
défriche, plante & cultive les terres. Les c o l o n s
s'appellent encore en France h a b i t o n s & c e f f i o n - naires. Dans les colonies Angloifes on leur donne
le nom de p l a n t e u r s , pour les diftinguer des
avanturiers, qui font ceux qui prennent des aélions
dans les compagnies de commerce. qu’on établit
pour aller habiter de nouvelles terres. '
COLONIE. Envoi ou tranfport d’habitans.
Les c o l o n i e s que l’on peut appeller des c o l o n i e s
d e c o m m e r c e , & celles dont il s’agit principalement
dans cet article, font les c o l o n i e s que les François,
les Efpagnols, les Anglois, les Portugais, &
quelques autres nations de l’Europe ont établies
depuis plus de deux fiècles, & continuent encore
tous les jours d’établir dans plufieurs endroits de
l’Afie, de l’Afrique ou de l’Amérique, ou pour
ÿ entretenir un négoce réglé avec les habitans ,
au pour en défricher & en cultiver les terres, en
y plantant les cannes de fucre, l’indigo , le tabac
& ces autres précieufes marchandifes que l’Europe
eftime tan t, ' & que fon fol n’eft pas propre à
produire.
De ces fortes de c o l o n i e s , les principales font,
l’une & l’autre Amérique , la méridionale & la fep-
tentrionale, & entr’autres le Pérou, le Mexique,
le Canada, la Lojjifiane, l’Acadie, la Virginie, la
nouvelle Angleterre, la baie d’Hudfon ,■ les ifles
Antilles , faint-Domingue , & les autres grandes
Mes. Dans l’Afrique, Madagafcar, le Cap de
Bonne Efpérance , le Cap-Verd & fes Mes , &
toutes ces vaftes côtes qui s’étendent depuis ce Cap
jufqu’à la Mer rouge. Enfin , dans l’Afie , la fameufe
Batavia des Hollandais , Goa, Diu des Portugais ,
& quelques autres moins confidérables des François,
des Anglois & des Danois.
On traitera dans ce Dictionnaire de l’établifle-
ment de ces c o l o n i e s , & de toutes celles que les
Européens ont dans les trois parties du monde ,
auffi-bien que du commerce qui s’y fait, a l’article
de leurs métropoles.
COLOPHONE. Efpèce de gomme. Ce n’eft
que de la térébenthine fine , cuite dans de l’eau
jufquâ ce qu’elle foit réduite en confidence folide.
Le plus grand ufage de c o l o p h o n e eft pour les
joueurs d’inftrumens : ils la nomment communément
c o l o p h a n e , & ils en frottent les crins des archets
dont ils fè fervent pour en tirer du fon & de l’harmonie
des cordes y ce qui arrive, parce que cette
gomme dégraiflànt ces crins, & leur communiquant
une qualité tenace, les empêche de couler fi vîte
“fur les cordes , & ainfi en s’en détachanr plus difficilement
, ils caufent ce tremblement qui forme le
fon en frappant l’air à plufieurs reprifes.
COLOQUINTE. Courge fauvage , de la grof-
feur & de la forme d’une orange. Cette plante eft
de quelque ufage dans la médecine.
COLPORTER. Porter des marchandifes dans
les rues, ou de maifons en maifons, Il eft défendu
aux maîtres des communautés des arts & métiers,
de c o l p o r t e r leurs ouvrages, ni d’aller chez les
bourgeois pour les vendre, à moins qu’ils n’y foienf
appelles.
Colporter. Signifie aufli porter pendu a fo n
co u , dans une manne, de petites & menues merceries
, comme couteaux , peignes , cifeaux , &c.
COLPORTEUR. S’entend particulièrement des
pauvres maîtres du corps de la librairie, & de la
communauté des. relieurs j de leurs fils, compagnons
& apprentifs, & autres à qui il eft permis d’aller
crier, vendre & débiter dans les places & rues de
Paris, des édits, déclarationsarrêts, almanachs ,
tarifs, & même quelques petits livres brochés ou
reliés à la corde.
Les principaux articles réglés par les arrêts ,
font entr’autres :
Que les maîtres imprimeurs, libraires & relieurs,
leurs fils , compagnons & apprentifs , qui par
pauvreté, ou infirmité d’âge, ne pourroient exercer
leur profeffion , feroient préférés à tous autres.
