
ne s’évapore, il faut le mettre dans du fon ou dans
de la graine de lin. -
On tire du camphre > par le fecours de l’efprit de
nitre, une forte d’huile couleur d’ambre , forteftimée
poür la guérifon de la carie des os. Si le le&eur eft
curieux de fçavoir quelque chofe de plus, touchant
cette efpèce d’huile, il peut avoir recours à l’ouvrage
de M. Lemery, l’on prétend que c’eft l’un
de ceux qui en a le mieux traité.
« Le camphre , par le tarif de 1664 , paye en
» France les droits d’entrée fur le pied de 15 liv. le
» cent pefant ».
« Et par le tarif de la douane de L y o n , 5 liv.
» 12 fols 6 den. pour l’ancien droit, & 17 fols
» 6 den. pour la. nouyelle réapréciation, & encore
» 16 fois pour les quatre pour cent d’ancienne
» impofition, avec les nouveaux fols pour livre ».
Commerce du camphre à Amsterdam,
Quand le camphre rafiné fe vend à Amfterdam,
on le tare au poids : les dédu&ions font de deux
pour cent pour le bon poids, d’un pour cent
pour le prompt paiement.
CAMPO, ou PETIT CAMPO. Laine d’Efpa-
gne , qui vient de Sevijle & de Malaga.
CANABASSETE. Etoffe dont il eft fait mention
dans le tarif de la douane de Lyon de 1632. Il y
en a de deux fortes, les unes fans £oie, & les autres
rayées de foie,
« Les canabajfetes rayées de foie payent 10 f. par
» pièce pour l’ancien droit, & 3 f. pour la nouvelle
» réapréciation ; & les canabajfetes fans foie 4 f. 6 d.
» de la pièce, anciennement taxés,& 1 f. 6 d. de réa-
» prédation, le tout avec les nouveaux f. pour 1. »
CANÀDOR. Mefure des liquides de Portugal,
dont les douze font un almonde, qui eft une autre
mefure dumêmepays. Le çanadorrevient au mingle,
ou bouteille d’Amfterdam. V. mingle & almonde,
CANAL, Conduit artificiel, qu’on creufe dans
es terres, pour faire communiquer des mers ou
des rivières les unes aux autres, & par là faciliter
le commerce & abréger le tranfport des marchan-
difes : ouvrage dont l’utilité ne peut s’appréçier,
& qu’on néglige depuis des fiècles pour dépenfer
mille fois plus en guerres méurtrières.
La France a plufieurs de ces canaux, entr’autres
le canal de Montargis, le canal d*Orléans, le
canal de Briare & le canal de Languedoc 1 ces
trois derniers font les plus célèbres, & feront les
feuls dont on parlera ic i, à la réferve néanmoins
du canal de Paris , projetté en 1722 , & du non-'
veau canal de Picardie proppfé en 1724, pour la
jonétion des rivières de Somme & d’Oife , dont
nous donnerons çi-après le projet & la route, ainfi
que les lettres-patentes, le tarif & autres pièces
concernant ledit c(inalr
C a n a l p e B r i a r e , -
Ce canal a été entrepris pour communiquer de
la rivière de Loire à la rivière dç Seine, par le
moyen du Loing.
Il avoit été commencé fous le régne d’Henri IV,
& fut achevé fous celui de Louis X I I I , par les
foins du cardinal de Richelieu. Il a onze grandes
lieues de longueur, à le prendre depuis Briare
jufqu’à Montargis. C’eft au-defious de Briare qu’il
entre dans la Loire , de-là il remonte vers le nord
par Ouzouer, côtoyant la rivière de Trozée j il
continue enfuite par Rogny, par Châtillon & par
Montargis, 8c. finit dans la rivière du Loing à
Efpoy, par le moyen de laquelle les bateaux fe
rendent dans la rivière de Seine , demi-lieue au-
deffous de Mpret, où le Loing fe décharge.
Les eaux du canal font foutenues par quarante-
deux éclufes : c’eft par le moyen de ces éclu-
fes , que les trains de bois ou les bateaux montent
ou defeendent dans le canal avec une fureté & une
facilité extraordinaire.
