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tie rs & droguiftes, n’eft guères plus eonnu que celui
des anciens.
Quelques-uns difont q u il coule d’un arbre épineux
, dont les feuilles font femblables à celles du
chêne, & le fruit à celui du figuier fauvage, ayant
néanmoins un affez bon goût : d’autres font reffem-
bler l’arbre d’où on le tire , à l’arbre qui produit la
myrrhe. Les uns font croître ces arbres dans la
Baftriane ; d’autres dans l’Arabie, heureufe , près
d’une ville nommée Saraca ; ceux-ci en Afrique ,
fur les bords de la rivière de Sénégal} & ceux-là
dans les grandes indes.
Quoi qu’il en foit, cette gomme eft apportée par
la voie de Marfeille, ou par les vaifïeaux de la compagnie
d’Afrique.
Celle qui vient par Marfeille , n’eft autre choie ,
à ce que difent les connoiffeurs ï que la gomme
nommée alouchi i & ils prétendent que le véritable
bedelium eft celui du Sénégal.
Il faut le chôifir en morceaux clairs & tranfpa-
rens-, d’un gris rougeâtre au-delfus , de couleur de
colle d’Angleterre en dedans ; & lorfqu’on paffe la
langue par - déffus , il doit devenir jaune. Cette
gomme, entre dans la compofition du mitridate, de
l’emplâtre divin, &c.
Par le ta r if de. 1664, le bedelium paye en
France de droite d ' e n t r é e quatre livres du cent
pefant ; mais par Varrêt du 15 août 1685 i l paye
vingt pour cent de fa valeur, lorfqu'il vient du
Levant, fie Barbarie , & autres terres & pays de
la domination du grand fe ig n eu r , du roi de
Perfe & d’Italie » avec les fo ls pour livre.
BEE. On appellefuta ille à gueule bée une futaille
ouverte,' & défoncée par un bout, Voye{ futaille,
BEGUQUELLA. Plante médicinale, dont la
racine ef} fouveraine po u r la diffenterie. Voye{ ip e -
cacuanha,
BEHEIRE. Lac entre Rofotte 8c Alexandrie, où
fe fait la boutargue.
BEHEN. Racine médicinale. *1
BEHEN, Fruit dont on tire de >Voy. ben,
l ’huile» . -J
BEID.P lante qui croît en Egypte, près du village
de Martarea. Cette plante pouffe beaucoup de
racines , d’où fortent pluüeurs branches & rejettons
de cinq ou fix pieds de haut. Ses feuilles , qui font
deux à deux , font larges , fort épaiffes , & fe ter-*
minent en ovale. Quand elles font encore tendres,
jl en fort une efpèce de lait, qui fe caille à la chaleur.
Ses fleurs , de couleur de fafran , tirant fur le
rouge , çroiffent par faifceaux âu bout des branches ,
où elles font attachées â de longues queues , & où
elles forment une efpèce de couronne tournée vers
la terre. Les abeilles recueillent fur ces fleurs de la
cire & d’excellent miel. Une efpèee dé coton, plus
doux que la foie, couvre fa femence & fon fruit,
Sc fort à faire des matelas & des couffins. Il ne faut
pas oublier que le -lait qui diftiile des feuilles de
*éttç admirable plante ? eft propre à corroyer le?
B EN
cuirs, & qu’il a diverfes propriétés & ufages dans
la médecinecomme de fervir de dépilatoire pour
faire tomber le poil , & de guérir la teigne, la
galle & autres petites tumeurs qui fe forment fur
la peau. Les feuilles, cuites dans l’eau , ou même
crues , appliquées fur les humeurs froides, les dif-
fipent par tranfpiration. On a vu à Paris , dans quelques
jardins de curieux , des plantes de beid i mais
on n’en a pu conferver l’efpèce , la graine y germant
& y fleuriffant , mais làns y porter de fruit. On
fait auffi en France quelque commerce de fon coton :
toutefois ce qu’on en apporte du Levant n’eft pas
confidérable, & eft plus pour la curiofité, que
pour l’ufàge.
BEIGE. {Serge beige), C’eft le nom que les Poitevins
donnent à une forte de fe rg e , noire , grife , ou
tannée , que d’autres appellent fe rg e de couleur de
brebis , ou fe rg e n a turelle ; parce que la laine dont
; elle a été fabriquée , n’a reçu aucune teinture , ayant
été employée, foit pour la chaîne , foit pour la
treme , toute telle qu'elle a été levée de deffus le
mouton, ou la brebis. Les beiges doivent être com-
pofees de 38 à $9 portées au moins , &les portées
chacune de zo fils.
