
d'acier, en marbres & principalement en vif-ardent,
dont il y a une mine célébré tout près d’Idria , ville
de la Carniole : il fort année commune de cette
mine environ izooo quintaux de mercure.
B ischofslack , Goritç, Laas, Neumarck , Igg
& Wippach font des villes du même duché qui font
quelque commerce en diverfes marchandifes. On
trouve quelques fabriques de draps communs dans
plufieurs de ces villes , & une de draps fins à
Wippach.
T rieste & F iüme , villes de l'Iftrie dans le
litorale Autrichien , font fituéés fur la mer Adriatique
; nous nous réfervons a traiter du commerce
quelles font, dans le chapitre du commerce d'Italie.
Bolzah ou Bolçano , eft une grande & belle ville
du comté duTirol, dont le commerce eft confidérable
en pelleteries, en verres & en fel, principales productions
de ces pays. On y tient tous les ans quatre ;
grandes foires , la première à la mi-carême , la
deuxième le premier lundi après la fête-Dieu , la j
troifiéme le lendemain de la nativité de la Vierge, '
qu'on nomme foire 8 Egide ou de faint Gilles ; la
quatrième le premier jour ouvrable après la foire ■
de faint André. Chacune de ces foires dure 15 jours.
Les lettres de change payables dans ces foires ,
doivent être acceptées dans les iz premiers jours j
8c les paiemens , foit comptant, foit par viremens
ou par rifcontre, commencent le treiziéme jour
& doivent s'effeCfcuer au plus tard le dernier jour
de la foire. Mais les principaux marchands étrangers
qui fréquentent Ordinairement ces foires font
matricules , c’eft-à-dire , entrés en contracîation. \
Çes contraclans ont divers privilèges. La ville de
Bol^an jouit de ce prétendu droit qu’on appelle
droit d 'é t a p e& eft l'entrepôt de prefque tout le
commerce entre l'Allemagne & l'Italie.
Inspruck , capitale du T iro l, eft une belle ville
dont le commerce eft allez grand. Il confifte principalement
en beaucoup de gants très-bien travaillés
, quantité de bonnets noirs, tant de foie que
de fil, & autres ouvrages qu'on y fabrique^
Munich , capitale de l'eleétorat de B aviere, eft,
«ne des plus belles villes de l'empire , dans laquelle
on voit diverfes manufactures de tapiftêries ’
de haute lifte , q u i, pour la beauté de l ’ouvrage ,
vont de pair avec la manufacture des Gobelins dé
Paris. On y voit aufli quelques fabriques de draps
& de petites étoffes de laine.
Ratisbonne , en Allemand Regensburg ou Re-
genspurg,ville impériale & très-peuplée, fait un
grand commerce de bois , de grains & de toutes
fortes de comeftibles qu'elle envoie à Vienne par
le Danube. Elle doit d'ailleurs étire regardée comme
un grand & riche magafin de f e l , dont le débit
fe fait continuellement dans le haut Palatinat &
dans les autres provinces voifînes , fituées le long
du Danube. Elle jouit du droit d'étape pour les
marchandifes qu'on 'tranfporte fur le Danube, fpé-
cialement pour le fel. L ’hydromel de Ratifbonne
eft renommé & on en fait un grand commerce.
Berchfîolsgaden, petite ville de la haute B avilrey
n’eft remarquable que par les petits ouvrages de
bois peints qui s'y font par les pauvres gens de la
campagne. On les porte vendre à Nuremberg , &
Nuremberg les envoie partout ou ils fe débitent.
Saltzbourg , capitale d'un évêché du même
nom dans le cercle de B avilre , eft une ville bien
peuplée & dont le commerce eft confidérable ,
principalement en fe l, que l'on tranfporte à Paftaw
par le moyen de l'Inn , de même que le fe r, le
cuivre , l'acier , le marbre , les meules de moulin
& les pierres à aiguifer 5 marchandifes que
l'on apporte à Saltzbourg de divers endroits du
diocèfe,, qui en fournit abondamment.
Amberg & Allensberg, villes du haut Palatinat
dans le cercle de Bavière, font quelque commerce,
notamment en fer & en cuivre , dont il y a dans ce
pays beaucoup de forges & de manufactures.
