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étrangères , & non fujettes.aux cinq großes fermes,
fans payer aucuns droits.
3 °. Que ladite compagnie jouira de l’exemption
de la moitié des droits d’entrée fur le cacao, quelle
fera venir dans le î-ô'yaüme , pour y être confoinmé.
4°. Enfin, qu’elle-jouira pareillement de l’exemption
des droits de fôrtie 'en entier fur toutes les
marchandifes qu’elle tirera du royaume, pour être
tranfportées tant aux côtes d’A f r iq u e q u e dans
l’Amérique.
La paix traitée a Ucreck entre la France & l’Angleterre
, mit fin à cette compagnie , qm dura juf-
qu’en 1713 , que par un article leeret, la traite des
Nègres fut cédée aux Anglois.
La première concefiion de la compagnie de Guinée
, étoitrfinie dès l’an 1705 ; mais le roi Louis
XIV , comme on l’a remarqué ci-devant, àvoit
trouvé, bon, qu’à caufe_ des engagemens pris pour
cette fourniture des Nègres , elle continuât de jouir
des mêmes privilèges & exemptions, fous foa non-* ;
veau nom de compagnie de V A ß e n te , qu’elle avoit
fait fous fou ancien nom de compagnie de Guinée.
Louis XV dans la première année de fon rçgnë
ayant cru pliis convenable de laifler à tous fes fujets
la liberté du commerce fur les côtes d’Afrique de
la concefiion de- cette compagnie , que de confen-
tir à l’établiffement d’une nouvelle , il fut donné
par des lettres patentes du 16 janvier 1716, une
permiffion générale-à tous les négocians du royaume,
de faire librement le commerce1 des Nègres, &
de la poudre d’or , depuis la rivière de Serrc-
Lyonne inclufivement , jufqu’au Cap de Bonne-
Efpérance ; à condition néanmoins de ne pouvoir
armer leurs vailfearux qne dans les ports de Rouen,
la Rochelle , Bordeaux & Nantes ; à la réferve des"
négocians de Saint-Malo , qui pourroient les armer
dans leur propre p o rt, leur accordant même plufieurs
privilège s^ exemptions contenues dans neuf
articles , pour les animer à ce commerce.
. Compagnie du Cap-Verd. C’efl: proprement
la même que celle du Sénégal, fous un autre nom.
Elle s’étoit formée avant l’établifïement de la compagnie
d'occident, faite en 1664 ; mais les côtes
d’Afrique'ayant été comprifes dans la concefiion de
cette dernière , on ne parla plus de celle du Cap,
jufqu’à ce qu’en 1673, ainfi qu’on l a dit, elle reparut
fous le titre de Sénégal.
Compagnie de la mer du Sud. C’efi: proprement
la compagnie de VAßiente , dont on a parlé
ci-defliis , qui mérite & qui porte cette qualité ,
ayant eu fon principal établiffement à Buenos-AyreS,
ville & port de l’Amérique Efpagnole , non loin du
célèbre détroit, qui joint la mer du Nord à celle
du Sud : mais il fembîe que l’on peut le donner
auflï à ces célèbres affbciations, particulièrement
des Malouins, qui ont apporté tant de richelfes en
France.
La guerre pour la fiicceffion d’Efpagne , dont on
a déjà eu plus d’une oceafion de parler dans cet.
article, & l’union intime de ces deux nations bel-
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liqueùfes, célèbres jufques-là par cet antipathie qu’ôn
croyoit naturelle , & en quelque manière infuimon-
table , & qu’on voit maintenant fi heureufement finie,
a donné naiffance à cette compagnie.
Les côtes du Chili & du Pérou, & tant de ports
de la mer du Sud, de la domination Elpagnole ,
fermes aux- vaiiïeaux étrangers avec tant de févé--
rh é , furent ouverts aux, François * qui y portèrent
1 abondance dé toutes fortes de marenandifes d’Europe
, & qui en rapportèrent une quantité extraordinaire
, foit' en piaftres , foit en p ignés , de ces
riches métaux qui fe tirent des mines inépuifables
du Potofi, ou des Lavadores du Chili.
Ce fut fur-tout en l’année 1705) , année fi remarquable
par la rigueur & la longue durée du'1 froid,
que les retours des • vaifleaux de ces compagnies,
furent d’une richefie immenfe.
