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ALMENE. ( Poids de deux livres ) dont Ton Te
fert à péfer le fafran dans'plufieurs endroits du continent
des Indes orientales.
ALMENDINE , ALMANDINE ou ALBAN-
DINE. (Pierreprécieufe) qui eft une efpèce de rubis,
mais plus tendre & plus légère que le rubis oriental.
Sa couleur tire néanmoins 'plus fur celle du
grenat, que fur le rouge du rubis.
ALMONDE. ( Mefiire de Portugal) qui fert à
mefurer les huiles. Les Portugais' vendent leurs
huiles d’olive par almondes , dont les vingt-fix font
une botte ou pipe. Chaque almonde eft coippofée
de douze canadors., & le canador eft femblable au
mingle d’Amfterdam. Voyeç la ta b l e d e s m e su r e s .
ALMOXARISFASGO. On nomme ainfi dans
quelques ports de l ’Amérique Efpagnole , particulièrement
à Buenos-Ayres, un droit de deux & demi
pour cent de la véritable valeur des peaux de taureaux
, oui fe payent au ro i'd ’Efpagne , pour la
(ortie des cuirs qui s’embarquent fur les vaifîeaux
d’Europe. Outre ce droit il eft encore diî le droit
du quint, mais feulement à raifon de quatre réaux
chaque cuir.
ALMUDE. ( Mefure des liquides ). On la
nomme plus ordinairement almonde. Voye[ c i-
devant A LM O N D E .
ALOÉS. Ce nom eft commun à trois chofes
diîférentes ; à un arbre très-précieux & très-rare ;
à une drogue fort utile dans la médecine , & à une
plante, de la racine & des feuilles de laquelle on
tire cette drogue, qui en eft le fuc. La plupart des
auteurs confondent l’arbre & la plante , fans doute
à caufe du peu de connoiflance que l’on a de l’arbre ;
& que la drogue que produit la plante, eft bien
plus connue & d’un plus grand ufage.
On peut juger du prix & de la rareté de l’arbre
d3aloés par l’origine fabuleufe que les Indiens, &
même quelques-uns de nos auteurs , n’ont point
rougi de lui donner, en le faifant croître dans le
paradis terreftre ; & ne le faifant venir jufqu’â nous
que par le moyen des eaux, qui inondent quelquefois
un féjour fi délicieux ; & l’on en jugera auffi
de ce que d’autres le placent fur des montagnes
macceflibles, & lui établifîent comme pour gardiens
les animaux les plus féroces.
L’on n’a pas eu befoin de l’arrivée des ambafla-
deurs Siamois en France , en 168.6 , potfr être
défabufé de ces fables, auxquelles perfbnne de bon
fens n’eft capable d’ajouter fo i, non pas même
ceux qui les inventent ; mais ils ont beaucoup aidé
a faire connoître cet arbre , dont il n’y avoit pref-
que que le nom de connu.%
L’arbre à'aloês croît dans la Chine , dans le
royaume de Lao & dans la Cochinchine. J1 eft a
peu près de la hauteur & de la figure de nos oliviers.
Ses feuilles font aufïi femblables aux leurs ,
Sc fôn fruit eft rouge & peu différent de celui du
cerifier.
L e tronc de cet arbre eft de trois couleurs ; ce
qui fait trois fortes de bois différens, & de noms:.
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& de propriétés. Immédiatement fous l’écorce il
noir , compaét & péfant. Le bois qui fuit eft de
couleur tannée, léger, veineux & femblable a du
bois pourri. Enfin, le coeur eft le précieux bois de
tambac ou calambac| plus cher aux Indes que
l’or même; & qui faifoit, au gré des Siamois, la
partie la plus rare, & qu’ils eftimoient le plus ,
des magnifiques préfens quils apportèrent à Louis
le Grand', de la part du roi leur maître.
Le tambac eft d’une odeur forte, mais agréable.
Il fert de parfum pour parfumer les habits & les
appartenrens ; de cordial fouverain dans l’épuifement
& la paralifie ; & l’on remployé aufii pour monter
les bijoux les plus précieux qui fe travaillent
aux Indes.
Des deux autres bois, celui qui fuit l’écorce ,
& qui eft noir, a été nommé par les Portugais, à
caufe de fa noirceur, pao d'aquita, bois d'aigle.