BELÂNDRE. Petit b â tim e n t de m e r, du port
d’environ 80 tonneaux , qui fort au tranfport des
marchandifes, C’eft une efpèce de heu , qui fe conduit
par quatre ou cin q hommes feulement , & qui
a fon appareil de mâts & de voiles , tout femblable à
celui des heus. Voy e{ heu,
BELCHITTE. ( La in e belchiite ). C’eft une des
fortes de laines que les marchands de Bayonne tirent
d’Efoagne.
BELELACS. Etoffes de fo y e en manière de taffetas
, qui fe fabriquent au Bengale. Leur aunage
eft de quarante cobres de long fur deux de large ,
à raifon de dix-fept pouces & demi de roi le co-
bre. Les Anglois qui font le négoce de Madras aux
Manilles , y en envoient beaucoup.
BELEDIN. Nom que l’on donne à une efpèce
de coto n filé . Cette marchandife eft de médiocre qualité
; ce qui la rend de peu de débit en France.
BELINGE, On nomme ainfi en Picardie , particulièrement
du côté d’Amiens, une tiretaine fil &
laine très-groffière.
BELLERIS, que les Indiens nomment GOT IN,
| Efpèce de myrabolaiis,
BELOCUNO. C’eft un des noms qu’on donne à
i une p la n te médecinale, fpécifique & fouveraine poux
la diffenterie. Voye{ ipecacuanha.
BEN, ou BEHEN. Il y a de deux fortes de
! drogues bien différentes, qui portent, ce nom. L’une
eft une racine médecinale, qu’on met au nombre
des cardiaques, & des çontre-poifons ; & l’autre,
xm f r u i t , dont on tire une huile propre aux Parfumeurs
de gants.
Le ben racine fe divifo encore en deux efpèces $
: fçavoir le ben blanc 8c le ben rouge.
* Lé
-BKN
L e ■blanc eft u n e racine affez femblable à l a p i- I
r tth re , g risâ tre a u -d e ffu s , ,& u n p e u p lu s blan ch e
en dedans 5 d’un g o û t p re fq u ’in fip id e , q u i laiffe
p o u rta n t une. ame rtum e affez d é fa g re a b le , .quand'
o n la g a rd e q u e lq u e tem p s dans l a b o u ch e .
Se s feuilles fo n t v e rte s & lo n g u e s ; & o n t c e la de
f in g u lie r , & q u i ne fe y oit p e u t-ê tre à au cu n e a u tre
p la n te , q u ’e lle s o n t toutes q u a tre autres pe tites
feu ille s attachées à i’o ppofite les unes des a u tre s ,
p réc ifém en t o ù les grandes feuilles fo n t jointe s à
le u r q u e u e . Ses tig e s , q u i font to u te s g a rn ie s de
q u e lq u e s f e u ille s , p o rte n t des boutons formés p a r
é c a ille s , q u i en s’é p a n o u iflà n t, fo n t v o ir u n e p e tite '
fleur jau n e . .
L e ben rouge a fa ra c in e de la fig u re d e nos g ro s
n iv e a u x , fib re u fe , b ru n e à l’e x té r ié u r , & ro u g e â tre
dedans : d e cette ra c in e , fo rte n t q u an tité de lo n g u es
feu ille s vertes , q u i y fo n t toutes attachées ; & du
m ilie u des f e u ille s , fo rte n t auffi des tiges g arnies
des d eu x côtés d ’u n g ran d n om b re d e pe tites fleurs
ro u g e s , faites comm e des efpèces de g renades.
L e s racines d u ben , tan t blan c q u e ro u g e , font
a p p o rté e s d u m o n t L ib a n ., & autres endroits de
S y rie , en tro n ço n s comme le ja la p .
I l fau t le s choifir no u v e lle s, fèches, h au te s en cou-
- le u r , d’un g o û t a rom a tiq u e & aftrin g e n t. Elle s fervent
a u x mêmes ufages , & fe fu b ftitu en t l’une à l’a u tre .
Le b e n , blanc & rouge, p a y e en France de
d ro its d en tré e , d eu x livres du cen t p e fa n t & les
n o u veaux fo l s p o u r liv re ,
L e b e n , d u q u e l o n tire l’h u ile p o u r les p a rfu m
eu rs de gants, eft un f r u i t g ro s c om m e une av e lin e ,
q u i c ro ît fu r u n a rb re fem b lab le au taniarife. L e s
m e ille u re s n o ix de b e n , fo n t celles q u i fo n t p leines,
fra îc h e s , b lan ch e s, & aifées à p e le r. O n e n e x p rim e
l ’h u ile de la mêm e m an iè re q u ’o n l’e x p rim e des
amandes amères. C e tte h u ile eft lég è re & fu b tile ,
n’a p o in t d ’o d e u r d’e lle -m êm e , & jamais ne devient
ra n c e , q u e lq u e v ie ille q u ’e lle foit. O n fe fort auffi
d e l’hu ile de b e n , p o u r en lev e r les tach e s o u le n tille
s d u vifage.
