
j
forains ayant droit d y décharger leurs marchan-
difes , que les jurées chanvrières peuvent bien &
doivent vifiter ; mais qu’elles, non plus que les autres
maitrefTes de la communauté , ne peuvent acheter
, qu’après que les bourgeois s’en font fournis
pendant les deux jours qui leurfont donnés de préférence
fur elles.
CHAOURI , qu’on nomme aufïï SAIN. Mon-
noie d’argent qui a cours à Telis , capitale de Géorgie.
Le chaouri revient à cinq fols fix deniers de
France ; quatre chaouris valent un abagi ; deux
chaouri s font un ufalton ; dix carbequis ou~afpres
de cuivre font un. chaouri , & dix c h a o u r i s & demi
font la piaftre. Voye\ la table des monnoies.
CHAPEAU. Couverture ou habillement de tête
que font les chapeliers avec du p o il, de la laine ,
ou autres femblables matières cardées , feutrées , &
foulées avec la lie de vin détrempée dans l’eau
chaude.
Les chapeaux de caftor-, qui font les plus beaux ,
les plus fins & les plus chers de tous, font faits du
poil de l’animal appellé caflor, ou bièvre , dont on
a ôté les plus grands poils. Pour qu’ils foient bons ,
il faut y employer deux tiers de poil gras , & un tiers
de maigre , ou fec, bien cardés enfèmble , fans mê- •
lange d’aucunes autres étoffes.
La manufacture, des chapeaux de caftor ell très-
confidérable en France , & fur-tout à Paris , d’où il
s’en fait des envois, non-feulement dans toutes les
provinces du royaume , mais encore dans les pays,
étrangers , particulièrement en Efpàgne , & dans les
Indes Efpagnoles par la voie de Cadix. Ceux deftinés
pour l’Eipagne & les Indes font ordinairement noirs
ou gris , de forme platte , que quelques-uns appellent
, quoiqu’improprement y, forme quarrée , doublés
en dedans de fatin de différentes couleurs ,
comme bleu , rouge, violet, verd, &c.
Il fe fabrique auffi en Angleterre beaucoup de
chapeaux de caftor , qui font très-beaux & fort
eftimés ; mais la bonté des nôtres , jointe aux gros
droits d’entrée qu’on fait payer aux chapeaux d’Angleterre
, quand ils viennent en France , fait que
nous n’en tirons que très-rarement ; ce qui ne peut
être qu’avantageux à nos chapeliers & à la compagnie
, qui fait le commerce des caftors de Canada ,
difoit tout bonnement Savari dans fon diétionnaire.
Mais lepubtic entier y confommateur des chapeaux,
. y trouveroit - il le même avantage ? Oh ! c’eft une
autre queftion qu’on ne s’étoit pas même avifé de
faire, & d’examiner avec impartialité.
Les chapeaux nommés demi-caflors, qui étoient
autrefois défendus en France., mais dont la fabriqué
y eft permife depuis l’année 1 7 0 6 , ne font autres
que des chapeaux de vigogne , dans la compofition
defquels on fait entrer une partie de poil de caftor ,
plus ou moins fo rte , fuivant que le chapelier les
veut rendre bons & approchans dé la qualité des véritables
& purs caftors.
Les chapeaux que l’on nomme vigogne, ou dau-
phfflï 9 & quelquefois loutres, font feulement comr
pofés de poils de lapin & de laine.de vigogne ; car
pour le poil de loutre il n’y en entre point du to u t,
étant d’une qualité à ne pouvoir fe feutrer avec les
autres poils** Ainfi c’eft un abus de donner à- ces
chapeaux le nom de loutres.
Les chapeaux de caudebec font faits de laine
d’agnelins, de p lo c, ou duvet d’autruche, ou de poil
de chameau. Ils ont pris leur nom de la petite ville de
Caudebec en Normandie , où ont été fabriqués les
premiers chapeaux de cetteforte. Il s’y enfait encore
en allez grande quantité , auffi - bien qu’à Bolbec ,
Falaife , Dieppe, &c. mais Rouen eft le lieu ou il
s’en fabrique le plus.
On faifoit autrefois certains chapeaux gris , que
l’on nommoit breda , qui étoient tout de pure laine
de mouton ; mais ils étoient fi péfans & fi défagréa-
bles à la vue , que la mode & l’ufage s’en font abfo-
lument perdus.