Qu’aucun ne pourroit faire le métier dé colporteur,
s’il ne fçavoit lire & écrire , & feulement apres
avoir été préfenté par les fyndic & adjoints de la
librairie, au lieutenant général de police, & par
lui reçus fur les conclurions du procureur du ro i,
mais fans frais.
Que trois jours après leur réception, ils feroient
tenus de faire enregiftrer en la chambre fyndicale,
leurs noms & demeures ; ce .qu’ils feroient autant
de fois qu’ils changeroient de maifons , dont ils
donneroient avis aux commiffaires des quartiers ou
ils demeureroient.
Que les huit plus anciens reçus auroient leurs
départemens dans les cours & falles du palais, auxquelles
places, vacation arrivant, le plus ancien après
eux fuccéderoit.
Que les autres vendroient par la ville & faux-
bourgs, aux lieux qu’ils jugeroient les plus avantageux
pour leur débit, fà|is qu’au furplus les uns ni
les autres puflent avoir des imprimes ailleurs que
dans leurs maifons.
Qu’à la porte de chaque logis où feroient demeu-
rans les colporteurs , il y auroitune affiche imprimée
pour indiquer leur nom.
Qu’ils ne pourroient vendre ni débiter aucuns
livres -, faCtums , mémoires , feuilles ou libelles,
&c. mais feulement des édits, déclarations , ordonnances
, arrêts & autres mandemens de juftice , dont
la publication auroit été ordonnée , des almanachs
& des tarifs $ enfemble de petits livres brochés &
reliés à la/xude, qui ne pafferoient pas huit feuilles ,
imprimés néanmoins avec privilège ou permiflion,
par les imprimeurs de Paris, & avec le nom du
libraire.
Qu’ils feroient tenus de porter attaché au devant
de leur habit, une marque & écuffon , où ferok
écrit COLPORTEUR,
Que chacun d’eux auroit une balle , dans laquelle
il porteroit les imprimés qu’il expoferoit en
vente. " ' /
Enfin, qu’ils ne pourroient' avoir d’apprentifs,
tenir boutique ou magafin, ni faire imprimer aucune JJ
chofe en leur nom & pour leur compte.
. COLSAT ou CGLZAT. Efpèce de chou rouge,
dont la graine reflemble à celle- de navette, & de
laquelle on tire l’huile du même nom.
COMADRESA. Les Efpagnols appellent ainfi
la belette , petit animal qui a quelque rapport
avec le furet. C’eft aufli le nom qu’ils donnent
à fa fourrure, qui fait une partie du négoce, des
pelletiers. § /
COMASSES. Petites monnoies qui ont cours à
Moka-, & qui font les feules qui fe fabriquent dans
le pays. Voyez l’article des m o n n o i e s .
COMB, qu on nomme aufli CARNOK. Mefure
des corps folides en Angleterre, comme grains,
graines, pois, fèves, &c. Le comb eft compofé de
4 boifleaux, chaque boiffeau de 3 pecks, & chaque
peck de deux gallons, à raifon de 8 livres environ
le gallon, poids de Troyes : deux combs font une
quarte, & dix- quartes un le ft, qui pèfe environ
cinq mille cent vingt livres, poids de Troyes". Voye{
•la TABLE DES POIDS & MESURES. .
COMBLE. ( Terme de mefureur. ) .I 1 fe dit de
ce-qui refte au-deflus des bords de la mefure, après
que le mefureur Ta remplie. Il y a deux manières
de mefurer ; l’une à mefure comble , & l’autre à
mefure raze. La mefure comble eft quand on donne
à: l’acheteur ce qui refte fur les bords , avec la
mefure même ; & la mefure rafe, quand avant de
la délivrer, le vendeur la rafe avec un morceau de
bois qufon appelle la radoire , & en fait tomber tout
ce qui eft au-deffus des bords. Il y a des grains &
des légumes qui fe vendent à mefure rafe , &
d’autres meiiire comble ; le charbon, le plâtre , la
chaux fe vendent à mefure comble. Voye^.mesure
6' mesurer.