Les bateaux & les trains qui vont de Loire en
Seine ou de Seine en Loire, font d’une largeur &
j d’une longueur proportionnée aux éclufes , dans
! lefquelles ils doivent entrer pour monter ou def-
cendre. Ce canal eft d’une grande commodité pour
la communication des provinces fîtuées fur la Loire
avec Paris & les provinces voifines de la Seine ; &
l’on ne peut dire combien de marchandifes y panent
fans ceue. Quand les chaleurs font grandes , il n’eft
pas navigable depuis la fin de juillet jufqu’à la
T duflaints.
Pour l’entretien du canal & de fes éclufes, aufti-
bien que pour le rembourfement des propriétaires
qui en ont fait les avances , ou plutôt de leurs heritiers
, il y a un droit de péage qui s’acquitte à
chaque éclufe fuivant la pancarte qui eft attachée
au bureau où fe paye ce droit. Lorfque pour, les
befoins de l’état on double ou l’on tierce les péages,
cette augmentation appartient au ro i, qui ordinairement
les donne à ferme.
C a n a î - p é L a n g u e d o c ,
ou
C a n a l d e s d e u x m e r s .
Ce canal avoit été propofé fous François I. la
propofition en fut depuis renouveilée fous Henri IV
& fous Louis XIII j mais il ne fut entrepris & achevé
que fous le régne de Louis XIV.
L’utilité en eft confidérable pour tout le royaume
, & principalement pouf deux de fes plus fertiles
provinces , la Guyenne & 1- Languedoc , qui
envoÿent aujourd’hui leurs marchandifes & leurs
denrées par une voie courte & fùre , au lieu qu’au-
paravant il falloit prendre un détour de huit cent
lieues avec tous les rifques qu’on a coutume de
courir fur mer , foit du côté des vents , foit de celui
des corfaires,
Cette communication commence par un refervoir
de quatre mille pas de circonférence & de quatre-
vingt pieds de profondeur , qui reçoit les eaux de
la montagne Noire. Elles defeendent a Nauroufe
, dans un baftin de 300 toifes de longueur & de 150
de làrgéur tout revêtu de- pierres de taille. La eft
le peint de partage pour diftribuer les eaux à droite
& à gauche , dans un canal de foixante & quatre
lieues de long, où fë jettent plufieurs petites rivières
• foutenues d'efpace en efpace de cent quatre eclufes.
• Celles qui font le plus bel effet, font les huit qu’on
yoit près de Beziers , qui font comme une cafcade
d’éclufes dé cent cinquante-fix toifes de longueur
fur onze toifes de pence.
Ce canal en quelques endroits, eft conduit fur
des aqueducs & fur des ponts' d’une hauteur incroyable
qu’on a fait exprès , pour donner pafïage
par-deflbus à d’autres rivières.' Mais ce qu’il y a de
plus étonnant , c’eft qu’en d’autres endroits on l’a
taillé tantôt à découvert. & tantôt en voûte plus de
mille pas dans le roc. D’un bout il fe joint à la
Garonne près de Touloufe, & de l’autre bout tra-
verfant deux fois l’Aude , il paffe entre Agde &
Beziers, & va finir.au grand lac de Tau qui s’étend
juftqu’au port de Cette.
Cet ouvrage comparable à tout ce que les Romains
ont fait de plus,grand, fut commencé en 1666
par M. Riquet, qui eut' l’avantage de le finir avant
fa .mort , qui arriva au commencement doétobre
i<580; Ses enfans, meilleurs de Bonrepos maître des
requêtes, & Caraman capitaine aux gardes , & fes
deux gendres nieffieurs de- Grammont baron de
Lanta , & Combreuil tréforier de France à Tou-
loufe , y donnèrent la dernière main.
• Il en a coûté treize millions pour achever cet
admirable canal, dont le roi a donné fix millions
neuf cent vingt mille huit cent dix-hui^ivres, &
la province de Languedoc fix millionPmixante &
dix-neuf mille quatre-vingt deux livres , y compris
la dépenfe du port de Cette montant à deux millions.
