
*p* COM
pour dorffier â la pêche Angloife Coûte l’étendue
quelle eft capable d’avoir.
Septièmement, que par cet établiffèment, toutes
les villes maritimes^ des trois royaumes pourront
avoir part à la pêche , & qu’un nombre infini de
pauvres qui languiflent & qui meurent de faim faute
d’emploi, y trouveront de quoi S’occuper & vivre
commodément.
Huitièmement, que cette pêche fe fera avec
tout le foin & la diligence poffible, nul bâtiment
de pêcheur ne pouvant relâcher dans aucun port
Anglois , qu’il n’y trouve quelqu’intéreffé à la comp
a g n ie qui y fera établi pour y avoir l’oeil.
Neuvièmement, que cette pêche occupant &
exerçant un grand nombre de matelots / i l y en aura
toujours de prêts pour le fervice des- vaifïêaux du
ro i, ou des marchands qui en manquent fou vent,
fans être o b lig écom me il eft arrivé tant de fois ,
d’avoir recours aux bateliers de la Tamife , qui font
de très-mauvais hommes de me r, & qu’on peut juger
du nombre infini de nouveaux matelots qui vont le
former fur les bàtiniens de cette pêche univerfelle ,
par ceux que les Hollandois emploient à la feule
pêche du hareng & de la baleine, qui montent â
plus de trois mille hommes.
Onzièmement, que la nouvelle compagnie efpère
de réuffir d’autant mieux à rendre Ion commerce
fupérieur à celui de fes voifîns, qü’elle pourra fournir
du poiflon à plufieurs grandes villes d’Allemagne,
par le moyen des ports que fa majefté Britannique a
préfentement fur l’Elbe, en qualité d’éleéteur de
Hannovre , & qu’elle pourra le donner à meilleur
marché que les Hollandois qui en font aujourd’hui
le négoce , à caufe que ce commerce fe fera en
quelque forte de proche en proche.
Douzièmement, que la compagnie étant obligée
d’avoir quantité de toutes fortes d’artifans à ion
fervice , elle les contiendra dans le devoir & empêchera
ces ’murmures , qui leur font fi ordinaires
quand ils manquent de travail, & qui peuvent dans
de certaines circonftances être fi préjudiciables â
l’État.
Treizièmement, qa’enfin outre la pêche que la
compagnie fe propofe de faire vers la côte Occidentale
de la Grande-Bretagne, elle entreprendra
aufli la pêche de la baleine en Groenland , & épargnera
par-là â la nation plus de deux cent mille livres
fterlings par an , qu’elle paye aux Hollandois pour
l’huile & les côtes de baleine qii’ils viennent vendre
en Angleterre.
Le projet de cette compagnie , dont après la
chute des avions en Angleterre on avoit çeffé de
parler, s’étaiït renouvelle en 1713 , &les états généraux
ayant appris par les bruits publics qu’on vou-
loit établir dans la Grande-Bretagne deux nouvelles
compagnie s ; l’une pour la pêche de la baleine,
l’autre pour celle du hareng ; leurs hautes-puiflances^
prirent Ja réfolution d’interdire dans les pays de leur
domination,l’entrée des baleines qui ne proviendroient
pa$ de la peçhe de leurs fujets $ ce qui pourtant
COM
n’eut aucune fuite , foit que les Anglois euflênt une
fécondé fois abandonné le defïèin de leur nouvelle
compagnie , foit que les’ états généraux fe fuftènc
rendus aux raifons du marquis de Monteleon, am-
baffadeur d’Efpagne , qui fur le bruit de l’interdiction
du commerce de la baleine en Hollande , leur
avoir préfenté un mémoire pour leur faire voir
combien cette interdiction feroit injufte , particulièrement
à l’égard des * Efpagnols , les Bifçayens
ayant été les premiers de toute ^Europe à la pêche
de la baleine , & ayant toujours joui de la liberté
d"aller porter leurs poiffons & leur huile dans tous
les états de l’Europe , & ^particulièrement en Hol-i
lande*
Compagnie Angloise de la baye d’Hudso»*
On en a parlé au paragraphe des compagnies Fran-
çoifes & à l’article d’Angleterre. C’eft celle fur qui
les François prirent pendant la guerre pour la fuc-
ceflion d’Efpagne , la colonie qu’elle avoit établie
dans cette partie de l’Amérique feptentrionale ; la?*
uelle lui fut enfuite reftituee par un des articles
,u traité d’Utreck,
Compagnie pour le commerce des états dix
roi Georges EmAtLEMÀGUE.Cetieçompagnien’e h
encore qu’en projet : il eft cependant certain, qu’en
1717 on a commencé en Angleterre à travailler à
fon établifîement j -& que même les foufcriptions ont
été affez faciles, & allez abondantes.