. COM-BOURGEOIS. Signifie en terme de commerce
de mer, celui qui a part avec un autre à
la propriété d'un vaijjeau. On dit plus ordinairement
co-bourgeois.
. COMBRIÈRE ou COMBRIER. Sorte de filet
dont on fe fert en Provence pour prendre des thons,
& autres gros poiflons.
COMMANDE. Ordre, commiflîon qu’un marchand
donne à fon commiflionnaire de lui acheter,
vendre ou négocier des marchandifes.
Commande. Se dit aufli des ouvrages que les
manufacturiers , marchands & artifans font ou font
faire par ordre exprès 5 ce qui les diftingue des
ouvrages fabriqués pour la boutique ou le magafin,
qui fe vendent au premier venu. On dit une étoffe ,
une écharpe de commande, & ainfi du refte.
COMMANDEUR. C’eft le nom que les Hollandois
donnent ordinairement aux chefs des comptoirs
qu’ils ont dans les Indes , en Perfe & dans les autres
lieux de l’Orient, où ils ont porté leur commerce.
COMMANDITE. On appelle fô c ié té en commandite
, celle qui fe fait entre marchands , ou
autres perfonnes , dont Tune ne fait que prêter fon
argent, fans faire aucune fonction d’auocié ., &
l’autre prête fon nom , & eft chargé de tout le détail
de la fociécé.
COMMANDO. Terme qui vient d 'I ta lie , &
qui eft pafle en ufage dans quelques provinces de
l 'rance qui en font voifines. On s’en fert dans les
écritures mercantilles, pour lignifier ordre.
COMMERCE. Se dit de tout échange, vente ,
achat, trafic, ou négoce de marchandifes , même
de celui qui fe fait feulement ou en argent, ou en
papier.
Les productions de la nature peuvent être échangées
immédiatement entre deux hommes voifins ,
qui les ont fait naître, dont l’un veut confommer
celle de l’autre, 8c réciproquement.
C’eft le commerce le plus fimple j il n’a befoin
ni d’ouvriers qui façonnent, ni de voituriers qui
tranfportent , ni de trafiquans ou négocians qui
achètent pour revendre.
Ce commerce eft pourtant réel & parfait.
D’où il réfulte que les a gens néceffaires de tout
commerce quelconque , font i°. le premier producteur
des matières à échanger ÿ z°. le dernier
confommateur.
C’eft précifément ce qu’on avoit oublié dans tous
les traites modernes.
Les agens accefloires du commerce , qui font
très utiles en plufieurs cas , mais pas abfolumen t
néceffaires.^ font i°. les manufacturiers, ou facon-
neurs j z°. les voituriers par terre , par eau douce
& par mer 3 30. les acheteurs-revendeurs qui font
le trafic»
Une grande erreur très féconde en pernicieufes
conféquences , étoit de confondre le commerce
proprement,' qui comprend toujours comme parties
eflentielles & principales les premiers producteurs 8c
les derniers confommateurs, avec le trafic ou négoce
d’acheteurs-revendeurS qu’on appelle , mais improprement
commerce , qui ne comprend ni le producteur
ni le confommateur.
Les traits fuivans, tirés du Dictionnaire de Savary,
& copiés par tous les modernes, font la preuve de
cette confufion que nous allons corriger en peu de
mots.
Sous les monarchies des Afîatiques.& des Grecs,
( dit Savary ) l’hiftoire ancienne nous découvre de
temps en temps, des traces d’un commerce cultivé
par différentes nations. Il paroît avoir fleuri principalement
fous la domination des Romains. On peut
juger par le témoignage des hiftoriens, & par celui
des anciennes infcriptions, combien les collèges ,
ou compagnies de marchands étoient confidérables
en différentes villes. La deftruCtion de l’empire
Romain , caufée par les irruptions d’une multitude
de nations barbares , entraîna celle du commerce ,
ou fufpendit du moins pour un temps fes opérations
ordinaires. Il fe ranima par la iu ite , & fit peu à
peu de nouveaux progrès , fur-tout en Italie;-
C’eft de-là que les Pifans les Génois & les Venir
tiens, dont les flottes étoientnombreufes, fe répan-
doient dans tous les ports du Levant & de l’Egypte,
Yyy g
P