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doit y avoir même quantité , poids ou mefure, de
deux, trois, ou plufieurs defdites drogues ; ces médecins
, en écrivant les noms des drogues, ne mettent
point la quantité qu’il en faut après chacune, mais
feulement après la dernière , ils écrivent le mot ana
4 gros , par exemple : ce qui lignifie que de toutes
les drogues précédemment écrites, où i l n 'y a point
de quantité marquée , i l fa u t mettre quatre gros
de chacune, Ainfî,
Jjt. Rhubarbe,
Séné,
Cafte, Ana 4 gros;
veut dire quatre gros de chaque : & l’apothicaire en
le voyant, l’entend tout aum-tôt.
Le mot $ana a encore quelques autres lignifications
, mais comme elles ne regardent point le commerce
, elles n’entrent point non plus dans le deffein
de ce Dictionnaire,
ANACARDES. ( Efpèce de fèves qui fo n t ap«■
portées des grandes Indes. ) Les feuilles de l’arbre
qui les produit, font verdâtres & à demi rondes. Les
feves fe trouvent dans une goufîe de la figure de
celles de nos groffes fèves , qui contient ordinairement
deux anacardes• La bonté des anacardes
ponfifte â être groiïes, bien nourries , nouvelles,
féches, & que l’amande Soit blanche. Ces fortes de
fèves font de quelque ufage en médecine, étant un
bon purgatif, mais dont U ne faut pas fe fervir que
de l3 avis d’un habile homme. On tire de l’huile des
anacardes y qui a la propriété de l’huile d’acajou.
Les apothicaires en font aulïi le miel qu’ils nomment
anacàrdin.
Les droits Centrée que payent en France les
anacardes , fo n t de trente - cinq fo ls le cent
péfant avec les fo ls pour livre.
Anacardes antartiques. Ce font les noix
à*acajou, à qui les épiciers-droguiftes de Paris donnent
ce nom , à caufe de quelque reflèmblanee
qui fe trouve entre ces deux dangereux purgatifs.
Voyez acajou./
ANACOSTE ou ANASCOTE. ( Efpèce d* étoffe
de laine croifée , très^rafe y fabriquée en manière
de Jergé de Caen, mais pas si couverte de poil b
de meilleure laine. ) Elle fe fait à Leyden en Hollande
, à Bruges & â Afcpt dans les pays-bas Efpa-
gnols j à Ypres & aux environs dans la Flandre
rrançoifè. Cette étoffe a une aune de large , ainfi
que les ferges de Caen, & vingt aunes ou environ
de long. Elle s’envoie ordinairement en blanc & en
poir en Efpagne, où il s’en fait une grande consommation.
Il s’en fabrique depuis peu en France , particulièrement
à Beauvais , où elles font parfaitement
bien imitées 5 & les marchands de cette ville-là
en envoient auffi quantité en Efpagne. Voy rBA yette.
ANAGROS. ( Mefure pour les grains) dont on
fe fert en quelques villes d’Efpagne , particulièrement
a Seville, \J anagros contient un peu plus que
la mine de Paris; enforte que trente-fix anagros font
dix-neuf feptiers, mefure de Paris, Vçye{ la table
pE$ mesures,
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ANATE ou ATTOLE. ( Sorte de te in tu r l
ro u g e, qui f e trouve a u x Indes Occidentales. )
Elle fe fait d’une fleur rouge qui croît fur des arbrif-
feaux de fept ouhuitpieds.de haut. On la jette,
comme l’indigo , dans des cuves ou des citernes
faites exprès ; avec cette différence , qu’on Remployé
que la fleur , qu’on effeuille comme on fait
les rôles ; & lorfqu’elie eft pourrie & qu’à force de
l’agiter elle eft réduite à une fubftance épaiffè 8c
liquide, on la laifîè lécher au foleil, 8ç on en forme
des rouleaux ou tourteaux.
Il n’y a plus que les Efpagnols qui cultivent 8c
qui préparent ïa n a te , la plantation que les An-
gjois de la Jamaïque avoient à S. Angels , ayant
été ruinée. Cette drogue eft plus eftimee des teinturiers
d’Angleterre que l’indigo ; auffi les marchand*
de la Jamaïque , qui s’en fourniffent à Porto-rico,
l achetent-ils un quart plus cher, ne donnant que
trois réafes de la livre d’indigo , & quatre de V a t-
tô le . C’eft préfentement de la baye des Houduras,
que les Européens, qui font ce négoce, en tirent
la meilleure partie. Cette marchandife eft de bon
débit ; & il y a toujours cinquante à foixante par
cent à gagner , quand on l’a de la première main.
