
mais un fuperflu confidérable de produirions qu’il
peut exporter. La culture des terres, qui s’y perfectionne
chaque jour-, ne celle d’en augmenter la
fertilité , la richeue & la beauté. Il fournit toutes
fortes de denrées , comme feigle, froment, orge ,
avoine, pois , lentille , &c. On y trouve du chanvre
, du lin , du tabac, du houblon, de la garance,
de l’anis , du cumin & du fafran. On y cultive la
vigne qui, en plufieurs endroits , donne des vins
qui font encore fort inférieurs à ceux de Hongrie Sc
de France ; les meilleurs viennent dans le Cercle
du Bas-Rhin , fçavoir , les vins du Rhin ( parmi
lefquels celui du Rhingau eft eftimé le meilleur )
& les vins de Mofelle. Les vins blancs de Fran-
conie , le Neckar , le Kocher & le Mufcat , quoique
d’une moindre qualité , font bons aufiî. On y
fait encore des vins rouges & clairets. L’Autriche
produit des vins excellens ; mais les vins de Bohême,
de Moravie , de la Baffe-Luface & de la Haute-
Saxe font beaucoup inférieurs aux précédens. Le
régne minéral fournit beaucoup d’articles de commerce
en Allemagne, Parmi les différentes efpèces
de terres nous ne ferons mention que des terres
colorées, des terres glaifes, des terres figillées, de la
terre de porcelaine, & du tripoli ; & parmi les
pierres nous diftinguerons l'albâtre , l’ardoife & diverfes
fortes d’agates. Parmi les minéraux il faut dif
tinguer les fels acides , le vitriol, & le falpêtre qu’on
trouve en quantité dans l’empire ; le lel de roche
qui abonde dans le pays au-deffus de l’Ens en Tirol
dans l’évêché de Saltzbourg ; le fel de fontaine
dont l’empire eft plus abondamment fourni que tous
les autres états de l’Europe ; le charbon de pierre ,
le foufre, le vif-argent, le cinabre , la mine de
plomb , l’antimoine , le kobold , le bifmut, & Pari
fenic ; & parmi les métaux, le fer, l’acier, le cuivre,
le vitriol, le plomb , l’étain , l’argent,- dont l’empire
abonde plus que les autres états de l’Europe ;
' enfin l’o r, qu’on trouve non-feulement dans les mines,
mais auflî dans des fleuves, fçavoir dans le Rhin,
l ’Eder, &c.
L ’Allemagne nourrit une grande quantité d’ouvriers
& de fabricants , & conféquemment a un
grand nombre de manufactures & de fabriques. Elle
doit cet ineftimable avantage a des François réfugiés
, établis en Allemagne après la révocation de
l ’édit de Nantes. Ces manufactures fe font tellement
multipliées, que celles de France , d’Angleterre &
de Hollande en fouffrent beaucoup ; en un m o t,
il en fort une fi grande quantité de marchandifes de
Toute efpèce , qu’elles fourniffent abondamment- au
commerce d’exportation. La culture de la foie
s’y perfectionnant de jour en jour, il eft à préfumer
que les manufactures de foie y augmenteront auflî
de plus en plus. On fait avec le lin diverfes fortes
de fils 5 on en tord une partie & le refte fert
à faire des toiles de diverfes qualités. Outre le linge
de table damafie,- qui eft de toute beauté, on fabrique
en Allemagne du coutil, delà toile rayée. à
carreaux, cirée , gommée , teinte , imprimée &
peinte. On y fait toute forte de papiers : papier à
écrire , â imprimer , à emballet ; papier brouillard,
marbré, peint, doré, argenté, & papier brocard. On
emploie le fil à différens ufages , comme pour
rubans , galons , &c. & principalement pour la dentelle
, dont la finefle attefte celle du fil. Les feuille*
de tabac de même que la garance & le paftely font
apprêtées & employées en quantité. O n y donne au
chanvre & au coton toutes les façons dont ils font
fufceptibles. Les raffineries de fucre font nombreu-
fes. On fait des vafes de terre de diverfes fortes ,
des pipes , de la porcelaine , de la fayance. On
tire plufieurs couleurs de différentes terres. On
coule des- glaces d’une grande beauté , tant pour les
miroirs que pour d’autres ufages. On prépare en
Allemagne du vitriol , de l’alun , du falpêtre &
du foufre : on y fait du cinabre , de l’arfenic , du
fmalt, de l’amidon & de l’azur ; on y emploie l’or Sc
l’argent pour toutes fortes d’ufages 5 ces métaux y
font battus en feuilles, en paillettes, tirés en fil ; on
en fait des étoffes , des galons , dentelles, franges ,
trefles & broderies en une infinité de façons. On y
travaille également pour tous les ufages connus,
le cuivre, le fer , l’étain, le plomb ; de même que
les métaux compofés , comme le laiton , le pinche-
bec, compofitions blanches ; & le fimilor ou tombac,
compofition rouge ; enfin la fonte & l’acier. Les
peaux de bêtes rournifient toutes fortes de cuirs. La
laine de brebis , 'tan t celle du pays que celle qui
vient du dehors, eft fabriquée en draps , ratines ,
étoffes , tapifleries , bas , bonnets , camifoles', &c*
ou feule, ou mêlée avec là foie & le fil. Les cheveux
d’hommes , le poil des bêtes fervent à divers
ufages. La foie s’emploie pour rubans , galons ,
étoffes, bas, &c.La cire eft blanchie, teinte, fondue,
& modelée de toilte manière.