B e n d e J u d é e . C ’eft u n des noms q u e les m archands
ép ic ie rs-d ro g u ifte s d o nnent à la drogue, qu’on
n om m e ' a u tremen t benjoin. Voyez b e n j o in .
B E N D E L E O N . L e t a r i f d e la d o u an e de L y o n
nom me ainfi cette efpè c e de gomme, q u e l’on nomme
à P a r is , & p re fq u e p a r-to u t a ille u rs , b e d e lium ,
o u b d elium . Voyeç b e d e l i u m .
B É N É F IC E . Signifie avantage , g a in t p r o fit.\
C e te rm e eft fo rt en u fag e p a rm i lé s m arc h a n d s,
b a n q u ie rs & négocians.
O n dit q u ’u n m archand a eu u n bénéfice confidérab
le fu r u n m arch é , o u fu r la vente q u ’il a faite
de q u e lq u e p a rtie de m arc h a n d ife , lo rfq u ’il y a
b e au co u p g ag n é .
Q u a n d o n d it q u ’u n b a n q u ie r fait ten ir de l’arg
e n t d’une p la c e à l'a u tre , avec bénéfice ; c e la doit
s e n te n d r e , q u ’au lie u de d em an d e r q u e lq u e chofe
p o u r l’é change, i l donne du p ro fit. I l y a tant p o u r cent
d e bénéfice a tir e r des lettre s de Pa ris fu r Anvers,.
Commerce» Tome M
B E N 241
Quand le change eft au pair, il n’y a ni bénéfice
ni perte.
On nomme bénéfice d'aunage , le profit qui fe
rencontre fur l’aunagè des étoffés , des toiles , &c.
Il y a des endroits où , quoique l’aune foit égale à
celle de Paris, l’on ne laiffo pas de trouver un bénéfice
confidérable fur l’aunage. A Rouen, on donne
vingt-quatre aunes de toile pour vingt aunes ; ce qui
eft quatre aunes de bon, ou de bénéfice fur chaque
fois vingt aunes. Voyez a u n a g e .
B É N É F IC IE R . Verbe ufité parmi les ouvriers
qui- travaillent aux mines d’or , d’a r g e n t & des
autres métaux. Il fe dit du plus ou du moins de
facilité que l’on a à tirer le métal du minéral, ou
pierre métallique. Cet or eft difficile à bénéficier,
les frais en feront grands. Cette mine de cuivre fo.
bénéficie aifément, le propriétaire s’y enrichira.
BENJANS. Sorte S Indiens répandus dans toute
l’Afie, par les mains defquels paffe prefque tout le
commerce que les Européens y font. On peut le%
affocier aux Arméniens & aux Juifs pour leur expé-*,
rien ce & leur habileté dans toute forte de négoce.
Il y a beaucoup de benjans en Perfo, particulier
rement à Ifpaham & à Bender-Abajfi : les principaux
y font très-riches, mais leurs richeffes rie les empê-t
chent point de s’occuper aux trafics les moins impor*- '
tans & même les plus fordides, pourvu qu’il ÿ ais
un fol à gagner: La plupart font le courtage j 8ç
les principaux courtiers des compagnies de F rance ,
d’Angleterre & de Hollande , font de çette nation i
au refte ils font fort fidèles, & ont prefque toujours
entre leurs mains , les fonds & la caiffe dé
ces compagnies. - v #
‘ Ils font auffi la banque , & il n’y a guère d’endroits
des Indes orientales pour lefquels ils ne
puiffont donner des lettres-de-change. Ils ont même
une efpèce de caille des emprunts où 1 on peut dépo-
fer fon argent, avec la faculté de le retirer qUand
on veut.
BENJOIN. Efpèce de gomme, que quelques-uns
mettent au nombre des encens & des aromates.
L’arbre d’où coule le benjoin * croît en quantité
dans la Cochjnchine ; & il s’en trouve aufli beaucoup
dans les forêts du royaume de L a o , & de
Siam. x
Cet arbre reffemble affez à l’amandier 5 mais fes
feuilles font plus'longues, & arrondies par le bout.
C’eft par les incifions que l’on fait a fon tronc , & à
fes principales branches, que coule le benjoin ;
quoique quelques auteurs prétendent mal-à-propos ,
qu’il fe trouve dans des efpèces. de goufles , 8c
qu’il fe forme d’une huile épaiffie par l’ardeur du
foleil. /
L’on vend chez les marchands épiciers 8c droguiftes
, deux fortes de benjoin i le benjoin en
larmes, & le benjoin en forte.
Le véritable benjoin en larmes y qu’on trouve
rarement en France , & dont les gens de la fuite de
l’ambaffadeur de Siam apportèrent affez grande
quantité., eft d’un jaune doré an dehors, blanç ait