
3<s A I G
ils Te fourniftent à leur paffage dans les Pyrénées.
Il y a une forte de bois précieux, que l’on nomme
bois d’aigle. Voyeç a loés & aspalathe.
AIGOCERAS, ou corne de boeuf. C’eft la plante
que Ton connoît en France fous le nom de femgré
ou f nugré»
Cette plante croît en plufîeurs provinces du
royaume , & on la cultive en quelques endroits des
environs de Paris. Voye? fenugré.
Le fenegré paie en France des droits de fortie
hors du royaume huit fols du cent pefant, 6’ dix
fols de droits dy entrée avec les fols pour livre.
AIGREFIN ou EGELFIN. Sorte de poiffon de
m e r, affez femblable au merlan, mais plus long,
plus gros , plus ferme & de meilleur g o û t, ayant
une ligne noire depuis la tête jufqu’à la queue. Il
s'en pêche beaucoup fur les côtes d’Ecoflê. On le
mange frais ; & pour le garder on le fale, & l’on le
fait fumer & fécher à la cheminée. Le négoce de
ce poiflbn eft peu confîdérable en France, a caufe de
la gabelle , & prefque toute la confommation s'en-
fait fur les côtes où il fe pêche.
AIGRETTE. Oifeau qui porte fur fa tête une
plume fort blanche, fort fine & • fort haute ; - c’eft
une efpèce dé héron.
C’eft des plumes de cet oifeau que l’on fait ces
belles panaches , dont les nations qui fe couvrent la
tête de turbans ou de bonnets > comme les Turcs ,
les Perfes & les Polonois, ont coutume de les orner,
& qu’ils y attachent avec de riches bouquets de
pierreries. En France, on en pare J e haut des capelines
pour les tournois & pour les théâtres : on en
met aufli fur les bouquets de plumes des dais & des
plus beaux lits,
La plupart des plumes $ aigrette font apportées
en France du Levant par la voie de Marfeiiie. On
les contrefait avec un art merveilleux par le moyen
de l’émail tiré à la lampe en filets très-déliés. Voye{
-3SMÀTL.
AIGUEMAR1NE. Pierre précieufe qui fe trouve
le long de quelques côtes de la mer Océane. Elle
eft d’un allez beau verd de mer, qu’on croit qu’elle
acquiert à force d’être battue du flux & reflux qui
la roule fur le fable. Elle n’eft guères moins dure
que Famétifte orientale.
A IG U IL L E ou É G U IL L E . Petit morceau
d’acier poli & délié, pointu par un bout, & percé
de l’autre, qui fert à coudre , à broder, à faire de
la tapifièriô, du point, &c.
- Les aiguilles tiennent un rang affez çonfîdérable
dans le négoce de la mercerie, & dans celui des
maîtres aiguiiliers-alefniers. Il s’cn fait une confommation
& un débit très-grand dans Paris, & de fort
gros envois dans toutes les provinces de France,
même dans quelques pays étrangers, g
Les lieux du royaume où il fe fabrique le plus
.{{’aiguilles y font Paris, Rouen & Evreux. Il s’en
tire néanmoins une quantité prodigieufe d’Allemagne
, particulièrement d’Aix-la-Chapelle , par la
ypip de Liège, d’où elles font envoyées par gros
A I G
paquets quarrés, longs & couverts d'une forte toiles
Chaque paquet contient, pour l’ordinaire , cio-,
quante milliers d’aiguilles de différentes qualités &
groffeurs , y en ayant depuis n°. i qui font les plus
groffes, jufqu’à n°. zz qui font les plus petites & les
plus fines; leur degré de fin elfe augmentant ainfi imperceptiblement
dépuis le prem. n°. jufqn’au dernier*
Chaque paquet d’aiguilles de cinquante milliers
eft compofé de treize plus petits paquets ; feavoir ,
douze de quatre milliers, & un de deux milliers. Le
paquet de quatre milliers contient quatre paquets
d’un milier , & le paquet d’un millier quatre paquets
de deux cent cinquante aiguilles. Sur chacun de ces
différais paquets eft imprimé le nom & la marque de
l’ouvrier, avec le n°. des aiguilles & le nombre qui
y eft, renfermé. Tous font en papier blanc , à l’exception
des paquets de deux cent cinquante , dont le
papier eft d’un gros bleu turquin très-fort.
