
ARLAQUES , font de tris-belles foies de Verfe,
qui ne cèdent guères pour la finefle aux fourbaftis.
O n s’en fert néanmoins très peu dans la fabrique
des étoffes de foie de Lyon & de Tours , parce que
cette forte de foie ne fouffre pas l’eau chaude dans
le dévidage. Voye{ soyf.s du levant.
ARDOISE, pierre bleue b fffftle qui eft tendre
au fortir de la carrière , & qu’on coupe aifement
en feuilles déliées, pour faire des couvertures de
maifons, au lieu de tuiles.) On en lait aufli des tables,
des carreaux ou pavés & autres ouvrages. Les
ardoifes d’Anjou font les plus en réputation : Celles
de Mezières font plus tendres & s’écaillent. On a
ouvert des ardoisières a quelques lieues de Charle-
ville, dont la pierre n’eft pas moins belle , ni de
moindre fervice que celle d’Anjou > quoiqu’elle ne
foit pas iout-a-fait fi bleue , ou fi noire.
Le commerce des ardoifes eft plus confidérable
en Anjou , que partout ailleurs ; & ce font les
ardoisières de cette province , qui en fournifient
prefque toutes les autres du royaume & les pays
étrangers.
Les lieux dont on tire les plus belles , font Tre-
lazé & les Ayraux, paroifles à une lieue d’Angers.
Les perrières les plus abondantes & ou fe trouvent
les meilleures efpèces , fe nomment les petits
carreaux & la noue. Celles de la Jouvencière, du
Bois & du petit-Bois , en fournilfent d’aufli noires ,
& qui né contentent pas moins la vue ; mais la
pierre en eft aigre & trop dure. La perrière de
Villechien , dans la paroiffe de S. Léonard , eft
pareillement en réputation. Il y a aufli quelques
trous ouverts aux environs de Condé , la Jaille,
Château-Gontier & Juvigné fur Loire : mais outre
qu’il s’en tire peu, celles qu’on y fabrique étant mal j
unies , groflières & trop molles , le débit ne s’en
fait que pour l’ufage du pays même ; & il ne s’en
envoie aucune dans les autres provinces du royaume,
©u dans les pays étrangers.
Les différentes efpèccs d'ardoife fo n t, le poil
roux , le gros noir, le poil noir & la grofle noire,
la carrée forte & la .carrée fine.
Des coupeaux, ou déçhet des pierres, on en fait
encore de trois fortes ; la taillette, la cartellette ou
cadette & le fendis.
U ardoife cofine , qui fert a couvrir les dômes
des églifes , eft très-rare : elle fe fabrique avec
des callots de pierre , un peu courbés en voûte ;
çe qui la rend plus commode pour ces fortes d’ouvrages
: à fon défaut on fe fert de la çarlette , qui
eft la plus petite de toutes les efpèccs A'ardoife•
Les ardoifes les plus fines & les meilleures, s’envoient
à Paris & à Roue a : la grofle noire &
d’autres de moindre qualité, fe débitent ordinairement
pour les pays du Maine & depuis Saumur
jufqu’à Orléans. Les poil noir & poil "gros n o ir,
foht propres pour Nantes 8c vers le bas de la rivière
de Loire.
Pour les pays étrangers , les envois fe font plus
delà c^rrçe fine & de la carrée forte ;
parce qu’étant d’un plus petit volume que les autres,
elles s’embarquent & fe chargent plus aifement dans
les vaifleaux.
Les ardoifes fe vendent au cen t, au millier, 8c
à la fourniture , qui eft de vingt-un milliers, fournis
de quatre au cent. Quand elles font prifes fur la
perrière , on en met dix au cent pour dédommager
les acheteurs des rifques de la voiture , étant une
marchandife fort facile à fe cafter. On eftime qu’an-
née commune il fe fabrique jufqu’a un million de
milliers d’ardoifes par mois de toutes les efpèces
différentes, qui fe tirent des ardoisières d’Anjou.
L ’on trouve dans le chapitre zp de l’ordonnance
de la ville de Paris de 1671 , trois articles , qui
font le quatrième , le cinquième & le fixième ,
fervant de réglement pour la moiflon, qualité^, &
vifite des ardoifes qui y arrivent pour la provifïon
de cette capitale.
