
prépare depuis vingt ans par ordre de V adminiftration publique, qui verront
tôt ou tard la lumière , & qui auroient toujours eclipfé les nôtres.
VEncyclopédie Méthodique a fur l’ancienne, cet avantage , que les
portions qu’il faudra renouvelier peuvent l’être facilement, fans moucher
les autres. Intimement perfuadés que la publication du grand Dictionnaire
du Commerce par M. labbé Morellet, ferait défirer. encore une refonte
de celui qu’on ■ nous avait chargés de revoir & de corriger , nous avons
cru devoir ufer fobrement des droits que s'arrogent les nouveaux Editeurs.
Nous avons ajouté beaucoup défaits * beaucoup de tables * beaucoup de
comptes fimulés , beaucoup d’obfovations, qui ne Jont, point de nous| mats
des Auteurs que nous venons d’indiquer , nous nous fommes permis de
notre chef quelques réflexions. & quelques changemens analogues à nos
principes qui font affei connus pour qu’on nous pardonne d’y demeurer
confiamment attachés. Sans nous flatter d’avoir mis cette nouvelle redation
dans un état de perfection § qui ne pouvait ù ne dey oit pas etre notre
ouvrage, nous oflons affurer que nous l’avons rendue beaucoup moins
inexacte & infiniment plus complexe ; ce fl tout ce que nous nous étions
proppfé.
Vij
NOUVEAUX ÉLÉMENS
DU C O M M E R C E ,
P a r M. l ’A b b è B A U D E A U ,
S e R VA NT de Difcours Préliminaire à la nouvelle rédaction du Diâionnairt
de Savari, pour l’Encyclopédie Méthodique.
Continuo has Leges , ætemaque foedera cunâûs ,
Impofuit natura Locis. Virgile.
J P A R MI les animaux répandus fur la I
furface du globe que nous habitons, l’homme
eft le feul qui s’empare de la terre elle-
même , qui la fubjugue par fon intelligence
& fon travail ; qui la contraigne à lui fournir
par préférence les produirions qu’il
défire , à les faire naître avec plus de certitude
& d’abondance , à les doiier des
qualités qui lui font plus agréables ou plus
avantageufes.
L’homme eft le feul qui fçache façonner
les matériaux fortis des mains de la nature
dans un état infoftne de fimplicité primitive
; qui les analyfe, les fépare , les combine,
les polilfe, les incorpore , pour former
de vingt fubftances différentes , un feul
objet de jouiflancesj-
Il eft le feul enfin qui puiffe d’un pôle
à l’autre , en voitùrant à fon gré fur la terre
& fur Fonde les ouvrages de l’art formés fous
les climats les plus éloignés , en communiquant
avec facilité jufques à l’émifphère
oppofé, fes penfées, fes travaùx & fes
propriétés, raffembler dans le point qu’il
occupe toutes les richèffes des deux mondes.
Tels font les heureux fruits de la fociété,
que l’Auteur même de la nature a fondée
parmi les hommes, pour aflùrer la confer-
vation , le bien être, la multiplication de
notre efpèce. Tels font les heureux fruits
du Commerce proprement dit, c’eft-à-dire,
de -l’échange des travaux & des propriétés
qui conftitue le mouvement & la vie des
fociétés civilifées. .
Laiffons aux déclamateurs oififs les éloges
de la vie fauvage , & la noble émulation
d’imiter les bêtes féroces errantes dans les
forêts! Nous aimons à croire que l’homme
eft le fruit de la fociété qui précéda fa
naiffance , qui conferva fes jours , qui développa
fes facultés, qui lui procura fes premières
propriétés.
Pouvons-nous jamais oublier un triple
amour, une triple alliance qui nous donnèrent
le jour, qui gouvernèrent notre longue
enfance ? Des époux, un père, une mère, des
frères & des fceurs, fociété de famille , fource
de notre exiftence même & de tous les
biens dont elle peut être accompagnée ;
pourquoi la trifte philofophie de quelques
publiciftes atrabilaires, anciens ou modernes,
voudroit-elle détourner nos regards de ceS
objets fi confolants , où nous fommes fans
celle rappelles par les fentimens les plus
doux de la nature?
Semblables à l’auteur fabuleux deRobin-
fon , les calomniateurs de l’humanité, ne
fçauront-ils jamais donner à Crufoë dans