Les treize plus gros paquets, qui compofent les
cinquante milliers , font tous enfemble empaquetés
dans de gros papier blanc , en fix ou fept doubles ,
bien entouré de ficelle, couvert par-deflus de deux
veflies de cochon , auffi bien Scellées, & par-deflus
le tout eft la grofîe toile bife, qui fert comme
d’emballage au gros paquet. Enfin , fur cette toile
eft marqué avec de l’encre les différens numéros des
aiguilles qui y font.
On prend toutes ces précautions à bien empaqueter
! les aiguilles , à caufe . du poliment, qui eft très-
fujet à fe gâter par la rouille , ce qui les met absolument
hors d’état de vente.
Quoique les aiguilles foient diftinguées par numéros
, on ne laiffe pas de leur donner .encore des
noms particuliers , qui ont du rapport aux ouvrier
ou artifans qui s’en fervent, ou aux chofes à quoi
elles peuvent être propres, dont voici les principaux.
Aiguilles a ’ tailleur, dans lefquelles font
comprifes les aiguilles à bouton ou à galon, les
aiguilles à boutonnières , les aiguilles à coudre ou.
àfrabattre & les aiguilles à retitrer.
Aiguilles a brodeur , qui renferment les
aiguilles à pafler l’or & l’argent; les aiguilles â
foie, à lifîère ou à enlever ; les aiguilles à frifure ,
ou à pafler du bouillon , qui fervent aufli aux bou-
tonniers. Aiguilles à faire du point; aiguilles à
tapifferie ; aiguilles à perruques , &c,
Il y a encore de certaines aiguilles que l’on appelle
pajfe grojfe ou pajfe très-grojfe , qui ne font
d’auçun numéro. On les nomme ainfi, à caufe
' u’elles excèdent de beaucoup la groffeur de celles
u premier numéro. Il s’en confomme peu de cette
dernière efpèce.
Les aiguilles de Rouen font les moins eftimées
de toutes , n’étant pour la plupart fabriquées qu’avec
une forte de fer rafiné , que l’on appelle du petit
ac ier , qui n’a prefque pas de réfiftance ; au lieu
que celles des autres ‘fabriques Lojnc ordinairement
faites de pitr acier le plus fin ; cequi fait qu’elles
caftent plutôt que de plier, & que les pointes en
A I G
ïbnt plus piquantes. Les aiguilles de "Rôilên ônt j|
cependant affez de reffemblance pour la façon a
celles de Paris & d’Evreux ; ayant comme elles, la
tête longue , la canelle bien faite , & la p jg ig
évidéç ; ce qui ne fe rencontre pas dans celles d Allemagne
, dont la tête eft plus courte, la canelle
moins bien faite & la pointe plus groflière , quoique
mieux polies. ,
Les aiguilles payent les droits d’ entrée & de
fortie du royaume, & des provinces réputées étrangères
y comme mercerie y à raifon de quatre livrés
du cent péfant pour Ventrée , & de trois livres
pour la fortie avec les fo ls pour livre.
Il y a peu de marchandife qui foit a meilleur
marché que les aiguilles y y en ayant qui ne fe vendent
en détail qu’un liard les quatre. On ferôit fans
doute furpris de ce grand marche enconfiderant la
manière de les fabriquer , .& le nombre infini de
■ façons qu’il leur faut donner , avant que d’être dans
leur dernier état de perfection. -
Aiguilles. Se dit aufli de plufîeurs fortes d’inft
trumens d’acier, de fer bu de léton, de ■différentes
longueurs , groffeurs , formes & figures , qui ont
chacun leur ufage particulier , & dont quelques
marchands merciers font négoce, aufli-biep que les
maîtres aiguilliers , qui font les artifans qui les fabriquent.
Aiguille aimantée, ou aiguille marine-. Fil
d’archal plié en lozange , ou comme parlent les
géomètres, dé figuré romboïque, qui fait la principale
partie & la plus effentielle de la bouffoie.
Voyez bousscle. Voyez aufli aimant.
AIGUILLETTE ou ËSGUILLETTE. Morceau
de trèfle , tiffu ou cordon , rond ou plat ,
plus ou moins long, ferré par les deux bouts d’un
petit morceâu de fer blanc ou de léton , rond &
pointu , dont on fe fert pour attacher quelque chofe,
ou pour mettre fur l’épaule.
Les aiguillettes font partie du négoce privilégié
ou monopole des marchands merciers de Paris. 11
eft cependant permis aux maîtres paffementiers-
boutonniers d’en faire & d’en vendre, pourvu qu’elles
foient faites de treffes rondes ou plattes.