Par le premier de ces trois articles, il eft enjoint
aux marchands trafiquans Aéardoifes pour Paris, de
n’en faire venir que de deux qualités ; fçavoir , de
la quarrée forte * de dix à onze pouces de longueur
fur fix à fept de largeur , & de deux lignes
d’épaifleur, fans être traverfine , ni mêlée de fine :
& de la quarrée fine de douze à treize pouces de
laro-eur & une ligne d’épaifleur : ces deux fortes
A'ardoife de quartiers forts & fonnants , & tirées de
la troifième foncière de chaque perriere. |
Par le fécond de ces articles , il eft ‘défendu de
mélanger les qualités A'ardoife} & pour çela ordonné
aux marchands & voituriers d’en faire différentes
piles dans leurs magafins & bateaux*
Enfin., le dernier de ces trois articles régie la
vifite & l’arrivage des ardoifes 9 & ordonne aux
jurés couvreurs de venir faire au bureau dç la
ville , leur rapport des quantités .& qualités qui font
arrivées à chaque marchand , & en représenter, les
échantillons , pour le prix en etre taxe. Comment
taxer des ardoifes , dont l’extraétion fe fait dans les
provinces éloignées avec des frais que les taxateurs
ne peuvent évaluer , & le tranfport fur des voitures
dont le prix leur eft également inconnu ? arbitrairement
, c’eft-à-dire au préjudice du vendeur ou de
l’acheteur ce qui eft injufte , ou tout jufte au -prix
naturel, ce qui eft inutile.
Les droits de fortie que l on paye en trrance
pour les ardoifes , fo n t de quinze fo ls 9 & ceux
d'entrée de dix fo ls pour le millier en nombre , &
les nouveaux fo l ) pour livre.
ARDOISIÈRE; Les frais pour exploiter les
ardoisières ,font très-confidérables ; mais les rifques
que courent les ouvriers qui les exploitent font encore
plus grands ; & il n’arrive que trop fouvenc
que les fondis & cabremens entraînent hommes ,
chevaux & engins au fond de la perriere , & y
accablent & enféveliflent les malheureux ouvriers
d’abas : outre que les voies & fources d’eau y eau-
fent quelquefois de fubites inondations , qu il e t
très - difficile de prévoir & encore plus d ÇYJteç
d$n$ dçç fouteyrains fi profonds.
Cet article eft copié mot à mot du Dictionnaire
de- Savary ; de ce même Auteur qui trouve tout
{impie , qu’il y ait dans les villos des gens qui
taxent les ardoifes. On l’auroit bien embarafle en
lui demandant pour quel prix il faifoit entrer dans
la taxe les rifques des malheureux ouvriers qui travaillent
dans les ardoisières ? Car enfin quand des
bourgeois taxateurs tiennent à bas prix les ardoifes
importées dans une grande cité , les entrepreneurs
qui exploitent les carrières ne peuvent payer que
très-mal les malheureux ouvriers qu’ils emploient.
AREB. ( Monnoie de compte dont on fe fert dans
les états du grand mogol, particulièrement à Ama-
dabath. ) Quatre' are b s font un crou ; un crou vaut
cent laes ; & un iaes, rooooo roupies. Voye{ la
TABLE DES MONNOIES.
ARECA ou AREQUE. ( Fruit fameux dans les \
Indes, oAil s’en fait un commerce & une confomma-
tion incroyables , n’y ayant perfonne qui n’en ufe ,
& étant egalement de mode parmi les plus grands
& les plus, riches, comme parmi les plus petits &
les plus pauvres» )
L’arbre qui porte Yareque , eft grand , d ro it,
délié & rond. Le brou , qui en enveloppe le fruit,
eft uni par dehors , mais raboteux & velu par dedans,
allez femblable en cela au brou du cocos. Sa
grofleur eft celle d’une noix raifonnable : fon
noyau, gros environ comme une mufeade , a qui
il refl'emble allez par dehors , en à aufli les veines
blanchâtres quand on le coupe, en deux. Au centre
du. fruit, quand il eft encore tendre , eft renfermée
une fubftance grisâtre , molle & prefque liquide,
qui fe durcit â mefure que le fruit approche de fa
maturité. Le fruit mur eft jaunâtre, & toujours fort
amer , mais jamais dégoûtant.