Quoiqu’il ne paroifle pas que cette affaire foie
conlbmmée , ( 171^ ) il y a neanmoins grande ap-?
parence qu’elle réumra j puifqu’on ne doit pas
douter d’y voir concourir d’un côté la complaifanee
de là nation Angloife , pour un prince qu’elle a
placé fur le trône $ & de l’autre la proteéâion du.
nouveau ro i, pour un établiflement capable d’unir
plus étroitement fes divers fujets , dont l’antipathie
naturelle , ne laiffe pas quelquefois d’échapper, malgré
toute la politique du nouveau miniftère.
On ne peut s’empêcher de remarquer que le
goût des compagnies & des actions avoit tellement
fait progrès en Angleterre, depuis les fortunes im-?
inenfes que les actionnaires dé. la compagnie du
Sudfembloient y avoir.fait, que tout y étoit devenu
propre à y former des compagnies.
Voici les plus considérables de celles dont on y
a ouvert les regiftres , pour receyoir les fôufcrip-
tions.
La compagnie de la mutuelle affuraiice.
La nouvelle compagnie d’Afrique , formée par
le duc de Çhandois , qui avec fes 4-ffociés en avoit
acheté.
La compagnie pour acheter les effets de ceux
qui ont fait banqueroute,
La compagnie pour la pêche Britannique*
La compagnie des lames d’épées.
Enfin pour faire voir jufqu’011 a été poulfée cette
manie , une compagnie pour affûter les maifons
contre les accidents du feu j & une autre , pouu
allurer la vie des perfonnes.
On juge affez que toutes ces çqnipagiùçs fonç
tombées, avec les fortunes de la compagnie du Sud 9 j
qui les avoit fait imaginer : mais fi on ne l’avoit vu de
les veux, on ne croiroit jamais que tant de vifions
eufïent pu entrer dans l’efprit d’une nation fi éclairée
fur fes intérêts , & qui connoît fi bien les fondemens
d’un bon & folide commerce*
Compagnies de commerce Ecossoises. Quoique
l’Ecolîe folle depuis long-temps une des plus belles
parties du royaume de la Grande-Bretagne , une
jaloufie de nation les avoit prefque toujours féparés,
& les intérêts, foit de politique, foit de commerce,
des deux peuples, étoient rarement les mêmes ; comme
chaque nation. avoit fon parlement , chaque
nation avoit aulîifes compagniesde négoce.
Enfin , après plufieurs tentatives , toutes faites
inutilement, depuis le régne de Jacques I , & particulièrement
fous celui de Guillaume III , l’union
des deux royaumes , & de leurs parle mens , ayant
été faite en 1707 , fous le régne de la reine Anne ,
les compagnies des Indes Orientales eurent le même
fort ; & celle d’Ecoffe fut réunie prefque en même
temps à celle d’Angleterre.
Il s’étoit auflî formé en Ecoffe , fur la fin du dix-
feptiéme fîècle , une compagnie d’Afrique , qui fît
beaucoup parler d’elle en 1699 , par l’écabliffement
quelle tenta de foire dans l’Ifthme de Darien, qui
fepare la.partie méridionale de l’Amérique d’avec la
feptentrionale : mais le gouvernement d’Angleterre
n’ayant pas trouvé à propos^"ni d’avouer , ni de
foutenir les premiers fuccès de cette compagnie,
qui avoit alarmé l’Efpagne , fi jaloufe de cette
partie de fes états , la nouvelle colonie Ecoffoife
fut diflîpée par les Efpagnols en 1710 ; & l’on vit
s’évanouir un des plus beaux projets qu’on eut encore
formé , pour difjputer à cette nation rentière
poiieflipn de ces riches contrées , dont elle prétend
fermer l’entrée à tous les autres peuples.
Cette compagnie a aufli été depuis réunie à la
compagnie Angloife.
Compagnie Danoise du Nord. Cette compagnie
fat établie à Coppenhague l’an 1^47 / par
rrederic IÎI du nom.