Augsbourg , ou Augufle , grande ville impériale,
capitale de la Suabe, fait un commerce des plus
confidérables en toute forte de marchandifes. Augsbourg
eft le point de communication du commerce qui
fe fait encre l’Allemagne & l’I talie ; i qu'in fi nim ent
déchue de fon ancienne Jplendeury cette ville con-
ferve néanmoins encore une bonne partie des affaires
immenfes qu’elle faifoit i l y a deux ou trois fiécles.
Le commerce d'Augsbourg a pour véhiculesprinci-
paux , d'un côté les marchandifes qui panent de
tranjit par cette ville , tant celles qui vont en Italie
que celles qui en viennent, & d'un autre côté celles
qu’on fabrique dans fon enceinte; En effet, il n'y
a guere de jour qu’on ne voie entrer à la douane
d Augsbourg 40 à 50 chariots de marchandifes qui
arrivent de différens endroits , foit pour les dépoier
ou vendre dans la ville , foit pour les tranfporter
ailleurs. C'eft probablement dans cette douane
qu’il faudroit chercher la caufe qui fait dégénérer
le commerce d’AugsbourgA.es ouvrages qui s'y font
confident pour la plupart en pièces bien travaillées
d'or & d'argent ; on y fait d’ailleurs de belles tables
à écrire , de belles eftampes .& figures en taille
douce. Le defîèin, la taille douce en manière noire
& plufieurs autres arts qui exigent de grands talens
y font cultivés admirablement. Les petits & menus
ouvrages & les bijoux d'Augsbourg font d’un - bon
débit dans prefque toute l'Europe. Il s'y fait de beaux
ouvrages incruftés de nacre de perle , d’ambre
jaune & autres matières précieufes. On y contrefait
en étain fin les plus belles pièces d'argenterie. On
y fabrique des lunettes , des miroirs , de l'or en
feuilles , des paflemens. Le papier peint, appellé
papier de Turquie ou marbré, & le doré & argenté
fe fabriquent en très-grande quantité à Augsbourg,
& y font à très-bon marché. On y grave les plus
belles cartes géographiques de l’Europe. Les fabriques
de fatam&d’Augsbourg font les plus anciennes
qu'on connoiftè : il en fort tous les ans plus de
30000 pièces de différentes qualités & de divers
prix. La fabrique de chitz établie depuis quelque
tems dans cette ville a acquis une telle réputation*,
nue l’on donne à la marchandife qui en fo r t, la
«référence fur celle des fabriques d Angleterre &
5 e Suiffe , tant à caufe de la beauté des deffins
que pour la durée des couleurs j les chitz es
hitaines d'Augsbourg font de différentes qualités &
prix. Il en eft de même des ma-elas , des toiles
rni-fÎL de lin , & des couvertes de chevaux dont
on fait dans cette ville un commerce très-étendu,
fpécialement avec l'Italie. Les étrangers commandent
d'ordinaire les marchandifes dont nous venons
de parler, ou toute autre dont ils ont befoin , parce
que les ouvriers font en état d’en faire une grande
quantité en peu de temps j d’une autre part les
maîtres s’entendant bien enfemble , & 1 un étant
fait à l'ouvrage de l'autre , ils s’aident mutuellement y
& de cette bonne intelligence réfultent de grands
avantages pour Augsbourg fur quantité d autres
villes.
Il fe fait à Augsbourg un grand commerce de
change j les négocians les plus riches en font leur
principale occupatioh j ils entretiennent à cet effet
des relations très-étendues avec les autres places'de
change, tant de Y Allemagne que de l’Italie, de la
Hollande & des autres parties de l’Europe.
Constance , ville de la Suabe, fait un allez
joli commercé en toiles , vins , fruits & autres
produ&ions.
Lindau , ville libre & impériale dans le cercle
de Suabe , fait un grand commerce de vin , de fel
& d'étoffes de laine de fes manufaftures, tant avec
les autres villes de Y Allemagne , qu'avec la Suifle,
la France & l’Italie. Elle eft fituée fur deux petites
ifles que forme le lac de Confiance. _
Muhlh ausen , ville du cercle de Suabe , fait
un bon commerce, principalement en marchandifes
de fes fabriques & manufactures dont elle a un
Coup de vin. Il pofTede d’ailleurs un grand nombre
de manufaftures. Celles de laine à Blaubeuern , à
B a lw , à Louifbourg & à Vrach font en tres-boh
état. On fabrique des toiles par tout le duché 3
mais Vrach & Louifbourg fe diftinguent par leurs
toiles damafiees ; en divers endroits du duché il y
a des fabriques & manufactures de crépons de
foie, de chapeaux , bas , papier , miroirs & verres ,
& de beaucoup d’ouvrages en fer. Une fi grande
quantité de marchandifes donne au pays le moyen
de faire un grand commerce. Quelques fociétés
établies dans les principales villes , notamment à
Louifbourg , contribuent beaucoup à fon état florif-
fan t, en facilitant l’écoulement des marchandifes
chez l’étranger, avantage dont ne jouifîoit pas ce
pays avant 1 etabliffement de ces fociétés.