Il fut porté aux hôtels des monnoies de France ,
jufqu’à trente millions de matières d’or & d’argent 5
&. un minifirre célèbre par fon intelligence dans le
maniment des finances, n’a point fait difficulté d’avouer,
dans un écrit rendu publie en 1716 , que
la F rance épuifee par une longue guerre , & une
famine afireufe , avoit du en partie -fon falut à un,
feeours arrivé fi à propos, & à la génerofité des
négocians ,. qui avoient offert au roi Louis XIV ,
1 ufage de la moitié d’une fi riche cargaifon.
La paix d’Utreck, qui a fini cette ruineufe guerre,
ayant fermé de nouveau aux François, àiifil bien
qu’aux autres nations d’Europe, la mer du Sud , &
fes ports, Louis XV afin de leur en Ôter même
jufqu’ au defir, e n .a défendu le commerce & là
navigation, à tous fes fujets , par fa déclaration donnée
à Paris le zp Janvier 1716.
C o m pa g n ie de la b a y e d’H udson. C’effc encore
à la guerre . pour la fuccefiïon d’Efpagne , que
cette compagnie dût fa naiffance , & à la paix
d’Utreck fa difiolution.
Henry Hudfon, Anglois de nation, mais armé
par les direéleurs de la compagnie des Ind e s orientales
de H o lla n d e , avoit découvert en 1612. Cette
baye & le détroit, qui porte fon nom; & une
compagnie de fa nation qui s’y étoit établie , affez
long-temps après, y'faifoit un commerce confidé-
rabie de riches pelleteries 5 mais les François s’étan-c
rendus maîtres de cette colonie affez floriflante ,.
pendant les premières années de cette guerre coin»
mencée avec le dix-huitième fiècle, un e. compagnie
s’établit àQuebeck , capitale de la nouvelle France,
pour profiter du commerce qu’ouvroit cette nouvelle
conquête.- Mais la colonie & fes forts furent
reftitués à fes premiers maîtres , par l’article dixième
du traité d’Utreck, & la compagnie A n g lo ife en
ayant été remifè en poffefiion, celle .de la nouvelle
France eut feulement la liberté d’en retirer fes effets,
armes, meubles & marchandifes.
C om pa g n ie d u M is s is s ip i o u de la L o u is ia n e .
Mifliflîpi que d’autres nomment DÆefchasipi, fîgni-
fie grande r iv iè r e , nom qu’il mérite par l’on long
o
cours de plus de 800 lieues , commençant à être navigable
à fept ou huit lieues'de fa fource.
Robert Cavelier de la Sale natif de Rouen, fi
fameux par fes découvertes au Sud & Sud-Ouefi: du
Canada, fut le premie-r qui en eut la connoiffance &
qui ofa en fuivre le cours jufqu’au Golfe du Mexique
, où il fe décharge par deux embouchures»
Il avoit formé ce denein dès l’année 1 6 6 9 . Ayant
enfuite été fait gouverneur & propriétaire du fort de
Frontenac en i 6 j j , ou il prépara toute fon entre-
prife,: il revint en France trois ans après pour prendre
les derniers ordres des miniflres, & les mefures
pour être foutenu dans l’etabliffement qu’il projet-?
to it, pour le quel étant de retour en Canada , ii partit
en 1 6 8 0 .
Ce voyage fut heureux , la Louifiine & fes vaftes
contrées furent découvertes & parcourues , & la Sale
fut porté fur le Miffifiipi jufqu’à l’Océan , où il arriva
au mois d’avril i68z , ou , comme d’autres veulent ,
avec plus de fondement, ce femble ; en 1683 , puisque
c’efi: la datte que les letrres patentes du i^oi du 14
décembre 17 iz donnent à cette découverte.
Le célébré avanturier vint lui-même porter en
France la nouvelle de la courfe , & de fon heureux
fuccès. Il y forma une nouvelle compagnie, obtint
du roi des lettres patentes , & partit en 1684 avec
quatre vaiffeaux chargés d’habitans , de foldats & de
tout ce qui étoit néceffaire pour la nouvelle colonie ,
qu’il alloit. établir à l’embouchure de fa chère rivière,
La mer lui fut moins favorable que la terre. Il entra
bien dans le Golfe du Mexique , mais il ne pût
reconnoître le fleuve qui lui àvoit coûté tant de cour-
fes, de fatigues & de depenfes.
Obligé de s’établir fur les rivages d’une autre
rivière inconnue , il vit périr peu à peu fa colonie , &
déjà a 1 mois de juin 1685 , il ne lui reftoit pas cent
perfonnes de tout fexe & de tout âge.
Plus affligé que découragé de ces contre-tems , il :
entreprit plufieurs courfes pour retrouver le Mifli-
fiipi, mais toujours inutilement. .