Non-feulement fes étàbliffemens dans la Norwége
font confîdérables j mais elle envoie encore fes vaif-
îeaux dans le Varanger , d’où elle pénétre par terre
dans la Laponie Danoife, & bien avant dans la Laponie
Mofcovite, fur des traîneaux tirés par des
rennes.
Elle fait aufli des envois pour le Borandai, &
pour la Sibérie, où fes commis s’avancent pareillement
fur des traîneaux jufqu’au Panigorôd, capitale
de cette partie de l’empire des Mofcovites.
Les marchandifes propres au commerce de la
Laponie , du Borandai & de la Sibérie, fpnt des
richedales , du tabac & des toiles. Celles qu’on en
tire , ne confiftent qu’en pelleteries , fur-tout en
martres-zibelines,, & en petit-gris.
Compagnie Danoise d’Islande. Elle doit aufli
. fon établiffenient au roi Frédéric J II, qui lui accorda
fes lettres de conceffion la même année qu’il e n ,
donna à celle du Nord. Il n’appartient qu’aux vaifî.
féaux de cette compagnie , de faire le commercé
de cette ifle, moins fameufe par fon négoce , que
par fon célébré volcan de la montagne d’Hecla,
& par la réputation qu’ont fes habitans, d’être de
grands magiciens.
Kirkebar , gros bourg, ou petite ville d’Iflande,
eft un des magafîns de cette compagnie , & la réfi-
dence de fes marchands & de fes commis.
C o m pa g n ie D a n o is e p o u r les I ndes O r ie n t
a l e s . Les Danois ont commencé affez tard les
voyages de long cours /a u moins pour les grandes
Indes 5 & ce n’eft guères avant le milieu du dix-
feptiéme fiècle, qu’ils ont foit voir leurs pavillons
dans le Golfe de Bengale , & fur les côtes du
Pegu*
Ils y font préfentement un affez bon commerce 3
& il n’y a point d’année qu’on ne Voye jufqu’à trois
de leurs vaiffeaux à la rade de Trinquebar , qui eft
leur principal comptoir, & où ils ont une forterefïe
coitfidérable.
. C o m pa g n ie s d e S û e d e . Le grand Guftave Adolphe
avoit projette une compagnie pour les grandes
Indes 5 & l’on voit encore fes lettres patentes données
à Stockolm le 14 juin i6z6 , par lefquelles il
y invitoit fes fujets. '
Mais les guerres, qui le rendirent fi fameux , &
ou il mourut enfin dans les bras de la victoire,
empêchèrBQt l’exécution de fon projet , fes fuccefi-
feurs , l’ont repris & la compagnie fubfifte actuellement
, comme on peut voir à l’article Suède.
Sous le régne de Chriftine fa fille, fi connue par
fon amour pour les belles lettres , & par fon abdication
de la couronne de Suède, les Suédois tentèrent
quelques étàbliffemens dans les Indes Occidentales
, où iis envoyèrent une colonie , à qui ils donnèrent
le nom de nouvelle Suède, & à la ville qu’ils
y bâtirent, celui de Chriftine : mais cela dura p e u ,
en ayant été ehaffés par les Hollandois, comme on
le peut voir à l’article du commerce, que les Anglois
font dans l’Amérique.
C om pa g n ie G é n o is e d u L e v a n t . Les Génois
avoient eu deffein dès l’année 1645 , de foire le commerce
du Levant fous leur propre bannière , &
avoient dès ce temps-là projetté \z. compagnie , qu’ils
n établirent que près de vingt ans après.
Le négoce des pièces de cinq lois avoit fi bien
réuffi aux François , que les Italiens voulurent y
avoir part j ce qui pourtant le fit tomber , comme
on l’a dit ailleurs , à caufe que celles qui furenc
fabriquées en Italie , étoient, ou toutes fouffes, ou
n’avoient que peu de fin.
Les Génois, qui s’étoient fignalés dans cette mau.-
vaife fabrique, ainfi que l’affure le chevalier Chardin,
crurent qu ils feroient mieux leurs affaires, s’ils pou-
voient les porter au Levant fous leur propre bannière
; au lieu qu’auparavant ils- ne trafiquoient que
fous celle de France , comme les autres nations qui
n’avoient point de capitulations.
Pour faire réufiir ce projet, qui en effet eut 1«