Le poil de lièvre étoit anciennement d’un grand
fecours pour la fabrique des chapeaux.y & il s-’y
employoit même avec beaucoup de fuccès cependant
il a été abfolument défendu par rapport.au
commerce du caftor de Canada , dont il empéchoit
effectivement la confommation.
Ce que l’on appelloit autrefois chapeaux des fe p t
fortes , n’étoient que des vigognes communs, auxquels
on donnoit ce nom.
On fait préfentement des chapeaux de foyè, &,
ce qui pourroit bien mériter quelque attention de
I la part des citoyens éclairés, les chapeaux mêmes
de caftor font à meilleur marché en France, depuis
que le Canada , & par fuite la traite des caftors
dépend du roi d’Angleterre^
» Il y a en France quatre tarifs ou arrêts du con-
» fe il, fuivant lefquels fe payent les droits d’entrée
» & de fortie du royaume pour les différentes forces
» de chapeaux , favoir, le tarif dé 1664 & les ar-
» rêts du 14 août 1688 -, du 3 juillet & du z
» avril 1 7 0 Z .
» Par ces tarifs & arrêts, les chapeaux de caftor
» payent d’entrée 20 liv. la pièce 5 les demi-caftors
» 8 livres ÿ lés vigognes & demi-vigognes 18 livres la
» douzaine ; & les chapeaux de feutre, de toutes
»fortes de laines , poils & façons-, iz livres auffi la
» douzaine.
» Les droits de fortie font de 6 liv. par douzaine
» de caftors, 3 liv. pour les demi-câftors, 1 livre
» pour les vigognes , i f f. pour les demi-vigognes ,
» -io f. pour ceux de poil commun, & 30 f. pour
» ceux de feutre, tous auffi de la douzaine, le tout
» avec les fols pour livre ».
Chapeau. On nomme ainfi en Hollande une certaine
mefure de compte, fur laquelle s’évaluent les
droits d’entrée ou de lortie qui fe payent pour le tan,
ou écorce de chêne propre à préparer & tanner les
cuirs. Le chapeau eft de dix tonnes,
Chapeau. C’eft auffi une mefure pour les grains,
dont on fe. fert à Delft. Le chapeau contient treize
viertels de Breda, ou quatorze d’Anvers* Voyt{ la
TABLE DES MESURES, » Les,
»Les 'droits d’entrée & de fortie, qui fe payent
» en France de cette marchandife , font de 3 fols
» par douzaine & .les fols pour livre ».
Chapeau de maistre. En termes de commerce
de mer, fignifîe un certain droit ou préfent que les
maîtres des vaifteaux marchands fe font donner pour
chaque tonneau de marchandife qui fe charge dans
leurs bords. Ainfi un maître de navire dit : Il me faut
tant pour le fret & tant pour mon chapeau.
CHAPELER. ( Terme de boulanger ). C’eft ôter
avec un couteau , qu’on appelle couteau à chapeler,
la partie la plus épaiffe & la plus dure de la croûte
du pain , pour la rendre plus mince & plus aifée à
manger. Voy. couteau a chapeler.
On appelle du pain chapelé, celui dont le plus
dur delà croûte a été enlevé. La chapelure de pain
fe dit des parties de la croûte du pain , qui s’en enlèvent
, lorfqu’on le chapele. Les boulangers vendent
au litron cette chapelure , qui fert aux traiteurs
& cuifiniers à épaiffir leurs fauces , & aux pauvres
gens à faire du potage.
CHAPELET. On nomme ainfi plufieurs grains
enfilés enfemble, qui fervent à compter certaines
prières que les catholiques récitent en l’honneur de
Jéfus-Chrift ,- de la fainte Vierge & des Saints. On
les appelle autrement patenôtres ; ce qui a donné
le nom à trois communautés de Paris. Voy. pate-
nostre & patenostrier.
» Les chapelets & autres merceries de. faint-
» Claude , entrant par les bureaux de la douane de
» L y o n p a y e n t-11 fols d’anciens droits par chaque
» balle , & pour la nouvelle réapréciation iz fols
» du cent.
» Les droits de fortie de toutes fortes de cha-
» pelets y d’ambre ., verre , rocaille & bois fe payent
» comme mercerie , c’eft-à dire , 3 livres du cent
» pefant, conformément au tarif de 1664., & fi c’eft
» pour envoyer à l’étranger, feulement z livres , fui-
» vant l’arrêt du 3 juillet 1692 ».