Enfin dans’ celle qu’il fit en 1687 à la tête d’un
petitparti , dont une partie fe mutina contre lui ; il
fut tué le z,o Mars d’un coup de fufil, qu’un feelerat
nommé Ham, ( qui prefque fur le champ porta la
peine de fon crime , ) lui tira de derrière de grandes
herbes , d’où il l’avoit efpié.
La colonie fans chef le divifa. Quelques-uns prirent
le chemin des Illinois, & arrivèrent par la rivière
même du Miflîflïpi, qu’ils reconnurent, mais un peu
tard. D autres fous la conduite d’Hiens autre feelerat,
mais vengeur du malfacre du fieur de la Sale , prirent
une autre route , apparemment peu. fûre, puif-
qu’on n’entendit plus parler deux ; & le peu qui ne
voulurent fuivre ni l’un ni l’autre p a rti, furent bientôt
enlevés par les Epagnols , qub achevèrent de détruire
cette rh allie ureum coloniei
Ce qu’avoit inutilement tenté le fieçir de la Sale ,
réulfit fept ou huit ans après fous la conduite de moniteur
d’Hiberville , gentilhomme Canadien, déjà fa-
■ pieux par d’autresentreprifes. L e Miflîffipi fut recon-
| nu ; les premiers fondemens d’une colonie jettes fur
j fes bords , & un fort bâti pour en affiner la poflelfion
aux François.
La Colonie fut bien-tpt, fortifiée par de nouveaux
fecoürs, que fon fondateur lui mena dans un fécond
voyage,.; & il en avoit entrepris ùn troifiéme qui l’au-
roit approché de fa perfection , lorfqu’il mourut en
route, empoifonné , dit-oti, par les intrigues d’une
nation célèbre , qui craignoit un tel yoifin ; & par fa
mort laifla cette colonie dans le befoin de quelque
autre perfônne capable de foutenir & d’achever un fi
beau projet. .
Ce fut dans le fieur Antoine Crozat, fécrétaire du
roi, également célèbre par l’illufire alliance, où fa
fille a eu l’honneur d’entrer, & par fes immenfes ri-
cheffes amaffées par les voy es légitimes & honorables
du commerce de mer , qu’elle trouva en 17 n comme
un fécond fondateur.
Par les letres patentes que le roi lui accorda le 14
feptembre de la même année , il fut établi pour faire
feulle commerce pendant quinze années dans toutes
les,terres appartenantésà la F rance, connues préfen-
tement fous le nom delà L o u isia n e , qui font bornées,
par celles des Anglois de la Caroline d’un côté, & par
le nouveau Mexique de l’autre; & en particulier dans
l’ifle Dauphine, appellée. autrefois du ma fiacre, &
le fleuve S a in t-L o u is auparavant MiJJiJJipi.
Ces lettres patentes contiennent en feize articles
les conceflioiis, privilèges, & immunités attachés à ce
nouveau commerce ; & auflï toutes les exceptions &
les réferves qu’il plut à fa majeflé d’y faire. On ne fera
ici l’extrait que des principaux.
Le troifiéme de ces articles donne au fieur Crozat
la propriété de toutes'les mines , minières , & miné*
raux , qu’il aura découverts , & fait fouiller , pendant
les quinze années de fa concefiion.
Le cinquième lui défend tout commerce des
cartors , même dans l’étendue de la Louisia n n e 3
pour ne point préjudicier aux habitans de la nouvelle
France , qui en font leur principal négoce.
Le huitième ordonne l’envoi de deux vaifleaux
par an , pour foutenir les colonies, ,& entretenir le
négoce de la L o uiflanne.
Les dix , onze, & douzième articles parlent de
l’exemptionou totale , ou en partie de plufieurs
droits , dont le roi fait remife au fieur Crozat ,
en faveur de ce nouvel établiffement, & des dépeuples
qu’il lui convient faire pour !e foutenir.
E n fin le q u a to rz ièm e lu i; p e rm e t la tra ite des
N è g re s , . q u ’il n e p o u rr a n éa nm o in s fa ire q u e p a r
lu i-m êm e , & feulement p o u r les v endre au x c o lo n ie s
d e là L o u i j i a n e , & les en fo u rn ir.
Les principales marchandifes , qni fe tirent de
cette colonie , font diverfes pelleteries, des paux de
différents animaux , des cuirs verds & des laines :
celles qu’on efpère , font les foies, l’indigo , l’or ,
l’argent, plufieurs autres métaux ou minéraux, même
des pierres précieufès & des perles.
Compagnie d’Occident. La colonie de la L o u i*