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épargne , la quantité rie rognures fuffifante , ou
n’emploient que les pieds & les nerfs des boeufs.
Quand la c o l l e , fe fait des rognures , on les fait
tremper deux ou trois jours dans 1 e a u , & après
les y avoir fuffifamment lavées , on les fait bouillir
jufqu’à ce qu’elles viennent en confidence de forte
gelée : enfuite oh palTe cette gelée , encore chaude ,
par.des panniers d’ofier, pour n’y rien laifler d’im- Eu r; & afin même de la purifier davantage, on la
lilîè repofer quelque temps ; 8c quand les ordures
ou corps étrangers fe font précipités au fond des
tonneaux ou elle a repofé , on la fait fondre & bouillir
une fécondé fois ; & lorfqu’enfîn elle a toute fa
cuiiïon , on' la verfe dans des caiffes plattes de cuivre
, .ou de bois 5 d’où' étant tirée , quand elle eft
çpaiffie;, & prefque fojide, onia coupe par feuilles
avec Un fil de fer, ou de.leton , & enfuite on la fait
lecher au vent fur des refeaux de ficelle ; après quoi
on l’enfile ,' pour la faire encore mieux fécher.
La colle des pieds & des nerfs fe fait de la même
manière , avec la feule-différence , qu’on défofle &
qu’on dégraifle les pieds , & qu’on ne les met point
tremper.
La meilleure c o l l e eft toujours la plus ancienne.
Elle doit, être dure, féche, tranfparente, dè couleur
vineufe , fans odeur , & quefos çaffures foient unies
& luifantes. La plus sûre épreuve , pour en favoir
la bonté , eft d’en mettre un morceau trois ou quatre
jours dans de l’eau : fi la c o l l e enfle confîdera-
blement fans fe fondre , & qu’étant tirée de l’eau ,
elle reprenne fa première fechereffe, elle eft excellente.
» La c o l l e - f o r t e de toutes fortes paye en France
»■les droits d’entrée » conformément au tarif de
»'1664 , à raifonde 18 f. du cent pefant.
» A l’égard des droits qui fe payent à la douane
» de Lyoh ,-ils font réglés, fuivant la qualité de la
» c o l l e , favoir ;
» La c o l l e de France , 4 f. du quintal pour l’an-
» eienne taxation , & 3 f. 6 den. de nouvelle réapré-
» dation.
» La c o l l e étrangère , 7 f. d’anciens droits, & 3
î> fols de réapréciation.
» La c o l l e de pays , 1 z fois de la charge pour la
fc première taxation , & 5 f. pour la nouvelle.
» Enfin la c o l l e qu’on nomme fîmplement c o l l e ,
» 4 fols du quintal d’ancien d ro it, & i fols du
» nouveau »?* ,.
Colle de poisson , qne le tarif des drois de fortle
de France , de l’année 166 4 nomme aufti usblat.
C’eft une c o l l e qui eft prefque toute apportée de
Mofcovie , où les Hollandois & les Anglois, de
qui le? François la reçoivent, la vont quérir à Ar-
çhangel, ce port fi fameux , & dont la découverte ,
qui n’eft pas. extrêmement ancienne , a long-temps
enrichi les Anglois, qui en faifoient tout le commerce
, & qui eft encore préfentement d’une grande
utïüté aux Hollandois , depuis qu’ils en ont , pour
^jnfi cfcrç chalfé les Anglois, dans le temps que ces
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derniers commirent l’exécrable parricide de leur roi
Charles I , lurnommé le Martyr.
La colle de poijfon eft faite des parties mucila*
gineufes d’un gros poiffon , qui fe rencontre plus
communément dans les mers de Mofcovie, que dans
aucune autre.
La bonne colle de poijfon. doit être blanche ,
claire & tranfparente , de nulle odeur, & l’on doit
prendre garde qu’elle ne foit point fourrée.
Pour la figure, elle eft indifférente y en ayant
d’excellente en gros , aufli-bien qu’en petits cordons
, & les petits fe falfifiant aufli aifément que
les gros.
La colle de poijfon , qui s’achete en boucaux ,
c’eft-à-dire , en gros , doit être examinée jufqu’au
fond des boucaux, où fouvent l’on trouve quantité
de cordons d é fe c tu e u x , quoique ceux du deffus ayent
paru très-beaux.
L’on fe fort de la colle de poijfon a plufîeurs
ufages ; peu à la vérité dans la médecine , où elle
n’entre guères que dans la compofition de l’emplâtre
de diachilon.
