
Il y a un article dans l’ordonnance de 167$ ,
qui prefcrit Y affirmation en certains cas pour fait
de lettres ou billets de change : c’eft le XXI. du
titre V. Voici ce qu’il porte : que les lettres ou billets
de change feront réputés acquittés après cinq ans
de ceffation de demande & de pourfuites, à compter
du lendemain de l'échéance > ou du proteft, ou
de la dernière pourfuite. Néanmoins les prétendus
débiteurs feront tenus d'affirmer , s 'ils en fon t
requis, qu'ils ne fo n t plus redevables ; & leurs
veuves, héritiers, ou ayant-caufe, qu'ils efiiment
de bonne fo i* qu'il n'ejl plus rien du.
AFFOIBLIK. (Rendre plus faible» ) Il Ce dit
particulièrement des monnoies| lorfqu’on les altère ,
foit au titre , foit au poids , foit de quelqu’autre
manière que, ce puifle être.
A F F O IB L IS S E M E N T en termes de mon-
noyeurs , fe prend dans toutes les lignifications d’em-
pirance.
AFFORAGE. Droit feigneurial qui fe paye
au feigneur, pour avoir permfifion de vendre du
vin ou autre liqueur, dans fon fief, & fuivant la
taxe réglée par fes officiers.
Afforage fignifîe auffi dans les ordonnances
de la ville de Paris , le p r ix d’une denrée, mis &
fixé par l ’autorité des prévôt des marchands &
échevins. L’ordonnance de \6yz , chap. 9 , porte :
qu'on ne pourra expofer en vente aucuns vins
étrangers , que -le p r ix n'en ait été f ix é par les
échevins , & q u'il n'en f o i t f a i t mention dans
l'acle d'afforage.
Si quelqu’homme raifonnable eut exigé des rédacteurs
de ce réglement qu’ils rendifient compte
de leurs motifs, il les 1 auroit bien embarrafle, Car
enfin le vin qu’on apporte à Paris a un p rix certain,
qui elt compofé 1 °. du taux courant dans le pays d’où il
vient, 2°. des frais & faux frais, 30. du bénéfice
mereantil. Or les officiers municipaux le taxeront
( puifque taxer y a ) ou plus cher, & en ce cas fis font
tort aux parifiens ; ou plus bas, & ils font tort aux
marchands qui n’en rapporteront plus 5 ou tout juffe
à fa- valeur, & en ce caç c’elt peine inutile , car la
libre concurrence l’auroit fait fans eux. La faculté
de taxer qui elt contraire au droit naturel & à la
juftiçe & a la bonne politique, elt un de ces abus
que les lubalternes intérelïes veulent en vain
maintenir pour fe faire une autorité & des revenans
bon. L expérience & la raifon en font fentir les vices
& les lailfent tomber en défuétude. Les échevins de
Paris ne taxent point les vins. •
AFFRETEMENT. ( Terme de commerce de
mer.) Il lignifie la convention faite entre un mar?
çhand & le propriétaire- d’un vailïeau pour le louage
de fon batiment. Ce terme elt particulièrement en
ulage fur 1 océan. Sur la méditerranée , on fe fert
du^mot de nqlijjement, qui lignifie la même chofe
qu affrètement. Il y a dès liéux où l’on donne le
nom de contrat a cetjie convention, Voyez fret &
frettement. 1
AFFRETER, ( T pendre un vaijfeuu à louage. ) Le
maître ou propriétaire du bâtiment frété ou donne â louage , & le marchand chargeur affrété , ou
prend à louage. On affrété ordinairement p tant
par voyage , par mois , ou par tonneau. Voyeç
FRETER.
AFFRETEUR. On donne ce nom à un marchand
, lorfqu’il prend un vailïeau â loyer , pour
faire tranlporter & voiturer des marchandifes d’un
port â l’autre. On dit en ce fens : c’elt un tel marchand
qui elt Y affréteur d’un tel navire, pour faire
entendre, que c’ell lui qui l’a pris à louage.
En France il eff défendu de donner aucun des
navires du roi a fret , que Vaffréteur ne paye
comptant au moins la dixième partie du fre t
dont on efi convenu. Et ce cas eft très-rare. Ce
feroit peut-être un moyen d’exercer la marine royale
en temps de paix que de lui permettre raffretemenc
des vailïeaux ou frégates de guerre.