Le grand ufage de Yareque , eft de le manger
avec des feuilles de betel , en y mettant un peu
de chaux rouge faite de coquillage. Lorfque Y are- .
que eft encore frais , il fe fond entièrement dans
la bouche ; s’il eft fec , il laifie un peu de marc.
Dans l’un & l’autre état il fait beaucoup cracher;
& la falive qu’il excite, aufli-bien que le fuc qui
fort de Yareque & du betel, font d’un rouge brun,
qui communique une teinture de même couleur
aux lèvres & aux dents ; ce qui apparemment empêchera
toujours que l’ufage de cette drogue ne
s’établifîe en Europe , & particulièrement en France,
où l’on fait confiftet la plus grande perfection des
dents dans leur blancheur.
On prétend que Yareca fortifie l’eftomac , quand
on en avale le fuc , comme font la plupart des
Indiens. Une de fes autres vertus , eft d’emporter
tout ce que les genfives peuvent avoir de malfain &
de corrompu.
Les Siamois l’appellent plou en leur langue. On
parle ailleurs amplement du commelxe qui fe fait de
cette drogue dans tout l’Orient.
ARGÉNT. [ .Métal blanc , qui’ tient le fécond
rang entre les métaux , & qui après l’or'eft le plus
beau , le plus duCtile & le plus précieux.)
Commerce. Tome / .
Il fe 'trouve des mines & argent dans les quatre
parties du monde. L’Europe en. a quantité ; & la
France même en a quelques-unes , mais qui ne font
ni riches, ni abondantes ; & dont, à ce que plusieurs
croyent , la dépenfe excéderoit de beaucoup le
produit.
Les mines du Pçrou & de quelques autres endroits
de l’Amérique , . font les plus fécondes de
toutes; & elles paroiffént jufqu’à préfent inépuifa-
bles. Celles du Potofi furtout , continuent de fe
fouiller prefque avec le même fuccès qu’au commencement
de la découverte qu’en firent les Pizares,
ces fameux conquérans Efpagnols ; avec cette différence
toutefois 1 que les nions de la mine étoient
d’abord prefque fur la fuperfîcie de cette fameufe
montagne, & qu’à préfent il faut les chercher &
les fuivre dans des profondeurs affreufès, où l’on
pénétre à peine après des quatre cens marches
de defcente.il eft inconcevable à combien de millions
d’indiens il a coûté la vie , depuis qu’on y
travaille , & combien il en périt encore chaque
année.
Suivant l’édit de Henri I I , du mois de mars 1554,
art. 7 , les orfèvres ne peuvent travailler Vargent,
foit en groflerie, ou menuiferie , qu’au titre d’onze
deniers douze grains fin , à deux grains de remède*
Cet argent ainfi travaillé , fe nomme argent-le-
roi.L
3argent fe tire des Indes & d’Efpagne , en
barres , en efpèces ou pièces de monnoie ; en plaques
, en culots & en pignes. '
Les barres, ont pour l’ordinaire quatre marques ,
qui font celle du poids , celle du titre , celle de
l’année & celle de la douane où les droits en ont
été payés. Pour ce qui eft du poids , il diffère de
celui de France de fix & demi pour cent ; de manière
que cent marcs d’Efpagne ne péfent que
quatre-vingt-treize marcs quatre onces de France;
& fuivant cette proportion , le poids d’Efpagne eft
moins fort d’une demie-once par marc que celui de
France.
A l’égard du titre , les degrés de la Japnté de
Y argent y font partagés, de même qu’emTrânce,
en douze deniers , & chaque denier en vingt-quatre*
- grains.
. Le poids des barres A'argent eft ordinairement
proportionné à leur titre : par exemple , celles qui
font a onze deniers dix-neuf à vingt grains, appelles
de toute loy , font de deux cent marcs, même
davantage ; & celles d’un titre au-deflous, qui ne
font numérotées que zzoo jufqu’à 1 3 0 0 , ne font
que de cent cinquante marcs.
Le titre eft indiqué fur les barres par des numéros
, qui désignent autant de maravedis : ces ma-
ravedis font ' le compte numéraire en Efpagne. Le
maravedis y vaut trois deniers , monnoie de France ;
en forte que vingt maravedis font cinq fols, & les
huit & un tiers lont deux fols un denier, qui eft
I la valeur du grain de fin.
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