Les ouvriers en foie, fur-tout les rubaniers, l’emploient
à donner du luftre à leurs ouvrages ; les
manufacturiers de forges en collent la chaîne de
leurs étoffes : on en blanchit les gazes ; elle eft une
des principales drogues qui fervent à contrefaire
les perles fines ; & les cabaretiers en éclairciffent
leurs vins.
Il y a encore une forte de colle de poijfon, pliée
en petits livres , qui vient principalement d’Angleterre
& de Hollande ; mais qui n’étant pas bien
blanche , ni facile à fe fondre, a fort peu' d’ufage
en France. Quelques-uns eftiment que ce n’eft que
les reftes, & le moins pur de la colle de poijfon
de Mofcovie ; d’autres veulent qu’on la tire du
Jilure des anciens ,.que nous connoiffons mieux foüs
le non d’ ejfurgeon. Voy, esturgeon. .
» Les droits d’entrée & de iortie qui fe payent
» en France pour la colle de poijfon , conformé-
» ment au tarif de 1664 , font ; favoir , pour l’en-
». trée , 3 liv. du cent pefant; & pour la farde , foit
» fous le nom de colle de poijfon, foit fous celuï
» d’usblat, 1 livre.
» La même marchandife paye pour tout droit a
» la douane de Lyon 3 liv. 1 f. 3 deniers , le tout
» avec les fols pour livre ».
COLLÈGE DES MARCHANDS. C’eft ainfi
que l’on nomme dans prefque. toutes les villes
anféatiques, un certain lieu , ou place publique >
où s’aflemblent ordinairement lesmarchands & né-
gocians, pour traiter des affaires de leur commerce.
C’eft proprement ce qu’on appelle à Nantes bourfe%
8c à Lyon place du change.
On appelle aufli à Londres co llig e , un endroit
où s’affemblent ceux qui font de la fociété royale.
Les Anglois ont joint à ce mot de collige, celui
de Gresham , nom de ce fameux marchand Anglois,
à la mémoire duquel il a été érigé en 1564 & 1^66,
des ftatues à Londres dans la place de la bourfo 8c
dan*
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Üfans e t c o llè g e , qui a toujours été appellé depuis
G re sh am c o l l i g e , en confédération de ce que - cet
iiluftre négociant avoit fait fleurir en Angleterre le
commerce & les manufactures.
Ce Gresham fut long-temps réfident dans les
Pays-Bas Efpagnols »particulièrement à Anvers, où
il agiffoit dans les affaires de négoce pour la reine
Elifabeth, en qualité de fadeur.
Collège. Signifie aufli en quelques endroits la
même ch o fe que c om m u n a u té , c’eft-à-dire, un
corps d’artifans de certains métiers , unis enfemble
fous une même difeipline & fous les mêmes officiers.
Ce terme eft paffé à nous du Latin c o lle g ium ,
ui avoit chez les Romains la même lignification
ans les arts & métiers, que le mot de c om m u n a u té
a préfentement à Paris,. & prefque par toute la
France. Ainfi l’on voit dans les anciennes inferip-
tions., le c o llè g e des m a r c h a n d s , le co llè g e des
f o r g e r o n s , le c o llè g e des b o u la n g e r s , le co llè g e
des b a t e l i e r s , & plufîeurs autres qui nous ont été
confervées par divers auteurs & entr’autres par
le fçavant D0111 Bèrnard Montfaucon , dans fon
Ouvrage de l’Antiquité expliquée & repréfontée en
figures.
Les Hollandois nomment auffi c o llig e s les différentes
chambres de leu r a m ir a u t é , qui font établies
dans quelques-unes des principales villes de leur
domination.
Ces c o llig e s font au nombre de cinq, qui font
le co llè g e d 'A m f le rd am , le c o llig e de R o t t e r d a m ,
le c o llig e de H o o m , le c o llè g e d e M id d e lb o u r g
& le c o llèg e de H a rlin g en .
Ce font ces c o llèg e s qui jugent de toutes les
contraventions aux ordonnancés de la marine, qui
délivrent les paffo-ports, & qui font recevoir par
leurs commis les droits d’entrée & de fortie qui
font impofés fur les marchandifes , par les divers
tarifs qui font d’ufage en ' Hollande ; on en parle
ailleurs.
COLLES. On appelle f e r g e s de c o l l e s , des
forges façon d’Aumale, qui fe fabriquent a C o lle s ,
& dans quelques villages du duché d’Aumale.
