
entièrement rempli, le feize juillet de l’année fuivatite,
la caMe en fut fermée ; 8c dès le même mois on commença
à payer les interets des fix premiers mois de
l ’année courante pour les actions que chaque particulier
.y avoit prifes.
Peu de tems après la clôture de la caillé , arriva de
la L o u ijia n c le premier vaifîèau,. que la c om p a g n ie
royale a’Occident y avoit envoyé, & ce retour, quoique
pas extrêmement riche , ne laifïa pas de donner
de grandes elpérances du fucès de cette colonie , par
quantité d’échantillons des précieufes marchandifes
qui s’y trouvent ou qui s’y cultivent, 8c qu’on a lieu
d’attendre en plus grande abondance , a meliire que i
l’établiflement des François 8c leur commerce avec j
' les lauvages s’y fortifieront.
Toutes ces belles elpérances s’évanouirent ; mais
le commerce 8c la population abandonnés à eux-
mêmes , commençoient à profpérer un peu , lorf-
qu’à la dernière paix la colonie de Miffiffipi fut cédée
partie aux Anglois, partie aux Efpagnols.
C o m pa g n ie d u C anada , autrement, C om pa - !
g n ie d u C a s t o r .
Avant l’établiffement des c om p a g n ie s p o u r les
In d e s o c c id e n ta le s , les habitans des colonies de la
nouvelle France, difpofoient à leur gré des caftors,
qu’ils traitoient avec les Sauvages.
La c om p a g n ie de t6z8 , qui eîît feule enfuitele
droit d’en faire le négoce, n’ayant pu foutenir les
engagemens , les Hollandois firent long-temps pref-
que tout le commerce du Canada; enlevant à très-
bon compte la meilleure partie 'des caftors, qu’ils
veaoient revendre après très-chèrement aux François
Lorfque la c om p a g n ie d ’o c c id e n t fut établie en
1664 , 8c tant qu’elle fubfifta, ce fut elle feule qui
en fit le négoce; & cétait de fes mains que les
chapeliers 8c pelletiers de France les recevoient avec
plus de profit, que lorfqu’ils palfoient par celles de
leurs voiïïns.
Après la révocation des lettres patentes accordées
à cette c om p a g n ie , le roi Louis X IV , ayant réuni
à la couronne les domines d’occident, l’adjudication
en fut faite à des fermiers particuliers, 8c parv
arrêt du confeil du 11 mai t^7< , il fut ordonné
que le commerce & trafic du caftor, feroient remis
en une feule main , qui fut celle de l’adjudicataire
defdits domaines , à faifon de 4 liv. 10 f 'l a livre
pefant, fans diftinérion de qualités & elpèces.
Par un autre arrêt du i£ mai 1677, lés caftors
furent réduits à trois qualités , 8c à trois differens
prix; le gras & demi-gras ; a 5 liv. 10 f. ; le fec
&c veule , à 4 liv. 10 f.; 6e le fec, à 3 liv. 10 fols.
Enfin-, en 169$, fur la remontrance de Pointeau,
fermier général des cinq grofies fermes, auxquelles
les domaines d’occident 8c du Canada avoient été
remis , il fe fît une nouvelle fixation des prix 6e
elpèces de caftor, par arrêt-du eônfeil du 30 mai ,
de la même année ; fçavoir, le caftor gras 6e veule ,
ou demi-gras*, à 5 liv. 5 f. la livre, poids de marc ;
le caftor gras d’été , 6e mitaines, à z liv, iz f. é d»
& le caftor fec d’hyver, 6e Mofcovie , a 3 Hv, 5 f^
Les chofes relièrent fur ce pied jufqu’en 16.99 ,
que d’Aubanton de Villébois, dîre&eur en Canada
pour le fermier du domaine d’occident, n’aÿant pu
s accommoder avec les habitans de la colonie fut*
les prix des caftors, dont d’Aubanton n’offroit que
des prix très-médiocres, tandis que peut-être eux
de leur part ils en vouloient de plus confidérables,
que le depérifïèment du commerce de cette forte
de pelleterie ne le comportoit pour lors ; l’affaire,
qui d’abord femblôit terminée par une tranfa&ion
entre les parties, du 10 octobre de la même an*-
née, fut portée^au confeil, où par arrêt du 9 février
1700, la tranfa&ion paffée a Québec, fut homologuée.