Chapelet. Se dit auffi de cette verroterie, ou
raflade , dont il fe fait uri fi grand commerce avec
les Nègres de la Guinée & les Sauvages de l’Amérique
, parce que ces grains de verre font enfilés 1
comme des chapelets, pour la facilité de ce négoce. ■
Voye{ rassade.
CHAPELIER. Marchand & ouvrier tout enfemble
, qui vend & qui acheté des chapeaux, qui fait
fabri quer & qui en fabrique lui-même.
Les chapeliers de Paris forment une communauté
cônfidéràble.
Les marchands forains & autres , qui amènent des
chapeaux pour vendre à Paris ^ font obligés de les
faire porter dire&ement dans le bureau des chapeliers
y pour y être vus & vifités. Au contraire, les
maîtres chapeliers de Paris ont la faculté d’aller ou -
d, envoyer acheter dans le royaume , même dans les
pays étrangers, toutes fortes de marchandifes & étoffes
dépendantes de la chapelerie.
CHAPPA-DELLALLA. On nomme ainfi fur la
côte de Coromandel, particuliérement dans le royaux
Commerce. Tome Z. Part. I L
me de Golconde , un droit qui fe paie pour la marque
des toiles. Ce droit, qui n’eft du que par les
gens du pays, & dont les Européens font exempts,
eft de douze pour cent du prix des toiles. On le dit
auffi de la marque ou empreinte , que les officiers du
roi mettent fur les toiles.
CHARBON. Bois à demi-confumé par le feu &
réduit en braife.
Charbon. Se dit auffi d’une matière inflammable,
que l’on trouve dans les entrailles de la terre ; ou
que l’on imite en quelque forte, en faifant brûler à
demi de menues branches d’arbres. Le charbon naturel
s’appelle charbon de terre , quelquefois h o u ill
e y & fouvent charbon de pie rre ; quoique pourtant
on puifïè faire quelque différence entre ces trois
charbons. A l’égard du charbon artificiel, on le
nomme charbon de ' bois.
Tout le charbon de bois qui fe débite à Paris,
y vient, ou par eau dans des bateaux, ou par terre
dans des charrettes, ou dans des facs fur des bêtes de
fomme.
Les mefures, dont on fe fert, pour en faire le
débit , font le mùid, la mine , le minot, le boiffeau,
le demi-boifleau & le quart de boifleau, expliquées
eu le u r article.
Une voie , ou une charge de cha rb o n , eft un fac
rempli d’une mine de cette marchandife ; & c’eft ce
qu’un homme en peut porter fur fà tête en une feule
fois.
Le charbon de bois fe diftingue à Paris, eu
! charbon d’Yonne, en charbon de Marne, en char- j bon de Loire , en charbon de Seine, en charbon
de l’École & en charbon de Chevreufo.
Le charbon d’Yonne eft le plus eftimé de tous*
Il eft menu, rond & fans' écorce ; étant fait pour
l’ordinaire de jeune chêneau, que l’on a pelé pour
faire du tan. C’eft celui de tous les charbons qui
fe mefure avec le plus d’avantage, parce qu’il s’entaflê
facilement. Les fondeurs en confomment beaucoup,
à caufe qu’il rend une chaleur très-vive. On lui a
donné le nom de charbon d’Yonne, parce qu’il
vient de Bourgogne par la rivière d’Yonne.
Le charbon de Marne, ainfi nommé , parce qu’il
vient de Champagne par la Marne, eft un gros charb
o n , ordinairement de quartier, & quelquefois rond;
fa qualité fuit celle du charbon d’Yonne.
Le ch a rb o nde Loire -eft gros, rond & long, ayant
pour l’ordinaire fon écorce. Il fè fait de toutes fortes
de bois ; & eft le moins eftimé de cous, étant plus
rempli de bois blanc. On l’appelle charbon de Loire,
parce qu’il vient des bords de la Loire, par le canal
de Briare..
Le charbon. de Seine, ainfi nommé , à caufe qu’il
vient des lieux fitüés le long de la .Seine, en remontant
au-deffus de Paris, eft fait de toutes fortes de
bois. Il y en a plus de rond que de quartier ; ordinairement
fans, écorce : il fuit pour la qualité, le
charbon de Marne.
Les charbons y tant d’Yonne, de Marne, que de
Seine , arrivent au port de la Grevé dans de moyens
R a -