Nuremberg , ville libre & impériale du cercle
de Vranconie , eft du nombre des villes & A llema gne
grand nombre.
Montbelliard , en Allemand Mumpelgand,
ville du même cercle , fabrique une forte de toile
de lin, bleue & blanche , rayée & à carreaux, qu’on
emploie à divers ufages , furtout pour les matelas,
& connue en effet fous le nom de toile à mate- .
la s , quoiqu'on l'appelle aufli quelquefois toile de
.Montbelliard, & plus communément toile à carreaux'.
La pièce eft ordinairement de io aunes
de long & de jufqu’a j d’aune de large mefure de
Paris.
Ulm , ville libre & impériale du cercle de Suabe,
eft fituée fur le Danube & fait un grand commerce
, principalement en papier , en futailles &
en toiles de lin blanches ; ces toiles ont 1 ou z
aunes_.de largeur & depuis n o o jufqu’â. 4000 fils.
On trouve aufli dans cette ville des ouvrages de fer
de toute forte, qu’on y apporte de divers endroits
de fes environs.
W ir t e m b e r g o u Wurtemberg , grand Duché
dans le cercle de Suabe, a plufieurs villes qui font
un commerce confidérable , fçavoir Stuttgard,
Louisbourg, Calw ou Calb, Canjladt & Vrac h.
Ce Duché eft un pays très-ffertile : il produit beau-
les plus célébrés par leur commerce. Il fe fabrique
dans fon enceinte & aux environs, des ouvragés
de toutes les fortes , en lin , laine , or ,
argent, cuivre , laiton, acier , fe r, albâtre, ivoire ?
bo^s, &c. &c. Ces ouvrages , dont un plus grand
détail nous meneroit trop lo in , s’envoient de N u remberg
dans toutes les parties de l’Europe , 8c
telle eft la quantité qui en fo rt, qu’il n y a peut-
être pas de ville tant foit peu confidérable où l’on
: ne trouve des marchandifes de Nuremberg , fur-
tout de la quinquaillerie de toute efpèce.
L e rouge de Nuremberg > en Latin Terra N o -
ribergenfis rubra, & en Allemand Nïtrnberger rothe
farbe , eft une fubftance argilleufe rouge qu on
trouve à une certaine profondeur en terre près de
Petzenftein , petite ville entre Nuremberg & Ba-
reith. On la fait fécher au four 5 après quoi on la
tranfporte à Nuremberg, ou on la vend au quintal-,
& de là on en envoie des quantités de tous cotes*
Les Peintres en emploient beaucoup. L acheteut
doit prendre garde qu’elle ne foit pas melee de
pierres. . p
Il y a dans cette ville une banque qui date la
fondation de l’année iô z ï . Elle y fut établie pour
la confervation des groftes espèces d’argent, ^non-
no ie qui alors avoit cours dans cette ville. Tous
les paiemens qui s’y font, foit de lettres de change ,
foit d’afïignations au-deflus de 150 florins , doivent
fe faire par cette banque , de. même que le montant
des marchandifes au-deffus de, zoo florins ,
fous peine pour les contrevenants d’une amende
de ro p - fur les fommes qu’ils auroienr payées
d’une autre manière. Cette banque fe ferme deux
fois par a n , l’une 'à la fin d’avril ,& 1 autre a la
fin d’oftobre ; & pendant environ 15 jours: quelle
relie fermée chaque fols , on fait la balance de fes
Les marchands de Nuremberg jouïlïént de pîu-
fieurs prérogatives & privilèges dans diverfes. v i t e
XAllemagne , dont ils fréquentent les foires ; & ils
j font réputés régnrcoles dans toutes les villes de
1 France. On tient tous les ans à Nuremberg uns