
fuif, Sc c’eft aufli de ce fuif, dontl.es Portugais qui
chaffent aux chevres fauvages, qui font en fi grande
quantité dans quelques ifles du Cap-Verd & dans
d’autres de la mer ■ Africaine , font un commerce
confidérable , en envoyant à Lifbonne chaque année
plufieurs milliers de quintaux „donc le produit, avec
celui des peaux de ces animaux, leur fuffit pour
vivre allez commodément.
Pour ce qui eft du p o il, quand il n’eft point filé,
les teinturiers l’emploient à oompofer une forte de
rouge , qu’ils appellent rougi de bourre : & lorfqu'il
eft ëîé , on le fait encrer dans la fabrique de plufieurs
çfpèces d’étoffes, telles que peuvent être les camelots
, les pluches, ou pannes de p o il, les gri-
fettes j ou papelines, &ç. On en fai: aufll des boutons
j des gances , des ceintures, des lacets , des
» la douane de Lyon à raifon de 7 fols par douzaine
» pour l’ancienne taxation , & $ fols pour la nou-
» velle réapréciaùou , le tout avec les fols pour
» livre »,
CHEVRON. Sorte de laine ou de poil qui vient
du Levant. Les chevrons. noirs viennent de Smyrne
Se de Perfe : les roux Sc blancs, fins 8e communs ,
fe tirent de Smyrne & de Satàlie. Il y a aufli des
laines de Vigogne, qui fe nomment laines de chevron
és'uillettes, & autres femblâbles ouvrages;
La plus Grande partie des poils de çhevre qui fe
voient en France , & dont on fe fert pour les plus
belles fabriques , fe tire du Levant èn écheveaux ,
\ par balles, particulièrement d’Angora & de Bel- !
bazar, villes d’Anatolie, diffames de Srayrne d’en-,
vkon yino-t. journées dé caravanne , ou de .douze
d’homme°de cheval. Ce font les Lyonnois qui en
fourniftènt prefque toutes les villes du royaume où
il y a des manafaOures, & qui la font venir par
la voie de Marfeille. Les Hollandois & les Anglois
en font auffi un très-grand commerce & une con-
fommadon confidérable par rapport à la fabrique de
leurs camelots. Les Flamands , particulièrement-
ceux de Bruxelles, en employent aufli beaucoup à
faire le.urs. camelots , qui., fans contredit, paffent
pour être les plus beaux de tous ceux qui fe font en
Europe.
Les poils de chevre filés d’Angora font les plus
eftimés , quoique ceux de Beibazar foient beaucoup
plus blancs, à caufe au on les favonne furies lieux ,
pour leur donner cet oeil de blancheur , qui d’ailleurs
n’eo augmente p,as la qualité.
Il n y a guères de -marchandifes plus difficiles à
connoître que les poils, de chevre filés, foit pour
leur différente qualité , foit pour leur différent prix •
v, en ayant de ceux d’Angora au moins de douze
ïortes , & de ceux de Beibazar de fept à huit fortes,
qui vont toujours, en augmentant^ de finefle & de.
prix, en rétrogradant depuis la deni.ere forte , qui eft
J » plus gros , jufqu à la première j qui eft le plus
fj~n : de manière qu’il n’eft pas aife d en pouvoir bien
diftinguer les prix J à moins d’en avoir une parfaite
çonnoiffanee : c’eft à quoi ceux qui veulent entreprendre
ce commerce, doivent bien prendre garde.
» Les chevres. graffes , petites , ou maigres ,
». payent en France les droits d’entrée fur le pied d e ,
» 3 fols de la pièce. . f ,
» Les peaux de chevres tannées payent les droits
» de fortie à raifon de 9 fols la douzaine , & pour
» ceux d’entrée 16.fols aufli la d o u z a in e fi elles
» font apprêtées y & pour celles non appâtées, ve~
p nan.t de la Barbarie, 10 fols.
* t) J*es qjievjçs accouftrées en chamois payent à
; elles prennent leur nom de la manière qu’on
les prépare , Sc de leur apprêt.
CHEVROTIN. Signifie' une peau de chevreau ,
préparée avec de la térébenthine de V enife , de la
cire vierge , Sc du fain-doux , ou panne ,de porc
mâle , dont l’on fe fert dans plufieurs incommodités-
douloureufes , entr’autres pour les rhumatilmes Sc
pour les douleurs des pieds. Sa propriété eft de
beaucoup faire tranfpirer , Sc d’attirer au dehors
quantité de férofités , qu’on croit les caufes les plus
ordinaires de ces maux.