U Allemagne a de grands avantages pour le
commerce. La mer du Nord, la mer Baltique & le
golfe de Venife, qui l’environnent en partie ; un
nombre confidérable de fleuves & de rivières navigables
qui l’arrofent j fa fîtuation furtout au centre
de l’Europe, facilitent extrêmement l’exportatiorf du
fuperflu de fies productions, tant naturelles qu’artificielles
, & l’importation des marchandifes étrangères.
Pour augmenter le commerce intérieur,
I les principales villes commerçantes ont établi des
voitures publiques au moyen defquelles les marchandifes
font tranfportées à un prix modique, Mais
chaque feigneur territorial s’arroge le droit d’établir
des manufactures, ou d’en abandonner l’établifle-
ment à d’autres; de prohiber les marchandifes étrangères
, ou de les charger d’impôts ; d’interdire ou
de reftreindre la fortie des matières crues ; d’empêcher
les étrangers de faire aucun commerce hors le
tems des foires, ou d’en borner l’étendue ; d’établir
des tribunaux pour connoître des matières du commerce
; & même de faire des prétendues Loix, qui
ne tendent qu’à introduire ou fàvorifer le monopole.
Les principaux fleuves qui contribuent à rendre
floriffant le commerce intérieur d'Allemagne foin :
le Danube , le Rhin, le Mein , l’Elbe, 1 Oder & le
WÎæ defeription des pays n’entrant dans le plan de
cet ouvrageVantant qu’il eft neceffiure de laire
connoître d nos lefteurs la fituation du commerce,
‘nous refferrerons le plus poffible la. defcnption de
Y Allemagne,
$. I. Cercles d'Autriche , de Bavière, de Suabe
& de Francônie.
On a établi depuis peu de tems à Vienne toutes
foutes de fabriques & manufactures q u i, moyennant
l’appui Sc la protection dont elles jouiflènt , y ont
fait les plus grands progrès. Les plus floriflantes de
toutes font celles de foie , & cela vient de ce que
la foie de Florence n’y paye qu’une entrée modique.
Les autres manufactures fabriquent des glaces,
ae là quinquaillerie , de la porcelaine & d autres
marchandifes. Les ouvrages de porcelaine deVienne,
quoiqu’inférieurs à ceux de Saxe pour 1 extérieur ,
les furpaflènt pour la matière , qui eft a 1 épreuve
•du feu. La terre dont on la compofe eft ramaflee
avec beaucoup de foin & de peine en plufieurs endroits
des pays héréditaires d'Autriche,
Pour encourager l’établiffement des ^fabriques &
manufactures, la banque de Vienne fait des avances
depuis io jufqu’à 50 & même 100 mille florins
fans intérêt à ceux qui défirent faire des entreprifès
pour l’avancement du commerce & des manufactures.,
pourvu que la reftitution de la fomme capitale
paroiffe aflurée & folide. Cette banque n eft
au furplus qu’un établiflement u tile, deftine à y
placer des fonds à un intérêt raifonnable , & a en
fournir de la manière que nous venons de dire. Son
origine ne remonte qu’à l’année 1703»
Vienne eft le centre du commerce dans les états
de la maifon d'Autriche, On y trouve des négociais
de prefque tous les états de l’Europe & de
l’Afie. Ils font divifés en plufieurs clafîes qu’il feroit
fuperflu de détailler. Le principal commerce fe
fait avec la Turquie : les fujets Turcs jouifîànt en
Autriche de grands privilèges , il s-’eft établi beaucoup
de Turcs , Grecs , Arméniens & autres fujets
de la Porte à Vienne & dans les autres villes des
états de la maifon d'Autriche. La plupart des marchandifes
de c-è pays qui paffent en Turquie, font
des verres , des miroirs & glaces , du drap , des
écus d'Autriche monnoyés à Vienne , des piaftres
d’Efpagne qui ont cours dans toute la Turquie ,
& principalement toutes fortes d’ouvrages en fer.
