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partout. On en fait des envois confidérables , &
cette ville en approvifionne une grande partie de
l’Europe. Cette fabrique emploie beaucoup d’enfans
depuis I âge de 7 à 8 ans jnfqu’à 12. Ils peuvent
feuls palmer les aiguilles , c’elt-à-dire en applatir
un bout & enfuite le percer , ouvrage qui exige une
vue fine.
Il n’y a guère de pays ou l’on 'trouve dans un
territoire aufli borné que celui d’Aix-la-Chapelle.
autant de fabriques & manufactures de draps. Un
négociant que fes affaires avoit conduit dans ce
pays , y ayant demeuré .allez long-temps pour en
acquérir une parfaire connoifïancë , a bien voulu
nous communiquer un précis des obfervations qu’il
a faites concernant les fabriques ^A ix -la -C h a pelle
& de fes environs : nous l’avons trouvé fi
intéreffànt & fi digne de la curiofité de nos. leCteurs,
que nous nous faifons un devoir de le placer ici.
» On eftirne qu’à Aix-la-Chapelle , Borçette
8c Vaels, il fe fabrique annuellement quinze mille
pièces de d rap, de 130 aunes du pays de long-
les unes dans les autres , au fortir du métier , &
de ~ de large. NB. Perfonne n’eft cenfé ignorer que
la pièce de drap de 130 aunes de long au fortir du
métier fe retire beaucoup à la teinture , au foulon
& dans les autreé procédés fubfëquens, au point
même qu’on a lieu d’être très-fatisfait lorfquelle
donne en dernière analyfe 90 à 109 aunes. 11 faut
5-d’A ix - la -C h a p e lle pour faire de Paris. On
compte qu’à Vervier, Hodimont, Eavivai & Fran-
. comont A fe fabrique annuellement une égale quantité
de quinze mille pièces de draps, des .mêmes
largeurs & longueurs ; cinq mille à Mont jo ie 8c
Emgenbruch , & • dix mille à Eupen 8c D ijo n .
D’après- ce calcul , les fabriques de ces quartiers
produifent annuellement quarante-cinq mille pièces
de drap , q u i , au prix de 415 florins les unes dans
les autres, donnent 18675000 florins. Il faut 150 ifc
de laine à-peu-près pour une pièce de drap 5 ainfî
une balle de 12 ar robes ou 3 00 ib fuffit pour deux
pièces. La confommation des laines d’Efpagne , de
Portugal, de la Pouille & de la Remanie s’élève
dans les fabriques Al Aix-la-Chapelle , &c.
d 7500 balles de 300 tk pour Aix-la-Chapelle
, Borçette & Vaels.
7500 dites, pour Vervier, Hodimont, Enzi-
val & Francomont.
5000 dites, pour Eupen & Difon, &
2500 dites y Monjoie & Emgenbruch.
font 22500 balles de 3 00fe chacune , ce qui feroit
environ 30000 balles de 8 arrobes de
200 fe chacune, telles qu’elles s’embarquent
à Bilbao. De ces 22500 balles
. de'300 fe , il en va
goooo Balles ou environ à Amfterdam , où
les fabricans les font acheter.
£0000 dites p leur viennent directement !
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d’Efpagne par la voie d’Oftende , dont
7000 de Seville & 3000 de Bilbao.
1500 dites, de Portugal, de la Pouille &
de la Romanie , par diverfes voies.
J ’évalue cès 22500 balles de laine de 300 As
chacune, à environ 9000000 de florins , ce qui ne
fait que la moitié à-peu-près du montant des draps.
Il faut conféquemment que la teinture , la main
d’oeuvre & le bénéfice du fabricant emportent le
refie. a
Nous ajouterons à ce tableau de l’état des fabriques
d'Aix-la-Chapelle & fes environs , que l’on y fait
des draps non-feulement de d’aune de large ,
mais aufïï de | ainfi que de ~ : cette' dernière forte
n’a au vrai que 2 aunes , quoiqu’elle fe vende
pour jO U 2 ^ aunes. Les prix varient donc nécef-
fairement, tant en raifons des largeurs différentes
des draps , que de leurs qualités , de leurs couleurs
& de la manière que celles-ci fe donnent, c’eft-à-
dir.e fi les draps font fabriqués avec de la laine colorée
, ou s’ils font teints en pièce. On fuit prefque
^généralement cette dernière méthode dans les fabriques
d’Aix-la-Chapelle, Bortjcheidt ou Borçette
& Vaels j au contraire , dans celles de Monjoie,-
Eupen , Vervier & Hodimont, l’on fabrique la plus
grande partie des draps avec de la laine déjà teinte.