AFFRONTER. Tromper quelqu’un ; lui vendre
une marchandife pour une autre 5 lui emprunter pour
ne lui pas rendre.
AFFRONTEUR. ( Celui qui trompe , qui
affronte, )
AFFUST. Sorte de chariot étroit & renforcé,
dont on fe fert dans le fervice de l’artillerie , foie
pour en pointer les pièces, foit pour les tranlporter
d’un lieu â un autre. 'L’affût à pointer n’a que
deux roues : celui à tranlporter en a quatre. Il y a
des affûts pour le canon, des affûts pour les mortiers
, des affûts de te rre, des affûts de marine &
quelques autre?/
Toutes ces fortes à’affûts font du nombre des
marchandifes de contrebande , 'dont la fortie eft dé-?
fendue par -oute l’étendue du royaume , terres &
pays du roi de France , à peine de confifcation.
Ordonnance du roi de 1687 , tit. 8 , art. 3 9
Pourquoi ? Ce n’eft pas chofe ailee à deviner. Les
voifîns qui paieraient les affûts en font eux-mêmes.
Ils ont aes canons montés , & le charron François
n’a pas leur argent. Les Chinois ont grande raifon
de dire que nous ri?avons qu'un oeil pour ne voir
qu'à demi. Les auteurs de ces prohibitions en font
Bien la preuve. On voit qu’ils s’arrêtent à la première
idée. Une fécondé réflexion rend abfurdes autant
qu’injuftes tous leurs beaux Réglemens.
AFlOUME. Sorte de lin qui vient du Levant pat
la voie de Marfeille. Voye\ Varticle du lin.
AFRIQUE. ( Commerce d'\\\. fe fait tout entier
par des nations Européennes , les François , les An-
glois, les Hollandois, les Danois , les Efpagnols, les
Portuguais, &c. Voy.les articles Egypte , F rance ,
Angleterre, H ollande , Danemarck , Espagne,
Portugal & Italie,
AFSLAGERS. On nomme ainfi â Amfterdam des
perfonnes établies par les bourguemaîtres , pour
préfider aux ventes publiques qui fe font dans la
! ville, : y recevoir les enchères & faire l’adjudication
des cavelins ou partie de marchandife»
au plus (offrant & dernier enchériffeur. L ’afslfr
ger doit toujours être accompagné d’un clerc de
la fecrétairie pour tenir une note de la vente.
Ces commifïaires fe nomment ^auffi Vendu-
meefier ou maître de la vente , & c eft ainfi qu on
les appelle le plus ordinairement. Voye^ce dernier
article,
A G
AGALLOCHUM. Sorte de bois qu’on apporte
des Indes orientales., qui eft une des efpèces de
bois d’alôës , que vendent les-'marchands épiciers
droguiftes de Paris. Il eft marqueté de diverfes couleurs
, odorant & a quelque acremonie. pour le
goût. Sa fubftance trop compacte le rend difficile a
briller ; mais quand on le met au feu , il en fort
beaucoup de fuc qu’on croit fouverain^ pour les
maladies du coeur ; en-forte qu’on le met du nombre
des meilleurs cardiaques. Il a une écôre mince &
maniable , qu’on pourroit plutôt appeller une peau
qu’une écorce. Il eft rare qu’on en voie en France
de gros morceaux, n’y venant guères qu’en petites
pièces.
AGARIC. Excroiftance , qui naît comme un potiron
ou comme un champignon , fur le tronc &
fur les girofles branches de différens arbres , particulièrement
furlemelaife ou larix, ou fur quelques
efpèces de chênes, lorfqu’ils font vieux & fur leur
retour.
Il y a de trois fortes d'agaric ; le mâle , Y agaric
femelle , & celui qu’on appelle agaric fa u x .
L’agaric mas le , nommé autrement p agaric
commun ou péfant, eft de couleur tirant fiir le jaune,
& allez compaéte. Il s’emploie ordinairement pour
teindre en noir ; & on le met au nombre des drogues
non colorantes , dont les teinturiers du grand &
bon teint doivent fe fervir. O n l’appelle drogue non
-colorante, parce qu’elle ne peut d’elle-même produire
ni former aucune couleur, à moins qu’elle ne
foit mêlée avec d’autres ingrédiens.