On appelle f r e t s d’aiguillettes , ces petits morceaux
de fer blanc ou de léton, dont les aiguillettes
font ferées.
AIGUILLETTES DE MAHOT. Ce font de
petites cordes faites avec l’écorce du mahot filé,
dont l’on fe fert à plufîeurs ufage-s dans les ifles Fran-
çoifes de l’Amérique , particulièrement pour attacher
les plantes de tabac aux gaulettes ; Yorfqu’on
veut les faire fécher à la pente. Voye^ l'article du
T A B A p . '
AI G U ILLF.T 1ER. Artifan dont le métier eft de
rcrer des aiguillettes & des laflèts. On les appelle
aufli ferreurs d'aiguillettes.
AIGUILLIER on ÉGUILLïER. Artifan qui
fait & qui vend des aiguilles, des alefiies , &c.
A Paris les aiguilliers formoient une communauté,
dont les ftatuts font du 15 feptembre 155?57.
À I M ? ï
Par ces ftatuts ils étoient qualifiés maîtres aiguil-r
lie r s , alefniers , faifeurs de burins , carrelets &
autres petits-outilsfervansaux orfèvres, imprimeurs,
cordonniers , bourreliers & autres.
Suivant' ces ftatuts, aucun ne pouvoit être reçu
maître aiguillier , qu’il n’ait atteint l’âge de vingt
ans, fait apprentiffagependant cinq ans , fervi les
maîtres trois autres années après l’apprentiffagë &
fait chef-d’oeuvre. Les enfans de maîtres, étoient
exempts de toutes Ces formalités., pouvant être admis
.a la maîtrife après une fimple expérience , c’eft-
à-dire que la nature étoit obligée non-leulemenc,
de donner à un fils de maître la capacité de faire de
bonnes alênes avant l’âge de vingt-ans fans .apprentiffage
& fans avoir fervi les maîtres. pendant cinq
ans ; mais encore, de refufer cette capacité à ceux
qui.n’étbientpas fils de maître, ou bien que le réglement
n’aèoit en vue , ni la bonté de l’ouvrage , ni
l’utilité du confommateur ; mais le monopole des
privilégiés.
Les maîtres aiguilliers font tenus d’avoir des mat-'
ques diftin6tes-& féparées , pour marquer leurs ouvrages
, dont l’empreinte doit être mife en une
table de plomb-, qui eft en la chamb-re du procureur
du roi du châtelet; leur étant défendu , fous -
peine d’amende, de vendre aucunes mardi an difes
de leur métier à autre marque que là leur ^
fans le eonfentement de celui à qui la marque appartient.
La communauté dès aiguilliers avoît quâtre maîtres
jurés , prépofés pour tenir la main à FéxécUtion
de les ftatuts , & veiller aux affaires particulières
qui la regardent , dont tous les ans il s’ert élit eleü-x
nouveaux en préfence du procureur du ro i; enforte
que chaque juré refte deux années -entières en
foiiftion.
La communauté des aiguilliers de Paris ne lub-
flftant qu’avec peine vers la fin du dix - fepdéme
fîécle, & les maîtres n’étant plus qu’au nombre de
cinq ou fix , elle fur réunie 'à celle des épingliers
par dèslettrës patentes dé Louis X IV , du mois d’octobre
\6f) s , avec quelques: changemens pour la
police; entrautres' à l’égard des jurés,, qui furent
réduits â trois, deux épingliers & un a ig u illie r ,
les ftatuts des deux communautés reftans pour le
furplns en leur entier. Getçe réunion- prouve jufqu’à
quel point l’elpric fifeai avoit dégradé l’autorité lé-
giflative, dont il employoit tout l’appareil à méca-
phifiquer en pure perte fur dés pointes d’aiguilles; ' -
AIL. Plante de la nature de l’oignon, qui a l’odeur
très-forte. Les Efpagnols & les. Gafcons en mangent
beaucoup ; & le commerce qui s’en fait en
plufieurs provinces de France parut .affez confîdé-
rable , pour que cette, efpece de. légume eut place
dans le tarif de 1664, dont les rédacteurs àvoient:
grand peur de rien oublier.
Les aulx payent de droits de fortie du royaume
cinq fo ls de la fomme, & autant de droits d*entrée^
avec les. fo ls pour livre.
AIMANT ou A YM AN , qu’on appelle -aufli