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été fabriquées 3 fi c’eft comptant ou à crédit, pour
quel temps, & quelle différence il y a du prix du
temps au comptant. Ils doivent aufîi s’appliquer à
connoître les longueurs & largeurs des étoffes &
leurs qualités.
Ceux qui vendent des marchandifes liquides,
doivent fçavoir les mefures jufqu’à la moindre partie,
foit pour la longueur ou la circonférence des vaif-
feaux qui les contiennent, ou de ceux qui fervent à
l'es mefurer. Il en doit être de même pour les marchandifes
féches qui fe vendent à la mefure ronde,
comme le boiffeau.
5°. D’apprendre a bien foire un paquet & un
ballot, afin que les marchandifes qui y font renfermées
, fe puiffent, oonferver dans l e tranfport que
l’on en pourra foire. Si ce font des marchandifes
précieufes, outre la caiffe , la paille & la toile
d’emballage , il faut encore y mettre une toile cirée,
pour les garantir des injures du temps 3 & fi ce font
des marchandifes fragiles, marquer d’un pinceau
avec de l’encre, une main fur les ballots ; cela
fervant d’avertiffement aux crochetenrs & voituriers
qu’ils doivent être maniés avec précaution.
Outre cela il fout encore être bien exaét à bien
mettre les adreflès , les marques & les numéros fur
les paquets & ballots. Les apprenti/s doivent prendre
oarde à toutes ces chofes , lorfque leurs maîtres
leur laiffent le foin de l’emballage des marchandifes.
6°. De fe perfectionner dans la vente. Pour y
xéuflîr, il faut être homme de bien , ne tromper
perfonne, ne point vendre à faux poids ni à foufle
mefure. En aunant les marchandifes , de bien conduire
l’étoffe bois à bois, fans la tirer pour l’étendre
davantage. En péfant, ne point par artifice & fub-
tilité de la main, foire pancher la balance où eft la
marchandife, afin qu’il s’y trouve davantage de
poids ; ne point vendre une marchandife pour une
autre ; ne point faire de mauvais reftès, c’eft-à-dire,
de vendre autant qu’il eft poffible toute la pièce ,
fons qu’il en refte de morceaux , parce que ces
morceaux ne fe trouvant plus propres à rien , ou à
très-peu de chofe, cela canfe une perte confidérable
pour le maître. De ne point favorifer perfonne ,
foit pour le prix , foit pour la marchandife , ni
donner de bonnes mefures d’aunages ou autrement,
fans le confentement du maître.
7°. De fe rendre agréable aux perfonnes qui
viennent acheter ; ne les point vouloir perfuader
mal-à-propos ; ne point s’accoutumer à mentir ni à
jurer pour foire yaloir les marchandifes 5 ne point
s'impatienter quand les perfonnes les rebutent ou les
méprifent 3 leur repréfenter avec honnêteté qu’elles
font belles & bonnes, .& qu’on n’eftime pas qu’ils
en puifîent trouver ailleurs de plus parfaites ni à
meilleur marché. Si après cela ils Portent fans acheter
il fout au lieu de le mettre de mauvaife humeur,
les reconduire en leur témoignant avec un air affable,
au’on a du déplaifir de ne leur avoir pas vendu
pour l’eftime que l’on a de leur perfonne 5 ce qui
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ne peut que les engager à revenir, s’ils ne trouvent
pas ailleurs de quoi fe fatisfaire.
Les apprentifs doivent s’attacher à fuivre & à
pratiquer toutes les maximes qui viennent de leur
être données, s’ils veulent fe rendre un jour capables
de faire avec avantage le commerce pour leur
compte.
On peut voir plus au long aux livre & chapitre
du Parfait Négociant, ci-devant cités, les devoirs
des apprentifs marchands quon s'efî contenté de
donner ici en abrégé.
Outre les apprentifs des fix corps, dont on vient
de parler amplement, il y a encote des apprentifs
dans, toutes les communautés des. arts & métiers de
la ville & fouxbourgs de Paris. Ils doivent tous ,
auflï-bien que les premiers, être obligés pardevant
notaires, & font tenus après leur apprentiffage de
fervir encore chez les maîtres pendant quelque tems,
en qualité de compagnons. Lés années de leur
apprentiffage , aufïi-bicn que de ce fécond fer vice,
font differentes fuivant les différens ftatuts des communautés.