On fabrique à Monjoie trois qualités de draps de
•— aunes de large en couleurs communes : la première
forte fe paye 6 florins, la fécondé 5^ fl. &
la troifième 5 florins, argent courant de Hollande.
Les couleurs fines fe payent quelque chofe de plus
à-peu-près comme fuit 3
30 à 35 fols l’aune pour l’écarlate , cramoifi &
prune monjieur , bon teint.
20 à 22 dits, dite, p our'la couleur dite capucine.
15 à 17 dits, dite, pour la jujube ou le bleu
de roi.
8 à 9 _dits, dite, pour le puce bon teint.
6 à 7 dits, dite, pour le verd de Saxe.
Les draps fabriqués à Vervier, Hodimont, &c.
de | de large valent communément fl. 4^ la pièce,
& ceux de ou plutôt de 2-| aunes , 5 & 5 f fl. On
y fabrique en outre des draps de | qui valent, fui-
vant leur qualité , depuis 40 jufqu à 70 fols , argent
courant de Hollande : ces draps font en plus grande
partie deftinés pour les foires de Leipzig , Francfort
fur Meyn & d’autres villes d1Allemagne, où il s’en fait
un très-grand débit. Au refte, dans les prix ci-defîus
font compris tous les frais de tranfport jüfqu’à Amfterdam.
Ces frais font fiipportés par .les fabricans.
D o r tm u n d , ville libre & impériale , fituée dans
le comté de la Marck, dans le cercle de Weflpha-
l i e , fait un bon commerce en bleds & en toiles.
§. V- Bohême? Moravie, Siléjie & Luface•
Les pays, qui ne font pas dans les cercles de
l’empire, 5c qui néanm oins font partie de Y Allemagne?
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font : le royaume de Bohême , H Moravie, la
Siléjie 8c la Luface ; il nous refte à en décrire le
commerce , 8c nous le ferons d’une maniéré fuccinCte.
Le royaume de Bohême eft fertile^ en feigle ,
froment, orge, millet & pois. Il y croit une quantité
prodigieufe de houblon , qui eft d une Bonte
parfaite , & dont on fait commerce dans différentes
parties de l’Europe , tant pour braffer la bière que
pour d’autres ’ ufages. Il y croît du vin en allez
grande quantité , du rouge principalement , mais
d’une. médiocre qualité. Outre beaucoup de mines
d’or y d’argent & autres métaux, la Bohême poffede
des mines de pierres précieufes de toutes les efpèces.
La richefle du terrein n’empêche pas les habitans
d’être fort induftrieux. Les verreries de Bohême
font fort célébrés , entr’autfes celles de Kreibitz,
Grunfvalde, Chemnitz, Herrolecz & Winterbourg.
Ori y fait de très-beaux ouvrages. Les Bohémiens
fçavent tailler & polir le verre de craie avec tant
d’art , qu’on le préféré à tous les autres verres ; on
en envoie dans la plupart des états ' de l’Europe 8c
jufqu’en Amérique. Les lames d’épées & de couteaux
de Pardubitz font fort eftimées y 8c l’on fait
beaucoup de cas de la poterie de Leipa&de Beraun.
Un objet qui ne mérite pas moins d’attention, ce
font les draps fins qui fe font en Bohême , particulièrement
à Leypa, à Neuhaus & à Reichenbach.
On peut mettre aufli au nombre des fabriques de
ce royaume les moulins à poudre & les papeteries,
qu’on y trouve en grande quantité.
P rague , capitale de la Bohême, eft une des
plus grandes villes de l’Europe y elle eft fituée fur
la Muldaw entre des collines couvertes de vignes.
C’eft dans cette ville que fe trouvent pour ainfi
dire concentrés le commerce & les richeffes de la
Bohême. Une des principales fabriques qu’011 y
• trouve eft celle où l’on apprête les cuirs de vache ,
qui différent peu du rougi ou cuir de Mofcovie*
Prague a le droit de tenir par an fix foires que les
marchands des grandes villes S Allemagne fréquentent
beaucoup. Elle fait aufli un aflez grand négoce
de change.