Il ne s’en fait point de commerce en France , où
l’on n’en trouve que dans les cabinets ,de quelques
curieux. Le bois de couleur tannée, qui eft entre
le bois d’aigle & le tambac, n’eft autre chofe que
le bois de calambouc , qui eft le feul véritable
bois d aloés , que les marchands droguiftes de Paris
foient en état de débiter , les deux autres étant
trop rares ; &. tant de bois à qui on donne le nom
Valois , étant tous bois fuppofés , fans vertu &
d’aucune valeur.
Il faut choifir le bois de calambouc d’un jaune
luifant & bien jafpé au dehors^ poreux & d’un
blanc jaunâtre au dedans ; léger, réfineux , femblable
à un bois pourri ; d’un goût amer , tel que
la drogue qu’on nomme aloês, qui pour cela lui
a communiqué fon nom , & que jetté au feu , il
brûle cbmme la cire, & exhale une odeur agréable.
Le vrai calambouc eft ordinairement en morceaux
plats ; ce q u i, avec fa grande légèreté , le
diftingue aifëment de tant d’autres bois qu’on veut
lui fubftituer.
Le Tunquin ne produit pas moins d'aloês que
la Chine & la Cochinchine ; & après les foies c’eft
dans cet arbre précieux que confifte fa plus grande
richefïè.
L ’aloés de Tunquin.eft fi bô'n, qu’il y en a qui
s’y vend jufqu’â mille écus la livre , ce qui s’eftime
fuivant qu’il a plus ou moins ,de graille; celui qui
n’en a point fe vendant à peine trois écus, & n étant
propre.qu’â la marquetterie ou à faire des chapelets,
tels qu’on en y oit beaucoup à Paris.
Tous les Orientaux, particulièrement ceux qui
laifïènt croître leur barbe, font grand cas de ce parfum
, à caufe de l’ufage établi dans tout le levant,
de n’admettre chez foi aucunes perfonnes un peu
confidérables, fans la cérémonie de leur donner le
parfum ce qui fe fait en leur couvrant la tête d’une
petite toilette ou d’un grand mouchoir d’étoffe de
fo ie, ou de toile de coton, fous lequel on met
une caffolette où l’on brûle de Xaloés, ou quel-
qu’autre parfum exquis.
-Tâvernier, dans fa relation du Tunquin, allure
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i É j vu, â Hifpahan, une bûche de bois S aloês de
(jx pieds de haut & de deux de to u r, qui avoit coûté
quarante mille pardos, qui font cmquante-qua.re
mille livres monnoie de France.
L a p l a n t e d a l o é s , eft cette plante que-Ion a
élevée dans le jardin du roi à Pans, que plufieurs
particuliers cultivent parmi les plantes étrangères ,
& dont quelques droguiftes & épiciers ornent leurs
Cette plante croît en bien des endroits des Indes
orientales & occidentales. Il s’en trouve auffi en
Europe, & fur-tout en Efpagne , dans les-montagnes
de la Siéra Morena, où elle vient d’une ojroüeur
& d’une hauteur extraordinaire. Ses feuilles font
vertes, épaifiès, dures & piquantes ; & un en tire
une efpèce de foie rougeâtre , propre a faire des
dentelles , dont on a vu quelques morceaux en
France, que M. de Tournefort y avoit apportés
d’Efpagne. Du milieu des feuilles fort une tige ,
qui porte fa fleur & fon fruit, dont^ la femence
eft une graine blanche extrêmement légère & demi
■ ronde.
Les plantes Xaloés qui ont fleuri plufieurs fois
au jardin royal, 8c fur-tout en 1664, ont defabufe
de l’erreur populaire , qui étoit prefque paflee juf-
qu’aux fçavans, quelles ne fleurifloient que tous
les cent ans, & que la fleur faifoit un bruit terrible
en fortant, puifqu’on eft préfentement accoutumé â
les voir fleurir, & qu’a l’épanouiffement de leurs
fleurs , non-feulement l’on 11’a jamais entendu ce
' bruit furprenant, mais qu’on n en a point du tout
entendu.
L ’a l o e s , dont on fe fert dans la médecine , &
que les maréchaux employent auffi j>our la guérifon
des chevaux , eft le fuc de la racine ou des feuilles
de cette plante , tiré en confiftance d’extrait.
On diftrngue de trois fortes d'aloés } le focotrin
ou lucide, qu’on appelle auffi fuccotrin 8c ciccotrin}
le citrin 8c le cabalin, qui ne font pourtant que
le même fuc , plus ou moins épuré. U aloés Jocotrin
eft le meilleur, & vient de Socotra, à l’entrée
de la mer rouge , d’où il a pris fon nom. Le cabalin
eft le moins b o n , & ne fe donne qu’aux chevaux ;
d’où peut-être il eft appellé cabalin, Le citrin eft
entre deux.