Le nombre des apprentifs que les maîtres peuvent
avoir à la fois, n’eft pas non plus uniforme.
La veuve d’un maître peut bien continuer Y apprenti
f commencé par fon mari, mais non pas eri
faire un nouveau.
La veuve qui époufe un apprentifs raffranchît
dans plufieurs communautés.
Les apprentifs des villes où il y a jurande, peuvent
être reçus à laïuaîtrife deParis , après avoir été
quelque temps compagnons chez les maîtres, plus
ou moins , fiiivant les communautés.
En général il eft abfolument néceflaire d’apprendre
le métier qu’on veut foire : mais combien de
temps fout-il mettre à s’inftruire ? Il eft évident que
cette queftion ne peut fe réfoudre que par la facilité
qu’a Y apprenti f ii fo former, & par celle qua le
maître à l’endoAriner. Prefcrire un temps uniforme
à tous, régler le nombre d’élèves que chaque maître
peut avoir, ce font des abus. Un ouvrier peut être
bon pour opérer, & très-mauvais pour inftruire, &
d’autres, quoique médiocrement adroits eux-mêmes ,
peuvent avoir des talents fupérieurs pour diriger des
ouvriers & foire des apprentifs. En générallesftatuts
des corporations, qui ont étéabroges en 17 7 5 3 etoienc
l’ouvrage de l’ignorance & de la cupidité. Le parlement
de Paris s’étoit oppofé à ces etabliflements 3
la pîupart ont été enregiftrés fous Louis X IV ,
dans le temps où la magistrature n’étoit pas libre.
L’on peut voir dans les articles où l’on a traité
des divers arts & métiers de Paris , ce qü’ils peuvent
avoir de différence par rapport aux apprentifs• Au,
refte ,^ees avis fi fages & fi convenables de 1 auteur
du Parfait Négociant, quoique dçftinés aux feuls
apprentifs des fix corps des marchands, peuvent
être néanmoins d’une grande utilité, à proportion ,
à ceux des autres communautés.
. APPRENTISSAGE. Se dit du temps que les
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apprentifs doivent être chez les marchands ou mai
très des arts & métiers. Les brevets d apprentijjage
doivent être enregiftrés fur les regiftres des corps &
communautés ; & leur temps ne commence a courir
que du jour de leur enregiftrement. Aucun ne peu
être reçu marchand qu il ne rapporte fon brevet ƒ
fes certificats d’apprentiffage. Ar t. 3 du Ut. i ae
Vordonnance de 1F73.
APPRENTISSE. ( Fille ou femme qui s’engage
chez une maîtrefie pour certain temps , par un
brevet devant notaires, afin d apprendre fon arc
fon commerce de la même manière a peu près que
les garçons apprentifs. )
APPRÊT. Eft proprement un terme générique ,
qui comprend toutes les diverfes façons q f on donne
à certaines marchandifes , pour les achever & les
perfectionner avant de les mettre en vente.
APPROVISIONNEMENT. ( Ce qui- eft deftiné
pour la provision d'une communauté y dé uneville).
C’eft encore une grande queftion d économie politique
de fçavoit, s’jl faut laifler à la liberté parfaite
du commerce, le foin d’approvifionner les grandes
villes de toute efpèce de denrées & de marchandifes,
ou s’il fout y pourvoir d’autorité, i°. par des regle-
mens portant injonctions & prohibitions, z°. par
des commiffionnaires particuliers & privilégiés ?
Les nëgocians éclairés affinent tous que la liberté
parfaite approvifionneroit toujours les pays & les-
villes les plus immenfes le mieux qu il foit pqflible.
Les philofophes désintéreffés qui ont examiné cette
queftion, tant par les principes de la juftice quil
fout confulter avant tour, que par ceux de 1 utilité
qui viennent enfuite , font du même avis que les négo-
cians : mais les partifans des réglemens , foutiennent
qu’il y auroit de grands inconvéniens a^cette liberté
générale.Ghacundes deux partis invoque 1 expérience.