Les f e r g e s de c o lle s doivent avoir demi-aune
demi-quart de large fur vingt-une aunes de longueur.
V o y e j V a r tic le g én é ra l des serges.
COLLET. Partie d’un habillement qui joint le
c o u , ou qui fe met autour du cou. Un c o ll e t de
c h em i f e , un c o lle t de m a n te a u .
On appelle auffi c o ll e t 9 ce qu’on nomme autrement
r a b a t , c’eft-à-dire , un morceau de toile fine ,
coupé quarrément, que les gens de robbe & les
eccléfiaftiques portent autour dii cou, & q u i, outre .
la propreté, leur fort d’une efpèce d’ornement..
Ce font les marchandes lingères qui font à Paris ,
ou qui doivent y faire cette dernière forte de c o lle ts .
Il y a cependant quantité d’ouvrières, qui ont la
réputation d’être bonnes faifeufes , qui' fans être
maîtrefles de cette communauté , fe font attirées prefque
tout ce négoce , qui eft allez confidérable ;
mais elles font regardées comme ch^mbrelandes,
Commerce, Tome /• Part, I l »
C O L r a p
& font fujëttes aux vifites & failles des jurées
lingères.
« Il y a plufîeurs fortes d’ouvrages , marchandi-
»» fes & étoffes qui paient les droits à la douane de
» Lyon, fous le nom de collets, fçavoir :
cc Les collets , gazes , coeffes & crefpelines , 3 6
» fols la livre d’ancienne taxation, & 5 fols de
» nouvelle réapréciation ».
« Les collets de chemife manufa&urés en Flan-
» dre , 10 f. la douzaine d’anciens droits , & encore
» 10 f. pour les nouveaux »..
« Les mêmes, manufaéture'de France , ç fols la
» douzaine d’ancienne taxation, & i C 6 den. pour
» la nouvelle le tout avec les nouveaux f. pour liv. »
COLLETIER.. Celui qui fait & qui vend des
collets .de buffle.
Les maîtres de la communauté des bourfiers de
Paris, fe qualifient de maîtres bourjiers-colletiers9
à caufe qu’il leur appartient.de faire & de vendre
des collets de buffle. Voye{ boursiers.
COLLIER. Ornement que les femmes portent à.
leur cou. On fait des colliers de perles 8c de toutes
fortes de pierres précieufos 9 ordinairement fines ,
mais allez fouvent imitées & contrefaites.
Les lapidaires & joyailliers font & vendent les
colliers fins : ce font les patenôtriers qui fabriquentr
les autres & qui en font commerce; ils entrent
auffi dans le négoce de la mercerie. Les colliers
de fauffes perles de Paris , font parfaitement beaux,
& trompent à la vue & quelquefois au toucher.
Outre les colliers de perles fines , de diamans 8ç
d'autres pierres , on en fait auffi d’ambre , de jayet*
de corail, &c.
COLOGNE. On appelle f i l de Cologne, une
forte de fil blanc, qui fe fabrique à Morlaix en baffe
Bretagne. On l’appelle auffi f i l bas ^ Breton : il
fort à tricoter & â faire de ces fortes d’étoffes qu’on
nomme fpèculations. Les cordonniers en employent
auffi beaucoup à coudre les quartiers & les empei-r
gnes de leurs fouliers les plus propres & les plus
légers. Les marchands merciers qui font le négoce
des fils , & ceux qu’on appelle marchands dt
crefpin, font ceux qui le vendent à Paris en gros
& en détail.
COLOMBIN; C’eft la pierre minérale d’où l’oa
tire le plomb, pur & fans mélange d’aucun autre
métal. On l’appelle plombacine quand on y trouve
de l’argent mêlé avec le plomb.
Colombin. Efpèce de couleur qu’on nomme
quelquefois gorge de pigeon ; c’eff une forte de
violet glacé.
COLOMNES ou COLONNES. On appelle
dans l'Amérique Efpagnole p i aftre s-colonne s , ou
fîmplement colonnes , celles qui fe fabriquent au
Potofi , à caufe quelles ont d’un côté les fameufes
colomnes d’Hercule , avec la devife nec plus ultra*
On les préféré aux Mexicaines , non pas que le titre
en foit plus haut ; mais parce qu elles n ont point
de lechc. Voye% Mexicaines o u leche.
COLON. C e l u i q u i h a b i t e u n e c o l o n i e , q u i y
y y 7