Cet arrêt, qui révoque la faculté accordée au
fermier du domaine d’occident, de recevoir feul les
caftors du Canada, baye du nord de Canada, 8c
autres pays de la nouvelle France , à l’exception de
l’Acadie,, la transfère à la colonie d u d i t Canada,
avec le privilège de faire librement à l’avenir, tant
en France, que dans les pays étrangers, la vente
8c le négoce de tous les caftors provenans des traites
dudit pays, à commencer par ceux de'l’année
1699 5 le tout en payant le quart en efpèce au fer^
mier du domaine 'd’occident ; & fous d’autres conditions
contenues dans ledit arrêt;
Enfin, la colonie de Canada s’étant allez légèrement
chargée par deux traités, du 10 avril & 9
juin de la même année 1700 , de tous les caftors
appartenans au fermier du domaine d’occident, 8c
ayant pris fur le pied de 70,00:0 liv. par an , la
ferme annuelle du quart qui en revenoit à ladite
ferme, les grands* emprunts où elle fut engagée en
cette occafion, & les pertes confidérables caufées
par la prife de fes vaiffeaux , la menaçant d’une
ruine totale ; elle fut obligée fix ans après’ , de faire
un nouveau traité avec une compagnie , qui fe
chargea des engagemens où cette colonie étoit entrée
en 1700.
Ce traité portant ceffion 8c fubrogation de1 tous
les droits 8c privilèges de ladite colonie , contenus
dans' l’arrêt du. 9 février 1700 fut confirmé
& homologué par arrêt du confeil du 14 juillet
170.6 ; 8c en conféquence il fut permis aux fiéurs
Aubat, Neret & G ay o t, principaux affociés de
cette nouvelle compagnie , de vendre , trafiquer &
négocier feuls pendant douze années, tant en France,
que dans les pays étrangers , les caftors provenons
des traites du Canada , baye du Nord de Canada,
& autres "lieux de la nouvelle France.
Enfin, ce traité étant prêt de finir , & des raifons
de politique 8c de commerce ayant obligé Louis XV;
fous la régence de Philippe duc d’Orléans, d’établir
en 1717 une nouvelle compagnie d'occident 9 ‘
ainfi qu’on l’a expliqué ci-deflus', en parlant de celle
du Miffiifipi, ou Louifiane, les deux- compagnies
furent réunies ; 8c de nouveaux directeurs nommés ,
comme on peut le voir dans l’article précédent.
Compagnie de l’Acadie, L’Acadie eft une gran®
de province de l’Amérique feptentrionale , ou les
François' avoient »avant la paix d’Utreck, une colonie
allez florifîànte.
Le commerce de toutes fortes de pelleteries, &
fur-tout celui du caftor, s’y; faifant avec fuccès,.
il fe forma, en 11683. une c om p a g n ie , qui obtint
des lettres patentes du roi.
L’adjudicataire du domaine d’occident l’ayant
voulu troubler , fous prétexte qu’il avoit feul le I
privilège de recevoir tous les caftors qui fe traitoient
dans l’Amérique Françoife , elle fut difpen-
fée par une déclaration du roi , du 10 avril 1684 ,
de porter les caftors de la traite à Quebec , & permis
à elle de les apporter directement dans le royau-
me , pour les y vendre 8c trafiquer , ayant été en
outre déchargée du droit de quart en elpèces.
De nouveaux troubles étant furvenus, l’exécution I
de la déclaration de 1684, fut encore ordonnée
par arrêt du confeil du zo Juillet 1694; 8c la per-
miftipn confirmée aux intérelfés de cette c om p a g
n ie , de vendre dans le royaume leurs caftors,. fans
payer aucuns droits, que ceux du tarif de 1664,
jufqu’à la concurrence de deux milliers pefant.
Enfin, par.arrêt du 9 janvier 1700, elle fut de
nouveau maintenue dans fon. droit; 8c permis à elle
de faire apporter à la Rochelle, tous les caftors
de la traite qu’elle auroit faite annuellement dans
•le pays de l’Acadie , qui ne pourroient cependant
excéder la quantité de fix milliers par an , dont il
n en feroit vendu dans le royaume que deux milliers
pefans ; au prix, fçavoir, le caftor gras , au
moins 7 liv. ; 8ç le fec , à 3 liv. 10 f. la livre
pefant.