S’il falloit juger par elle, il-y auroit quelques obfena-
tions préliminaires & indifpenfobles à foire 3 fçavoir,
i°. que la liberté parfaite n’a jamais exifte en France
depuis Colbert ; z°. que dans le temps où les régle-
mens & les approvisionnemens d’ordonnance ont
été en leur plus grande vigueur, il y a eu des
difettes & chertés horribles 3 3°. que dans les temps
de liberté même imparfaite, il y a eu , toutes chofes
égales d’ailleurs , plus d’abondance & meilleur
marché.
APPUREMENT. ( Terme de reddition de
compte , dont on fe fert quelquefois en fait de
compte de marchands, mais plus ordinairement pour
les comptes de finances. ) Il fignifie la clôture d un
compte & l'acle mis au bas, par lequel il paroit
q. e le comptable a payé fon reliq u at, s’il y en a ;
fait lever toutes les fouffrances & fatisfait à toutes
les apoftilles.. Voyef compte.
APPURER UN COMPTE. C’eft le foiré clore,
en payer le reliquat, & s’en foire donner quittance
& décharge finales.
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ARABIE. ( Commerce dé)
De toutes les villes commerçantes de 1 Arabie >
la plus riche, la plus floriffante , eft celle de Moka,
fituée dans un terroir ftérile, à 130 19 degrés de
latitude. On voit prefque toujours fon port rempli
de vaiffeaux qui arrivent d’Egypte & des Indes.
Sana , capitale de l’Iemen , eft le lieu de la ré.i-
dence de l’iman. Sa fituation, peu favorable pour
le commerce , n’y attire point cette foule d’étrangers
qu’on remarque dans les villes dont nous allons
parler ; mais l’air y eft infiniment plus p u r, plus foin,
& le foleil beaucoup moins ardent. Elle commande
une vafte plaine où la nature a pris plaifîr d etaler
fes plus précieux tréfors. Te l eft le fejour où quelques
pontifes Mufulmans s’endorment dans les bras
de la moleiïe & de la volupté.
Aden, l’une des plus anciennes, des plus célébrés
& des plus commerçantes villes de 1 Arabie , fituee
à 40 de latitude , fournit le café qui porte
fon nom. L’exportation du café d’Arabie fe monte
à i-z ou 13 millions de livres pefont. Les Européens
en achètent un million & demi ; les Perfans
trois millions & demi 3 la Hotte de Suede fix millions
& demi ; les caravanes de terre un million : le refte
pafte dans l’Inde.
U Arabie reçoit de la mer rouge des moutons de
Liorie, des efcïaves de Lambe, du tabac de Dattes
& des grains 3 d’Europe du fe r, du plomb, du cuivre 3
de rindeî>eaucoup de toiles communes & des épiceries
: le tout pour environ fix millions de livres
tournois.
Mascat, fitué au 57' de latitude, a un porc
aufli sur que commode. Cètte ville, la plus riche
& la plus commerçante de l’Arabie » qui setend
le long du golfe Perfique, eft défendue par deux
châteaux. Les Portugais s’emparèrent de cette place
en 1508, & ils la perdirent 150 années après,
parce que le gouverneur avoit enlevé la fille d’un
banian.
Parmi les différentes colonies Arabes , établies
fur la plage maritime du golfe Perfique, la plus
confidérable eft la ville d’Abufchahr, éloignée de
l’équateur de z8«l 5 9 . Celle de Gambron, fondée
par Schab-Abbas, a perdu depuis les troubles qui
fuivirent la mort violente de Schach-Nadir , cette
opulence, cette fplendeur qu’elle devoir à l’étendue
de fon commerce.
L’ifle de Baharein, qui renferme cinquante petits
villages, appartient maintenant, ainfi que la pêche
des perles qui fe fait dans les parages, au fcheich
d’Àbufchahr, Arabe de nation : elle lui produit environ.
67 mille écus.
A cinq lieues de cette ifle, on trouve la ville de
Katif, qu’enrichit la pêche.des perles , entreprife
aux frais des habitans. ^ ILe fultan envoie chaque année â la Mecque & a
Médine quatre ou cinq vaiffeaux chargés de denrées,
qui font diftribuées aux habitans de ces villes. I l