance ,
ou payables en payement de Lyon, dont l’ordre
étoit en blanc , pouvoient les antidater, & ainfi
les faire recevoir fousdes noms empruntés, o u ïe s
donner en payement à‘ des créanciers qu’ils vonloient
favorifer au préjudice des autres, fans qu’on pûe
en demander le rapport a. la mafle ; parce que la
date de leurs ordres paroiffant fort antérieure- à-
l’ouverture de leurs faillites , l’on ne pouvoit alléguer
qu’ils les euffent négociées dans le- temps qué
avoifinbit leur faillite.-
Le réglement pour le commerce', qui fut fait
en 1673 , a pourvu à ce que l’on ne pût antidater
fi facilement les ordres, en ordonnant par l atti-
cle XXIII du titre V. Que les fignatures au dos
des lettres-de-change ne ferviront que d'endojfe-
ment, & non d'ordre, s'il rfefi daté ,■ & ne
contient le nom de celui qui aura payé la valeur
en argent, marchandifes, on autrement. Et par
l’article X X V I, du même titre , que Von ne pourra
antidater les ordres , à peine de faux*
I ANTIDATÉ. ( Daté faujfement & antérieure-
ment). L ’ordre qui eft au dos de cette lettre-de-
change a été antidaté : cette promeffe, ce compter
eft antidaté, il y a de la faufleté.
ANTIGORIUM. On appelle ainfi Va^ur ?
ou gros émail, dont fe fervent les fayanciers
pour peindre leur j'ayance. Foye^AzuR oü em ail.
ANTIMOINE. ( Minéral qui approche fort
de la nature des métaux , & à qui il femble qu’il,
ne manque que d’être duftile , ou de pouvoir fouf-
frir le marteau , pour en être un véritable. ) Il fee
trouve'dans les mines de toutes fortes de métaux ,
& particulièrement dans celles d’argent & de plomb y
ce qui a fait croire à quelques artiftes , qu’il en?
contenoit tous les principes.
L’antimoine , tel qu’il fe tire de la mine , eft en?
pierre de différentes groffeurs, affez approchant en
figure au plomb minerai, à la réferve qu il eft plus-
; leger & plus dur. Il fe diffout difficilement au feu,
! mais plus aifément dans l’eau.
Autrefois la Hongrie étoit le feul endroit où il
(e trouvoit des minières Al antimoine. On en a>
depuis découvert quantité en F rance, fur-tout en-
Poitou, en Auvergne & en Bretagne.
L’antimoine de Bretagne & de Poitou, eft le
plus eftimé ; & l’on tient que celui d’Auvergne eftr
plus rempli de foufre. Il y a eu néanmoins de
Y antimoine de Hongrie en pain de trois ou quatre
livres, en petites égaillés entrelaffées l’une dans?
l’autre, d’une couleur jaune tirant fur le doré, fur
un fond blanc comme de l’argent, d’une qualité'au-
deffus de tous les autres antimoines ; mais il eft
devenu fi rare, qu’on peut prefque dire qu’on u’eiï
voit plus en France.