CHIARVATAR. On nomme ainfi eh quelques
lieux de Perfe , particulièrement à Bander-Congo »
ce qu’on nomme en France un douanier.
CHIEN. Les peaux de chien dont le poil èft fin ,
long Sc beau , s’apprêtent 8c fe préparent par les
marchands fourreurs , pour faire, diverfes fortes de
fourrures, mais particulièrement des manchons.
Quand on en a fait tomber le poil par le moyen
de la chaux , Sc qu’elles ont été paflees en mégie ,
les gantiers les apprêtent en gras avec des huiles
Sc des pommades, pour en faire des gants, dont les
femmes font beaucoup de cas y non - feulement a
caufe qu’ils font frais pour l ’é t é , mais parce qu’elles
prétendent qu’ils ont la faculté de leur adoucir la
peau des bras Sc des mains.
Ces fortes de peaux ainfi paflees en mégie, Sc
préparées en gras par les gantiers., fervent aufli à
faire des doublures de malques , Sc de loups de
velours pour les dames , qui s’imaginent qu elles
font capables de leur rafraîchir le teint.
Quant au poil dé chien , il ne s’en tire que du
Dannemarc . par la voie de Hollande., ou de Hambourg
, Sc il n’y a guères que les marchands de
Rouen qui en faflent quelque négoce..
Il y a de deux fortes de poil de. chien, de Dan-
nemarc, l’un tout blanc, Sc l’autre tout noir , dont
le dernier eft le plus eftimé. Lu n 8c l’autre de ces
poils entrent dans la compofition des lizières de
certains draps de laine.
Quelques chapeliers ont plufieurs fois tenté de
faire entrer du poil de chien, particulièrement de
.celui du barbet, dans la fabrique de leurs chapeaux
Communs,
» Les peaux de chiens d’Ecoffe, qui eft prefque
», le feul endroit d’où il en vienne en France , payenç
» les droits d’entrée dans le royaume à raifon de
» z 4 fols le cent pefanr : les droits de fortie pour
» les peaux de chiens , non apprêtées , font a raifon
» d’une livre aufli de cent jpefauc, avec les fols pour
» livre »,
C h ie n dë Me r ou chien m a r in . C’eft un poif-j' fe pratique particulièrement à Paris, où ils font
ton aflez grçs Sc aflez long , qui a le müfeau très-! àppellés chiffonniers.
pointu. Sa peau eft extrêmement dure 8c rude ,. 8c| Après qu’ils les ont bien lavés , nettoyés 8c fé-
d’un grain aflfez femblable à celui du chagrin, mais! chés, ils les gardent dans des p-reniers. nour lés
moins rond. Les ouvriers en bois s’en fervent pour
adoucir 8c polir leurs ouvrages. Les gaîniers en
font des boeces , des écuits , Scc..
Les véritables peaux de chien de mer, pour être
ff’un grand débit, doivent être grandes 8c larges ,
d’un grain rude, ni trop gros , ni trop menu, Sc
garnies ae leurs oreilles Sc nageoires.
Ce poiffon fe trouve en plufieurs parages', mais
en grande quantité fur les côtes de Bayonne Sc
d’Efpagne , d’où les marchands épiciers de Paris les
tirent le plus ordinairement.
Il vient aufli de Baffe-Normandie des peaux d’un
autre poiffon, aflfez femblable au véritable chien de
mer: mais parce qu’elles ne font pas fi dures , on
les appelle des doucettes , à caufe de cette différence
; Sc quelquefois des rouffe tte spar rapport à
leur couleur qui tire fur le roux.
On fait en France Sc en Angleterre des manches
de couteaux Sc fourchettes d’une autre forte de peaux
de poiflon, qui approchent allez de celles du chien
de mer, qu’on dit être des peaux d’une efpècé de
■rayé particulière. Elles.font d’un grain aflfez gros ,
prefque rond , Sc dans des diftances égales , Sc
•comme en quinconfe. On les teint en quelle couleur
on veut.
» Les peaux dé chien de mer payent en France
-» les droits d’entrée fur le pied d’une livre dix fols
>vla douzaine.
» A l’égard des droits de fortie , les peaux de
-» chien de mer, apprêtées payent fix livrés du cent
» pefanc, le tout avec les fols pour livré ».