L’aGaric femelle eft le plus eftimé , parce
qu’il a beaucoup d’iifage dans la médecine. Pour être
bon , il faut qu’il foit blanc , grand, leger, friable ou
facile à mettre en poudre , d’un goût amer, & d’une
odeur vive & pénétrante.
L’agaric faux, ou agariêfyde chêne, eft celui
qui fe recueille fur ces fortes d’arbres. Il eft ordinairement
rougeâtre & fort péfant. On l’eftime très-
peu ; 8c c’eft apparemment ce qui lui a fait donner
le nom d’agaric faux. Les droguiftes ne regardent
comme véritables, que ceux qui fe recueillent fur
les melaifes.
L'agaric fe tire de différens endroits. L e meilleur
vient du Levatît ; & ceux qui viennent de Savoie
& de Dauphiné , font moins eftimés. La Hollande
en fournit auffi , & c’eft le moindre de tous , à
caufe qu’il eft râpé 6c blanchi par-deffiis avec de la
xraye. ■ --’3
La plupart de Y agaric qui vient du Levant, fe
tire par^ Smyrne, où on l’envoie de Dadalié , ville
qui eft a plus de quinze journées. On en peut açh.£-
Commercef Tome h
ter Année commune jufqu’à cinq cent ocos. ïT vient
en caillé d’environ foixante ocos. *
L'agaric eft ou brut , ou mondé , ou en try*
chifque.
Le brut, eft celui qui eft tel que l’on le tire de
delfiis l’arbre ,. fans avoir eu d’autre façon que celle
qu’il a reçue de la nature.
Le mondé, eft celui qui étant purgé & nettoyé
de fes impuretés .& imperfections , eft en. état d’être
employé,
 l’égard de Y agaric , qu’on nomme troc hif *
que , c’eft ordinairement de Y agaric femelle réduie
en poudre très-déliée , incorporée avec quelque liqueur
& mife en îiialfe, dont on fait de petits pains
; de diverfes figures & grolfeürs , qu’on fait fécher a
l’air & à l’ombre , & fans l’approcher du feu.
Il y a encore une autre forte d'agaric que l’on
nomme agaric minéral. C’eft une certaine pierre
qui fe trouve dans les fentes des rochers en divers
endroits d’Allemagne. Cette pierre eft très-blanche j
auffi rappelle-t-on la it de lune : on lui donne encore
le nom de moele de pierre , ou lithomagra 9
& d’autres l’appellent ffenomagia. On prétend que
la calcination de cette pierre fe fait par la vapeur
des métaux cachés dans le fein des rochers où elle fe
trouve. Cet agaric n’a guères d’ufage que pour la
médecine.
L'agaric fin ne payoit en France des droits
d'entrée que fep t livres dix fo ls le cent péfant 9
& le gros feulement trois livres , par le 'ta r if de 166/1, mais depuis i l a été mis par Varrêt du
confeil d'état du roi du 1 5 août 1685 , du nombre
des marchandifes venant du Levant, Barba-,
rie & autres pays & terres de la domination du
grand - feigneur , du roi de Ferfe , & d'Italie ,
fu r lefquelles.il doit être levé vingt pour cent de
leur valeur & les nouveaux fo ls pour livre•
AGATE. Pierre précieufe qui a différens noms
faivant fes diverfes couleurs. Il y a des agates tranft
parentes , d’autres opaques , & quelques-unes partie
tranfparentes & partie opaques.
Les agates qu’on nomme fa r do irie s , font rouges 5
les plus eftimées ont une petite teinture couleur
de chair mêlée de brun ; les moindres font celles donc
le rouge tire fur le jaune.
Les onix que l’académie Françoife appelle
onyces , font toutes opaques, de couleur blanchâtre
& noire.
Les fardonix tiennent de l’onix & de la fardoine.
Cette dernière efpèce à'agate eft la plus précieufe
de toutes.
Il y a encore Y agate calcédoine, autrement chai-
cedoine ou calcidoine , Y agate d’Egypte , Y agate
Romaine & Yagate facrée ou de Candie , dont parlent
quelques anciens. Cette dernière qui ne fe voit
plus préfentement, étojt rouge comme du corail, &
mouchetée d’or.
L ’agate eft une des pierres précieufes à laquelle
les anciens ont attribué le plus de propriétés occultes
& miraculeufeSf PJine en a rçynpli tout un chapitre;