L a S i l é s i e eft un beau pays & très - bien peuplé 5
■ il feroit difficile d’en trouver un qui fournifle plus
copieufement au befoin de fes habitans. Il produit
du feigle, de l’orge & de l’avoine en quantité, de
même que des pois , du millet, des raves , du bled
de Turquie ; enfin , du lin & du chanvre dont les
habitans tirent de grands avantages , ces productions
leur procurant en abondance du fil, des toiles j
& de l’huile de lin. La garance qui y fut apportée
en 1541 , ne leur .rapporte guère moins
de profit j ils la cultivent principalement dans les
campagnes de Breflau , de Liegnitz , d’Ohlait&de
Sthrelitz y non-feulement ils en font ufage pour la
teinture de leurs draps & autres étoffes ; mais ils en
envoient beaucoup en Hollande , en Saxe , en Pologne
& en Italie. Les Siléfîens font aufli un grand
commerce de fer en barres, de cire 8c autres productions
de leur pays.
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La beauté du lin qui croît en Siléjie, étant la
principale fource de la richefle du pays, la plus
grande partie du peuple s’eft attachée au filage*
De-là font venus le grand nombre de manufactures
de fils de toutes les fortes, & la quantité prodigieufe
de fabriques de toiles de lin & de linon qui fleurifient
aujourd’hui en Siléjie, plus qu’en tout autre endroit.
Les principales fabriques de toiles font dans
les cercles des montagnes, où il y a des villages
entiers qui ne font habités que par des tifferans. La-
.majeure partie des toiles qu ils font, féblanchit dans
ce qu’on appelle les villes des montagnes, où fe
trouvent les plus belles brancliifieries qu’on puiffe
voir. Outre ces fabriques de toile, la Siléjie a , par
le moyen de fes brebis , de quoi fournir a 1 entretien;
de diverfes manufactures de laine. Les fabriques de
I drap fe font tellement multipliées en Siléjie , qu’il
s’en trouve dans prefque toutes les villes. De plus r
il y a dans plusieurs endroits , comme a Breflau
Oels, &c. des fabriques d’étoffes de toute efpèce^
de bas , de maroquins, de cuirs à femelles , de cuira
à la livre; de peaux de veau apprêtées à la manière
Angloife ; de verres ; d’ouvrages d’acier , imitant
ceux d’Angleterre, & divers autres objets d®
commerce dont le détail feroit trop long.
Breslau- , capitale d’une principauté du même
nom dans le duché de Siléjie, eft fituée fur le rivage
gauche de Y Oder? près de l’e-ndroit où ce. fleuve
va fe joindre à YOhlau. Cette ville eft le centre du
commerce de toute la Siléjie. Les marchands de
Brejlau font leur plus grand commerce avec les Allemands
& les Polonois , dont ils font commiflion-
naiçes : ils font divifés en deux claffes ; dans la
première, font les négocians- & les marchands,en
gros , & dans la fécondé-, les marchands dé tailleurs.
On peut divifer le commerce de Brejlau en cinq
branches principales, fçavoir: i°. le commerce dess
laines , dont la vente fe fait a deux foires tenues èrr
cette ville , l’une le lundi avant la Pentecote ; on y
vend la laine, d’hiver: l’au-re, le lundi avant la
S. Michel; on vend dans celle-ci la laine dete ;
20. le commerce de toiles fines de lin, de toiles a
voiles & d’étoffes de toute* efpèce , fabriquées à
Brejlau ; 30. le commerce de draps ; 40. le commerce
de garance ; & 5 °. celui de fil de lin. On
tient à Brejlau, depuis l’année T7 4 1 > deux grandes
foires dont l’une eft fixée au lundi après le
4e. dimanche de carême , & l’autre le lundi avant
la nativité de la Vierge ; elles ne durent que huit
jours chacune. La population, les manufactures 8c
le commerce de la Siléjie, diminuent tous les, jours
par des caufes peu difficiles à découvrir.
L a L usace , en Allemand Lautji{.? fe ^divile
en haute 8c, baffe ; elle eft fertile en grains de
toute forte, fpécialement en feigle, en lin & en
1tabac. Elle produit aufli beaucoup d autres denrees 8c marchandifes, mais en moindre quantité. La
principale fource de fes richeffes eft dans les fabriques
& manufactures ; les draps 8c toiles de toutes
lès fortes, qui fortent des manufactures; les autre»
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