Le focotrin vient dans de petites veflîes extrêmement
minces. Il faut qu’il foit friable , léger, clair,
tranfparent, de la couleur d’un beau verd d’antimoine
, d’un goût amer, prefque fans odeur ; &
que réduit en poudre, il foit d’un jaune doré.
C’eft de Y aloês cicotrin dont on fe fert en médecine
, mais dont il faut ufer avec difcrétion, étant
un purgatif violent.
Il entre dans la compofition de ces pilules , qu’on
nomme pilules de Francfort oxl pilules gourmandes,
8c fait auffi la bafe de celles qu’on appelle pilules
angéliques.
L’aloés rofat & Y aloés violât , font des extraits
que les apothicaires font de cet aloés, en le difïol—
vant dans du fuc de rofes ou de violette ; & après
A L P y?
l’avoir filtré, en l’expofant au foleil ou fur un petit
feü, pour l’épaiffir , & lui donner la confiftance
propre à le réduire en pilules.
L’aloés cabalin eft noir, fe c , prefque fans odeur,
& vient dans des paniers de palmier ou de jonc.
Les droguiftes qui ont de la bonne f o i, avouent
que c’eft une très-mauvaife drogue, & qu’il la
faudroit défendre , n’étant qu’un réfidu brûlé, qui
n’a ni force ni vertu \ mais ils voudraient que les
maréchaux lui fubftituaffent dans les remèdes où ils
font entrer Y aloés, celui qu’on appelle aloés hépatique.
Cet aloés vient des ifles de l’Amérique , & eft
tiré de la racine d’une plante peu différente de Y aloés
du levant. On l’apporte dans des gourdes ou calle-
baffes de différens poids , depuis deux livres jufqu’â
cent. Il faut le choifir couleur de foye, d’où lui
vient le furnom à’hépatique , fec 8c le moins puant
qu’il fe pourra ; car pour l’ordinaire il eft d’une
puanteur infupportable.
Le ta r i f des entrées de 1664 avoit f ix é Ici
droits des aloés, fça v o ir , à dix livres le cent
péfant pour Valoés focotrin ou lucide i a trois
livres quinze fo ls pour le c i t r i n d vingt -^cinq
livres pour Valoés lignum f in i & a trois livres
pour Valoés moyen ou cabalin. Mais Varrêt du
15 août 168s , qui n’en diftingue que trois, qui
fo n t Vapatique, ( i l devait dire hépatique, ) le
cicotrin & le cabalin, les met du nombre des
marchandifes venant du levant > Barbarie & autres
pays & terres de la domination du grand J e i-
gneur, du roi de Perfe & d 'I ta lie , fu r lefquelles
i l efl ordonné de lever vingt pour cent de leur
valeur. .
ALOIGNE. ( Terme de marine ) , qui figmfié
la même chofe que bouée. Voye{ Bouée.
ALOSE. ( Sorte de poijfon de mer) reffemblant
à la fardine pour la figure, mais bien plus grofle.
Elle eft du nombre de ceux qu’on appelle poïjfons
de f a i fo n ou depajfage, n’ayant couturîie de remonter
les rivières que dans le printems.
Les oeufs d’alofe font autant eftimés dans les Indes
orientales, que ceux d’efturgeon en Mofcovie , 8c
ceux de meuges dans la mer noire ; & le commerce
qui s’en fait n’eft guères moins confidérable, s’y en
confommant chaque annee la charge de plufieurs
navires. .
En France, où Von ne mange que la chair du
p oijfon, le cent d'alofes en nombre paye vingt
fo ls de droits d'entrée & les fo ls pour livre.
ALOUCHI. ( Efpèce de gomme de bonne odeur9
qui coule de l'arbre qui produit la canelle blanche.
) Voyei canelle blanche. Voye{ aujfi be-
DELIUM. , . r r 11 l i ALPAGNE. ( Animal à laine ,fo r t femblable
aux llçuhas & aux vigognes , à la réfen>e qu'il
a les jambes plus courtes & le mitfie plus ra-
maffé ; de forte qu'il a quelque rejfemblance au
vifage humain.) Les habitansdu Pérou le mettent
au nombre des bêtes de charge, 8c leur font porter