L’exportation du gros fer en gueufe & en barre
étant défendue , on ne fait guère d’envois en Turquie
reçoit de ce pays, font du coton, du poil de chèvre,
du cuir , du café , du fruit & du vin.
Mais on y a établi comme ailleurs avec privilèges
plufieurs compagnies de commerciez: plus ancienne
eft la compagnie de Fiume dont l’objet principal eft
la raffinerie au fucre. La compagnie deTemefwar
fait un grand commerce en bled , cire , cendre
calcinée , dite potafehe , & laine de Hongrie ;
elle envoie cés articles par Triefte en France, en
Efpagne & en Italie : fon fonds eft d’un million de
florins. La compagnie de Bohême, qui commerce
en toiles, a pareillement un fonds d’un million de
florins : elle prit naifîance à Vienne en 1768 ; elle
trafique en Amérique par Cadix. La compagnie
d’Egypte trafique en Egypte & en quelques endroits
que de couteaux & de fiaulx. Pour donner une
idée' de l’impoBtance de ce commerce , il faut
remarquer q u i Kirchdorf & à Mulildorf., dans le
pays au-deflous de l’Ens , on trouve 41 fabrieans
qui envoient tous les ans en Turquie pour 400000
florins de faulx. Les principales marchandifes qu’on
de l’Afie. Son entrepôt principal eft à
Smirne , & fon directeur réfide à Vienne. Elle transporte
toutes les productions des manufactures à'Au*
triche en Afie , Sc en rapporte la matière brute.
Le directoire général du commerce a fondé entre
autres étàbliflemens, une école de commerce pour
les jeunes gens, qui défirent apprendre la théorie
du commerce. Un y enfeigne toutes les fciences
eflentielles -aux négocians , fipécialement la connoif-
fance des marchandifes, l’arithmétique fila géographie
& les relations de commerce entre les différens
pays ; fans doute qu’on y-joindra quelque
jour les rapports eflentiels du commerce avec la loi
naturelle de juftice , avec les droits facrés de propriété
& de liberté , avec les vrais droits Sc les vrais
devoirs des fouverains.
L’iuz ou L in t i , capitale de la haute Autriche ,
fait un bon commerce , quelle doit à fon heureufe
fituation fur le Danube & fur le grand chemin de
Vienne St de la Hongrie. O11 y fait une quantité
prodiyieufe de poudre, à canon qui eft très efti-
mée des étrangers ; auflî en fait-on des envois con-
fidérables dans les pays éloignés. On a établi à
Lintz beaucoup d’autres: manufactures Sc fabriques
dont les produits enrichiiïent les habitans de cette
ville.
. Krems , ville principale de la bafle Autriche
fur la rive fieptentrionale du Danube , fait' auflî un
bon commerce ^ tant en gros qu’en détail, auquel
contribuent beaucoup fes deux foires annuelles ,
l’une à la liant Jacques , l’autre à la faint Simon &
faint Jude, qui durent chacune 14 jours , & pendant
lefquels on fait jouir le commerce d’une plus
o-rande liberté, d’une plus grande immunité.
° Grats , capitale de la Stirie , duché du cercle
d’Autriche , fait un allez bon commerce dans le
pays & en Hongrie. Les principaux articles, du
commerce de la Stirie font des ouvrages de fer &
d’acier.
V illa ch , ville de laCarinthie, duché du cercle
d’Autriche, fait auflî un grand commerce en ouvrages
de fer & d’acier. ,
L auba-ch , capitale de la Carniole , duché du
cercle d'Autriche , eft une grande & belle ville
qui commerce en huile, vins, ouvrages de fer Sc
* B