CHIENDENT. Herbe très-commune 8c très-
connue. C’eft de cette racine bien féchée , 8c divifée
en plufieurs menus filamens , que les \ eirgettiers-
brofliërs de Paris fe fervent pour faire plufieurs fortes
d’ouvrages de leur métier.
Toute forte de chiendent n’eft pas propre à cet
ufage; le meilleur eft celui de Provence. Les oyfe-
11ers débitent aufli quelque chiendent , mais dix plus
fin , à ceux qui s occupent du plaifîr innocent de
mettre couver des ferins Sc autres oyfeaux de ramage.
CHIFFES ou CHIFFONS. Vieux morceaux de
•toile de chanvre, ou de lin , qui fervent â la fabrique
du papier.
CHIFFONNIER, PATTIER, DRîLLTER, ou
PEILL1ER. Ce font les divers noms que l’on donne,
fuivant les difféfens lieux , à ceux qui fe mêlent de
faire le trafic des vieux chiffons , ou vieux drapeaux
de toile de lin 8c de chanvre, que l’on appelle autrement
pattes , drilles, peilles , ou chiffes , def-
tinées pour la fabrique du papier.
Les chiffonniers vont acheter Sc ramàffer dans
les villes Sc villages ces vieux chiffons Sc drapeaux ;
als en font même la recherché dans les ordures qui
font dans les voyerie$0 Sc dans les ru e s , ainfi qu’il
vendre aux marchands papetiers-fabriquans qui en
ont befoin , ou à d’autres marchands qui les emma-
gafinent, pour enfuite les revendre à ces mêmes
papetiers-fabriquans.
Quoiqu’il femble , d’une première vue , que lé
négoce des vieux chiffons Sc drapeaux ne foit pas
un objet de Cônfidératiôn , cependant il s’en vend
en France toutes les' années poiir des fommes très
confîdérables ; la corifonimation de cette marchanr-
dife étant prodigieufe par rapport à la grande quan-
tite de papeteries qui font établies dans le royaume.
La Bourgogne Sc ie Mâcohnois font les provinces
où il fe fait le plus grand négoce de vieux chiffons
8c drapeaux, particulièrement à Châlons fur Saône
8c a Maçon , y ayant dans ces villes des marchands
qui en ont de très-grands magafîns.
Il eft intervenu plufieurs arrêts du confeil pour
permettre, défendre , réglementer , taxer le commercé
des chiffons. Le prétexte étoit Futilité de
cette marchandife pour les papeteries. On efïayera
peut - etre un jour fi le meilleur moyen de faire
profperer ces manufaétures ne feroit pas de leur
accorder pleine liberté, pleine immunité des manières
brutes pu façonnées.
C H I F F R E S * ou MARQUES DES MARCHANDS.
On appelle ainfi des chiffres , ou marques
, que les marchands, particulièrement ceux -
qui font le detail, mettent fur des petites étiquettes
de papier , du de parchemin, qu’ils attachent au
chef'des étoffés, toiles, dentelles 8c autres ■ telles
marchandifes qui defignent le véritable prix qu’elles
leur coûtent, afin de pouvoir s’y régler dans la
vente. ^
On les nomme des chiffres, parce qu’ils ne lignifient
pas véritablement ce qu’ils fembleiit marquer
aux yeux ; & que c’eft une éfpèce de chiffre myf-
térieux , fous l’apparence duquel les marchands cachent^
une vérité, qu’il ne leur eft pas avantageux
que d’autres connoiflênt.
On leur peuçjuifli donner le nom de chiffres, a
caufe que ces marques en fo n t, ou totalement, ou
en partie compofées , la plupart des marchands y
faifant entrer quelques lettres de l’alphabet. Elles
confiftent ordinairement en dix cara&ères, pour
marquer les nombres depuis un jufqu a dix.
Ces marques ne doivent être connues que des
marchands , ôc de leurs apprencifs ou garçons. ou
de ceux Sc celles qui font chargés de l a vente de
leurs marchandifes , ou du detail de leurs boutiques,
, M. Sàvary, dans fon parfait négociant, chapitré
fécond dit deuxième livre de la première partie ,
met au nombre diï devoir des'- apprentifs de bien,
connoître le chiffre ou marque de leurs maîtres 86
la fidélité qu’ils doivent avoir â cet égard.
CHIFFREUR. Celui qui fait faire avec la plume
to'utes fortes de calculs Se d’opérations d’ariîhm^'-