Cette c om p a g n ie , dont la conceflion étoit pour
vingt années, finit en 1703. La guerre qui fur-
vint pour la fucceflion d’Efpagne, 8c le dépérifïe-
ment du commerce du caftor, l’empêchèrent d’en j
obtenir une nouvelle , qui n’auroit pas fans doute
été heureufe ; les Anglois, qui peu d’années auparavant
avoient inutilement attaqué le Fort royal -,
1 ayant pris au mois de feptembre 1710 ; 8c l’Acadie
leur ayant été cédée trois ans après par le traité de
paix, figné à Utreck entre la France 8c l’Angleterre
, le commerce du Canada refta prefque libre
depuis cette époque jufqu’à la dernière paix, qui
mit les Anglois en pofleflion de cette colonie ties-
difpendieufe.
C o m pa g n ie d u L e v a n t . .Cette compagnie fut
établie pour faire le commerce aux échelles de la
mer Méditerranée , côte & pays de la domination
du. grand feigneur, côtes de Barbarie & d’Afrique.
Il s’étoit fait déjà plufieurs affociations de marchands
; particulièrement de Marfeille & de T 011-
lo n , pour le commerce des échelles de la Méditerranée
; quelques-uns même avoient. obtenu des
lettres patentes pour ces fociétés : mais la plus considérable
fut la c om p a g n ie qui fut établie; en 1670,
ou entrèrent vingt riches negocians de Paris,' de
L yon, de Marfeille.
Outre les privilèges contenus dans l’édit de fon
Commerce. Tome L P a r t , I L
étàbliflemeat, le roi ,r par un nouvel arrêt du 18
juillet de la même année , y en ajouta plufieurs
autres ; comme 10 liv. par chaque pièce de drap,
que la compagnie enverroit au Levant, payables
par le tréforier des bâtimens ; .exemption des droits
d’entrée 8c fortie pour les viétuailles 8c munitions'
de fes vaiftèaux ; le prêf ,fait; p,ar fa-majefté aux affociés,
de zoo,000 liv. {ans intérêt, pour fix années
» même avec engagement que les perces de la
compagnie feroient prîtes fur cette fomme ; enfin,
plufieurs droits lucratifs & honorables pour les particuliers
qui y avoient des actions.
Cette compagnie cependant perdit- péu-à-peu dé'
fon crédit 8c de fes droits; 6c l’on voit un arrêt du
confeil d’é tat, du 17 novembre 1684, qui révoque
le! privilège qui lui avoit été accordé ,, de Vendre
Feule les fenes venans du Caire : enfin, faconcef-
fion étant finie, elle ne fut point renouvellée , 6c
la libérté du commerce eft.reftée toute entière aux
vaiffeaux François pour tout le commerce du Levant.
Compagnie du N ord;-Lé commerce de la mer
Baltique 8c d’Archangel , fut le principal objet de
cette compagnie : elle l’étendit cëpendant dans tous
les pays du Septentrion , fur les côtes de la Zélande
:ôe de la Hollande , fur celles de l’Océan Germanique,
en Danemarck , en Suède , en No rvège, &c.
Les lettres patentes de fon établiffement, font du
mois de juin 1669, ènregiftrées en parlement le 9
juillet fuivant.
Les aétioirs furent réglées à zooo liv. ■ chacune •
8c il fut permis , tant aux naturels François , 'duaux
étrangers , mêmes aux nobles , fans qu’ils puffent
être réputés avoir dérogé à noblèffe, d’y entrer pour
telles fommes qu’ils voudroient.
Sa conceflion fut pour vingt années, à commenc
e r du mois de juillet ; 8c afin de favorifer cet
établiffement, le roi promit d’entrér pour un tiers
dans le fonds capital que les dire&eurs auroient fait.
& jugé fuffifïànt; confentant même que toutes les
pertes qui pourroient arriver pendant les fix premières
années , feroient prifes fur fon tiers; & qu’a-
près lefdites fix années',; les fommes qu’il aurait
avancées, lui feroient rendues en deux autres années,
mais fans .intérêt, & déduction préalablement
faite. defdices pertes. ;
On peut voir dans la déclaration , quantité d’autres
privilèges ; exemptions de droits d’entrée 6c de
fortie ; 8c entrautres, le paiement de là fomme de
3 liv. par chacune barique d’eau-de-vie , 8c de celle
de 4 liv. pour chacun tonneau d’autres .denrées 6c
marchandifes, que la compagnie feroit forrir du
royaume , dont les: fonds feroient faits entre les mains
defc fermiers des droits du roi à Bordeaux, Brouao-e,
Bayonne & rivière de Charente, le tout fans produire
aucun, effet .que . celui d’empêcher les arméniens
des particuliers.
Compagnie de Saint-Domingue. Cette comm
J p a gnie eft la dernière qui ait été établie en France
Oooo