# ANATRUM ou NATRUM , que chez les épiciers
de France on nomme vulgairement NATRON,
( EJplçe de fa lp ê tr e n a tu r e l, q u i ri*eft proprement
que de la fo u d e blanche• ) Vo y e{ sa l p ê t r e .
A n a t r u m , qu’on écrit plus communément
anatron ; eft l’écume du verre qui Surnage fur
les creufets , lorfque la matière eft en fufion. Cette
écume qui paroît diverfifiée de plufîeurs couleurs,
entr’autres de gris , de blanc , de brun & de bleu ,
contient une efpèce de fel, qui eft propre à l’engrais
des brebis & qu’on donne auffi aux pigeons,
Lorfqu’on la réduit en poudre , & qu’on la laifle
expofée à un air humide , elle fe diffout ; & lç
réfidu qui fe trouve coagulé au fond du vaifîèau,
n’eft guères different du fel marin ordinaire. Voy ez
verre.
ANCHOIS.(Très-petit p o ifto n d e mcr)que quelques
uns eftiment n’être qu’une efpèce de nareng ,
& que d’autres confondent avec la fardine : mais â
en juger par la figure & par le goût, on peut fans
témérité affirmer, que Y anchois eft un poiflon d’une
efpèce particulière, & qu’il n’a rien de commun ,
qu’une allez légère reffemblance avec le hareng ou
la fardine,. ‘ °
La pêche des anchois fe fait fur les côtes de
Provence dans les mois de m a i, juin & juillet $
faifon , où régulièrement Cette forte de poiflon
entre dans la méditerranée par le détroit de Gibraltar.
Nices, Cannes , Antibes, S. Tropes & quelques
autres endroits de Provence , font les lieux d’où
on les envoie aux marchands épiciers de Paris. Il
s’en fait auffi des envois confîdérables pour les pays
étrangers. La pêche des anchois eft pareillement
très-abondante dans la rjvièrp de Gênes 8ç fur le*
Pôpes de Catalogne,
A ND
11 faut choifir les anchois y petits , nouveaux ,
blancs deffus , vermeils dedans , & qu ils ayent e
dos rond , les anchoisp la ts, ou trop gros, n étant
fouvent que des fardinés. Il faut outre ces qualités,
qu’à l’ouverture des barils , ou des ^>ots , la iauce
foit d’un bon goût & ne fente point l’event.
En France les anchois payent des droits
d'entrée je i{e fo ls du cent péfant, b quatorze fo ls
de droits de fortie , avec les fo ls pour livre.
ANCHUE. ( Terme de manufacture de lainage,
qui fignifie ce quon nomme plus communément
la trame d'une étoffe. ) Le terme à’anckue eft
particulièrement en ufage parmi les ouvriers de la
fayetterie d’Amiens. Du côté d’Aumale, on dit enflure.
Voye%'trame.
ANCRAGE. ( Terme de commerce de mer b de
marine. ) En général, il fignifie le lieu où Von jette
Vancre pour arrêter un navire.
On le dit auffi en particulier , du droit que les
capitaines & maîtres des vaiffeaux marchands payent
en plufieurs endroits au roi ou à l’amiral, pour avoir
permiffion d’entrer dans les ports & havres des côtes
de France.
Ce droit n’entre point dans les avaries, & les
affureurs n’en font point tenus.
Il eft dû & fe paye par le maître du navire,
conformément à l’ordonnance de la marine de
l68;i. ,
ANCRURE. ( Terme de tondeur de draps) qui
fignifie un petit redouble ou plis , qui-fe mit à
l’étoffe que l’on tond, parce quelle n’a pas été bien
tendue ou arrêtée avec les crochets par les lifières
fur la table ou couffin à tondre.
Uancrure eft un défaut confidérable dans l’apprêt
de la marchandife ; parce que la force paffant fur
ce rendouble , qui quelquefois eft prefque imperceptible
, elle coupe de fi près le poil de l’étoffe ,
que l’on en découvre entièrement le fond ou la
corde.