Ce qu’on a dit ci-deffus des péages .du canal.
de Briare, doit s’appliquer à proportion à celui
de. Languedoc : il faut feulement obferver que ce
droit eft de quatre deniers par lieue pour chaque
quintal poids de marc, fur quelqu’efpèce de mar-
chandifes que ce foit $ & pour éviter toute con-
teftation , il y a des tarifs qui fixent le nombre
des lieues qu’iî y a d’un port à l’autre par eau.
Les droits qui fe perçoivent für le ca n a l, furent
donnés par le roi à M. Riquet ; & fa famille
en jouit préfentement. Pendant la paix , on les
eftime année commune , foixante mille livres ; mais
pendant" les longues guerres du régne de Louis
X IV , il y a eu des années que la recette a monté
jufqu’à cinquante mille écus ,*■ à caufe des armées
que nous avions en Catalogne.
La commodité de ce canal en avoit fait pro-
pofer un autre pour la communication de la mer
de Provençe vers les côtes de Normandie , ce qu’on
prétendoit faire en joignant la rivière d’Ouche avec
celle d’Armanfon vers Gros - Bois , d’où elles ne
font éloignées que de trois .lieues j en forte que
par cette feule jonction , on pourroit traverfer toute
la France par le Rhône , la Saône , l’Ouche
l’Armanfon, J’Yonne & la Seinç,
Commerce» Tome L
Depuis que le canal des deux mers eut été achevé
, comme on vient de le dire , l’on ptopôfa de
faire un fécond réfervoir d’eau plus grand que celui
de Fériol, d’élargir le c a n a l, & d’aggrandir
toutes les éclufes ; en forte que les galères y puif-
fent e n t r e r p a l i e r ainfi plus commodément de
la mer du Levant dans celle du Ponant, félon
qu’il feroit néceffaire pour le fervice du Roi 3
mais l’entreprife ayant paru trop grande & d’une
trop grande dépenfe, on a cru plus à propos de
laiüèr le canal dans l’état où il fe trouve- préfentement.
C a n a l d ’ O r l é _a n s.
Quoique ce canal ne pafie point à Orléans , il
en a cependant pris fon nom , parce qu’il n’en eft
pas éloigné , & qu’il commence au bourg de Corn-
bleux qui n’en eft qu’à une petite lieue.
Il a été entrepris vers l’année 1Û75 , pour faire
palier les bateaux & les marchandifes de Seine en
Loire, & de Loire en Seine. Ce qui avoit aufli été
le deflein de celui de Briarey dont on vient de parler
j mais celui d’Orléans eft plus court, & dans un
cerrein plus uni : par compenfation on a éprouvé
que dans les années féches , les eaux étoient plus
abondantes dans le canal de Briare que dans celui
d’Orléans.
Ce dernier remonte de Combleux aux Pont-aux>
Moines, & traverfe la forêt d’Orléans par les villages
de Fay , Vitry , Sucy aux j Bois Beauchamps &
Chailly * d’où il fe rend comme- le canal de Briare
dans le Loing au village de l’Efpoy 5 laquelle rivière
de Loing fe décharge dans la Seine , au-deftous de
Moret.
Il y a vingt éclufes dans le canal d’Orléans ,‘ où
l’on lève à peu près les mêmes droits que fur celui
de Briare, Le pafïage par l’un ou l’autre ca n a l,
femble être plus ou moins fréqtünçé fuivant les
tems de guerre ou de paix , la paix augmentait
celui de Briare, & la guerre celui d’Orléans y ce
qui peut aller pour les droits environ, à un tiers
en fus. ,
Pour la communication des paroiffes ^ par le fquelles
le canal d’Orléans a fon cours , il y a divers
ponts de bois où l’on ne prend aucun péage ,
S. A. R. Monfîeur A frere unique de Louis XI V ,
qui l’a fait continuer & prefque achever , en ayant
déchargé le publie.
Ce canal avoit d’abord été entrepris & commencé
par une compagnie de particuliers , qui ea
avoient obtenu des lettres patentes j mais cette
compagnie céda dans la fuite fes droits à fadite
A, R. a la charge de le pouffer à fa perfection, &
de leur en accorder la jouiffanee pendant dix ans
du jour qu’il feroit fini, & de leur payer après les
dix années cent mille écus comptant.
C’eft Philippe d’Orléans, régent de France fous
la minorité de 'Louis XV , qui a fait achever oc