Pour remedier à ce défaut, on fe fert ordinairement
d'une bofîe de chardon , avec laquelle on
retire un nouveau p o il, que l’on retond enfuite ,
afin de l’égaler au refte. Mais quelque chofe que
l’on puifle faire pour cacher cette défeéhiofité , il
eft prefque impoftible de pouvoir empêcher que
l’on ne s’en apperçoive j & l’on regarde toujours ce
défaut comme une tarre à l’étoffe.
ANDELLE , ( bois à brûler) y prefque tout de
hêtre, plus court d’un pied que le bois ordinaire , qui
prend fon nom de la rivière Sandelle qui tombe dans
la feine. Voye^l'article des bois.
ANDOUILLE. ( Mets ) que préparent les chair-
cuitiers avec des boyaux renfermés dans un autre
boyau , que pour cela on appelle la robe de
Yandouille.
Il fe fait dans quelques villes de France un très-
grand, commerce a andouilles, entr’autres à Tours,
a Blois & à Trôyes.
Andouilles. On nomme andouilles de tabac ,
des feuilles-de tabac préparées & mifes enfemble,
A N É 7 j
! de manière que par leur longueur & leur figure,
elles ont affez de reffemblance avec les a n douilles
des chaircuitiers ; avec cette différence pourtant
qu’elles font plus enflées au milieu qu’aux extrémités.
Les plus groffes andouilles de tabac ne paflènt
pas dix livres, & les plus petites n’en ont pas moins
de cinq.
Pour faire ces andouilleSy on étend fur une table
des feuilles de tabac prêtes à torquer, les plus faines
& les plus belles d-abord , & les plus petites par-
deffus. On roule enraite ces feuilles qui fervent de
moule ou d’ame à d’autres dont on les couvre ,
jufqu’à ce quelles aient la groffeur & le poids
qu’on veut leur donner ; alors on les envelope dans
un morceau de groffe toile imbibée d’eau de mer
ou d’une liqueur compofée , & on la lie ferme
d’un bout à l’autre avec une petite corde dont les
tours fe touchent. On les laiffe.en cet état jufqu’à
ce qu’on juge que les feuilles font tellement liées
les unes aux autres , qu’elles ne font plus qu’un
corps, & alors on ôte la corde & la toile , & l’on
coupe les deux bouts des andouilles pont faire voir
la qualité du tabac dont elles font faites.
Lorfque les a n douilles font bien faites, elles fe
confervent long-temps, & peuvent aifementfe transporter
par-tout.
ANE ou ASNE. ( A n im a l domeftique ) , lent $
pareffeux , mélancholique ; mais patient, dur air
travail , & bon pour le portage & le tirage. Sa
femelle s’appelle ânejfe•
Les ânes b les âneffes, grands b p e t i t s , p a y e n t
en France des d roits d'entrée dans le royaume, ou
dans les provinces réputées étrangères , s i x fo l s de
la p iè c e , b d ix -h u it fo l s de d ro its de fo r ti e b les
fo l s p o u r liv re .
ANÉEou ASNÉE. ( M efure de gra in s en ufa g e
en quelques provinces de France, p a r tic u liè rem en t
dans le L y o n n a is b dans le M â c o n n o is .)
Ce n’eft pas néanmoins' une mefure effective >
telle que peut être à Paris le minot, mais un aflèm-
blage d’un certain nombre d’autres mefures.
A Lyon Yânée eft compofée de fix bichets , qui
font un feptier & trois boiffeaux de Paris. A Mâcon
Yânée eft de vingt mefures , qui reviennent à un
feptier huit boiffeaux de Paris.
Le bichet de Lyon pèfe 60 1. & Yânée 360 1. le
poids de Lyon eft plus foible que celui de marc de
16 onces pour cenr.
Une ânée 8c un bichet rendent à Marfeille fept
sivadières : cent ânées font 131 charges un quart ; &
une ânée y donne une charge un quart un feize.
Par rapport aux mefures étrangères, quatre ânées*
de Lyon font fept muddes d’Amfterdam , pour lesquels
il n’en faut que trois de Mâcon. Voyeç m u d d e .
Différen te s mefures depuis L yo n ju fq u 'à C ra y , b
leu r rapport avec Yânée de L y o n .
La mefure ûe Neuville jufqu’à Genay , à une
lieue de traverfe , eft de deux pout cent plus perit£
que celle de Lyon.